Doit-on encore présenter Disgaea ? Jeu de rôle tactique déjanté et chronophage qui sévit depuis des années sur nos plateformes. Pour ce nouvel épisode inédit en occident sur Nintendo Switch nous allons rejoindre Zed et ses compagnons pour vaincre le Death-Tructor Divin ! Alors préparez votre meilleure Ultra-Réincarnation et c’est parti pour Disgaea 6 !
La vie n’est qu’une grande boucle
Disgaea 6 nous plonge dans l’histoire de Zed, un zombie qui cherche à tout prix à vaincre le Death-Tructor Divin, monstre énorme et ultra puissant qui vous massacre en un coup. Mais Zed est motivé, et pour réussir à le vaincre il utilise une magie un peu spéciale : l’Ultra Réincarnation. Se réincarner c’est cool, mais on perd tout pour repartir de zéro, l’Ultra Réincarnation permet à Zed de tout réinitialiser, mais souvent dans un autre sous-monde (de là où se trouve le Death-Tructor Divin) et en gardant la puissance qu’il a accumulée à chaque fois, ce qui le rend donc de plus en plus fort.
Dans sa quête, il va finir par tolérer des compagnons autour de lui ; le roi ultra riche qui peut tout s’acheter avec son argent : Pingredor, la princesse qui veut absolument trouver son prince charmant Mélodia ou encore Piyori une super héroïne de Sentai qui passe à la TV. Ce n’est pas surprenant, car c’est le fonctionnement de Disgaea, un héros qui n’aime pas forcément les gens et qui va se retrouver malgré lui à devoir supporter d’autre personnalités toute plus folles les unes que les autres.
L’histoire de ce Disgaea est donc assez classique : un héros qui veut tuer un grand méchant et dont on découvre le passé petit à petit auprès de compagnons pour lesquels le background est aussi bien développé. C’est agréable à suivre et le scénario comporte plusieurs rebondissements plutôt bien amenés et plutôt surprenants. Nous ne sommes pas dans le meilleur Disgaea, mais pas non plus dans le pire.
Un gameplay qui régresse un peu
Côté gameplay nous sommes toujours dans un tactical RPG au tour par tour classique.
Sur un niveau découpé en case, vous gérez votre tour comme bon vous semble. Un personnage peut se déplacer autant de fois qu’il veut tant qu’il n’a pas fait une action. Une action c’est : attaquer, défendre, utiliser la capacité spéciale ou encore lancer.Vous pouvez lancer plusieurs fois des vagues d’attaques en gardant à l’esprit que c’est toujours une action par personnage et vous pouvez créer des combos appelés chaînes lors d’une phase d’attaque ce qui augmentera les dégâts au fur et à mesure. Quand vous ne pouvez ou ne voulez plus rien faire alors c’est au tour des ennemis.
Comme dans d’autres épisodes, les géo-symboles sont toujours de la partie. Les géo-symboles vont permettre de donner des bonus ou des malus en fonction de leurs placements. Par exemple : des cases sont colorées en bleu et vous jetez un géo-symbole rouge sur une des cases bleues, alors toutes les cases bleues auront le bonus ou malus de votre géo-symbole. Mais il est aussi possible de le détruire : on peut ainsi transformer toutes les cases bleues en rouges et lors de cette transformation, des dégâts seront infligés à tout ce qui est situé sur une (ex-)case bleue. Si un autre géo-symbole était situé sur une case bleue alors cela peut créer un enchaînement. Le but est ainsi de tout éclater en un coup et infliger énormément de dégâts à tout le monde (et de monter le compteur de bonus de fin de niveau).
Malheureusement, nous avons ressenti une légère régression de level-design qui utilise de manière beaucoup moins pertinente les géo-symboles. On perd ainsi le côté puzzle du jeu. Il faut aussi compter avec la disparition du Magichange qui octroyait la possibilité de gagner des statistiques des compagnons.
Un contenu simplifié à outrance
Ce Disgaea marque un changement visuel dans la saga : exit la magnifique 2D, on passe sur des modèles 3D un peu chibi…ça ne change pas drastiquement les choses, mais il a fallu refaire les personnages et ce Disgaea souffre ainsi d’un nombre de personnages rachitique. Disgaea 5 nous permettait de créer quarante-quatre personnages de classes différentes (vingt-trois humanoïdes et vingt-et-un monstres) alors quand on se rend compte que nous n’avons que vingt-deux classes dans Disgaea 6 (douze humanoïdes et dix monstres). Et la déception ne s’arrête pas là.
Du côté de la fameuse Assemblée Infernale c’est aussi l’heure de la simplification, à tel point qu’on n’y va que pour s’ultra-réincarner, le système de vote a peu d’intérêt puisque notre mana est remis à zéro à chaque réincarnation. De plus, on arrive très rapidement (environ trente heures de jeux) au stade où l’on peut faire voter par la force de manière extrêmement facile.
