Un doux cauchemar et des frissons délicats, en noir et blanc le plus souvent, voilà ce que nous promet cet élégant DarQ. Et pour y parvenir, nous avons droit à un jeu qui cultive de très belles références…
DarQ est sous influence, mais ses influences, surtout cinématographiques, sont pleinement digérées pour nous offrir un univers d’une beauté saisissante et d’une poésie inattendue (le coup de la montre, c’est génialement surréaliste). Au premier coup d’oeil, le joueur pensera à du Tim Burton. En grattant ce vernis prévisible, il y aura comme un petit air de malaise à la David Lynch, en surprenant notamment ces femmes-lampes ou ces hommes-gramophones dans des décors charbonneux.
DarQ, c’est avant tout un très bel hommage au cinéma expressioniste allemand des années 20 du siècle dernier (Murnau, Fritz Lang…). Il n’y a qu’à voir ce jeu d’ombres et de lumières, de distorsions et de décors défiant l’imagination. Il n’y a qu’à voir la dégaine de notre héros, sorte de gentil Nosferatu, vêtu d’une marinière et pâle comme une lune perdue au milieu des ténèbres.
Dans le jeu, Lloyd, c’est son nom, marche tel un somnambule sans frein, ni limite. Nous touchons là à ce qu’il y a de littéralement renversant dans le jeu : pour peu que la surface soit plane, nous pouvons marcher sur les murs et les plafonds. Et les énigmes s’associent à merveille avec cette idée : les lieux que nous visitons deviennent rapidement des Rubik’s Cube géants, que nous allons explorer dans tous les sens. A la clé, des changements de plan et de perspectives saisissants.
Cousin lointain de Little Nightmares, DarQ n’est pas aussi opressant que le jeu signé Tarsier. Il se base essentiellement sur les énigmes et les puzzles, et sur la recherche du bon chemin nous menant au bon objet. Il y a tout de même quelques phases d’infiltration faisant monter le palpitant et une poignée de moments de pure trouille, mémorables. Notamment un, un seul, dans le train… Mais n’en disons pas plus pour ne pas éventer la surprise… Sachez que la mort est moins punitive qu’elle n’y parait. Elle vous ramènera seulement de quelques pas en arrière. En revanche, ne quittez pas la partie avant de finir un chapitre, vous devrez tout reprendre depuis le début car il n’y a pas de sauvegarde, les checkpoints étant temporaires.
Entre une station de métro, un théatre hanté ou une rue, la nuit, sous la pluie, les 7 chapitres parcourus ont tous un petit quelque chose d’unique Chaque lieu vous marquera à sa manière. Musicien à l’origine, le concepteur du jeu a apporté un soin tout particulier à la bande son, et plus particulièrement sur les ambiances sonores. C’est un jeu étonnament silencieux, ponctué par les bruitages, lesquels nous claquent aux oreilles pour mieux nous faire dresser les cheveux sur la tête.
Si compte tenu du prix de 19,99€, nous pouvons regretter une durée de vie très courte (comptez 3 heures de jeu pour l’aventure principale) et une faible replay value (une fois résolues, les énigmes perdent forcément de leur sel), DarQ vaut mieux qu’un simple rapport qualité/prix. Le jeu est inventif tout du long, bourré de charme et s’avère être une expérience de très haute tenue.
Concernant les niveaux supplémentaires disponibles dans cette Complete Edition, ils sont bienvenus et donnent un peu plus de corps à l’expérience. The Tower est dans la lignée des précédents chapitres, avec de la verticalité -forcément dans une tour, quoi de plus normal- et la possibilité de se réfugier dans un monde parallèle, digne des Enfers, pour faire fi des obstacles du monde réel. Un chapitre très bien pensé et amusant.
The Crypt s’avère être le véritable chapitre final du jeu, dans lequel le joueur pourra alterner entre sa tête (roulant sur le sol) et son corps (fraichement décapité) pour résoudre une suite de puzzles. La difficulté, qui manquait parfois à l’aventure principale, est ici bien revêche car les puzzles exigent souvent d’aller (très) vite, tout en étant précis.
Quelques bugs sont néanmoins à déplorer, surtout sur The Tower, certains nous projetant même en dehors du décor. Cela nous oblige à relancer le chapitre depuis le début… C’est un peu rageant, vu qu’il n’y a pas, répétons-le, de sauvegarde durant les chapitres. Sur The Crypt, avec ses décors gothiques des plus fournis, le rafraichissement de l’image souffre parfois. Ces errements techniques, dont nous préserve l’aventure principale, n’entachent heureusement pas notre excellent ressenti.
Conclusion
Sous ses faux-airs de Little Nightmares, DarQ dépasse le simple cadre du mauvais rêve et du jumpscare en convoquant les fantômes du cinéma muet. Le jeu est magnifique d'un bout à l'autre et ciselé avec un soin d'orfèvre, jusque dans ses énigmes mettant sens dessus dessous le décor. Alors certes, l'expérience de 4 à 5 heures (extensions incluses) est très courte, mais elle est véritablement intense et unique.
LES PLUS
- Une direction artistique fabuleuse !
- Marcher sur les murs et les plafonds
- Les changements de plan, renversants
- Un level design au cordeau
- Des énigmes originales, inventives
- Un charme absolu
LES MOINS
- Court
- Replay value faible
- Quelques bugs sur les niveaux supplémentaires