Même si l’âge d’or du M.M.O. (et du L.F.G.) semble loin derrière nous, il reste encore quelques studios voulant offrir aux joueurs, qu’ils soient nostalgiques ou néophytes, le fameux WOW killer. Ces studios, déjà rares sur ordi, le sont encore plus sur notre Switch, console sur laquelle le nombre de M.M.O. se compte sur les doigts d’une main. Si Dragon Quest X et Phantasy Star Online 2 sont des hits, ils ne sont malheureusement disponibles qu’au Japon. En Europe, il faut nous rabattre sur D.C. Universe Online, titre qui n’est pas vraiment un M.M.O.R.P.G. à l’ancienne, car étant instancié, tout comme Warframe, un titre bien plus proche d’un Destiny dans ses mécaniques de gameplay.
C’est dans l’optique de venir combler ce manque que Skyforge, du Studio russe Allods Team, arrive sur Switch. Arrivera-t-il à prendre la place de leader du marché des M.M.O. sur Switch ? Sans aucun doute vu l’absence de concurrence. Est-il taillé pour prendre la place de leader des M.M.O. dans notre cœur ? Réponse en fin de test…
Un peu de culture ne fait pas de mal
Arrivé sur ordi en 2015, Skyforge est un C.O.R.P.G., sous-genre du M.M.O.R.P.G. dont la principale différence tient au fait que nous ne voyageons pas librement dans un immense monde ouvert. Nous voyageons plutôt de missions en missions à partir d’un hub central. Une mission, une fois commencée, n’appartient qu’au joueur qui l’a lancée, à aucun moment il ne peut être rejoint, on parle d’instance. De même si un groupe de joueurs se lance dans un raid, il ne pourra être rejoint par un autre groupe.
Depuis 2015, l’équipe d’Allods Team continue de fournir du contenu à Skyforge. Après une adaptation sur PS4 en 2017, de nouvelles classes sont venues diversifier son gameplay et de nouveaux types de missions sont apparus : les invasions. Celles-ci sont de 6 sortes possibles (démoniaques, gorgonides, océanides…) et consistent en de nouvelles cartes qui se renouvellent régulièrement, sous forme de saisons.
Depuis sa création, Skyforge est un free-to-play, comprenez un jeu gratuit à l’installation, qu’il est possible de parcourir sans débourser un sou. La plupart de ces jeux mettent en place un système de limitation d’expérience frustrant et un cash-shop invasif qui les transforment en pay-to-win. Ce n’est pas vraiment le cas pour Skyforge, les paiements sont bien présents, mais ils permettent seulement de gagner du temps pour débloquer plus rapidement des classes. Il existe aussi un mode premium, qui peut soit se débloquer en jouant beaucoup, soit s’acheter sous forme d’abonnement. Celui-ci permet aussi de gagner du temps en doublant les récompenses obtenues en instance.
Et dieu dans tout ça
L’équipe d’Allods Team propose un univers assez bigarré avec Skyforge. En effet, celui-ci mélange des thèmes de science-fiction dont une invasion extraterrestre avec des thèmes propres à la fantaisie, dont des dieux, des immortels ou encore des démons. Sur Aelion, le dieu Aeli a mystérieusement disparu pendant l’invasion de sa planète. Heureusement, il a offert le don d’immortalité à une poignée d’élus dont nous faisons partie (évidemment). À nous maintenant de vaincre l’envahisseur. Si le pitch d’introduction est vraiment accrocheur, le reste de l’histoire a tendance à se perdre dans un méandre de quêtes trop classiques et non vraiment intéressantes.
Le chara-design est lui aussi dans la moyenne des jeux du genre. La modélisation et la personnalisation de notre avatar n’offrent ni plus ni moins que ce à quoi nous sommes habitués. Il est toutefois appréciable de ne pas croiser de personnage féminin qui entraîne une tendinite rien qu’à la vue de leur poitrine.
Une fois le tutoriel passé, nous aurons accès à différents lieux. Le fait que tous ces lieux ne soient explorables que via un hub central enlève beaucoup à l’immersion et au côté R.P.G. de notre aventure. Trop souvent, l’impression d’incarner un avatar dans un monde unique s’envole. Nous ne sommes là que pour accomplir des tâches les unes à la suite des autres. Ce manque d’unicité dans le monde d’Aelion nuit grandement au plaisir de découverte qu’ont su procurer des titres tels WOW ou Guild Wars à leur époque.
Les quêtes à accomplir sont assez verbeuses et s’effectuent toujours en solo en mode histoire. C’est là aussi un choix plutôt décevant pour un M.M.O.R.P.G. Et même s’il est possible de revenir ensuite dans ces instances jusqu’à 3 joueurs pour y effectuer des missions secondaires, le côté roleplay en prend un coup vraiment sévère.
Ces quêtes permettent de libérer des provinces, une fois celle-ci libre de l’envahisseur, elle débloque un bastion qui nous donnera accès à des bonus en fonction de quêtes secondaires effectuées. Celle-ci sont sommaires : tue, ramasse, aide. C’est du farming pur et simple. Ça donne un objectif, mais le plaisir ne sera pas forcément là s’il faut se forcer à refaire un niveau.
