Dévoilé sur un Kickstarter lancé début 2017, le voilà enfin, après de longues années d’attente ; Narita Boy du Studio Koba est arrivé à maturité et il est disponible sur Nintendo Switch, édité sous le drapeau de la Team17. Rejoignez-nous dans cette folle aventure et n’oubliez surtout pas votre Walkman.
Au démarrage, l’écran de présentation du main menu nous plonge directement dans l’ambiance des eighties avec une image qui nous rappelle fortement de grands films de science-fiction de cette époque. Comme si cela n’était pas assez pour titiller la nostalgie, elle est accompagnée d’une chanson en synthe wave qui nous fait déjà regretter la séparation encore toute fraiche des Daft Punk. Le jeu n’est même pas encore démarré que cela promet déjà de grandes choses. L’histoire commence par une cinématique qui nous explique qu’un concepteur célèbre de jeu vidéo s’est fait effacer, puis voler sa mémoire par un virus issu d’une de ses propres créations. Au même moment, dans le downtown de New York, nous voyons la tranche de vie d’un jeune garçon envoyé au lit par sa mère qui lui ordonne d’éteindre sa console, la Narita One. Plus tard dans la nuit, le gamin est réveillé par la machine qui s’est allumée seule, activée par les techno-pères, personnages du jeu auquel l’enfant jouait plus tôt et le voilà aspiré à l’intérieur de l’écran. C’est ainsi que nous incarnons Narita Boy, un héros numérique de vingt pixels de haut qui se verra confier la lourde tâche de retrouver les fragments de mémoire du créateur du jeu afin qu’il se souvienne et qu’il puisse bannir LUI (HIM) un PNJ démoniaque, une sorte de virus qui a pour but de dominer les deux mondes : le sien qu’on appelle le Royaume Numérique et celui de son concepteur, notre monde réel.
Dès nos premiers pas dans le royaume, la bande-son, avec ses sonorités de vieux synthétiseur analogique, nous plonge dans une ambiance mystérieuse. Nous sommes époustouflés par la direction artistique, c’est à la fois ancien et moderne, le pixel art est de toute beauté, travaillé à la main avec des animations splendides et étoffées, les effets de lumière sont finement utilisés ; nous ne sommes plus dans la cinématique, mais bel et bien en jeu et l’excitation ressentie avant même d’appuyer sur start ne retombe pas, bien au contraire, elle prend de l’envergure.
Raconte-moi une histoire
Le scénario de Narita Boy n’est pas moins travaillé que son aspect visuel et se déroule essentiellement sur deux plans ; d’une part, comme nous le disions plus haut, il faudra retrouver des morceaux de la mémoire du créateur dans lesquels nous pourrons nous immerger et donc assimiler son histoire et d’autre part, à travers notre quête première, nous découvrirons le lore du jeu à travers les innombrables rencontres que nous ferons. Ainsi nous comprendrons par deux biais différents, le commencement et la potentielle fin du royaume numérique. Parmi les nombreux PNJ que nous croiserons dans cette épopée, nous pouvons citer quelques exemples comme Motherboard, le programme superviseur du Royaume Numérique dont le code source émane du noyau architectural du Trichrome, Synth_Sensei un barde atypique, sorte de Jean-Michel Jarre de la chiptune ou encore un boss du nom de Lord_VHS armé d’un marteau à tête de K7 vidéo, et qui est l’un des barons des dimensions de l’horreur. Bien entendu ce n’est qu’un infime échantillon que nous pouvons citer sans vous spoiler.
Style rétro pour des mécaniques modernes
Narita boy est un metroidvania avec des phases de plateformes et de recherches, une évolution du personnage avec différentes capacités que nous apprendrons au fur et à mesure que nous progresserons, des chemins alambiqués et des portes verrouillées que nous ne pourrons ouvrir qu’après avoir récolté des techno-clés, sortes de disquettes 3,5 pouces nous ouvrant l’accès. Nous pourrons également accéder à certaines parties de la map en déclenchant des portails à l’aide d’un code composé de symboles en trois couleurs que nous aurons vus ou remarqués çà et là, en progressant dans les alentours et qu’il faudra reconstituer. Nous avons même trouvé des morceaux de code dissimulés dans le décor, que nous avons complétés en essayant toutes les combinaisons possibles restantes et lorsque cela a fonctionné, notre sentiment de satisfaction fut à son maximum.
