Le rhum, les abordages le sabre au vent et les noix de coco sur les îles désertes c’est bien joli, mais qui c’est qui tient les cordons de la bourse pour faire tourner l’économie des Caraïbes : ben c’est bibi. Parce qu’il ne faut pas croire qu’un empire, ça se construit à la petite semaine comme ça. Y a du taf mon gars, faut suer du front pour tout mettre en place. Tu ne veux pas me croire ? Très bien, lance-toi dans une carrière sur Port Royale 4 et tu verras si c’est si facile que ça.
Yo-oh-oh et une bouteille de rhum
La licence Port Royale des Allemands de Gaming Minds Studio nous revient aujourd’hui dans sa quatrième itération et celle-ci est disponible sur nos Nintendo Switch. Alors que les jeux de gestion sur Switch se comptent sur les doigts de la main, nous proposant de gérer différents parcs regroupant pêle-mêle des malades, des dinosaures, des dictateurs, des prisonniers ou encore une civilisation sur le devenir, la porte est plutôt grande ouverte pour Port Royale 4, il ne reste plus qu’à la franchir en restant sur ces deux pieds que sont le gameplay et le portage.
Commençons par le gameplay : Port Royale 4 se démarre avec un long didacticiel de deux heures, rien que ça. Ne pas faire ce prologue signifie simplement ne pas pouvoir jouer au jeu tant les mécaniques mises en place par Gaming Minds Studio sont variées. Loin d’être passionnante, cette partie est contée par un ancien loup de mer, rescapé de l’épisode trois sans doute, qui nous offrira ses lumières sur les spécificités de cet opus.
Et il a du boulot le bougre. Mariant des phases de commerce, de construction et de guerre, il va nous falloir intégrer toutes ces informations sur un temps finalement assez court malgré la durée relativement longue qui s’en dégage. La faute à une saturation de mécaniques et de commandes à retenir au bout d’un temps certain. La seule récompense, qui nous fait tenir jusqu’à la fin, tient au beau bateau débloqué au bout du calvaire. Une fois repartit en mode campagne ou en construction libre, il faut nous réapproprier toutes ces informations et nous avons vraiment l’impression d’avoir perdu deux heures de temps de jeu. Mettre en place ce didacticiel en le couplant à la campagne aurait pu être plus agréable, didactique et surtout ludique.
Après quelques nouvelles heures de jeu, la gestion de nos routes maritimes commence à se faire domestiquer. Nous gouvernons une île principale, pour l’améliorer, il faudra des matériaux. Ceux-ci s’obtiennent dans les ports des îles voisines. Mais pour commercer dans ces îles, il nous faut acheter une licence de commerce, puis mettre en place une route que nos bateaux prendront automatiquement, vendant et achetant suivant des ordres définis à l’avance. Facile non ?
Nooooooooon, car il faudra aussi tenir compte des courants marins, de l’usure du bateau et donc de ses réparations, ainsi que des pirates et autres flibustiers embauchés par la concurrence venue de pays hostiles à notre bon roi. Et pire que tout, ce dont il nous faudra venir à bout avant de réussir à réellement organiser un commerce efficace : la feuille blanche. Hein ? Eh oui, la feuille blanche. Car si mettre en place des routes est plutôt facile, mais l’optimiser pour que chaque ville de l’empire de notre bon roi progresse est d’une toute autre difficulté du fait d’une interface qui manque d’informations.
Chaque ville a sa propre production de produits dont les prix seront logiquement moins élevés. Cela est parfaitement indiqué et permet de faire des achats facilement. Mais chaque ville a aussi ses besoins et là, plus aucune information. Il faudra, soit vendre au petit bonheur la chance en se concentrant sur notre île, soit prendre une feuille, de préférence blanche ou à carreau seyes, à la limite à petits carreaux, mais bleue pour aller avec le thème… hein on quitte le sujet, pardon.
Donc pour réussir à optimiser ses routes commerciales, il faudra mettre sur le papier toutes les informations disponibles en se promenant de ville en ville. Une fois fait, nous devons décider quoi acheter et où pour optimiser les déplacements. Ne pas faire cet effort signifie perdre un temps fou en obligeant nos bateaux à des petits trajets moins rentables et plus limités en termes de marchandises. C’est la seule remarque négative sur la partie gameplay, mais elle est au centre de celui-ci et demande un peu d’effort pour être comblée.
Sur ma route, oui il y a eu du move, oui
Une fois nos routes correctement configurées, nous pourrons suivre avec plaisir nos vaisseaux naviguant d’île en île et accumulant les profits. De temps en temps, des surprises telles des cartes aux trésors apparaîtront subrepticement sur leur chemin. Récupérer suffisamment de tels morceaux puis déchiffrer l’emplacement nous permettra de mettre la main sur des richesses supplémentaires toujours les bienvenues et augurera un retour en fanfare auprès de notre vice-roi sous forme de points de réputation.
Le commerce n’est pas le seul moyen de prospérer dans Port Royale 4. Nous pourrons aussi développer notre île, puis devenir le gouverneur d’autres îles et ainsi les diriger à notre guise avant pourquoi pas de dominer le mooooonde ! Ou pas, mais en tout cas, arriver à ce niveau permettra de rationaliser encore plus la construction de notre empire commerciale. Ces phases de construction se déroulent sur un plateau hexagonal.
