Kill it With Fire, développé par le studio Casey Donnellan Games llc, un studio composé de Casey Donnellan donc, et édité par TinyBuild a tout du petit défouloir indé qui ne se prend pas la tête. Une expérience rigolote sans prétention qui ne demande qu’à se laisser tester le temps d’une soirée pluvieuse. Mais ces petits jeux passe-temps sont de plus en plus nombreux et il est de plus en plus difficile de sortir du lot sans avoir de sérieux atout que ce soit concernant la narration, la jouabilité ou l’ambiance. Alors ce développeur texan va-t-il faire une entrée à la Chuck Norris dans le monde du jeu vidéo ? Réponse en fin de test.
La petite bébête qui monte qui monte…
Kill it With Fire est d’abord et avant tout un malentendu. Car si au Texas et dans de nombreuses cuisines de France et de Navarre, il semble que l’araignée soit un insecte indésirable, ce ne sera pas le cas partout. Ainsi, les Grecs et les aborigènes d’Australie utilisent la soie d’araignées pour en faire du fil de suture ou des filets de pêche, tandis dans certaines cultures biologiques, les araignées sont utilisées pour lutter contre des insectes détruisant les plantes. Alors pourquoi cette haine envers nos amis les aranéides ? N’avez-vous jamais remarqué qu’une araignée dans la maison, ce sont des dizaines de moustiques en moins l’été ? Non vraiment, laissons les araignées tranquilles une bonne fois pour toute.
(Cette introduction a été entièrement financée par le Front de libération des araignées persécutées –le F.L.A.P. – dont nous tenons à remercier le président, Peter Parker et le président adjoint, Miles Morales.)
Aux antipodes de la série des Spider-Man mettant en évidence les bienfaits de cet insecte fascinant, le titre de Casey Donnellan nous propose d’exterminer le plus d’aranéides possible. Pourquoi cette haine farouche ? Nul ne le sait et il semble bien qu’aucune réponse ne vienne un jour éclairer nos lanternes. C’est dommage, quitte à faire dans le décomplexé, autant fournir un scénario qui ne ressemble à rien tout en s’assumant, plutôt que rien de tout.
Notre histoire commence tout doucement dans un T3, assez confortable et très bien ordonné. Entre les cadres au murs, les livres sur les étagères et la console de jeu (qui n’est pas une Switch 🙁 soit dit en passant…) sous la télé, tout semble aller pour le mieux dans la meilleur des banlieues jusqu’au moment où arrive la Némésis de l’humanité (d’après les programmeurs texans donc, le rédacteur, qui est membre du F.L.A.P., ne cautionne à aucun moment le déferlement de violence contre nos amies les araignées).
Il nous faudra donc en venir à bout et pour cela, tous les moyens seront bons. Après des débuts hasardeux, nous voyant utiliser une petite tablette en plastique, nous avons rapidement découvert un détecteur d’araignées et pour faire bonne mesure, nous avons dans la foulée utilisé un briquet ainsi qu’un désodorant, tout en respectant la consigne de sécurité élémentaire, pour mettre le feu à tout nuisible passant à proximité de nos flammes. Parce que c’est bien connu, quand il faut venir à bout d’une araignée et que le choix entre une basket (ou une claquette si vous êtes allemand en chaussettes) et un chalumeau se présente, le Texan choisira forcément de mettre le feu à sa baraque plutôt que de laisser une petite chance à l’inoffensif animal. C’est un peu technique, mais dans le jargon, c’est ce qu’on nomme la méthode Chuck Norris.
Et tant que la maison tient debout, autant y aller de bon cœur. Un chalumeau fait toujours un peu bon marché, alors qu’un magnum, un fusil à pompe, voire un pain de C4, là, on tient une réponse adaptée au degré de violence que nous avons subie face à l’invasion de notre doux foyer par cette insecte de cinq millimètres de long. Si tout pouvait se régler grâce à la méthode Chuck Norris, le monde serait un endroit tellement plus paisible…
La Texas Instrument 92 Plus
Dès le début de la partie, nous comprenons que les armes les plus dangereuses sont celles à base de feu. Malheureusement, leur utilisation ne procure aucun véritable plaisir : « Oulah, mon radar m’annonce beaucoup d’araignées derrière ce tas d’objets, okay, FEU !!!! » et les araignées s’enfuient en flamme et finissent pas mourir. La jouabilité se résume trop vite à ça et seuls les objectifs secondaires essaient vainement de réveiller le joueur.
