Memoria est la suite directe de Chains Of Satinav. Et autant le dire tout de suite, les joueurs qui ne connaissent pas le premier épisode risquent d’être un peu perdu en s’aventurant dans le jeu. Geron, l’oiseleur d’Andergast, nous est présenté sans détour. Ce brave gars est désormais un héros pour ses exploits passés, et ce, malgré sa dégaine et son accoutrement qui contredisent en permanence ce statut. Ensuite, comment apprécier la relation qui unit Nuri la fée et Geron dès les premiers instants. Comment comprendre le pourquoi du comment notre Nuri n’a plus son apparence humaine ?…
Faire le premier épisode permettra de découvrir l’histoire qui précède, mais aussi d’apprécier, en douceur, l’univers et la magie qui animent le petit monde médiéval/fantastique de « L’Oeil Noir ». Pour rappel, L’Oeil Noir est à l’origine un jeu de rôle papier datant des années 80, une relecture allemande, avec une grosse pincée de Dark Fantasy, des classiques Donjons et Dragons.
Le jeu reprend tel quel la formule de Chains Of Satinav, à savoir du point-and-click à l’ancienne, comme on n’en fait plus : notre personnage déambule dans des décors particulièrement soignés, en 2D, et nous avons la possibilité de cliquer sur le moindre objet qui dépasse pour intéragir avec et dénouer des énigmes bien noueuses.
Il y a eu comme du level-up depuis le premier épisode. La suite d’énigmes s’avère particulièrement retorses, avec de de véritables et longs moments de solitude (« il fait tout noir, je tourne en rond ») et d’autres, plus discutables, qui défient la logique, ou pire, qui nous induisent en erreur (et ça c’est mal !). Bien entendu, des passages à se taper la tête contre les murs, il en existait déjà dans Chains Of Satinav mais là, il faut avouer que Memoria est vicieux dès les premiers chapitres.
Les connaisseurs, qui ont déjà goûté à Day Of the Tentacle ou à Grim Fandango, apprécieront, mais les autres risquent d’être surpris par cette difficulté. La patience a néanmoins du bon et pour les moins patients, il restera la salvatrice soluce. A utiliser avec parcimonie, si vous voulez conserver la saveur de la découverte par vous-même.
L’originalité des deux point-and-click estampillés « L’Oeil Noir » est de nous octroyer des pouvoirs magiques. Ici, nous avons la possibilité de casser un objet à distance (comme dans le premier), d’embraser les torches ou de donner vie à des statues… Ils seront souvent la clé pour arriver à nos fins et sont, par les possibilités qu’ils offrent, le point fort du jeu. La nouveauté de cet épisode est qu’il est désormais possible, par le biais de flashbacks, de jouer deux personnages : Geron que nous connaissons bien et la princesse Sadja, cousine lointaine venue du fond des temps de Lara Croft. Cela donne un peu de relief à l’aventure, avec dans notre besace encore plus de pouvoirs magiques et de situations variées. D’un autre côté, l’histoire paraît plus décousue.
Avec son background, sa fantasy à l’ancienne et ses décors soignés, le jeu conserve la joliesse du premier épisode, les fonds sont toujours aussi détaillés et inspirés. L’effet « Waouh » du jeu précédent est néanmoins passé. Memoria, en nous replongeant dans la ville d’Andergast, n’évite pas un recyclage un peu facile des décors. Ce qui ne change pas, c’est aussi cette animation au rendu toujours aussi robotique, toujours aussi peu naturel. Heureusement, passé quelques heures, cela reste un détail qui finit (presque) par s’oublier.
Conclusion
"Ne pas changer une formule qui marche", tel est le leitmotiv de cette suite qui reprend exactement là où s'arrêtait le premier épisode, Chains Of Satinav, sans rien bouleverser. Nous gagnons tout de même comme nouveautés, en cherchant bien, de nouveaux pouvoirs magiques et la possibilité d'alterner entre deux personnages : Geron et la princesse Sadja. Avec ses énigmes retorses et ses huit chapitres, Memoria dispose d'une excellente durée de vie, comparable à celles des classiques du point-and-click (comptez entre 10 et 20h suivant votre expertise pour les Point-and-click). Néanmoins, pour l'apprécier au mieux, jouer au premier jeu s'avère être un important pré-requis...
LES PLUS
- Un Point and Click à l'ancienne
- Les décors, toujours aussi jolis
- De bonnes énigmes, avec de nouveaux pouvoirs
- Une durée de vie plus que respectable
- Des sous-titres en français
- Deux personnages jouables
LES MOINS
- Pour une suite, l'effet "Waouh" s'en est (presque) allé
- Un début abrupt pour les joueurs qui n'ont pas joué au premier
- Quelques passages qui défient la logique, et notre patience