Étudions aujourd’hui la genèse imaginaire de Cannon Brawl, et pour cela commençons par un compte-rendu d’une réunion de ses créatifs, au nombre de deux :
- Fermer les yeux : CHECK
- Imaginer nos deux jeux préférés : CHECK, facile c’était Worms et Starcraft…
- Les faire se marier et avoir un enfant : CHECK
- Rouvrir les yeux : CHEC…. Euh c’est quoi le truc dont nous venons d’accoucher, parce qu’à l’aveugle comme ça, nous n’avions aucune idée du résultat.
- Bon ben nous allons quand même l’élever et voir ce qu’il donnera.
Grand bien leur en a pris, car le premier titre du studio Turtle Sandbox, après avoir raflé la première place de l’Activision Independant Game Competition en 2011, arrive joyeusement sur nos Nintendo Switch pour nous faire découvrir un nouveau genre de RTS.
Hakuna Matata
Mais avant de parler mécanique de jeu, revenons dans un premier temps sur le scénario. Il ne faut pas en attendre grand-chose, il est clairement un prétexte qui nous permet de mener différents combats sur différents champs de bataille. Nous incarnons, dans un premier temps, la princesse d’un royaume en guerre, pourquoi est-il en guerre ? Et bien tout simplement, car son oncle, une réminiscence de Skar, certainement, souhaite devenir calife à la place du calife et piquer la place de son père. Mais nom d’un Pumba, ça ne va pas se passer comme ça !
Autant vous dire qu’avant l’arrivée de la donzelle en dirigeable, parce qu’elle le vaut bien, la campagne était mal engagée et notre père, le roi, était bien près de la défaite. Mais notre présence va arranger tout ça rapidement. Après quelques escarmouches victorieuses, nous aurons même la possibilité de recruter de nouveaux pilotes dont notre frère, notre meilleure amie et pourquoi pas un minion de l’oncle récemment déchu, que du beau monde quoi.
Situé dans un monde féodal empli de château fort, Cannon Brawl n’hésite pas à faire dans l’anachronique en nous fournissant comme moyen de locomotion un dirigeable et en nous permettant de manipuler des canons laser, des canons givrants, des canons… tout court, vraiment c’est un plaisir pour tous les amoureux des canons. En même temps, c’était écrit dans le titre.
Dans ce mode histoire, les missions s’enchaînent rapidement et sont davantage construites pour nous permettre d’appréhender l’ensemble des mécaniques du titre de Turtle Sandbox. Chacune des 20 missions se termine en une petite dizaine de minutes. La campagne avance rapidement et ce n’est que vers la quinzième mission que la difficulté commence à pointer le bout de son nez. Cette difficulté est d’ailleurs plus à mettre au crédit de la volonté des développeurs de nous faire comprendre comment utiliser leur dernière arme. S’entêter à n’utiliser que notre roaster de base sans chercher à prendre en compte l’item venant de se débloquer entraînera, non pas notre défaite, mais une perte de temps fatale pour la récolte d’étoiles récompensant notre talent.
Chef, comment ça marche la sainte grenade ?
Après ces amuse-bouches, il est temps de passer au plat principal, celui grâce auquel un jeu vidéo est, ou pas, une réussite : son gameplay. Connon Brawl est d’abord un RTS, un jeu de stratégie en temps réel, dans lequel il faudra récolter des ressources, construire ses bâtiments puis attaquer l’adversaire.
La partie récolte se fait en deux parties, il faut d’abord conquérir l’espace adéquat grâce à des montgolfières, une fois la zone récupérée et visible par un cercle bleu, il est possible d’y construire tout type de bâtiment. Il faudra bien sûr commencer par le minage d’or, le nerf de la guerre. Très rapidement, des cristaux seront aussi disponibles, mais le bâtiment restera le même.
Ensuite viendront les bâtiments d’attaque : des canons ! Des boucliers, et si nécessaire, un réparateur. C’est classique dans l’approche, mais c’est leur utilisation qui va drastiquement varier avec les classiques de Blizzard. En effet, une fois ces lieux de joie et d’allégresse construits, pour les faire fonctionner, il faudra y arrimer notre dirigeable, puis à la manière d’un Worms, gérer l’angle de tir et sa force avant de déclencher notre attaque.
