Fire : Ungh’s Quest est un point‘n click, sorti sur WiiU et PC en 2016. Son développeur et éditeur Daedalic profite du succès de la Nintendo Switch pour essayer de lui redonner ses lettres de noblesses. Un point’n click c’est un savant mélange entre scénario et énigmes et si Daedalic n’a plus rien à prouver, grâce notamment à sa série Déponia, il semble pourtant que le temps pris à peaufiner les aventures de Ungh n’ait pas permis aux développeurs de montrer tout leur savoir-faire tant celles-ci sont loin d’avoir l’aura de celles de Rufus. Alors ce manque de considération est-il mérité ? Réponse en fin de test…
L’histoire sans parole :
L’humanité n’en est qu’à ses débuts tout comme la narration dans Fire : Ungh’s Quest. Une petite saynète nous présente notre antihéros, un homme préhistorique dont la mission est de s’occuper du feu et veiller à ce qu’il ne s’éteigne pas. Manque de pot, il s’endort sur sa tâche et le feu s’éteint. Le chef, un peu vénère par un tel manque de sérieux, le bannit aussitôt. Notre héros, un peu simplet sur les bords, quitte alors sa tribu et décide de se manger une pomme dont la date de consommation semble passée depuis belle lurette, vu que son ingestion provoque une hallucination. Ungh pourra ramener le feu depuis le volcan voisin jusqu’à sa tribu, mais pour cela, il devra libérer dix lucioles au pouvoir de téléportation. Quand je vous disais qu’elle n’était pas fraîche la pomme…
La narration se limitera à ces deux petits intermèdes, puis à la scène de fin qui conclura notre épique voyage. C’est extrêmement limité, et à part une petite surprise cosmique aux deux tiers de notre aventure, nous avancerons sans vraiment développer cette histoire et sans aucun rebondissement, cliffhanger ou autre figure de style hollywoodienne. C’est très plat et plus d’une fois nous nous demanderons ce que nous faisons là, à manœuvrer ce pauvre Ungh, qui tout content qu’il soit en arborant son sourire niais, semble suivre nos instructions sans trop savoir pourquoi. Nous sommes très loin de la narration d’un State of Mind ou de l’humour de la bande à Rufus.
Notre aventure se décompose en 10 tableaux, il faudra à chaque fois libérée une luciole. Problème : cette luciole n’apparaît pas toujours au lancement du niveau et nous nous retrouvons, avec Ungh à nos basques, à déambuler dans le niveau en cliquant sur tout ce qui bouge sans raison le temps que tout se mette en place. Chaque niveau demandera ensuite entre 10 et 20 minutes pour se soumettre à notre bon sens, permettant ainsi de libérer l’insecte téléporteur.
Ce bon sens est toutefois relatif. La plupart du temps, nous cliquons au petit bonheur la chance pour voir ce qui se passe, nous ramassons un objet que nous utilisons assez facilement au bon endroit, puis débloquons l’objet suivant et ainsi de suite. Les énigmes sont relativement faciles par rapport à ce que peut proposer la concurrence et surtout elle manque cruellement de liant avec notre aventure. Nous vivons une succession de tableaux sans aucun lien les uns avec les autres. Seule notre avancée dans la carte générale nous montre que nous nous approchons du but.
La guerre du Fire
C’est dommage car les situations que nous rencontrons ne manquent pas d’humour ni de références. Malheureusement, sans ciment entre elles et avec un temps les séparant qui dépend de notre temps mis pour résoudre ces situations, nous finissons par être lassés de l’air constamment béat de Ungh et n’espérons plus qu’une chose, que notre prochain click nous permette de finir le niveau et d’en voir la suite.
Les énigmes que nous affrontons sont trop obscures, de par le manque d’objectifs généraux à atteindre et rappellent ce que des poilus ont pu connaître avec des titres tel Woodruff et le Schnibble d’Azimuth, mais avec un côté nettement plus simple. Aucun mélange entre une lampe de chevet et un aspirateur ne nous permettra ici de construire un réacteur nucléaire. Il faudra nous contenter de prendre un sceptre pour effectuer une danse de la pluie pour déplacer des nuages.