Skyforge propose aussi des donjons jusqu’à 5 joueurs sous plusieurs formes : des raids, disponibles une fois notre forme divine débloquée ; des invasions, qui changent toutes les semaines et qui sont accessibles à tous ; des distorsions, disponibles pour des groupes allant jusqu’à 10 joueurs d’un même panthéon, l’équivalent d’une guilde. Et les anomalies, disponibles en groupe de 5. C’est très complet et les joueurs, peu importe leur niveau, trouveront toujours de quoi s’occuper une fois la quête principale terminée, mais à condition de jouer avec un groupe de joueurs déjà formés.
Il nous sera aussi possible de taquiner le P.V.P. sous différentes formes : du 3v3 par équipe en passant par la capture de drapeau, la défense de points de contrôle ou de la bonne bagarre bien brutasse à 12 sur une même carte en chacun pour soi et dieu pour tous. Personnellement, j’aurais aimé retrouver les sensations de raid à 40 d’un WOW Vanilla ou le monde V.S. d’un Guild Wars 2, mais qui suis-je pour réclamer…
Le système D comme décision
Après cette mise en bouche intéressante, il est temps pour nous de rentrer plus avant dans les détails qui feront ou non de Skyforge un grand titre : son système de jeu. À la manière d’un Final Fantasy XIV, un seul personnage permet de jouer toutes les classes disponibles. Pas besoin de reroll à outrance. Avec trois classes disponibles dès le début de l’aventure, il est possible de choisir son style de jeu : le D.P.S. avec le cryomancien, le Tank avec le paladin et encore le Support avec le lumancien. Notons qu’il n’y a pas de soigneur à proprement parler, chaque joueur est responsable de sa barre de vie et devra récupérer des orbes de vie lâchés par les monstres. C’est classique, mais retrouver cette version de la Sainte Trinité dans un M.M.O. est toujours agréable.
Chaque classe est améliorable via son Atlas. En fonction de nos réussites, nous amassons des étincelles de classes avec lesquelles nous pourrons débloquer des capacités, passives ou actives, pour devenir le plus grand dieu d’Aelion. Il y a, à l’heure où ces lignes sont écrites, 18 classes disponibles. Elles possèdent toutes des mécaniques différentes même si elles font toutes parties du trio D.P.S./Tank/Support. Du classique nécromancien au plus étonnant décibel (un guitariste) en passant par le chevalier, il y a forcément la classe de nos rêves. Ces classes se débloquent à notre guise en dépensant de la monnaie du jeu ; des étincelles d’évolution ou en passant par le cash-shop : 10 € la classe ou 99 € pour un pack les regroupant toutes. Si toutes les débloquer demande un gros effort, débloquer une classe demande en général une à plusieurs dizaines d’heures, cela dépendra de la classe vers laquelle se porte notre attention.
Notre personnage n’évolue pas en niveau, mais en prestige. Celui-ci évoluera en fonction de notre équipement, mais aussi de nos fidèles. Pour augmenter le nombre de ces derniers, il faudra avancer dans l’histoire et dépenser de la monnaie du jeu. Encore une fois, un utilisateur premium montera plus vite son prestige, mais jamais un joueur lambda ne sera bloqué et ne devra passer par le cash-shop pour progresser.
Mais ce n’est pas tout, une fois la « voie » de notre classe débloquée, nous aurons accès à l’Atlas de l’Ascension. Le choix est beaucoup plus libre dans celui-ci, les modules à débloquer s’appliquent au personnage et non à sa classe, autant vous dire que les possibilités sont énormes et que nous n’en avons exploré qu’une faible partit. Il est tout à fait possible d’avancer dans les missions avec le paladin pour amasser des étincelles de création pour maximisant les capacités propres à un artilleur.
Et aaaaaaaction
Et les combats dans tout ça ? Les développeurs de Skyforge ont opté pour un système assez dynamique et assez proche de ce que propose les hack’n slash. Notre position par rapport à l’ennemi est importante et il est tout à fait possible d’esquiver une attaque grâce à un dash ou à une esquive. Nos attaques au corps à corps doivent obligatoirement être portées depuis une distance assez proche de l’ennemi et dans la bonne orientation.
Nous avons aussi à disposition des attaques de zone pouvant toucher plusieurs ennemis d’un coup ainsi que des attaques à distance sous forme de sortilèges ou d’armes de jet. Le tout est très complet et chaque joueur trouvera un style qui lui siéra, sauf pour les nostalgiques du soigneur comme précisé précédemment.
Les enchaînements ont beaucoup d’importance dans Skyforge. Si les attaques multiples entraînent des effets différents, l’alternance entre les attaques rapides et chargées permettra aussi de varier grandement ces effets. Il est ainsi possible d’enchaîner jusqu’à 4 attaques rapides, modifiant à chaque fois son type, l’effet qui en résultera lors de l’alternance d’attaque sera bien plus puissant. Attaque qui ne nécessitera plus de charge, mais qui consommera autant de magie. Le système est vraiment très agréable à prendre en main.
