Les jeux de rallyes ont toujours été une norme sur les consoles Nintendo. De Power Drive sur SNES à V-Rally 3 sur GameBoy Advance, le genre semble commun à Nintendo, tout autant que chez les autres constructeurs. C’est ainsi que WRC, fidèle adaptation des championnats du monde des rallyes inaugurée sur la PlayStation 2 au début des années 2000, a été adaptée sur Nintendo Switch en 2019 avec un huitième opus sorti dans l’indifférence. Le dernier opus, neuvième du nom, est sorti sur les autres consoles de salon en 2020 ; l’adaptation sur Nintendo Switch sort en ce milieu du mois de mars 2021.
Une carrière poussive
WRC 9 propose plusieurs modes de jeu, dont le mode carrière, pierre angulaire du jeu. Le joueur incarne un nouveau conducteur, entrant dans le milieu professionnel. En choisissant un staff, un véhicule et des sessions d’entraînement, le joueur gagne en expérience, en compétence et en liquidités pour s’acheter de nouveaux modèles. Il est possible de multiplier les relations avec l’équipe, découvrir de nouveaux profils, mais cela reste trop superficiel. Pour autant, le mode carrière est immersif, avec une gestion relativement correcte du calendrier. Sur la durée, la carrière devient très vite répétitive, puisque les événements finissent tous par se ressembler. Il convient d’augmenter le mode de difficulté afin d’augmenter le challenge en jeu, sous peine de vite lâcher la manette.
L’exigence du gameplay
Un jeu de rallye accessible n’est pas un bon jeu de rallye tant la complexité du gameplay doit être réelle pour mieux apprécier la conduite. Loin d’être une base universelle, ce constat suggère que l’exigence conduit à s’exercer des heures et des heures pour maîtriser au mieux les véhicules et la conduite spécifique au genre du rallye. WRC 9 respecte plutôt bien ce principe tant la maîtrise du véhicule nécessite une très grande patience et une maîtrise hors-pair de la conduite. Les sensations sont résolument bonnes en conduite, mais la conduite est vite mise à mal dès la moindre sortie de route : il faut s’attendre à voir un véhicule se retourner plusieurs fois… et rester intact. Cela peut être déroutant – et visuellement moyen – mais le jeu demeure compétitif. Le joueur peut sélectionner plusieurs modes de difficultés en fonction de son évolution et de son appréciation de la conduite.
La technique préhistorique
S’il faut reconnaître des qualités, tant par la diversité des modes de jeu ou par les nombreux véhicules proposés, WRC 9 présente des défauts intolérables pour une production des années 2020. Sur le plan graphique, le jeu se révèle d’une rare laideur. Il peut sembler complexe, voire peu honnête, de s’affranchir des gravités en employant un terme aussi sensible, mais la réalité dépasse l’entendement. La modélisation des véhicules semble être la seule chose satisfaisante, et ce par leur simple sélection dans les menus du jeu. En pleine session de rallye, les véhicules prennent des chocs et ne faiblissent pas. Grâce à la vue cockpit, il est possible de visionner le tableau de bord ou le volant ; malheureusement, l’intérêt demeure trop limité tant les détails sont trop grossiers.
Le point fatidique concerne les environnements. Il serait complexe de définir exactement la génération de consoles idoine pour situer l’échelle sur laquelle WRC 9 se trouve dans sa version Switch. Que ce soit en version portable ou en version dockée, les problèmes sont identiques. Du clipping à foison, de l’aliasing baveux et des textures grossières ; tel sera le parcours du conducteur hardi à l’excès de confiance. Les plus tenaces survivront à l’apparition soudaine d’éléments sur la route, façon pop-up, mais force est de constater que les développeurs n’ont pas pris la peine de consacrer un semblant de temps sur l’aspect graphique. Replonger dans ces modèles rappelle des temps lointains, mais le calendrier ne repose plus sur les années 2000 ni même au tout début des années 2010. La nostalgie rappellera peut-être des années passées, mais le retour à la réalité laisse sceptique, surtout face au prix excessif du jeu.
Un réalisme compromis
La compromission de l’immersion par la partie technique est indéniable. Il est relativement complexe, pour ne pas dire impossible, d’apprécier le réalisme du jeu au vu des faibles performances de WRC 9. L’immersion par la vue intérieure laisse pantois ; tout juste la possibilité d’utiliser les essuie-glaces ravira les maniaques du volant. L’autre problème se situe du côté des bruitages et autres particularités de la bande sonore. Les véhicules font un bruit certainement pas réaliste, ressemblant davantage aux ronflements d’une voiture marquée par le temps. Bien que ce soit purement accessoire, le bruit du moteur a une signification particulière dans les jeux de rallye, car il permet de distinguer au mieux la qualité de la simulation automobile. Dans ce contexte, l’adaptation de WRC9 ne répond pas aux exigences des puristes, ni même aux attentes d’un public profane. La voix du copilote illumine toutes les sessions de conduite, à condition qu’il ne donne pas des indications en retard. Il faut rappeler que la gestion du copilote est possible puisque le paramétrage permet de modifier la participation de celui-ci dans le temps. Ainsi, le réalisme est présent, mais peut-être pas assez pour en faire une simulation convenable.
La Switch à bout de souffle
Dès le lancement du jeu, la Switch semble souffrir. La console chauffe immédiatement. Les temps de chargement sont très longs, accusant le coup quant à la délicate partie technique du jeu. En somme, les conditions sont résolument similaires entre la version portable et la version dockée : les graphismes ne changent pas, le framerate reste stable et les contrôles ne souffrent d’aucun décalage. Il est fortement conseillé d’y jouer avec une manette Controller Pro tant la conduite est problématique avec les Joy-Con. De plus, les vibrations risquent de décontenancer à peine la course lancée. Il serait fortement conseillé de modifier dès le lancement du jeu les vibrations au vu de la large sensibilité accordée en début de session. En version portable, les vibrations deviennent vite dérangeantes, au point de donner des fourmis dans les mains. Parallèlement, le jeu propose un mode en ligne plutôt maussade, sans véritable panache.
Conclusion
WRC 9 aurait pu être une bonne adaptation de la célèbre série de jeux de rallye, mais cette version Nintendo Switch est trop fortement entachée par les limites techniques du jeu et par la superficialité du contenu.
LES PLUS
- WRC sur Switch, un classique du rallye
- La montée en puissance par la maîtrise du gameplay
- L’interface et la possibilité de paramétrer de nombreux éléments du jeu
- Un effort sur le choix des véhicules et des circuits
LES MOINS
- La technique ringarde du jeu
- La bande sonore, un supplice
- Un mode carrière superficiel
- L’absence de multijoueur local !
- La sensation d’avoir un jeu bâclé