C’est vraiment dommage, car ce Fire : Ungh’Quest possède d’entrée un potentiel énorme avec son univers coloré et sa bande son de qualité. Nous sommes de suite dans l’ambiance décalée que cherchent à mettre en place les développeurs de Daedalic. Et chacun des mondes visités possède une atmosphère et des personnages complètement barrés dont il faudra comprendre le fonctionnement pour pouvoir avancer dans notre périple. Quel dommage que cette avancée se fasse tout le temps à l’aveugle.
Le petit Ungh et la vallée des merveilles :
La question du public visé arrive naturellement. Fire : Ungh’s Quest serait-il un jeu adapté aux plus jeunes, leur permettant de découvrir les joies du point’n click. Pas sûr, car le manque de logique des énigmes et le côté barré n’inspirera sûrement que très peu de futurs délinquants petites têtes blondes à poursuivre l’aventure. Des titres tels Anna’Quest, sur PC, avec son univers enfantin, mais sa narration bien plus développée et ses énigmes plus logiques seront davantage à conseiller pour découvrir ce genre.
Des passages plus orientés arcades viendront agrémenter nos déambulations. Nous pourrons ainsi nous amuser à manipuler un cosmonaute dans l’espace en jouant avec les gaz éjectés par sa combinaison pour traverser un court champ de trous noirs avant de devoir repousser une attaque de vaisseau extraterrestre grâce à une batterie de canons. Ces phases sont amusantes, assez courtes et n’empiètent pas sur notre progression.
Finalement, il ne reste que les fans en manque de Gobliins qui y trouveront leur compte. Une succession de tableaux sans vraiment de liens les uns avec les autres et un humour basé sur les situations devra les faire patienter jusqu’à la résurrection plus qu’incertaine de la licence de feu Cocktel Vision. Les amateurs de complétion pourront aussi s’amuser à refaire les tableaux jusqu’à découvrir les trente pièces cachées qui leur débloqueront ainsi des artworks.
Le dernier point à aborder concerne le portage de notre regrettée WiiU vers notre bien-aimée Switch. Le jeu était déjà pensé pour la Mablette, il est donc normal que la version nomade, utilisant l’écran tactile soit la plus facile à utiliser. Il est toutefois dommage que la précision de l’écran, absence de bâtonnet oblige, soit moins grande et nous oblige régulièrement à appuyer plusieurs fois sur la même zone pour être détecté. Le jeu en docké utilise un seul joy-con, à la manière d’une Wiimote. Le résultat est franchement pénible, la sensibilité est à oublier, peu importe le réglage, et nous fait sortir la Switch de son dock pour reprendre une partie en tactile. Tant pis pour les enfants et le jeu en famille.
Conclusion
Malgré un humour omniprésent et des énigmes qui se renouvellent, Fire : Ungh’s Quest peine à nous tenir sur la longueur, la faute à une absence quasi totale de scénario et de cohérence. C’est bien dommage, car ce petit point’n click possède un héros attachant, des graphismes très colorés digne d’un cartoon et une musique toujours agréable. Cette version Switch ne révolutionne donc absolument pas le titre de Daedalic et ne fait que lui offrir une version portable, la version docké étant à oublier à cause de ses contrôles douteux. À réserver aux fans de Gobliins, d’autant plus que son prix est un peu haut vu sa faible durée de vie.
LES PLUS
- Les graphismes très cartoons sont soignés
- La musique se renouvelle à chaque tableau
- Les énigmes sont très variées….
- Les touches d’humour sont agréables
- Pas mal de Références à la pop culture
- Un point’n click de plus pour la Switch, c’est toujours ça de pris
LES MOINS
- …mais peut-on parler d’énigmes vu leur simplicité ?
- L’absence de scénario empêche de plonger dans l’histoire
- Une version docké à oublier à cause de ses contrôles.