Il nous faudra d’abord gérer la population via leurs habitations ou encore leur lieu de culte (qu’il soit à base de rhum ou d’eau bénite). Il faudra aussi mettre en place un artisanat efficace qui utilisera les productions de l’île ou celle que nos bateaux importeront régulièrement. Tout cela sera à placer correctement sur le damier pour éviter les conflits de voisinage et pour améliorer l’humeur générale des habitants dont nous avons la responsabilité et surtout pour augmenter leur productivité et notre attractivité.
Cette partie est plutôt complète et elle ajoute un gros degré de liberté à ce que proposent déjà les phases de commerce. Augmenter son emprise sur les Caraïbes est un réel plaisir qui se fait assez naturellement tout le long des heures qui passent et défilent très vite. Le temps de jeu est d’ailleurs réglable permettant, une fois en pause, de tout gérer avant de lancer en vitesse accélérée nos flottes et de voir nos crédits évoluer à la hausse.
Dernière mécanique à entrer en jeu : les combats navals. Bien évidemment, que serait un jeu se passant dans les Caraïbes sans pirates ou autres confrères agressifs ? Allons-nous nous laisser faire pour autant ? Que nenni les amis ! Il suffit pour cela d’acheter un ou plusieurs bateaux ayant pour vocation la protection de convoi puis de recruter des membres d’équipages ayant du talent à revendre pour ne pas mourir et hop le tour est joué, ou presque. Nous revoilà sur un terrain hexagonal.
Dans des affrontements au tour par tour, que nous pouvons laisser en mode automatique ou dans lesquels nous intervenons, il nous faudra gérer notre position via une jauge de déplacement, puis faire feu sur l’ennemi. Nous aurons alors le choix entre nous attaquer à sa coque, à son équipage ou même directement de l’aborder. L’abordage dépendra du nombre de matelot dont chacun dispose ainsi que d’un facteur chance, plus risqué, il rapporte davantage en termes de marchandise.
Les combats sont agréables et tactiques. En fonction de notre niveau, nous pourrons débloquer des compétences supplémentaires pour nous permettre de recharger une fois durant notre tour ou pour réparer notre coque ou encore envoyer un mur de fumée protecteur. Ces combats apportent des moments de détente ou de tension, c’est selon, qui changent agréablement des phases de gestion ou de construction. Elles complètent à merveille le reste du gameplay.
Et un portage, un !
Si Port Royale 4, sans être le parfait jeu de gestion, coche tout de même de nombreuses cases qui raviront les amateurs du genre, la question de son arrivée sur Switch est une toute autre histoire. Plusieurs points viennent ternir notre expérience. Parlons d’abord de la maniabilité. Celle-ci semble pensée pour le jeu à la souris et la navigation au pad est vraiment pénible, car trop imprécise. L’ajout de contrôles pensés pour les gyroscopes inclus dans les Joy-Con aurait pu permettre d’assouplir ces déplacements et de permettre une visée bien plus efficace.
Là, réussir à sélectionner une ville pour en avoir un compte rendu est pénible, alors que c’est un acte que nous aurons à effectuer des dizaines de fois pour mettre en place la moindre route commerciale. En mode nomade, rien n’a été pensé pour nous aider dans ces contrôles. À peine pouvons-nous déplacer l’écran en tactile, mais toujours sans aucune précision. En aucun cas la sélection d’un quelconque élément affiché à l’écran n’est possible. Le gameplay est le même qu’en mode docké. Toujours aussi rigide et peu précis.
Toujours dans les écueils de ce portage, nous devons aborder douloureusement la partie graphique. Si de loin, la carte affichée est clair, lisible et agréable à l’œil, zoomer sur celle-ci pour développer nos villes ou voir nos bateaux combattre est très pénible pour nos rétines sensibles. Nous nous déplaçons alors dans des décors sombres et si peu détaillés qu’il en devient difficile de trouver un équivalent à travers des âges pourtant éloignés. De plus, de petits freezes viennent de temps en temps faire une petite apparition pour nous montrer à quel point ce portage semble avoir été fait à la va-vite sans avoir tenu compte des spécificités, et des limitations sans doute aussi, de nos Switch.
Conclusion
Port Royale 4 est sans doute un bon jeu, plein de bonnes idées de gameplay. Certes pas exempt de défauts, mais il reste globalement un jeu sur lequel les amateurs de gestion pourraient passer beaucoup de bon temps... si le portage n’avait pas été autant réalisé à la truelle. Ses graphismes d’un autre âge et surtout ses contrôles qui ne viennent jamais tenir compte des capacités de nos Switch ternissent grandement notre expérience. Il faut, pour l’instant, attendre de futures mises à jour, si elles viennent, pour espérer pouvoir profiter correctement du titre de Gaming Minds Studio.
LES PLUS
- Un vrai jeu de gestion, à la fois complet et prenant
- La gestion des villes apporte de la diversité
- Les combats navals sont loin d’être anecdotiques
- L’ambiance générale du titre est accrocheuse
- Avec 4 campagnes, la durée de vie est vraiment énorme
LES MOINS
- Des graphismes qui piquent les yeux
- Les contrôles imprécis sont vraiment frustrants
- Le manque d’informations pour la réalisation de nos routes nous oblige à travailler avec une feuille à nos côtés
- Le didacticiel il est loooong