Aujourd’hui les enfants nous aborderons le thème de l’évolution darwiniste du jeu vidéo. En effet il ne vous a pas échappé que notre média n’est plus le même qu’à ses débuts, que ses mécaniques, ses codes et sa technique ont évolués avec les progrès de son environnement numérique. Et pourtant, en fouillant bien, il est toujours possible de trouver une espèce qui n’a pas voulu évoluer avec ses petits camarades et qui ne cherche qu’à reproduire les us et coutumes de ses ancêtres. Est-ce un bien ou un mal ? Faut-il évoluer pour survivre dans ce monde ? Beaucoup de questions que nous aborderons lors de nos séminaires consacrés à Thunderflash du studio Seep.
C’était pas ma guerre ! (Rambo)
La première remarque que fera n’importe quel poilu du jeu vidéo en lançant une partie de Thunderflash sera forcément « cool, ça me rappelle Ikari Warriors ». Mais le même vétéran après quelques minutes de jeu va aussi se rappeler que oui Ikari Warriors c’était vraiment cool, mais il se souviendra aussi que, déjà à l’époque, les différentes machines n’avaient pas toutes la même puissance et que les versions d’un même jeu pouvaient fortement varier. La sueur commencera tout doucement à couler le long de sa nuque en se remémorant la différence entre un sublime jeu sur arcade et un titre tournant comme il le pouvait sur la petite Nes. Que nous réserve Thunderflash sur Switch, un retour dans un passé à mi-chemin du bonheur.
Comme pour son glorieux ancêtre, Thunderflash nous entraîne dans sa guerre. Celle-ci a pour principales protagonistes les membres de l’organisation Bloody Wolf, des criminels capables de manipulation mentale de masse. Que faire pour en venir à bout ? Facile, il suffit de faire appel aux sergents Rock et Stan ! Nos héros pourront se défouler face à une armée de mercenaires en défouraillant à tout va. Un scénario simple et efficace digne d’une production sous testostérone des années 80.
Après avoir choisi lequel de nos bodybuildeurs nous emmenons combattre, nous voyageons dans un pays lointain appelé Kashmir pour enchaîner les 25 missions qui nous permettront de venir à bout des terroristes. Nous aurons à traverser de nombreux environnements variés allant des plaines enneigées aux cavernes humides en passant bien évidemment par la base ennemie. Que du classique.
Les morts ne savent qu’une chose : il vaut mieux être vivant. (Full Metal Jacket)
Joy-Con en main nous nous retrouvons dans la pure tradition des run’n gun sur console de salon. Un stick pour se déplacer et deux boutons pour tirer. Oublions tout de suite les twin-stick shooter, ce n’est qu’un doux rêve. Nos héros ont le fusil collé au corps et au vu de leur importante musculature, nous comprenons vite qu’ils doivent avoir la colonne vertébrale verrouillée, leur interdisant tout mouvement de visée différent de leur sens de déplacement.
Ça n’a l’air de rien comme ça et de nombreux joueurs ont démarré sur ce genre de jeu, mais les mêmes joueurs ont su profiter de la présence des deux sticks sur les manettes modernes et s’en passer est un rude retour en arrière, fait de micro déplacements pénibles, pour adapter sa position et sa visée à l’ennemi qui nous fait face.
Si les deux boutons ne sont pas problématiques en soi, nous offrant une attaque classique au fusil et une attaque plus puissante à la grenade, nous nous rappelons tout de même, avec une petite larme à l’œil, la capacité des membres de l’équipe Metal Slug de sortir un couteau lorsqu’un ennemi trouvait le moyen de se rapprocher trop près de sa personne. Ce n’est pas le cas ici, si un ennemi commence à se coller à nous, réussir à en venir à bout est relativement pénible, nous aurons tendance à tirer à côté ou derrière lui avant de l’atteindre. Il vaudra mieux pour nous d’atteindre nos ennemis à distance sous peine de voir baisser trop rapidement notre barre de vie.
Au niveau des sensations de jeu, l’action est assez identique à ce que proposait Ikari Warriors, nos héros sont aussi véloces et les vagues de chairs à canon qui nous assaillent sont tout aussi nombreuses, les nombreux pièges au sol sont aussi là pour nous rappeler à la plus élémentaire prudence. Le découpage en niveaux, qu’il est possible de relancer une fois débloqués, permet une avancée régulière dont le challenge est bien calibré. Les combats de boss sont prenants. Ceux-ci ayant un nombre de points de vie assez conséquent et des patterns vites identifiables, ils ne représentent jamais un obstacle infranchissable.
