Ah le gameplay asymétrique, la grande promesse de parties fun entre amis des années 2010, qui a un nombre de titres se comptant sur les doigts d’une main, ne s’est jamais concrétisée. Qu’à cela ne tienne, les allemands du studio Pixel Maniac sont bien décidés à nous offrir une expérience multijoueur dans laquelle chaque joueur aura un rôle différent. Mais mettre en place un jeu disposant de deux gameplay accrocheurs et complémentaires n’est jamais chose aisée. Si Nintendo Land avait su proposer un party game original, il est difficile d’oublié l’échec que fut Evolve tant son asymétrie était déséquilibrée. Can’t Drive This réussira-t-il là où tant d’autres se sont cassés les dents, pas sûr….
Micro Machines Maker
Dans Can’t Drive This, que l’on soit seul ou bien accompagné, le principe du jeu est toujours le même : construire et conduire. Si en solo, ces deux parties devront se faire l’une après l’autre, en multi, chaque joueur sera en charge d’une fonction. L’un des joueurs devra faire avancer son véhicule tandis que l’autre mettre en place la piste.
Pour rendre la partie plus énergique, le conducteur serra dans l’obligation de se déplacer d’un segment à un autre sous peine de voir sa voiture exploser. Pas besoin d’un timer invasif, les développeurs ont trouvé un moyen plus intelligent pour nous faire bouger : notre voiture commence à prendre feu. C’est visuel et ça indique très clairement la dangerosité de notre situation. Bref, va falloir bouger !
Mais bouger où, là est la question. Notre circuit se trouve dans les nuages, ainsi si notre partenaire n’a pas mis de tronçon de route en place, nous serons bon pour effectuer le grand plongeon. Ces morceaux de routes sont de différentes sortes, il nous faudra les poser correctement pour éviter la mort du conducteur. Que ce soit pour ajuster les virages, mettre en place des portions accélératrices, des rampes ou des sections dangereuses, il nous faudra faire preuve d’un minimum de bon sens tout en réagissant rapidement avec les éléments que le jeu nous envoie aléatoirement.
Sur le papier l’idée est alléchante et les premières parties, en mode découverte, sont assez fun. Malheureusement certaines lacunes viennent très rapidement gâcher le plaisir de jeu, que l’on soit seul ou à plusieurs. Déjà le manque d’objectif rend les parties très vite inintéressantes. Le but est quasi toujours le même : allez le plus loin possible. C’est très limité. Chaque partie démarre en même temps qu’un timer, à nous de nous débrouiller pour exploser le compteur kilométrique dans ce court délai imparti.
Des bonus de temps sont disponibles sur le parcourt, mais il est impossible de savoir à l’avance où ils se trouvent. Et c’est le plus gros défaut de Can’t Drive This, tout se fait à l’aveuglette. Le conducteur suit le parcourt sans savoir ce qui lui arrivera, tandis que le constructeur bâtit la piste sans savoir vers où il doit se diriger. La vue du constructeur est vraiment très limitée, et à part lorsqu’il doit gérer des virages, il se contentera d’aller tout droit sans réfléchir.
Le conducteur a un champ de vue un peu plus dégagé, mais sa profondeur est tellement limitée qu’il est dans l’incapacité d’aider son acolyte. Un jeu à gameplay asymétrique en coopération se doit de permettre à ses participants de communiquer, là ce n’est jamais le cas. Peu importe notre rôle, nous sommes bien trop limités dans notre vision pour diriger les actions de notre coéquipier.
I’m not There
Avec quatre modes de jeu, nous attendions de la variété dans les objectifs proposés. Ce n’est malheureusement jamais le cas, ce gameplay asymétrique digne d’un unique mini-jeu de Nintendo Land, ne se renouvelle jamais. Le mode solo et le premier mode multi sont identiques. Il existe aussi un mode drone dans lequel il faut construire et conduire (et oui encore), la seule différence se fait dans la taille de la surface disponible. En mode drone, il faut récupérer plusieurs items dans un carré prédéfini. Mais encore une fois, le manque de visibilité rend les parties trop aléatoires. Nous déambulons de droite à gauche jusqu’à trouver au petit bonheur la chance l’item. Aucune tactique, il suffit au bâtisseur d’enchaîner les tuiles pour former un parcours faisant le tour de la surface pendant que le conducteur tentera d’échapper aux pièges inhérents aux susmentionnées tuiles. C’est exactement le même ressenti que dans les modes précédents et nous nous retrouvons avec les mêmes problèmes.
Le dernier mode, capture the egg, n’est disponible qu’à quatre joueurs. En formant deux équipes de deux joueurs (conducteur/constructeur donc), il faudra se rendre le plus vite possible jusqu’à l’œuf adverse puis le ramener dans son camp. C’est sans doute le mode le plus amusant, toutefois les parties sont assez courtes et elles deviennent vite redondantes.
D’un point de vue technique, le pilotage n’a rien d’extraordinaire, accélérer, freiner et tourner. Notre véhicule est un monster truck dont nous pouvons customiser l’avant, l’arrière et le toit, cela fait plus cache misère qu’autre chose et surtout ça n’apporte rien au gameplay. La physique du titre est plutôt agréable, notre voiture n’est ni une savonnette ni une brique, elle se contrôle sans aucun soucis. Les tuiles disponibles pour construire nos routes sont assez diversifiées, il faudra utiliser les commandes de rotation pour les disposer de manière à offrir, le plus rapidement possible, une piste correcte. Que ce soit à 1,2,3 ou 4 joueurs, Can’t Drive This est toujours un modèle de fluidité en écran splitté. Aucun ralentissement n’est jamais à déplorer.
Conclusion
Avec un prix affiché de 20€, Can’t Drive This est clairement trop cher pour ce qu’il propose. Si son idée de départ de gameplay asymétrique semble intéressante, la trop faible profondeur de vue et le manque de modes de jeu différents en font un titre dont nous avons trop vite fait le tour. Si sa physique générale est réussie, le manque de renouvellement des situations proposées ennuie bien trop vite en solo et n’amuse qu’un temps très court en multi. Il ne reste que le mode 4 joueurs qui est au-dessus du reste mais qui lui aussi peine à accrocher plus de 10 minutes.
LES PLUS
- Le gameplay asymétrique conducteur/constructeur est une bonne idée…
- La physique de conduite est bonne
- Les tuiles de constructions sont assez nombreuses et diversifiées
- Graphiquement propre...
LES MOINS
- … mais cette idée ne se renouvelle jamais
- Bien trop cher vu le challenge proposé
- N’amuse que les 10 premières minutes de jeu
- …mais la trop faible profondeur de vue empêche de profiter de l’expérience