Tout droit venu du pays du Soleil Levant, Root Film est un de ces super visual novel qui a réussi à traverser les océans pour arriver tout beau tout frais en occident sur nos petites consoles mi-portables, mi-salon de chez le célèbre constructeur Nintendo.
Développé par Kadokawa Games et édité par PQube, le jeu s’inscrit dans la série de jeux Kadokawa Games’ Root ou Kadokawa Game Mystery qui auparavant nous avait sorti le très bon visual novel Root Letter sortie en 2016 et qui nous racontait l’histoire d’Aya Fumino notre correspondante impliquée dans un meurtre tragique datant d’une quinzaine d’années.
Un peu dans le même style que Root Letter, Kadokawa nous a encore une fois réalisé un novel d’un genre thriller/ mystery/ horrifique avec une histoire remplie d’interrogation et de drame.
À la racine
Très mature dans le genre, Root Film se passe dans la préfecture Shimane tout comme Root Letter. Nous suivrons ici l’histoire de Rintaro Yagumo et de son assistante Magari, qui ont été choisies pour réaliser le reboot d’une série télévisée. Celle-ci aurait été annulée il y a une dizaine d’années pour une raison mystérieuse… nous serons donc amenés à faire des recherches sur cette étrange
histoire afin d’en trouver le fin mot.
Le jeu sera divisé en trois histoires comprenant chacune plusieurs chapitres incluant un prologue, une partie principale et un épilogue. Les deux premières histoires racontent l’aventure de Rintaro Yagumo et la troisième sera quant à elle dédiée à la belle Riho.
Riho est une actrice prometteuse. Malgré ses débuts dans une petite agence, son apparence captivante et ses capacités d’actrice naturelle lui ont valu une grande estime dans l’industrie. Elle possède à la fois un charme insouciant naturel et la confiance d’une actrice, qu’elle utilise pour lancer son manager, Manabe.
Mais revenons à notre première histoire avec le personnage de Yagumo et son assistante Magari.
Qu’est-il arrivé pour que ce Drama soit annulé? Voici notre mission de cette première partie de l’histoire que nous verrons ensemble dans ce test de ce visual novel de qualité.
Un drama oublié
Rintaro Yagumo est un pauvre réalisateur qui possède un petit studio indépendant :«Studio Yagumo». Il fait une maigre recette sur des DVD surnaturels simulés et sur de petites vidéos promotionnelles occasionnelles, mais il s’améliore constamment. Il a récemment remporté des prix au 6 Minutes Film Festival et à l’Asian Film Convention, ce qui lui a valu une renommée de réalisateur prometteur.
Il est accompagné de sa grossière assistante Magari Aine, qui selon elle, a rejoint le studio parce qu’elle n’a trouvé aucun travail ailleurs … Aine semble être une ancienne délinquante, mais au fond, elle a bon cœur. Elle est sensible aux détails et soutient souvent Yagumo bien qu’elle soit plus jeune que lui.
Au début de cette histoire, le personnage principal, après avoir discuté avec son assistante intermittente, reçoit l’appel d’une personne haut placée dans la télévision afin de lui proposer un rendez-vous pour discuter d’un projet qui pourrait bien l’intéresser. Une fois le téléphone raccroché, notre cher ami en discute avec sa collègue qui lui dit directement d’aller prendre une douche et surtout de changer de vêtement pour être présentable !
Après une bonne heure de préparation, nous nous apprêtons enfin à rendre visite à ce fameux Hiroyuki Isogami dans son agence qui est l’une des stations TV les plus connues de la préfecture : Shimane TV. Une fois sur place, notre fidèle acolyte nous donne un présent en prétextant qu’il ne faut jamais arriver les mains vides à ce genre de rendez-vous et que c’est la moindre des politesses. Nous voilà donc dans le hall d’entrée à attendre Mr.Hiroyuki Isogami qui s’autoproclame Super Producteur de télévision.
Après quelques secondes, nous voilà à présent dans le bureau de Isogami attendant de connaître l’objet si important de notre rendez-vous. C’est ainsi qu’après une brève présentation de Magari et le cadeau offert, le directeur se met à nous parler du fameux projet de reboot d’un Drama pour la chaîne.
Il nous explique que ce Drama est un film qui avait été tourné il y a de cela dix ans, mais que subitement le projet avait été mis en suspens sans aucune raison. Nous devrons donc, avant de pouvoir tourner la nouvelle version, découvrir les tenants et les aboutissants de cette affaire en nous glissant dans la peau d’un détective… Le spitch passé, il n’oublie pas de mentionner que sur ce projet, nous n’étions pas les seuls à être désignés pour le mener à terme. Effectivement nous serons en compétition avec trois autres directeurs de film.
C’est donc avec conviction que notre personnage et sa collègue acceptent bien évidemment les conditions et s’engagent à réussir du mieux possible ce fameux film. Une fois tout cela réglé nous arrivons aux archives du studio qui ne se situent pas très loin de notre rendez-vous pour voir une partie de ce fameux projet avorté. Nous rencontrons par la même occasion la personne s’occupant de ce lieu, un vieux monsieur du nom de Shuhei Sayama. Avant de nous embarquer dans la lecture de la pellicule, celui-ci nous demande d’être sûrs de nous avant de lancer l’extrait. Après la projection du film que nous vous laissons découvrir, Sayama nous parle de certains détails concernant le film et c’est à ce moment-là que notre héros Yagumo a un moment d’absence et commence à réfléchir à une phrase prononcée par le vieil homme.
