SPOILER ALERT : Nongunz: Doppelganger Edition c’est le jeu pénible à tester. Pas parce qu’il est mauvais, loin de là, mais parce que pour montrer ses qualités, il faut d’abord les découvrir par soi-même tant les développeurs de Brainwash Gang n’ont fait aucun effort pour les rendre facilement compréhensibles. En fait pour rédiger un test de Nongunz, il faudrait d’abord en rédiger un tutoriel. Mais est-ce le rôle du testeur d’expliquer les mécaniques d’un jeu alors que ses créateurs ont tout fait pour les cacher ? D’où le dilemme. Partons donc du principe qu’une grande partie du reste de ce test est un spoil sans précédent sur un jeu et que pour une fois, cher lecteur, tu ne seras pas flagellé avec des orties fraîchement cueillies si tu te rends directement à la conclusion.
La découverte sans spoil, c’est maintenant :
Sortie en 2017 sur Pc, Nongunz arrive sur nos consoles de salon dans une version « Doppelganger » qui ne révolutionne en rien ce qu’ont connu les joueurs de la première édition. Un doppelgänger étant un double, dans le folklore allemand, nous comprenons très vite que cette version du titre des espagnols de Brainwash Gang n’apporte rien de nouveau mais qu’elle lui permet de trouver une seconde jeunesse et un public plus vaste.
Au lancement de notre première partie, nous sommes accueillis par un petit niveau qui sert à présenter les contrôles qui nous accompagneront tout au long de notre aventure. C’est toujours utile, même si, pour un jeu aussi classique dans sa forme, c’est loin d’être indispensable. Un appuie sur les touches de nos Joy-Con aurait fait aussi bien l’affaire. Ce qui est dommage, c’est que ce tutoriel, un peu inutile, laisse présager des explications pour le reste des mécaniques du jeu. Et là ce sera la douche froide.
Après avoir compris que nous pouvions avancer, sauter, esquiver et faire une glissade tout en tirant en ligne droite, nous en apprenons un tout petit peu plus sur les mécaniques : en fait nous apprenons juste qu’ouvrir un coffre nous coûtera de la vie. Cette feature est suffisamment inhabituelle pour interpeller le joueur. Les coffres offriront des cartes qui boostent nos statistiques. Mais lesquelles ? Telle est la question…
Passons sur ces cartes, nous n’en sommes qu’au tutoriel, nous nous pencherons langoureusement sur ces mécaniques dans la suite du test. Une fois cet intermède terminé, nous arrivons dans une crypte, sa sortie nous amène dans un cimetière en noir et blanc, aucune indication ne vient nous aider quant à savoir la direction à prendre
Notre avatar, dont nous ne savons rien, est un squelette sans tête qui tient une arme et qui tente désespérément de survivre à tout ce qui se présente face à lui. Pour cela il possède une arme aux munitions illimitées, pratique. Une petite balade dans ce cimetière nous permet de découvrir deux temples soit à gauche de notre crypte, soit à sa droite. Celui de gauche nous emmène dans une chapelle dans laquelle il faut se débarrasser des monstres pour avoir le droit de déclencher un interrupteur qui modifiera alors le niveau. À nous de survivre le plus longtemps possible.
Le temple de droite nous emmène dans un donjon plus classique. Généré aléatoirement, il comporte un marchand et un boss ainsi qu’une horde de monstres qui tenteront de nous faire du mal. Il faudra bien évidemment venir à bout de ce labyrinthe pour avoir le droit d’accéder à l’étage suivant pour ainsi tenter d’atteindre l’ultime niveau et pourquoi pas se libérer de notre prison.
Le spoil des mécaniques :
Si son début est on ne peut plus classique, avec son action-plateforme qui respire les productions des années 90, le reste, qu’il nous a fallu découvrir seul tout en faisant face à l’adversité, est bien plus intéressant et fait de Nongunz un rogue-lite de qualité.
La première des mécaniques à découvrir concerne notre vie. Si ouvrir un coffre ou se faire toucher par un ennemi nous en enlève, tuer nos adversaires nous en redonne une fine portion. Il est ainsi intéressant d’ouvrir un coffre en début de tableau, puis d’occire tous les protagonistes pour récupérer nos points sans avoir à dépenser quoi que ce soit.
Et c’est là qu’intervient la seconde mécanique : celle des cartes. Si avoir une carte sur soi permet d’améliorer nos statistiques, celles-ci ont un effet limité dans le temps. Une jauge descend au fur et à mesure, et une fois arrivée à son terme, la carte disparaît. Oui mais la même carte peut aussi être dépensée pour récupérer de la vie en échange de la perte du bonus de stats. La gestion de nos cartes est alors un point avec lequel il va falloir compter, surtout dans les derniers niveaux ou dans les combats de boss.
Bien plus étonnant, au moment de démarrer une seconde partie, nous commençons celle-ci dans la chambre d’un étudiant. Nous pouvons y démarrer un ordinateur pour continuer notre partie, mais aussi faire du tapis de course ou jouer du ukulélé. Ces activités bénignes ne le sont pas tant que ça car, une fois en jeu, avoir couru sur le tapis nous permet d’avoir un bonus de points. Dans cette chambre une mystérieuse mallette avec un code secret est aussi présente. Comment faire pour l’ouvrir, il faudra sans doute aller voir du côté des boss.