Rapidement, dès le début du jeu, notre protagoniste trouve la Techno-Epée, arme principale, une espèce de sabre laser. En progressant dans le jeu, nous trouvons différents terminaux qui nous permettent d’apprendre de nouvelles techniques de combats, appelées des augmentations. Pour la techno épée, se sera donc une dizaine de techniques que nous trouverons et qui nous permettront, par exemple, de faire un coup chargé appelé home run, de nous servir de notre arme comme d’un fusil à pompe, de faire des esquives ou encore des uppercuts. En dehors des techniques de combat, d’autres augmentations, nécessaires au scénario viendront grossir notre stock. Ainsi nous avons pu nous transformer en animal, utiliser une disquette géante comme planche de surf et même prendre la forme d’un mecha géant. Enfin, toujours du côté des augmentations, nous avons rencontré trois PNJ, appelés les Dudes Légendaires, qui nous ont chacun transmis leurs pouvoirs qui ont un rôle très important dans les mécaniques de combat élaborées de Narita Boy.
Effectivement, Lui (Him) dispose d’une multitude d’acolytes et autres boss pour nous barrer la route dans notre quête. Chacun a ses spécificités, points faibles que nous apprendrons en les combattant et qui reviendront régulièrement en jeu. Pour contrer tout cela, l’utilisation des augmentations sera cruciale. Pour donner quelques exemples, il faudra donner un coup d’épaule à certains ennemis armés de boucliers afin de les désarmer et pouvoir les atteindre ; pour d’autres nous aurons besoin de faire une esquive rapide afin d’éviter un énorme coup d’épée large au dernier moment pour qu’elle reste un laps de temps enfoncée dans le sol et que nous puissions atteindre son porteur. Des exemples comme cela il y en a beaucoup et cela fait le charme du jeu où nous avons dû affronter des vagues d’ennemis divers et variés. Mais Narita Boy va encore au-delà avec les pouvoirs des Dudes Légendaires ; chacun d’eux donc, comme nous l’écrivions un peu plus haut, nous confiera la technique ultime en fusionnant son code avec le nôtre. Une fois absorbé, chacun des dudes nous permet deux choses. Tout d’abord de déclencher une attaque spéciale dévastatrice, si notre jauge nous le permet, mais ce n’est pas tout. Chacun des dudes est représenté par une couleur, un élément, et nous pouvons nous charger de son aura pour un certain laps de temps ce qui nous permettra d’éliminer certains ennemis identifiés par une petite flamme de couleur au-dessus de leur tête, plus rapidement. Pour résumer, en utilisant le pouvoir de la même couleur que la flamme portée par notre agresseur, nous l’éradiquons plus facilement. Lors de séquences intenses de vagues d’ennemis, le jeu nous fera jongler entre les pouvoirs, ce qui donnera pas mal de piment à l’action. Une autre augmentation appelée LOAD, est bien utile au combat et nous l’avons beaucoup utilisée ; Lorsque nous frappons des ennemis avec la techno épée, une série de trois jauges se remplit sous notre barre de vie. Avec le Load, il est possible de libérer l’énergie de chaque jauge afin de récupérer à chaque fois, un point de vie.
Conclusion
Narita Boy est une magnifique aventure d’une dizaine d’heures, au cœur du code d’un jeu vidéo où un programme malveillant a volé la mémoire de son créateur afin de prendre le contrôle des deux mondes, virtuel et réel. Les références sont nombreuses, avec entre autres, une thématique sur la programmation, les années 80-90, les traditions japonaises, mais aussi quelques clins d’œil à Zelda, Metroid, Matrix, Retour vers le futur, Tron, Another World, Star Wars, Le big Lebowski ou encore l’Apple II. Tout est là, ingénieusement introduit, pour notre plus grand plaisir. Ce metroidvania aux mécaniques modernes, parfois exigeant, mais jamais trop, nous a fait vivre un moment hors du temps et de notre monde avec une narration et une direction artistique exceptionnelle. We love Narita Boy !
LES PLUS
- Une réelle aventure pleine de rencontres avec…
- …La multitude de PNJ qui vient gonfler le lore.
- Les phases tristement poétiques des morceaux de mémoire du créateur.
- Une bande-son travaillée, chantée, remixée.
- Les animations et la maniabilité sont fluides.
- Un gameplay travaillé pour des vagues de combat intenses.
- Les nombreuses références vidéoludiques et cinématographiques.
- La thématique du code de programmation.
- Les fenêtres de textes en bleu marine avec la typographie « terminal » en bleu ou jaune.
- Des sprites et des décors pixel-art entièrement travaillés à la main.
- Un excellent scénario avec une fin mémorable.
- Le jeu est en français.
LES MOINS
- Moins d’une dizaine d’heures de jeu
- Le coup de cœur sur le jeu sera moins fort pour ceux qui n’ont pas connu le XXe siècle
- La thématique de la programmation ne parlera pas à tout le monde
Il fait grave envie ce titre