Après un retour bienvenu et salué, Larry Laffer nous présente aujourd’hui la suite directe de ses aventures. Toujours révélateur des mentalités de son époque depuis les années 80, Leisure Suit Larry continue d’enfoncer les portes du politiquement correct et de la décence pour nous offrir ses répliques de tombeur sur le retour. Mais comme la société, Larry évolue à son rythme. Et si cet épisode était celui de l’âge de raison… non faut pas déconner non plus !
Les rêves humides ça mouille les draps
Quoique. Nous retrouvons, en effet, notre héros ventripotent en proie aux affres du doute. Son mariage avec la fille du chef du village approche. Il ne l’a jamais rencontré, mais le fait de savoir que c’est la plus belle fille du village est assez rassurant. Apprendre que seules deux femmes habitent le village aurait dû le refroidir, mais non, il se sent prêt à se faire passer la corde au cou. Le nouveau Larry va se ranger, et éviter de provoquer des catastrophes à base d’explosions aussi.
Mais un événement inattendu va venir remettre ces bonnes résolutions en cause. La belle Faith Less, qui avait fait bondir le cœur de notre libidineux charmeur, semble avoir réapparu et être en danger. N’écoutant que son courage, et sa ***biiippp***, Larry se lance alors dans un périple pour venir en aide à la belle et, pourquoi pas, renouer avec ses bonnes vieilles habitudes pour s’offrir une dernière chevauchée sur les étendues sauvages du corps des femmes qu’il rencontre… Ouf, nous avions vraiment cru que Larry avait changé.
Toujours aussi loufoque dans son scénario et ses rencontres, ce Leisure Suit Larry renouvelle pourtant complètement sa narration. Oubliée la liste de conquêtes à boucler pour venir à bout de l’épisode. Nous suivons maintenant les déambulations de notre playboy à la sauvette dans une espèce de road trip îlien. Tous les chapitres s’articulent autour de la seule quête qui en vaille désormais la peine pour Larry : retrouver sa bien-aimée Faith, même si celle-ci n’est pas au courant de son statut de future épouse.
Oublié la drague à outrance et les humiliations subies par Larry. C’est au tour de celui-ci de mener la danse et de tout mettre en œuvre pour contrer les agissements de ceux qui se mettent sur sa route. Bien sûr, si une pauvre âme en détresse a besoin de se reposer sur son … épaule dirons-nous, qui sommes-nous pour lui refuser notre soutien et pour ne pas lui enlever son soutif. Un homme nouveau … quasiment nouveau quoi. En tout cas, c’est bien une nouvelle façon d’aborder le récit Larryesque auquel s’est plié le studio allemand CrazyBunch. Bien plus linéaire, elle est beaucoup plus proche de ce que propose les autres point’n click, notamment la série des Déponia.
Il faudra emmener Larry d’un lieu à l’autre et y résoudre des énigmes toujours aussi barrées pour le faire progresser. Les espaces visités augmenteront leur surface au fur et à mesure de notre aventure, augmentant ainsi les possibilités et la difficulté générale du titre. Ces énigmes sont toutefois toujours extrêmement logiques et il est rare de se retrouver bloqué sans voir où se trouve la solution. Toujours aidé de notre fidèle interface de téléphone portable, Pi, nous aurons l’aide nécessaire pour ne jamais nous perdre dans les couches successives de quêtes à terminer pour avancer vers la destination suivante.
Larry rentre … dans le rang
Seul bémol dans ce déroulement, la quatrième partie du récit, sur les cinq que comporte cet épisode, est moins inspirée. En revenant sur les lieux du dernier épisode en date, dans la ville de New Lost Wages, Larry sort un peu trop de son rôle de playboy. Même si l’aventure est toujours aussi plaisante et offre un final surprenant, nous ne retrouvons pas ce qui a fait l’ADN de la série. C’est une vraie prise de risque de la part des développeurs qui se rapprochent bien plus des canons d’un jeu d’aventure.
Malgré ce revirement, l’humour est toujours omniprésent dans cet opus. Cet humour, qui prend sa source sous la ceinture et qui a fait la joie des joueurs n’a pas disparu, loin de là. Les allusions coquines fusent à cent à l’heure tout le long de notre aventure. Pas une ligne de dialogue ne cache un sous-entendu, ou ne le cache pas d’ailleurs. Larry est en pleine forme et il ne rate aucune occasion pour tenter de montrer à quel point les années 80 fonctionnaient, d’après lui, de manière bien différente. Le décalage avec la technologie et la culture des années 2020 est lui aussi source d’amusement et de moquerie qui font mouche, même si ce décalage est moins exploité que dans l’épisode précédent.
