L’univers de Lovecraft a largement été adapté que ce soit dans les mangas, les jeux, de rôles, de plateau et bien évidemment, les jeux vidéo ! Ça tombe bien, c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui.
Seul en Antarctique
Conarium est un jeu « lovecraftien » qui suit le destin de quatre scientifiques résolus à défier ce que nous prenons d’ordinaire pour les limites « absolues » de la nature. Inspiré par la nouvelle de H.P. Lovecraft « Les Montagnes hallucinées », le jeu s’apparente à un remake de l’histoire originale, voire une suite.
Vous incarnez Frank Gilman, après une vision cauchemardesque, celui-ci ouvre les yeux au beau milieu d’une pièce vibrant d’étranges bruits répétitifs. Un étrange appareil sur la table diffuse des motifs lumineux qui reconstituent une danse macabre sur les murs. Comme dans la majorité des jeux, votre personnage est amnésique… Toutefois, il a pour seul souvenir le fait de se trouver à Upuaut, une base de l’Antarctique près du pôle Sud. Très vite, il s’aperçoit que l’endroit est désert et il a le sentiment que quelque chose a mal tourné. C’est donc à vous de jouer en prenant les « commandes » de Franck, dans sa quête de souvenirs pour découvrir ce qu’il s’est passé et surtout, où sont passés ses camarades !
Quelle est cette chose ?
Après une mise en jambes achevé par un « Jumpscare », nous commençons l’exploration de la base déserte. Quittant rapidement la pièce où le vacarme provoqué par l’appareil mystérieux aura tôt fait de vous donner aussi mal au crâne que le personnage principal. L’exploration commencera donc dans la base et votre premier objectif sera de remettre le courant. Il faudra donc vous rendre dans la salle du générateur à l’extérieur, trouver le bidon d’essence… etc… Enfin, vous connaissez la chanson !
En fait, l’énorme majorité des énigmes consistera à trouver un objet au point A, le ramener au point B pour déclencher une réaction. L’avantage, c’est que vous n’aurez pas trop à réfléchir durant ces différentes phases, en effet les objets nécessaires au déblocage d’une énigme seront automatiquement utilisés à partir du moment où vous l’avez dans votre inventaire.
Voilà, ça c’est pour les mécanismes de base du jeu, au final celui-ci est assez linéaire (et relativement facile à partir du moment où vous avez trouvé les bons objets). Toutefois, si vous suivez le tracé prévu par les développeurs, vous éviterez les allers-retours incessants (la majorité des objets à utiliser se trouvant généralement juste avant les mécanismes à enclencher). La progression se fera par « niveau », allant de la surface enneigée de la base aux temples mystérieux dédiés aux Dieux Anciens situés dans les profondeurs de la terre…
Même pas besoin de se cacher !
Vous l’aurez compris, ce ne sont pas les énigmes qui ont retenu notre attention sur ce titre. En fait, son principal intérêt se trouve dans le récit et surtout dans les documents que vous trouverez tout au long de vos pérégrinations et vous permettront de comprendre un peu plus ce qui a bien pu se passer et les raisons de votre expédition. La prise en mains est d’ailleurs plutôt bonne et nous avons pour une fois, un bouton dédié (L) pour courir, ce qui évite d’avoir à presser le stick analogique pour se lancer dans une course effrénée, il faut dire que c’est quelque chose que l’on apprécie, même si pour le coup, cette faculté vous permettra uniquement à avancer plus vite dans les différents environnements. En effet, vous ne croiserez qu’à de rares occasions d’autres personnes, mais la plupart du temps cela se matérialisera par des visions, dont le rendu à l’écran est plutôt intéressant. Pas d’ennemis à éviter en courant ou se planquer dans un casier ! Tout est vraiment tourné vers la narration.