Du côté de l’hôpital, là aussi, ne vous souciez pas de devoir soigner vos héros : ils le sont automatiquement à votre retour au QG, plus besoin de penser à les soigner ou bien de dépenser votre argent. Alors certes le prix n’a jamais été dérangeant dans les précédents, mais c’est quand même dommage, d’autant qu’on récupère rapidement la totalité des cadeaux de soins.
L’expérience est très simplifiée : dans un jeu classique il faut que votre personnage tue un autre personnage pour gagner en expérience, et bien dans cet épisode, l’ensemble des points d’expérience va dans un pot commun et les points acquis seront répartis en fin de combat. Des bonus seront attribués à certains, mais c’est finalement presque anecdotique. Adieu héros surpuissant qui gère l’intégralité du niveau pendant que vous galérez à faire progresser votre soigneur. De plus, chose plutôt sympa, quand vous gagnez justement de l’XP à la fin d’une partie, une portion de votre mana et de l’XP vont dans la buvette ce qui vous permet ensuite de les dépenser à votre bon vouloir (augmenter une classe, une maîtrise d’armes, le niveau…) mais aussi d’acheter des potions pour augmenter les stats de vos personnages.
Des personnages pétés à mort !
Vous commencerez le jeu des en infligeant des dégâts évalués en milliers, et par la suite vous atteindrez assez rapidement le million, comme vos stats qui sont à plusieurs centaines de milliers puis en millions. Les niveaux passent rapidement la barre des milles. Bref tout est pété niveau dégâts et jauge, mais le tout est logique : Disgaea à toujours joué sur le fait de monter des niveaux au-dessus de quatre-vingt-dix-neuf puis de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf puis de neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf,etc . Cela reste vraiment un énorme kiff. Cependant ici le souci c’est qu’on commence déjà gros, puis on est très gros très rapidement, on ne prend donc pas de plaisir à passer les gaps de valeur, comme les premiers dégâts à mille, le premier personnage niveau cent etc.
Disgaea 6 à aussi évolué avec l’ajout de quêtes de personnage : chaque personnage va en avoir à accomplir, ce qui permet de débloquer des gaps. Quand vous atteignez le niveau quatre-vingt-dix-neuf, vous obtenez mille Karmas en récompense (on reviendra sur le Karma), au niveau trois cent cinquante, vous aurez accès aux maléfices de rang Démon, au niveau deux mille vous débloquerez votre maximum de Karma à cent mille. De plus quand vous battez pour la première fois avec votre personnage un Général des Objets vous obtenez un Symbole de Plume (équipement qui augmente toutes les stats). Bref tout un tas de petites choses qui deviennent rapidement vitales et pétées comme nous allons le voir ensuite.
L’Ultra-Réincarnation, point crucial du jeu, autant dans l’histoire que dans le gameplay, est clairement au centre de tout Disgaea 6. Nous avons déjà parlé de la partie histoire, alors parlons maintenant côté gameplay. À l’Assemblée Infernale nous pouvons faire une demande de réincarnation, en fonction du mana que nous allons dépenser (maximum cinq mille) nous aurons accès à plus ou moins de Karma. Ce Karma peut être dépensé pour plusieurs bonus.
Après une Ultra Réincarnation votre personnage repasse au niveau un, ses quêtes personnelles ne sont pas réinitialisées, du coup il repart avec ses stats de départ, donc pourquoi s’ultra-réincarner ? Et bien pour utiliser notre Karma ! Vous allez pouvoir débloquer deux types de bonus : stats de base et bonus permanents. L’augmentation de vos stats de base augmente comme son nom l’indique vos stats quand vous repassez au niveau un, ces stats sont aussi utiles, car par la suite votre augmentation de stats lors des prises de niveaux se font logiquement en fonction de vos stats précédentes.
Mais ce qui est le plus intéressant au départ ce sont les bonus permanents : vous allez pouvoir augmenter votre portée de déplacement, mais aussi votre capacité de saut, ou encore vos dégâts (10% de dégâts supplémentaires par exemple). Le Karma est principalement débloqué (en énorme quantité) lors des quêtes personnelles. Battre cent personnes dans le monde des objets débloque cinq cent mille Karmas ! Alors une fois votre réserve maximale augmentée à vous de vous éclater. Vous débloquerez le premier palier de chacun de ces bonus assez vite, ce qui fait passer grandement de niveau vos personnages et donne des avantages certains.
Disgaea Mobile
Et là, nous arrivons au point crucial du titre, et qui pour nous est surtout le point négatif : le mode automatique. Avant de vous l’expliquer, nous allons éclaircir un premier point, on est au courant que cette fonctionnalité est optionnelle, mais c’est la même chose dans les jeux qui nous permettent d’accélérer les combats en 4X, rapidement on ne peut pas revenir en arrière, car on a l’impression que le jeu devient lent et que l’on perd notre temps. Donc la tentation de l’activer presque en permanence se fait vite ressentir, et vous allez comprendre pourquoi.