Entre les différents éléments à bâtir et leur gestion, nous ne nous ennuyons jamais dans une partie de Cannon Brawl. Notre dirigeable est sans cesse en mouvement tout comme nos méninges. Petit point de stratégie en plus, les pilotes que nous dirigeons ont tous une capacité spéciale à leur actif, choisir son pilote revêt donc une importance suivant notre façon de jouer : être agressif signifiera choisir un pilote dont le dirigeable engendre des dégâts tandis que tout baser sur la construction entraînera un choix plutôt basé sur la vitesse.
Dernier point à prendre en compte, nous n’aurons jamais à disposition l’ensemble des bâtiments débloqués. Il nous faudra faire un choix, en début de partie, sur ceux que nous inclurons dans notre roaster. Si la construction de bâtiments de récolte semble évidente, le reste dépendra fortement de la configuration du terrain. Beaucoup d’obstacles rendront l’utilisation de missile compliquée tandis qu’un terrain rempli de fossés rendra inopérant les bombes marchantes. Une étude sommaire de la carte avant de se lancer tête baissée est nécessaire sous peine de perdre un temps important.
Par la technique du ver ancestrale !
Résumons : Cannon Brawl c’est intéressant, c’est bien pensé et nerveux, mais est-ce que c’est bien fait ? La réponse est oui. Graphiquement, nous sommes face à un mix entre Worms et Warcraft 2. Les unités et les bâtiments rappellent fortement le RTS de Blizzard avec un côté très coloré, tandis que les environnements, entièrement destructibles, nous remettent forcément en mémoire les parties acharnées des vers de guerre de chez Team 17.
Concernant les musiques, et bien, il aura fallu, pour le rédacteur de ce test, relancer une partie rien que pour se rendre compte qu’elles font le boulot sans plus. En effet, elles se laissent complètement oublier une fois que nous sommes dans l’action, elles sont très discrètes et laissent davantage de place aux informations sonores tel un canon se mettant en marche plutôt qu’à la bande son.
Concernant les différents modes disponibles, le titre de Turtle Sandbox fait dans le classique, un mode histoire suivie d’une version nightmare, puis un mode combat. Ce dernier se divise en plusieurs parties : contre une IA ou contre un joueur humain. Nous avons alors la possibilité de choisir d’humilier ces jeunes prétentieux soit en ligne soit en mode canapé.
Si en mode canapé sur un grand écran, les parties sont extrêmement agréables, le tout étant parfaitement fluide et lisible. En mode nomade, l’écran de la Switch, bien qu’étant plus petit, offre encore une lisibilité suffisante à une partie en multi. La carte totale s’affichant à l’écran, nous voyons en temps réel ce que fait notre adversaire et nous pouvons ainsi adapter notre stratégie. Chaque manche offre un passe-temps fun même si un joueur découvrant le jeu avec ce mode se fera vite exploser.
Concernant le mode en ligne, à l’heure où ces lignes sont écrites, les serveurs sont désertés et il ne nous a pas été possible de tester la réactivité du jeu. Étant déjà sorti sur PC et sortant aussi sur d’autres plateformes, il faut espérer qu’une option crossplay amène les joueurs à se croiser plus facilement. D’autant plus que le gameplay à la manette est parfaitement adapté et n’avantagera pas les joueurs aux combos clavier/souris.
Conclusion
Avec un tout petit prix de 10€, Cannon Brawl propose un gameplay original et parfaitement maîtrisé mixant joyeusement du RTS à la Starcraft dans un environnement entièrement destructible à la Worms. Si le mélange peut surprendre, manette en main, c’est un régal, que nous combattions contre l’IA en mode histoire ou contre nos contemporains en mode battle. Les parties sont à la fois tactiques et nerveuses et demandent une bonne connaissance des unités à notre disposition et du terrain sur lequel nous combattons. Le titre de Turtle Sandbox est une très bonne pioche pour tous ceux qui veulent un peu plus de stratégie temps réel dans leur Switch, qu’ils soient débutants ou acharnés du genre.
LES PLUS
- Un vrai gameplay de RTS mixé avec des attaques à la Worms
- L’environnement destructible offre beaucoup de possibilités stratégiques
- Les graphismes cartoons et colorés rappellent Warcraft 2
- La maniabilité est parfaitement adaptée à la manette
- Les parties sont nerveuses et tactiques
- La première partie du mode aventure se boucle assez vite et débloque rapidement toutes les unités
- La lisibilité est parfaite même à deux joueurs sur le même écran
- Un tout petit prix de 10€
LES MOINS
- Une bande-son oubliable
- Personne de disponible en ligne à l’heure où sont écrites ces lignes