Développé par le studio allemand Jo-Mei Games, Sea of Solitude est d’abord sorti sur consoles et PC via le label EA Originals en juillet 2019. Pour son arrivée sur Nintendo Switch, c’est Quantic Dream qui s’occupe de l’édition tout en s’associant avec Just For Games pour la sortie en boîte de cette version Director’s Cut. Prêt à plonger dans un monde tourmenté par la noirceur ?
Sea of Solitude nous avait déjà intrigué lors de sa présentation durant la conférence d’Electronic Arts à l’E3 2018. Deuxième jeu du programme EA Originals, ses graphismes colorés et son ambiance qui vire au très sombre avaient retenu l’attention des joueurs. On y incarne Kay, une jeune femme désespérée qui s’est changée en monstre et qui cherche la lumière. Jouable à la troisième personne, l’objectif du titre est de guider votre personnage à travers une ville totalement submergée par une tempête, des créatures dangereuses et des phases de plateformes. Elle se déplace dans une barque, à pied mais également à la nage. Cependant, elle ne doit jamais rester trop longtemps dans l’eau, sous peine de se faire attraper par une très grosse créature qui la suit constamment. Le scénario de Sea of Solitude s’adresse à un public mature. En effet, les thèmes abordés sont sérieux et centrés sur les relations entre les personnes dans un couple, entre frère et soeur, à l’école ou encore avec ses parents.
Le titre est doublé intégralement en cinq langues dont le français et le travail réalisé est vraiment très bon de ce côté-là. Les dialogues sont intéressants et assez percutants, bien que très directs et manquant parfois de finesse. Si le titre se déroule dans un petit monde ouvert, le chemin à emprunter est en réalité déjà tout tracé pour enclencher au bon moment les dialogues. Vous ne serez jamais perdu puisqu’en pressant l’une des gâchettes, vous pouvez envoyer une petite fusée lumineuse qui vous indiquera le sens de la navigation et fera office de lumière dans les environnements les plus sombres. La spécificité du titre réside dans le fait de devoir libérer des zones de la corruption et progresser dans l’aventure. Notre héroïne est capable d’absorber la corruption dans son petit sac à dos et de rétablir la lumière ensuite. Le titre traite des thèmes de l’isolement, la dépression et l’abandon. Ces états se manifestent sous forme de bêtes effrayantes et de créatures fantastiques à éviter ou à combattre dans le jeu.
Kay peut donc descendre de son bateau pour parcourir le monde à pied. Les phases de plateformes sont très basiques, on marche, on court et on saute à travers des chemins tout tracés. Le level-design n’est pas du tout inspiré et l’une des dernières zones du jeu est très frustrante. Il s’agit d’une tour à gravir dans l’obscurité où l’orientation est mauvaise et avec des ventilateurs qui soufflent de l’air et vous font tomber à tout moment. On a la mauvaise impression qu’il fallait absolument mettre des phases de marche pour servir la narration, ce qui est dommage car le titre devient vite un walking simulator. Tout ce qu’il entreprend, il le survole à peine et ne va jamais en profondeur. Alors oui, les phases d’exploration se renouvellent quand même, dans la seconde partie du jeu il faut éviter les enfants qui nous ont fait du mal pendant notre enfance ou les esprits qui rôdent autour de nous mais c’est toujours très simple à faire. Le jeu est très facile, les seules fois où vous devez reprendre au dernier point de sauvegarde sont celles où le monstre dans l’eau vous attrape.
La direction artistique est très réussie avec toutes ses belles couleurs en harmonie. Le design sombre et particulier de l’héroïne sera au goût de chacun. Les effets d’eau sont bien réalisés et l’ambiance Venise avec l’eau qui monte et descend fait son petit effet. La bande-son est apaisante et porte le joueur dans son aventure. Il y a également des collectibles à trouver dans le jeu pour les joueurs qui aiment fouiller partout et un système de succès intégré. En termes de réalisation, le moteur physique du jeu est loin d’être parfait, le bateau n’est pas toujours facile à manier et les déplacements du personnage sont un peu raides en plus d’être dirigistes. Il faut aimer les aventures narratives qui vous prennent par la main. Cependant, le portage sur Nintendo Switch est très bon et dispose de très rares ralentissements. Le rendu graphique est en dessous des autres versions mais il reste très bon que ce soit sur TV ou portable, le jeu est très agréable.
Une démo est disponible sur l’eShop pour le titre vendu 19,99 €, vous pourrez vous faire un avis. Il se termine en seulement trois petites heures, ce qui est faible au vu du tarif, de ses imprécisions et de sa prise en main. Que se cache-t-il derrière cette version Director’s Cut sur Nintendo Switch ? Eh bien pas grand chose si vous n’aviez pas fait le jeu précédemment. Il s’agit principalement d’une histoire réécrite pour enlever les passages les plus lourds, d’un nouveau casting de doubleurs et de cinématiques et animations remaniées pour améliorer l’expérience. Il n’y a pas plus de contenu, les ajouts sont assez anecdotiques comme un mode photo et l’intégration du gyroscope. Le jeu est joli mais de là à prendre des photos régulièrement, pas sur que cela était nécessaire, en tout cas pas pour nous. Il est tout de même appréciable de bénéficier de cette version ultime tout de suite car le jeu de base avait quelques petits soucis.
Conclusion
Sea of Solitude: The Director’s Cut est un portage techniquement réussi sur Nintendo Switch. C’est un titre rempli de métaphores pour parler de sujets sérieux comme la séparation, la dépression, l’isolement ou encore l’abandon. Les dialogues sont très réalistes et pertinents, manquant parfois de finesse. L’expérience est bien trop courte et ne fait qu’effleurer les quelques idées de gameplay proposées. Le titre reste très dirigiste et sans réelle participation du joueur dans cette quête qui reste contemplative. Il n’en demeure pas moins très joli graphiquement avec un style très chatoyant et envoûtant par sa bande-son. Toutefois, les imprécisions du moteur physique et le manque de profondeur dans les actions à réaliser en font un jeu très classique et moins marquant que d’autres dans le genre narratif.
LES PLUS
- Doublage de qualité
- Une direction artistique chatoyante
- Une bande-son juste et envoûtante
- Les sujets abordés et les métaphores
LES MOINS
- Trois petites heures seulement
- Phases de plateformes imprécises
- Des idées trop peu développées
- Très dirigiste