Sur une île perdue au milieu des flots, Aliph, notre technicienne experte en botanique travaille pour rétablir un semblant d’équilibre entre l’énergie lumineuse et l’énergie sombre des plantes… Mais cet équilibre est précaire, et la fin du monde semble, hélas, inéluctable…
Even the Ocean est une grande aventure qui se partage entre usines désaffectées, vastes champs de blé et grande ville en verre qui scintille sous un grand soleil. Les couleurs pastels des paysages champêtres et les motifs végétaux se mêlent subtilement au pixel art rétro, le tout accompagné par une musique ambiante et éthérée. Le genre à même de nous immerger davantage dans ce petit univers loin de notre monde.
Zen est le maître mot. Même si sur certaines séquences, il va falloir jouer du stick, nous ne sommes pas en face d’un jeu d’action : les ennemis sont rares, très rares (un papillon de nuit qui nous poursuit sans cesse, deux trois plantes mobiles et… les trois gigantesques Géomes, plutôt débonnaires et inoffensifs dans le genre ennemi). Et nous ne sommes pas non plus en présence d’un RPG (le jeu nous est présenté en partie de cette manière par l’éditeur), quand bien même, les dialogues multiples, l’inventaire et la map façon Final Fantasy pourraient nous y faire penser. Il n’y a pas de leveling et encore moins de roleplay. Notre perso n’évolue pas d’un bout à l’autre.
Le jeu est plus proche d’un jeu de plates-formes/puzzles mâtiné de visual novel, avec quantité de dialogues. Ce n’est pas un mal, loin s’en faut. Avec cette aventure textuelle, une histoire atypique et la pléthore de rencontres à faire, les créateurs du jeu ont réussi, à amener une profondeur – ou du moins une joliesse – à un genre, la plate-forme, qui ne s’embarrasse pas habituellement de ces ingrédients. Dommage, franchement dommage que le jeu n’ait pas eu les honneurs d’une traduction en français.
Les phases de plates-formes sont bien amenées et bien pensées, avec un level design aux petits oignons (nous laissant une bonne marge d’erreur et/ou de créativité), des énigmes originales et un dynamisme bienvenu avec quelques passages, sur la dernière ligne droite, exigeant du doigté et une bonne dose de timing. Chaque niveau apporte sa nouveauté de gameplay comme un nouvel obstacle ou un nouveau type de plate-forme. C’est appréciable, car cela permet de redécouvrir le jeu sans cesse et de manier notre Aliph dans tous les sens. Le tout sans avoir l’impression de se répéter.
L’originalité d’Even the Ocean est que le joueur peut gérer sa barre de vie/pouvoirs comme il entend. Cette barre se présente en effet comme une double jauge partagée entre deux couleurs. En touchant une plante (pourpre ou bleu), la couleur correspondante augmentera sur notre jauge. En ayant par exemple une majorité de pourpre, notre Aliph gagnera en vitesse. Une majorité de bleu et elle pourra faire un bond spatial ! En revanche, si par malheur, notre barre est entièrement remplie par une des deux couleurs, c’est le game over.
L’idéal est donc d’avoir un œil sur l’équilibre de nos couleurs. Et pourquoi pas, de toucher volontairement une plante pour sauter plus haut, piquer un sprint ou tout simplement pour se sauver d’une mort certaine. Une excellente idée qui amène une grande part de stratégie dans notre approche des obstacles.
Les cinq actes proposés sont copieux et le monde que l’on explore réserve bien des surprises. La durée de vie est plus qu’honorable et approche la dizaine d’heures de jeu. Les Géomes, des créatures titanesques faisant office de niveaux, pourraient fortement faire penser à celles rencontrées dans Zelda : Breath of the Wild, mais ce n’est que pure coïncidence : Even the Ocean, le jeu original sur PC est sorti en novembre 2016, soit quelques mois avant Zelda.
Alors bien entendu, l’exploration se borne à suivre une croix sur une carte ou à atteindre simplement la sortie du niveau (en dehors des quelques énigmes qui nous font naviguer entre plusieurs PNJ). Et peut-être aurait-il fallu plus de quêtes annexes, plus de petites carottes pour flâner davantage dans cet univers, afin que le jeu prenne l’ampleur d’un chef-d’œuvre. Néanmoins, Even the Ocean est un jeu atypique qui ne ressemble à aucun autre : un petit jeu en apparence, avec de grandes ambitions.
Conclusion
Sous ses airs de petit jeu narratif sans lendemain, Even the Ocean cache en son cœur une grande aventure à la fois dépaysante et atypique : un platformer/puzzle unique, à l'ambiance éthérée et d'une profondeur inattendue. À jouer !
LES PLUS
- Un platformer/puzzle narratif unique
- Du pixel art parfois chatoyant
- Level design astucieux
- Gameplay intelligent
- Un petit monde plus vaste qu'il n'y paraît
- Les « Géomes »
LES MOINS
- Pas de traduction
- Il faut aimer les longues phases de dialogues