Des intermèdes viendront agrémenter nos parties en renouvelant pour un temps le gameplay. Sous forme de phase de Shoot’em Up, nos héros devront faire le chemin qui les sépare de leur prochaine scène de combat à bord de différents véhicules. Nous pourrons ainsi chevaucher une moto, jouir d’un jetpack ou encore naviguer paisiblement sur des flots déchaînés.
Les idéaux sont pacifiques. L’Histoire est violente. (Fury)
Si Thunderflash est un hommage à Ikari Warriors, il est dommage de constater que cet hommage ne lui rend pas vraiment honneur. En termes de gameplay d’abord, le run’n gun était un genre important au début des années 90, et des titres tels The Chaos Engine ont su magnifier ces principes en ajoutant, au dynamisme de l’action, des graphismes superbes et un aspect RPG avec la possibilité d’améliorer les capacités de notre personnage. Il proposait aussi un choix de personnages tous différents dont les deux attaques étaient bien distinctes.
Les développeurs de Seep n’ont pas fait cet effort de modernisation. Ses graphismes sont à mi-chemin entre une version Nes et une version arcade d’un même jeu. Certes les détails sont plus nombreux, mais la palette de couleurs semble limitée et elle nous envoie nous promener dans un monde qui ne possède pas le charme des jeux d’antan. Et ce n’est pas l’option d’un filtre CRT qui viendra transcender notre expérience de jeu. L’écran de jeu est lui aussi très limité. Pour donner une impression de 4:3 (le format des télés de l’époque pré-16:9), la moitié de notre écran est inutilisée. Il y a bien les informations sur la vie et les munitions encore disponibles, mais c’est quand même frustrant de se déplacer dans un si petit espace.
En termes de gameplay, nos deux héros n’ont aucune différence. Les mêmes armes et la même vitesse de déplacement, rien ne les distingue en dehors de leur aspect graphique. C’est vraiment dommage de ne rien proposer de plus. Seul leur visage, s’affichant dans les informations et rappelant le premier Doom, viendra égailler nos parties pendant un court instant. À la manière d’un Metal Slug, nous pourrons échanger notre pétoire de base pour une arme plus puissante, mais aux munitions limitées. Celles-ci sont bien plus puissantes. Il nous est impossible de limiter leur utilisation en revenant à l’arme de base. Il faudra se montrer économe ou fouiller les barils à la recherche de recharges pour espérer rencontrer le boss avec suffisamment d’arguments percutants.
Une fois notre mission menée à son terme, nous pourrons débloquer un mode hardcore et revenir à la charge. Nous aurons aussi la possibilité de passer les boss en revue dans le bien nommé mode Boss Rush. Enfin il sera possible de s’amuser à survivre le plus longtemps possible dans le mode survie. Celui-ci nous envoie dans une arène s’étalant sur tout notre écran (16:9 donc). À la manière d’un Robotron ou d’un Smash TV, des hordes d’ennemis nous assailliront et nous tenterons d’en défaire le plus possible. C’est dans ce mode que le second stick manque cruellement. Tout comme un classement d’ailleurs. Que ce soit en ligne ou en local, il n’y a aucune information sur nos scores à part celui en cours, c’est dommage pour un mode encourageant le scoring.
Terminons ce test par la partie sonore de Thunderflash. Elle est assez décevante, la musique est vraiment en retrait et lorsque nous tendons l’oreille, elle se montre parfois en complet décalage avec ce qui se passe à l’écran, nous offrant une partition bien trop calme. Les bruitages sont eux très vite répétitifs et pas vraiment au niveau.
Conclusion
En offrant une expérience vraiment rétro, tant en termes de graphisme que de gameplay, Thunderflash nous renvoie 35 ans en arrière. Apprécierez-vous le titre de Seep ? Tout dépendra de ce que vous cherchez. Avec ses mécaniques très simples et accessibles de run’n gun, mais niant toute évolution du genre, Thunderflash est un jeu agréable, mais qui laisse forcément une grosse impression de déjà-vu tant il n’apporte rien de nouveau. Il ne fait que reprendre les codes de glorieux ancêtres tels Ikari Warriors ou Smash TV sans chercher à les améliorer ou à les moderniser. Mais pour un prix de 5€, il fera très bien l’affaire et vous occupera pendant un temps appréciable.
LES PLUS
- Les graphismes sont détaillés…
- Le gameplay est simple à prendre en main…
- Les phases en véhicule apportent de la diversité
- Les combats de boss sont bien équilibrés
- Cette ambiance sous stéroïdes des années 80, on ne s’en lasse jamais
- La difficulté est bien dosée
LES MOINS
- … mais ils n’ont pas le charme des productions passées
- …mais il en devient vite lassant
- Pas de couteau au corps à corps
- Un tout petit espace de jeu en mode histoire
- Pas de classement des scores en mode survie
- Aucune différence de gameplay en fonction du personnage choisit