À cela s’ajoute l’apparition d’attaques spéciales sous la forme de Q.T.E. très faciles à réaliser, ajoutant encore plus de dynamisme au combat. Réussir ces attaques spéciales est très intéressant vu que celles-ci entraînent des dégâts assez dévastateurs sur nos ennemis sans faire diminuer notre réserve de magie. Les esquives/dash viendront aussi pimenter l’action puisque, pour certaines classes, suivant le sens de l’esquive, l’attaque suivante aura des effets différents. Par exemple, avec l’artilleur, une esquive vers l’avant entraînera une attaque plus forte tandis qu’une esquive en arrière déclenchera à la prochaine attaque l’immobilisation de l’adversaire. Le gameplay peut vite se montrer technique et les possibilités sont vraiment très grandes.
Il y a aussi la possibilité de récupérer sur les ennemis des armes qui ne pourront être utilisées qu’un nombre limité de fois et qui disparaîtront une fois cette limite atteinte. C’est toujours amusant et là encore, ça vient modifier le gameplay de façon ponctuelle. Notons enfin la possibilité de jouer avec des prototypes, des espèces de grosses armures mobiles surarmées et nous aurons face à nous un gameplay qui proposent une grande variété de combinaisons pour peu que nous nous donnions le temps de développer son personnage.
Oui, mais sur ma Switch, ça donne quoi ?
Soyons honnêtes avec notre nous-mêmes intérieur, Skyforge est fait pour être joué en mode portable. Sur un grand écran en mode téléviseur, le jeu est assez vilain, les textures sont repoussantes et l’aliasing pique les yeux. Switch en main, le constat est tout autre. Si l’aliasing est toujours présent, il se fait nettement moins ressentir et le jeu devient plus attractif, certaines zones assez denses se permettent même d’être très agréables à parcourir. Pour les cinématiques, des effets d’ombres et de lumières ont parfois tendance à ressortir bizarrement sur le visage de nos avatars et la synchronisation labiale est aux abonnés absents, le tout gâchant l’immersion de ces passages.
Si le jeu est en anglais, il est entièrement sous-titré en français, permettant ainsi à tout un chacun de profiter de tous les dialogues du jeu. Les textes apparaissent toutefois dans une police trop petite et nécessitent un effort pour les lire. C’est vraiment dommage, car le jeu est plutôt prolixe en dialogue.
Durant nos sessions de jeu, nous avons eu à déplorer quelques freezes, certes mineurs, mais qui se sont reproduits à chaque fois que l’action se densifiait. Bogues qui ne dépendent sans doute pas de la connexion tant celle-ci a pu se montrer stable sur des jeux en cloud gaming.
Les menus sont eux vraiment bien réalisés et permettent une navigation à travers toutes les installations d’Aelion sans avoir besoin de se balader d’un lieu à l’autre. C’est pratique, mais ça casse complètement l’immersion tout en permettant toutefois une absence de temps de chargement, qui peuvent se montrer longs lors des changements de zone.
Notons pour finir la prise en charge du tactile en mode nomade. Ça n’a l’air de rien, et effectivement sur un jeu autant fondé sur l’action, il est très rare d’utiliser cette fonctionnalité. Mais pour envoyer des messages via le système de tchat, c’est aussi rapide que l’utilisation d’un clavier sur P.C.
Conclusion
Skyforge est-il le M.M.O.R.P.G. de vos rêves ? La réponse dépendra du joueur que vous êtes. Si vous cherchez des parties rapides avec un système de combat fondé sur l’action, alors n’hésitez pas et foncez les yeux fermés, vous ne risquez rien, il est gratuit. Si vous cherchez une expérience orientée R.P.G. et réellement massive, alors le titre de la Team Allods vous décevra certainement. Son pôle central accompagné de ses instances séparées nuit grandement à l’immersion et empêche de se rapprocher des joueurs dans le jeu. Il reste toutefois un titre qui ne vous coûtera rien, qui mérite de se laisser découvrir et dont l’adaptation sur Switch est assez réussie.
LES PLUS
- Des graphismes agréables en nomade…
- Une bande-son variée qui colle à l’ambiance
- Un gameplay nerveux avec beaucoup de variations possibles
- Un univers S.F./Fantaisie original
- Un chara-design sage, mais adapté à l’univers
- Gratuit n’est pas cher
- Un seul personnage pour jouer toutes les classes
- Des instances qui permettent des sessions de jeu rapides
- 18 classes disponibles
- Une personnalisation du personnage très libre
- Une trinité D.P.S./Tank/Support faite pour le jeu à plusieurs
- Un contenu énorme…
LES MOINS
- … mais qui piquent les yeux sur grand écran
- Quelques freezes durant les combats
- Un système d’instances qui empêche l’immersion dans le monde
- Un système d’instances qui dénature la notion de M.M.O.
- Et qui oblige d’y jouer entre amis plutôt que de s’en faire dans le jeu
- … mais qui demande de nombreuses heures de jeu et du farming pour ne pas passer à la caisse