Les origines d’une création vidéoludique sont bien souvent passionnantes car singulières et très personnelles. Ici, le cas de RAINSWEPT en est le parfait exemple. Tout d’abord le créateur Armaan SANDHU explique être passé par des emplois dans l’architecture, la réalisation de film et émissions de télévision sans trouver pleine satisfaction. Il était à la recherche de quelque chose qui le ferait vibrer, à la recherche d’un vecteur capable de donner vie à ses émotions les plus intimes et humaines. Il suivra le conseil d’un de ses entrepreneurs dans l’architecture : « recherche une chose dont les gens ont besoin, et crée quelque chose qui comble ce besoin ». Un jour, l’auteur reconnait finalement que cela est apparu comme une évidence : « les jeux vidéo ont toujours été présents, ils ont jalonné les différentes étapes de ma vie. » C’est ainsi que durant deux ans, chaque soir après sa journée de boulot, Armaan travailla devant son écran. Il a dû apprendre, faire les bons choix et perfectionner ses connaissances afin de proposer une aventure policière surréaliste et personnelle.
La pluie, un double homicide, des cauchemars…
RAINSWEPT est un jeu d’enquête point and click qui se tient à Pineview, petite ville américaine dans les années 90. Grandement inspiré par la série « Twin Peaks » et le film sud-coréen « Memories of murder », l’aventure commence par la découverte d’un couple retrouvé mort à leur domicile. C’est alors que le détective Michael Stone fait son apparition afin d’apporter son aide à la police locale. Nous démarrons notre partie dans la maison où se sont déroulés les faits, et nous devrons passer les indices au peigne fin et cliquer sur tout ce qui pourrait aider au bon déroulement de l’enquête. Entre passé tumultueux et secrets enfouis, nous découvrirons de nombreux protagonistes et témoignages qui viendront éclaircir ou complexifier notre progression, d’ailleurs certaines rencontres loufoques apporteront une note de romantisme et d’existentialisme des plus originale. Laissant parfois la place à des histoires secondaires très intéressantes et bien écrites.
Durant les interrogatoires nous aurons le choix de poser certaines questions directes ou agressives afin influencer les témoins, ce qui ajoute un degré d’immersion supplémentaire. Tous les détails seront notés dans votre carnet afin de vous permettre de synthétiser vos entrevues et indices. Le jeu est suffisamment cadré et disons-le, linéaire afin d’éviter d’être bloqué dans une impasse.
Une ambiance minimaliste et nostalgique
La particularité de RAINSWEPT est de vous faire voyager à travers 3 axes qui seront articulés avec beaucoup de brio narratif dans un monde ouvert. Car même si graphiquement le style papier dessiné est assez épuré, Armaan SANDHU réussit à créer de vrais tableaux minimalistes et à nous captiver avec des moments de grâce que nous pourrions qualifier d’aérien. Travellings et ralentis viendront orchestrer les scènes d’émotions afin de faire manifester chez le joueur de l’empathie et peut être même des larmes !
Durant l’aventure, ces trames narratives laisseront un sentiment profond et sensible sur les grands sujets de tout être humain : le couple, la mort et l’amour. L’histoire personnelle du détective va également nous être révélée, son mal-être et ses angoisses nous serons partagés. Flashbacks, surprises et paranormal viendront rythmer l’aventure. L’enquête sur le meurtre quand a elle, vous offrira pas mal de suspens et de rebondissements. RAINSWEPT s’éloigne quand même des mécaniques traditionnelles du Point and click en supprimant les combinaisons d’objets parfois redondantes pour vous laisser suivre confortablement le fil de l’histoire qui prendra fin au bout de 5-6 heures sans de réelles difficultés.
La musique de Micamic est planante et lancinante, elle accompagne parfaitement les phases d’onirisme et de mélancolie dans Pineview.
Coup dur pour la technique
Cependant, il est force de constater que quand même à plusieurs reprises les défaillances techniques viendront nous sortir du game. À la manette de la SWITCH nous aurons des difficultés parfois à atteindre certains points de recherche, voire impossible à sélectionner ! Des bugs de déplacements et d’affichage nous obligerons même à relancer la partie. Heureusement, le jeu propose très régulièrement une sauvegarde automatique afin de reprendre votre partie au plus proche de votre avancement.
Le titre de Frostwood Interactive est intégralement en anglais mais rassurez-vous, pas des plus difficile à comprendre. Néanmoins si l’anglais n’est pas du tout votre fort alors cela pourrait vous refroidir. Et pour terminer une dernière petite chose, peut être sans importance pour certaines et certains : La miniature du jeu !
C’est dommage qu’elle fût retenue pour représenter le détective en charge de l’enquête car en rien elle est fidèle au portrait de l’inspecteur Stone ni à l’esprit du jeu.
Conclusion
RAINSWEPT est une histoire profondément humaine avec une narration riche et sensible. Les personnages vont ouvrir leurs âmes afin de panser leurs blessures. Il est une ode aux dialogues et à l’entraide. Avec des tableaux visuels apaisants et une musique onirique, il laissera aux joueurs quelques scènes planantes et hors du temps. Une belle histoire à vivre bien couvert sous la pluie de Pineview même si certaines lacunes techniques viendront quelques peu parasiter l’expérience du jeu. Pour sa première expérience, Armaan SANDHU a su écouter lui aussi son cœur afin de nous livrer une histoire attachante et personnelle. Ce qui lui ouvre les portes de la création vidéoludique, de la scène indépendante très fleurissante.
LES PLUS
- Une enquête qui tient ses promesses avec rebondissements et histoires secondaires
- Beau traitement de la rencontre amoureuse
- Multitudes de personnages bien écrits
- Rythme bien géré
- Flashbacks
- Ambiance épurée de toute beauté
- Musiques planantes
LES MOINS
- Bugs d’affichages et d’interactions
- Assez linéaire dans la difficulté
- English only
- La miniature du jeu