Pour le reste, les commandes répondent plutôt bien, le seul passage plutôt crispant est celui où nous avons pris les commandes d’un sous-marin… La maniabilité était plus lourde et certains passages où il fallait éviter que celui-ci ne se cogne contre les récifs étaient synonyme de fin de partie… Mais les points de sauvegarde (automatiques ou manuels via une quicksave bienvenue) vous permettront de reprendre rapidement là où vous en étiez, sachant que c’est vraiment durant le passage du sous-marin que vous risquez de « mourir », le reste du temps, votre personnage ne sera jamais réellement en danger ! Plus vous avancerez dans les profondeurs de la terre, plus certaines énigmes se compliqueront un peu vous demandant de mémoriser des dessins ou runes au préalable. Par chance, notre cher Franck prendra le soin de noter dans son carnet les dessins qui vous serviront plus tard…
Visite guidée dans le temple des Dieux Anciens
Encore une fois, le cœur du jeu n’est pas les énigmes ou la fuite, reste donc l’observation et pour le coup, on est relativement bien servi ! Les environnements visités sont plutôt bien rendus, on note très peu d’aliasing et les textures sont relativement jolies. La base scientifique garde à la fois un côté chaleureux et angoissant (notamment dans les quartiers du personnel), et l’ambiance deviendra progressivement plus poisseuse, sombre et surprenante à mesure que l’on s’enfoncera dans les tréfonds de la base.
Les environnements sont finalement plutôt variés, nous avons pu visiter un laboratoire aux machines étranges, avant de nous enfoncer dans des cavernes aux sculptures et peintures mystérieuses avant d’entrer dans un temple oublié de tous, aux statues gigantesques et à l’ambiance oppressante ! Au fur et à mesure de votre avancée, vous trouverez de nombreux documents qui vous permettront de comprendre un peu plus l’histoire et ce qui s’est passé. Au final, on pourra reprocher d’en apprendre un peu trop… Les récits de Lovecraft étant volontairement plus énigmatiques, ce qui joue fortement sur ce côté malaise / santé mentale. Pour exemple, là où les créatures imaginées par Lovecraft sont souvent à peine esquissées, vous aurez l’occasion d’en observer certaines de près à l’aspect… nous n’en dirons pas plus !
L‘accessibilité et la facilité du titre permettent à tout un chacun d’y trouver son compte, c’est aussi l’occasion d’en apprendre un peu plus sur Lovecraft, ses récits et son univers. Il y aura donc beaucoup de lecture au programme, mais il faut souligner l’excellent travail fait sur la traduction, l’ensemble du titre étant sous-titré en français ! Si visuellement le titre est vraiment agréable, il en est de même pour l’ambiance sonore soignée qui participe pleinement à l’immersion. Au terme des 4h qu’il vous faudra pour terminer le jeu (c’est un peu court, mais dans la moyenne des Visual Novels), vous aimerez peut-être en apprendre un peu plus sur Lovecraft et le mythe de Cthulhu ! On notera également quelques Easter-eggs sympathiques, notamment dans des objets à collecter (au nombre de 20) qui font référence aux récits du Maitre. Un récapitulatif en fin de partie vous indiquera d’ailleurs si vous avez trouvé ou non l’ensemble des documents et secrets du jeu. L’occasion pour les complétistes de revenir sur le jeu pour décrocher un 100%… mais cela impliquera de revoir/lire la même histoire, le jeu propose des fins différentes, de notre côté nous en avons vu 2 qui sont parfaitement dans l’esprit des créations de l’auteur !
Conclusion
Se présentant comme un visual novel à la première personne, Conarium est un titre à part. Une expérience qui vous plongera au cœur d’une histoire très Lovecraftienne. Au fil de l’histoire, on sombrera dans le doute, la folie… Rares sont les jeux qui arrivent à saisir la substance de l’auteur et à la retranscrire correctement… Si vous aimez les récits de Lovecraft et que vous ne cherchez pas l’action ou des énigmes compliquées, mais qu’une bonne histoire peut vous satisfaire, Conarium saura répondre à vos attentes… ! (Profitez-en tant qu’il est encore aux alentours de 10 euros, à 20 euros l’expérience pourrait vous sembler un peu trop chère.)
LES PLUS
- Une histoire parfaitement dans l’esprit Lovecraft.
- Une ambiance et une bande sonore qui participe à l’immersion.
- Des environnements beaux et variés.
- Un réel sentiment de solitude.
- Les objets à collectionner et les secrets à découvrir.
- Entièrement sous-titré en français !
LES MOINS
- Peut-être un peu court (- de 4h).
- Un peu trop linéaire et scripté.
- Les énigmes un peu trop simples.
- Et parfois pas forcément évidentes si on n’a pas suivi les actions dans le « bon ordre ».