Mais même ces objectifs se montrent pénibles. Casser des assiettes, ranger un établi, tuer une araignée avec un livre qui est aussi maniable qu’une Formule 1 sur une patinoire d’ailleurs. Nous sommes très loin de missions amusantes et barrées. Le seul amusement vient de la débauche d’armes collectionnables tout au long des neuf niveaux. Mais cette débauche d’armes n’est jamais soutenue par un défi ou un propos à la hauteur. Si l’araignée avait fait dix mètres de haut, si toutes ces araignées s’étaient réunies pour former une araignée Megazord, si au moins elles étaient mortelles ! Mais même pas. Aucune tension, aucun intérêt si ce n’est collectionner des grosses armes pour détruire des petites bêtes, le Texas dans toute sa splendeur…
Des améliorations se débloqueront au fur et à mesure de notre avancée dans les niveaux, si celles concernant le radar sont vraiment appréciables, les autres sont clairement anecdotiques, à quoi servira de courir plus vite (et en quoi tuer des araignées rend plus véloce) quand de toute façon la visée est une catastrophe et que le seul moyen efficace de venir à bout de la vermine est d’utiliser le feu ?
Si chacun des neuf niveaux dure une petite trentaine de minutes et nous permet de débloquer de nouvelles armes, nous ne perdrons pas pour autant celle que nous avions précédemment. Notre arsenal grossit très rapidement et se recharge ente chaque acte. C’est une bonne idée, les munitions ne manquent jamais et Kill it With Fire n’est jamais frustrant. Seulement inintéressant.
Une araignée au plafond
Si Kill it With Fire se présente comme un immense défouloir, il sera temps de voir si la technique est à la hauteur des promesses. La réponse risque d’être décevante pour tous les arachnophobes qui lisent ce test. En effet, le titre de Casey Donnellan transpire beaucoup trop le portage opportuniste sans réels effort pour l’adapter aux spécificités de son support.
Ce qui restera sans doute le plus crispant et qui est pourtant au cœur de la jouabilité concerne les contrôle aux Joy-Cons. Réussir un F.P.S. sur console demande du travail pour rendre la visée à la fois précise et rapide. Rassurez-vous, Kill it Wit Fire échoue dans ces deux domaines. Si les armes de démolition massive ne demandent aucun effort pour faire d’énormes dégâts, nous débuterons malheureusement notre aventure avec une pétoire à six balles. Et viser une petite araignée, qui gigote dans tous les sens possibles relève alors de l’impossible.
Les déplacements sont lents, la visée est pire et elle se paie en plus le luxe de manquer de précision. Lorsque, durant un niveau, tous les objectifs ont été atteints, il se débloque un défi qui demande de tuer dix araignées dans un temps limité. Si à partir du niveau 3, ces défis utilisent la grosse artillerie et ne demandent plus aucune subtilité, ceux des deux premiers niveaux proposeront le même défi, mais avec notre pistolet. Ce qui est infaisable… les défis des premiers niveaux sont plus difficiles que ceux des niveaux suivants, logique.
La maniabilité semble clairement être parfaite pour un combo clavier/souris, mais elle est vraiment insuffisante pour prendre du plaisir manette en main. La prise en charge des gyroscopes ou encore une option de réglage de la sensibilité aurait pu atténuer ce problème, mais ces options sont inexistantes. Est-ce un portage fainéant ou un complot du F.L.A.P. ? La vérité est ailleurs.
D’un point de vue graphique, Kill it With Fire offre un rendu général propre, regorgeant de détails, à la physique ambitieuse mais incertaine. Si de nombreux objets sont attrapables, jetables et cassables, d’autres auront tendance à avoir une résistance étonnante. Le plus amusant aurait du être, bien évidemment, la gestion des flammes. Malheureusement, ce monde texan semble avoir subi un traitement pour le rendre ignifugé. Si nos flammes noircissent, sans plus, les objets qu’elles touchent, elles ne s’étaleront jamais au-delà, les seuls à vraiment en pâtir seront nos pauvres araignées, qui déambuleront en feu dans toutes les pièces avant de mourir. Le dernier écueil graphique concerne les textes, s’ils sont parfaitement lisibles en mode téléviseur, ils apparaîtront flous lors des parties en mode nomade, décidément ce complot du F.L.A.P. est machiavélique.
Conclusion
Si la violence gratuite peut être amusante, elle se devra pour cela d’en rajouter, de faire jaillir le sang par hectolitre, qu’il soit vert, rouge ou bleu et de proposer moult démembrements. Kill it With Fire part d’une idée intéressante mais il ne va jamais au bout de son expérience et il s’arrête très tôt sur le chemin du jeu défouloir. Sa technique est agréable au premier coup d’œil mais elle montre très rapidement ses limites physiques. De plus, sa maniabilité pénible empêche de profiter pleinement des armes et son manque d’options empêche toute résolution de ce problème. Il ne reste plus qu’un jeu qui permet de collectionner de grosses armes pour tuer de bien petites araignées.
LES PLUS
- Beaucoup d’armes
- Un concept d’annihilation d’arachnides rigolo…
- Un rendu graphique agréable…
- Tout en français
LES MOINS
- … mais qui s’essouffle vite
- … mais une physique vite limitée et ignifugée
- Des contrôles mous et peu précis
- Des objectifs secondaires peu intéressants
- Des textes flous en nomade
- Finalement très peu d’amusement dans ce titre
- Aucun défi tout au long de l’aventure