Plus étrange encore, si la mort dans les niveaux nous coûte toute notre vie et nos points acquis, il est possible de sortir de ces niveaux en trouvant des fenêtres. Une fois sorti nous avons la possibilité de repartir dans le labyrinthe, mais aussi le choix de stocker dans notre crypte nos armes récupérées. Encore plus étrange, pour sauvegarder ces items stockés et les utiliser lors d’un lancement ultérieur, il faudra quitter proprement le jeu. Comment faire, en consommant la carte adéquate, toujours en notre possession, qui nous renverra directement dans notre chambre, PUIS nous endormir dans notre lit. Autant dire que les premières parties sans ces informations sont frustrantes.
Toujours dans les informations manquantes, il y a le menu et les statistiques de notre personnage. Tout cela est encore représenté sous forme de cartes. Il est très compliqué de comprendre à quoi chacune correspond, mais si ce n’est pas vraiment gênant pour le menu, la gestion des bonus et leur influence sur notre personnage est plus confuse.
Plus classique, nous pouvons sauver des personnages emprisonnés dans les niveaux. Une fois ressortis vivants, ceux-ci nous aideront en nous permettant différentes actions. Le gardien du cimetière nous obtiendra des items de bas niveaux, le vendeur de cartes nous vendra …. des cartes et le bouffon nous emmènera, contre rétribution, directement au niveau 3. Tout cela nous encouragera à réfléchir avant de foncer. Un repli tactique permettra souvent d’améliorer nos prochaines descentes.
C’est déjà pas mal, mais ce n’est pas fini. Notre personnage n’a pas de tête. Qu’a cela ne tienne. Nous pouvons looter des masques qui nous octroieront, en plus d’un visage, des capacités spéciales bien pratique telle la possibilité de nous téléporter vers un endroit préalablement choisi du tableau ou encore la capacité de déplacement ultra rapide. Ces masques s’obtiennent en réalisant des challenges dans des salles dédiées et cachées à l’intérieur du dédale. Le spoil continue et se termine avec cette fois la création de minion qui viendront nous aider dans notre périple. Ce minion sera à crafter morceau par morceau.
Une fin plus conventionnelle :
Terminons ce test avec les différents aspects techniques du jeu. Sur Nintendo Switch, le jeu est agréable aussi bien en docké qu’en nomade. Affichant des graphismes en noir et blanc, la direction artistiques du titre est glauque à souhait. Le jeu se vante de son nihilisme et effectivement, il ne faut pas chercher très loin pour y trouver toute la noirceur possible. Nous déambulons dans des temples emplis de monstres plus dégoûtants les uns que les autres.
Pour venir à bout de toutes ces difficultés, nous aurons à notre disposition une grosse dizaine d’armes. Si celles à longue portée, tels les fusils mitrailleurs, semblent supérieurs pour les débutants, les boss permettront de se rendre compte à quel point une bonne hache ou un bon katana sont diablement efficaces tout comme les bombes.
Les boss, au nombre de cinq, ont des patterns propres qui se renouvellent. Il faudra à chaque fois découvrir comment en venir à bout, mention spéciale pour les dents du troisième. Sans être graphiquement impressionnant, ils offrent toujours un challenge plutôt élevé qui contraste beaucoup avec ce que nous rencontrons dans les niveaux. En effet, avec un minimum de patience, il est tout à fait possible de parcourir l’ensemble des tableaux en conservant une grande partie de sa jauge de vie. Il faudra donc être capable de se faire tous les niveaux, et si le loot n’est pas suffisant, prendre la décision de sortir, stocker nos armes pour recommencer jusqu’à obtenir la bonne arme. Un petit peu redondant, mais c’est un poncif des rogue-lite.
Les animations sont impeccables et les contrôles répondent au doigt et à l’œil. Il est extrêmement plaisant de manœuvrer notre avatar et nous ne sommes jamais pris à partie par la technique. De plus, la musique nous met parfaitement dans l’ambiance et seuls les bruitages finissent par être un peu agaçants à la longue.
Conclusion
Malgré un système de base très classique rappelant une foultitude de rogue-lite, Nongunz: Doppelganger Edition s’en sort haut la main grâce à ses mécaniques cachées qui obligent le joueur à comprendre avant de pouvoir réellement avoir la possibilité de progresser dans l’aventure et d’atteindre le twist final. C’est à la fois frustrant et gratifiant de comprendre comment fonctionne le titre de Brainwash Gang. Toutefois, dès que l’ensemble des mécaniques est acquise, la progression dans ce monde en noir et blanc est bien plus facile et nous pouvons nous concentrer sur les boss. Seuls les bruitages sont un peu redondants dans ce monde glauque qui se laisse parcourir avec beaucoup de plaisir et qui encourage la persévérance.
LES PLUS
- Les graphismes en noir et blanc sont magnifiques et détaillés
- La bande son est macabre juste ce qu’il faut
- Les contrôles sont impeccables
- Le gameplay ajoute beaucoup de profondeur et de préparation à nos parties ….
- Les différents types d’armes se complètent très bien suivant les situations
- Un prix correct de 15€
LES MOINS
- … mais il se laisse découvrir dans la douleur, sans aucune aide
- Les bruitages sont agaçants à la longue
- Une construction en rogue-lite, c’est redondant
- L’absence de scénario, c’est toujours dommage