Dans la vie, on apprend aux enfants que rien n’est tout blanc ou tout noir. Tout est composé de nuances. Et pourtant quand on lance Death Crown, on se rend bien compte qu’il n’y a que le noir et blanc qui compte. Les développeurs du jeu appellent ce style graphique du 1bit. Si sur la forme ça détonne, qu’en est-il sur le fond ?
« J’achèterai tout », a dit l’or, « je prendrai tout », a dit l’épée
Death Crown est un jeu de stratégie en temps réel, dans lequel notre royaume est en guerre et nous allons passer notre temps à nous battre à l’aide de trois types de constructions seulement. C’est là toute la beauté et la difficulté du jeu. Il faut construire des bâtiments pour récolter des ressources : mines ou moulins. Puis il faut construire des tours de défense pour se protéger des armées ennemies. Et enfin, il faut construire des casernes pour générer des troupes et envoyer nos soldats à l’assaut du camp ennemi. Trois touches pour les trois constructions, une touche pour désigner quel ennemi attaquer, et le tour est joué.
Le plateau du jeu est composé de cases hexagonales avec aux deux extrémités notre camp et le camp de notre adversaire. Entre les deux, la nature sauvage : des montagnes, des forêts, des marécages, des collines, mais aussi et surtout des monolithes noirs qu’il faut conquérir pour obtenir un petit boost de puissance. Tous ces éléments sont autant de contraintes à prendre en compte. Les marécages coûtent dix sous de plus pour y bâtir une construction. Mettre un moulin sur un champ de blé augmentera le rendement de notre moulin. Construire une tour de garde sur une colline lui confèrera une meilleure aptitude à se défendre et sera donc plus difficile à détruire pour l’adversaire.
Toutes ces petites particularités du relief sont visibles sur les différentes cartes, mais le tout devient très vite brouillon quand on trace les chemins d’attaque pour nos troupes et que les mêmes chemins en sens inverse sont tracés par notre ennemi. Un point très étonnant concerne les animations et les scènes qui nous racontent l’histoire du jeu entre les batailles. Le rendu en noir et blanc est très beau et ce style en 1bit rend particulièrement bien. Ces petits interludes sont vraiment beaux et tranchent avec l’austérité du plateau de jeu.
Qui vit par l’épée, périra par l’épée
En pratique, Death Crown propose deux modes de jeu sur Switch : un mode Campagne et un mode Entraînement. Dans le mode Campagne, deux scénarios complets, soit pour les morts-vivants, soit pour les humains, et une démo de la campagne Démons. Pour les trois campagnes, il faut choisir entre deux modes de difficulté.
Dans le mode Entraînement, on commence par le choix de la carte steppe ou désert, et la taille de la carte : grande ou moyenne. Et enfin on choisit le pourcentage de montagnes, c’est-à-dire de cases neutralisées et donc inaccessibles. Un troisième niveau de difficulté est ajouté par rapport au mode Campagne. Là, on peut incarner les démons, les morts-vivants, les humains, mais aussi des essaims : des monstres insectoïdes.
Le plus gros problème du jeu est sa lisibilité. Les graphismes en noir et blanc ne sont pas les plus limpides sur l’écran de la Switch. On est concentré sur ses constructions, sur les lieux où construire, sur ce qu’il faut construire, sur le fait que nos casernes soient bien en ordre de marche vers la bataille, et on a du mal à avoir une vue globale, à prendre de la hauteur pour voir ce qu’il se passe chez l’ennemi. Tant que tout fonctionne pour nous, on fonce et on ne se pose pas de questions. Mais dès que la machine commence à s’enrayer, si on se met à paniquer et à perdre ses moyens, c’est la défaite assurée.
Par-dessus tout ça, la musique est lancinante et répétitive au possible et donne au jeu une ambiance de plus en plus oppressante. Ajouté à ça le monochrome des graphismes, et on a parfois l’impression de sortir d’un cauchemar à la Lovecraft. Un petit bémol est à apporter aussi à l’affichage du score. Il est difficile de savoir où on en est de la bataille, et les indications à l’écran passent très vite et ne sont pas simples à comprendre la première fois. Ainsi, il faut toujours faire très attention à ce que nos casernes ne soient pas endormies. Quand c’est le cas, une bulle de bande dessinée apparaît avec « ZZZ » dedans. Alors il faut absolument donner un ordre d’attaque à cette caserne sous peine d’avoir moins de combattants actifs.
Conclusion
Avec ses graphismes plus que particuliers, Death Crown étonne au début par une apparente facilité, et pourtant comme tout bon jeu, il est facile à jouer mais difficile à maîtriser. Son principal souci réside dans la vision limitée par le choix du monochrome. Pour le reste, les fans de STR se régaleront pendant plusieurs bonnes heures, et les néophytes pourront s’essayer facilement au jeu grâce à ses mécaniques de gameplay plutôt simples.
LES PLUS
- Des graphismes étonnants
- Un rythme frénétique
- Une bande son parfaitement adaptée
LES MOINS
- Une lisibilité médiocre
- Une histoire plutôt obscure