Synthetisia
Nous voilà dans cette première phase de gameplay où nous serons en mesure de capter certaines phrases clefs lors des différentes conversations au fil du jeu.
La Synesthesia qu’on peut aussi comparer à de l’intuition est un mode qui est activé par Yagumo par moment dans le jeu afin de garder en mémoire des phrases clés qui seront utilisées dans une autre phase de gameplay appelée ici le Max Mode. Mais revenons rapidement sur la Synesthesia. Ainsi par moment, l’écran de votre console deviendra rouge avec une phrase écrite d’une police spéciale ayant certaines de ses lettres tournant autour de la tête de notre protagoniste.
Cela voudra dire qu’un élément important nous aura interpellés et qu’il faudra la garder en mémoire. Pour cela rien de plus simple, nous avons juste besoin d’appuyer sur la touche « X » de notre console pour qu’elle soit incrustée dans la mémoire de Yagumo.
Max mode
Suite à la Synesthesia, une fois que nous aurons réussi à trouver chaque détail important de l’histoire, nous nous retrouverons à un moment relativement décisif en termes de narration. Parce que oui bien entendu toutes ces phrases clefs mises en mémoire par notre personnage principal ne sont pas là pour faire joli, mais réinvesties à un moment important de l’histoire. Ce moment si important est le Max Mode c’est-à-dire la confrontation entre notre personnage et une autre personne.
Le Max Mode est donc la nouvelle phase de gameplay ou votre héros sera en face à face avec l’adversaire pour une confrontation ultime sur certains détails de l’histoire afin de lui tirer les vers du nez. Cette phase de gameplay est présentée comme ceci :
D’un côté vous aurez votre personnage et de l’autre l’adversaire ; pour chacun, une barre sera présente en haut de votre écran. Cette jauge déterminera si oui ou non vous avez bien répondu face à votre ennemi.
À chaque extrémité de la barre deux choses sont écrites, unresolved et truth revealed ( non résolu et vérité révélée ). Lorsque nous faisons une erreur la jauge se remplit de notre côté, dans le cas contraire, c’est la jauge adverse qui se charge.
Le but final étant évidemment de faire en sorte que la barre soit remplie du côté adverse pour que celui-ci nous révèle la vérité sur les différentes accusations et indices trouvés au cours de notre aventure.
La préfecture de Shimane
Tout comme Root Letter, le jeu se passe dans la préfecture de Shimane. Très belle province que le jeu n’oubliera pas de nous faire visiter tout au long de l’histoire. Ce qui nous a fait plaisir tout au long de cette aventure, ce sont les différentes régions proposées par Root Film. Le visual novel ne se limite pas à quelques endroits vus et revus, mais nous emmène un peu partout dans ce Shimane très beau et traditionnel qu’on aime voir du Japon. On retrouve pas mal de temples, de verdure, d’environnements montagneux et c’est aussi ça qui fait la beauté du jeu. Tous ces différents plans sont de belles cartes postales qu’on aimerait plus que visiter autrement que via son écran.
Illustré par Minoboshi Taro, même illustrateur que le précédent Root Game, celui-ci change complètement de style en nous proposant un jeu aux traits plus gras, plus prononcés et des couleurs plus vives, plaisantes pour les yeux. Les personnages hauts en couleur sont d’un graphisme vraiment bien travaillé et les décors magnifiquement bien détaillés ce qui donne vraiment un rendu plus qu’agréable dans notre histoire et nous attire l’œil plus d’une fois.
Mais ce n’est pas tout, contrairement aux autres visual novel où l’on a souvent des plans fixes sur les personnages qui parlent, Root Film nous propose plusieurs plans différents et surtout plusieurs postures ou représentations sur les différents personnages donnant un semblant de vie dans nos images, ce qui rend le tout plus animé, plus vivant.
La seule chose qu’on regrettera, c’est la traduction … Encore une fois, comme beaucoup de visual novel sur Switch, le jeu sera traduit uniquement en anglais malgré un super doublage en japonais durant toutes les phases de discussions du jeu.
Musicalement le jeu est dans un thème plutôt chill, presque traditionnel dans ses tonalités : chaque région ou décor aura le droit à sa petite musique et nous fera voyager à sa manière à travers cette magnifique Préfecture de Shimane.
Conclusion
Root Film est un de ces visual novel qui prouve bien que ce style de jeu n’est pas juste une histoire à lire et qu’il peut être bien plus qu’une mise en scène plate et sans saveur. Le jeu ici est un super projet réalisé par Kadokawa et nous prouve bien qu’un bon scénario bien écrit peut procurer un réel plaisir et générer l’envie de s’y plonger. L’histoire sombre et mature est un régal et toute la mise en scène créée par les développeurs et l'illustrateur Minoboshi Taro est un bonheur pour les yeux. Les décors et le style anime/manga des personnages proposés est d’un détail somptueux. De plus, l’écriture des intervenants est hyper convaincante. Nous aurons tout de même aimé une traduction française pour cette sortie en occident, mais malgré tout, si le jeu est traduit uniquement en anglais, Root film vaut la peine d'être vécu et ceux avec un grand plaisir.
LES PLUS
- Une direction artistique aux petits oignons
- Une grande carte à explorer
- Des régions d’une beauté incroyable
- Un scénario bien écrit et intéressant à suivre
- Les personnages hauts en couleur et des détails bien représentés
- Le doublage japonais bien présent tout le long
- Un jeu mature et sombre
- Un voyage constant dans Shimane
LES MOINS
- Manque d’une traduction française
- Parfois quelques longueurs sur le récit