Tous les amoureux de jeux de ferme ont une histoire avec la licence « Harvest Moon ». Certains ont grandi avec, d’autres l’ont tant désiré sur telle ou telle console, épluchant les catalogues de jeux vidéos de l’époque. Nous avons fait partie de ces enfants là… impossible ainsi pour NT de ne pas se plonger avec délice dans tous les Harvest Moon… et pourtant, cette fois-ci, la délicate madeleine de Proust nous a laissé un petit goût amer.
Cela ne vous a probablement pas échappé. Harvest Moon n’a de son panache que le nom… un bien joli nom il est vrai, évocateur de tant de souvenirs donc. Un appel pour les amateurs à relancer la machine encore et encore… pourtant, les véritables parents de Harvest Moon sont désormais sur les projets « Story Of Season », et c’est avec une profonde amertume que ce nouvel opus s’offre à nous…
Un monde à cultiver :
Cela ne vous a probablement pas échappé. Harvest Moon n’a de son panache que le nom… un bien joli nom il est vrai, évocateur de tant de souvenirs donc. Un appel pour les amateurs à relancer la machine encore et encore… pourtant, les véritables parents de Harvest Moon sont désormais sur les projets « Story Of Season », et c’est avec une profonde amertume que ce nouvel opus s’offre à nous…
L’ouverture du soft est sans grande surprise : le choix du sexe, de son apparence, du nom de notre petit héros (/héroïne) ainsi que sa date d’anniversaire. Rien de bien foufou, d’autant plus que les possibilités sont très limitées. Ne vous attendez pas à concevoir le fermier de vos rêves, à votre image ou non. Le choix sera succinct, la manœuvre rapide.
Le déroulement de l’histoire sera tout aussi anecdotique, avec un cheminement assez classique et traditionnel. Vous avez assurément le fibre agricultrice en vous, tandis que vous avez grandi dans une contrée où seules les pommes de terre parviennent à pousser. Forcement, les bonnes frites commencent à lasser au village… et bientôt, vous voilà parti(e) vers de nouvelles aventures en quête de graines toujours plus exotiques, avec l’aval de votre maman et de de votre meilleur ami : Doc, qui n’est autre qu’un jeune savant un peu foufou, avec une tenue tout aussi nonchalante que sa chevelure. Ce dernier vous épaulera tout au long de votre progression, et son premier cadeau n’est autre… qu’une ferme portative ! Rien que ça…!
Derrière cette invention ingénieuse se cache une petite prouesse improbable : par l’intermédiaire d’un drôle de robot (Sparky), vous serez à même de tenir dans votre poche votre maison et votre étable/poulailler. Les cultures, en revanche, resteront sur place. Mais l’invention est tout de même assez géniale n’est ce pas ? Toute l’originalité du soft se résume à cette fermette portative. Alors, arrêtons l’enthousiasme rapidement : vous ne pourrez pas déployer votre ferme n’importe où. Cette dernière devra uniquement siéger dans des spots bien définis…
Ainsi, vous allez parcourir de multiples contrées, entre terres arides et terres gelées, avec pour seule ambition de découvrir de nouvelles cultures, mais aussi et bien sûr, le désir d’aider votre prochain. Tout de même.
Un monde à aider :
Totalement en français, l’aventure se déploie au fil des multiples rencontres du jeu. Chaque petit recoin de la carte est le siège d’un petit village dans le besoin. De nombreux dialogues feront l’objet de confidences et d’autres découvertes plus ou moins futiles. Les villageois vous feront alors part de multiples requêtes (passant aussi par votre boîte aux lettres pour aller plus vite !). La trame principale permet ainsi de récolter les 6 médaillons éparpillés dans le monde et détenus par des feux follets (nous reviendrons sur eux !), tandis que de nombreuses quêtes secondaires vous permettront de récolter moult et moult objets.
Chaque personnage (plus ou moins soigné… plus ou moins bien nommé !) sera l’occasion d’élargir votre panel de connaissances, avec plus ou moins d’affinité. Cette dernière est en effet symbolisée par de petits cœurs, qui se remplissent au fil du temps et de vos bonnes démarches envers le dit personnage.
Particulièrement bavards, les personnages ne présentent guère tous un grand intérêt… certaines histoires seront assurément plus percutantes que d’autres… vous finirez probablement par passer certains dialogues, lassé par tant de blablas inutiles.
Vous retrouverez les bases commerciales traditionnelles, avec des boutiques éparpillées dans chaque village. Néanmoins, ces dernières resteront très succinctes et vous risquez de ne pas vous y attarder trop longtemps… d’autres activités plus lucratives vous attendent. Lucrative n’est en revanche pas synonyme de rigolote…
Un monde, dans une boucle emprisonnée :
Le danger d’un jeu de ferme est là : offrir aux joueurs un éternel recommencement dans les activités proposées. Malheureusement, cet opus d’Harvest Moon plonge lourdement dans la brèche…
Les journées seront répétitives à souhait. Les animaux à nourrir, les plantes à cultiver, la récolte des graines, et le parcours entre les différents villages. Le joueur est tenu par la main en tout temps, avec des chemins tracés et l’impossibilité totale d’en sortir. La téléportation sera ainsi le plus souvent privilégiée afin de passer d’un point remarquable à un autre, malgré une certaine rapidité de votre cheval (mais l’impossibilité d’ouvrir le menu alors que vous êtes à califourchon dessus devrait suffire à parfaire votre agacement !).