Nos aventures se déroulant dans un archipel paradisiaque, nous allons aussi retrouver pas mal de références. Que ce soit à Mario ou à Monkey Island, une foule de détails sont cachés dans les décors que nous parcourrons. Une foule de phallus se cache aussi plus ou moins bien dans les décors, un choix esthétique qui nous met dans l’ambiance et qui fait rire au début, mais qui se montre lassant à force. Il est aussi regrettable que les conquêtes de Larry se jettent directement sur lui sans aucun préambule. La drague a disparu de cet épisode.
Bien sûr, il faudra toujours mélanger des items improbables pour obtenir l’effet, encore plus improbable, voulu. Souvent matière à prise de tête dans de nombreux titres, cette mécanique, dans ce Larry, n’échappe pas à la règle. Toutefois, de manière générale, le testeur a moins souffert sur ce titre que sur d’autre point’n click. Seuls, deux ou trois passages ont demandé le sacro-saint « essai tout ce qui est possible » pour venir mettre en place une interaction difficile à prévoir. De même, la durée de vie semble dans la partie haute du panier des titres du genre. Il aura fallu presque 20 heures pour en venir à bout, il en faudra sans doute moitié moins pour les pros, mais avec un tarif de lancement de 36€, le prix semble adapté à la durée de l’expérience.
Avec la technique ça passe toujours mieux
La série des Leisure Suit Larry a toujours offert des graphismes soignés, surtout pour ses protagonistes féminins. Ce second épisode, depuis son retour sur le devant de la scène, confirme cet état de fait. Les décors, dans un style très cartoon, regorgent de détails. Il est toujours regrettable que trop peu d’animations ne viennent nous divertir, mais cela ne vient pas non plus gêner la lisibilité. Un mal pour un bien. De manière générale, les animations des personnages sont correctes. Certes, un point’n click ne se juge pas sur ce critère, mais donner l’impression de faire partie d’un dessin animé est toujours un plus. De ce côté, le titre de CrazyBunch ne déçoit pas. Chaque protagoniste a ses mouvements propres. Ce n’est pas du Pixar, mais le rendu est suffisant pour ne pas nous sortir de nos aventures.
La navigation, que ce soit dans les menus ou dans les décors se fait parfaitement, aussi bien en nomade qu’en docké. La gestion des joy-cons est optimale. Les sticks servent à déplacer Larry ou le curseur. Les touches ZL et ZR permettent de faire défiler les points d’intérêts présents dans le tableau, évitant ainsi de rater un item important. Le reste est plus classique, mais associé au tactile en mode portable, c’est un vrai plaisir de naviguer à travers les menus, certes, c’est un peu moins souple qu’à la souris, mais tout aussi ergonomique. Le mode docké perd de cette souplesse, mais il reste tout à fait jouable et permet de profiter de ces plantureuses … aventures dans des conditions plus qu’acceptables.
Si les voix ne sont pas disponibles en français, les sous-titres et les traductions sont de qualités. Nous ne perdons rien de l’humour grivois du titre. Toujours en PEGI 16, les scènes de jambes en l’air sont toujours un peu plus que suggérées, mais restent visibles par un public allant des adolescents pervers avertis aux adultes dépravés consentants. De même, les suggestions de Larry et des truculents protagonistes de nos aventures sont adaptées à la limite d’âge proposée et sont toujours tournées en dérision allégeant ainsi les propos.
Conclusion
Qu’on se le dise, Larry Laffer est devenu un adulte ou presque. Fini les listes de conquêtes, il se concentre désormais uniquement, ou c’est tout comme, sur l’élue de son cœur dans une aventure légère et prenante. Ce que la licence a perdu en grivoiserie, elle l’a compensée en clarté sans jamais perdre en chemin l’humour porté sur la chose qui fait sa renommée. Ses énigmes sont toujours un modèle de logique et de débilités assumées. Le décalage entre Larry et les années 2020 s’estompe peu à peu, mais sa quête est d’autant plus attachante. Son gameplay, classique, est porté par des contrôles, optimisés pour nos Switch, qui le rendent agréable à jouer peu importe les conditions. Les fans d’humour lubrique et de point’n click y trouveront forcément leur compte et seuls les aficionados de la première heure, attachés aux humiliations subies par Larry, risquent de se plaindre de ce revirement. La série des Larry a su se renouveler et nous avons hâte de voir sa suite.
LES PLUS
- L’humour plein de sous-entendu est toujours un plaisir
- Les situations sans sous-entendu restent visibles pour un public dès le PEGI 16
- L’histoire est bien menée et prenante …
- Les graphismes cartoons sont très détaillés et de qualité…
- Les énigmes sont très bien équilibrées, à la fois logiques et loufoques
- L’interface est parfaite et permet de gérer toutes nos actions facilement
- Les contrôles sont un modèle du genre
- La nouvelle direction prise par Larry surprend très agréablement…
LES MOINS
- ...malgré un 4ème acte un peu en deçà
- … mais manquent de folie
- Quelques bugs (très peu) de détection aux gâchettes
- … mais elle ne plaira peut-être pas aux fans de la première heure