Certains évènements viendront bien ponctuer votre quotidien mais ces derniers restent bien trop anecdotiques pour relever véritablement l’intérêt du jeu. Par ailleurs, la gestion des cultures s’avère bien particulière : il suffit en effet au joueur de se présenter devant la parcelle à travailler et d’appuyer sur A. L’outil sera automatiquement sélectionné. Un aspect qui déplaira à certains, qui en séduira d’autres. À vous de juger !
Les animaux seront tous aussi… plats. En effet, si certains pourront vous sembler assez exotiques (notamment ceux que vous pourrez apprivoiser en dehors de votre ferme, allant de l’ours, au tigre du Bengale… rien que ça !), l’élevage sera rapidement très restrictif. Le nombre d’animaux qu’il est possible d’accueillir est en effet très limité, et leur croissance lente. Pour les soins, ils sont très classiques, avec le nourrissage, l’entretien du fumier et quelques gratouilles. La récolte de la laine, la tonte… tout cela se fait automatiquement à nouveau : placé(e) devant l’animal, le caresser, le brosser, le traire ou le tondre, tout se fait d’une simple pression de touche.
Un monde de feux follets
Les feux follets font partie intégrante de l’aventure. À l’origine même de la progression du monde (les médaillons, ne les oublions pas !), ils seront très présents autour de vous. Une présence particulièrement indispensable puisque ce sont eux qui vous donneront… les graines ! En effet, chaque jour, de petites lucioles sont éparpillées sur la carte. Chaque petite lumière symbolise un feu follet qui vous donnera une graine si vous le sortez de cette petite capsule lumineuse.
Vous ne passerez néanmoins pas beaucoup de temps à faire votre repérage… en effet, chaque jour, à la même heure, les mêmes feux follets apparaissent. Par ailleurs, si vous manquez encore d’informations, il est possible de regrouper vos recherches sur votre petite tablette personnelle, et d’afficher directement sur la carte du monde les lieux des feux follets et des graines de votre choix.
Cette tablette, un cadeau de Doc, vous permettra en outre de retrouver toutes vos missions, votre inventaire, le calendrier, la liste de vos amis et les traditionnelles options.
Un monde pas bien joli joli…
Malgré quelques aspects enfantins, aux bouilles rondouillardes, et quelques couleurs chatoyantes, les graphismes sont pauvres et les textures dénuées de véritable charme. Les chemins verdoyants manquent de naturel, d’esthétisme. L’ensemble donne la vague impression d’être tantôt plongé dans une peinture jaune (zone désertique), tantôt dans une peinture blanche (zone gelée). Pourtant, certains détails sont à noter, notamment dans l’aménagement des maisons qui, cette fois-ci, propose des détails plus singuliers. Malheureusement, nous en attendons bien plus pour un titre nommé « Harvest Moon » sortant sur Nintendo Switch en 2021…
Les musiques, quant à elles, sont un peu plus caractéristiques et même si elles manquent d’une véritable identité, elles restent cohérentes à l’ambiance et aux différentes atmosphères.
Un monde pour les petits ou bien pour les grands ?
Là est la grande question de ce jeu. Quel est son public ? Son accessibilité tend à laisser penser qu’il s’adresse davantage aux plus jeunes… les adultes risquent en effet de rapidement se lasser d’un environnement aussi pauvre et sans grand renouvellement véritable. Les petits, accompagnés d’un adulte tout de même, pourraient bien apprécier la prise en main rapide. Néanmoins, les multiples dialogues pourraient rapidement devenir un frein… tout autant que le manque véritable d’amusement dans un univers qui se veut répétitif quelque soit l’âge de la cible.
Harvest Moon : un monde à cultiver est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 50 euros environ. Une version boite est aussi proposée auprès des vendeurs traditionnels.
Conclusion
Le titre Harvest Moon représente à lui seul un univers apprécié, voir idolâtré par de très nombreux joueurs qui ont grandi sur cette licence. Désormais aux mains de nouveaux développeurs, ce titre élogieux perd malheureusement de sa superbe au sein de ce soft globalement répétitif et doté d’un environnement pauvre. Si les plus jeunes pourraient apprécier le challenge très accessible mis en place, avec une prise en main rapide, les adultes trouveront assurément bien plus de plaisir auprès de la concurrence des jeux de gestion fermière... comme auprès du dernier né des véritables parents de la licence...
LES PLUS
- Un jeu accessible, pouvant être laissé dans les mains des enfants (maîtrisant la lecture)
- Quelques bonnes idées pour faciliter la vie du joueur (téléportation, ferme transportable, tablette avec de multiples infos...)
- Un monde musical correct
LES MOINS
- Un jeu verrouillé, ne laissant que très peu de place à la créativité du joueur
- Un parcours cloisonné, ne laissant que peu d’espace au joueur pour s’épanouir...
- Un jeu répétitif encore et encore...
- Des graphismes pauvres