Ainsi, la nouvelle fonctionnalité la plus importante du jeu c’est Le mode automatique, comme son nom l’indique vous n’avez plus rien à faire. Un simple appuis sur « + » et vos personnages vont alors tuer tout le monde. Afin de bien prouver que l’accent est mis dessus vous allez pouvoir activer dans les options la vitesse x2 au départ, puis plus vous avancerez plus vous pourrez voter à l’assemblé des vitesses comme x4, x8 et x16. Une seconde option est disponible c’est le mode « boucle » si vous appuyer sur « – » : le combat en plus d’être automatique, va alors boucler, en mode histoire cela va enchaîner en boucle le niveau. Autant vous dire que ça va XP dans les chaumières à la vitesse de la lumière.
Ce mode rend le jeu beaucoup moins amusant, vos personnages devenant rapidement des gros bills, vous finirez un niveau du mode histoire en trente ou quarante secondes, la plupart du temps en un tour. Autant vous dire que la durée de vie en prend un coup dans l’aile. C’est un vrai plaisir pour XP rapidement, mais on perd tout le fun du jeu.
De plus le mode auto a des possibilités de customisation : à vous de créer le mode auto pour chaque personnage, c’est l’Intelligence Maléficielle complétée avec les Démonicodes ! À vous de choisir comment le mode auto doit se comporter, sous la forme de trois questions « Quand ? Qui ? Fait quoi ? ». Vous allez pouvoir dire par exemple « premier tour, les forces ennemies, attaque normale », mais du coup gérer aussi des choses comme l’ennemi qui a le moins de vitesse, ou « fonce vers l’ennemi qui a le plus de PV » et « utiliser en priorité vos capacités spéciales ». C’est plutôt facile d’accès, avec des branches et des situations à mettre en place. Vous pouvez aussi choisir quel personnage doit être déployé en mode auto.
Vous comprendrez donc que c’est un point sur lequel les développeurs ont vraiment travaillé, le souci c’est qu’en tant que joueurs ont à vraiment l’impression d’être spectateur, le jeu étant totalement pété niveau puissance de personnage vous n’aurez aucun intérêt à jouer par vous-même tellement le jeu consiste simplement à foncer vers l’ennemi et attaquer.
Un monde des objets trop simple
Le monde des objets c’est presque le mode le plus intéressant de Disgaea, tous les fans le savent, le mode histoire c’est cool, mais ce qu’on aime c’est maximiser à mort nos personnages et nos équipements !
Et bien le monde des objets sert à ça, vous allez pouvoir entrer dans un objet ou un équipement pour l’améliorer. Souvent c’est là où le côté puzzle arrivait, car souvent il était intéressant de maximiser aussi notre jauge de bonus, jauge qui augmente en fonction des combos que vous faites, mais surtout des combos de géo-symbole. Les objets à récupérer étaient souvent géniaux, mais dans Disgaea 6 ces bonus sont souvent insignifiants voire inutiles.
Les cartes du Monde des Objets sont maintenant minuscules, et très peu variées, on a vite l’impression de revoir les mêmes cartes en boucle, nous n’avions pas cette impression avant. Autant vous dire qu’avec le mode auto +, le mode boucle (qui en monde des objets du coup permet de ne plus avoir à valider le gain d’XP de fin de niveau), on est très spectateur et l’ennui s’installe rapidement.
Une réalisation fainéante
Musicalement ils ont fait le minimum, c’est moins agréable que dans les précédents jeux, c’est très sympa d’avoir des paroles dans le QG, mais on en à vite marre de cette chanson en boucle, tout comme les musiques qui,globalement, ne sont pas marquantes.
Les capacités spéciales quant à elle ne sont pas non plus incroyables, peut-être est-ce dû à ce nouveau moteur de jeu. Nous attendions impatiemment un nouveau moteur pour Disgaea, et il faut s’avouer qu’on regrette finalement l’ancien sur bien des points. Il faudra que l’équipe continue à travailler dessus.
Le nombre d’assets est assez limité en dialogue, mais c’est souvent le cas on n’en tiendra pas rigueur, mais c’est dommage.
Le jeu est entièrement traduit en français, c’est une habitude dans la saga ces dernières années, mais c’est toujours agréable de faire un rappel.
Concernant la durée de vie, c’est sûrement le Disgaea le plus court de tous, certes le post-game est présent, mais il consiste vraiment à faire du farm. Après vingt-trois heures de jeu, nous avons eu le générique de fin, en sachant que nous avons fait plusieurs armes à plus de cent étages pour bien essayer le monde des objets. Il faut donc compter entre quinze et vingt heures pour voir le bout de l’histoire. C’est peu, mais surtout on tourne vite en rond dans l’histoire avec le schéma du jeu. C’est voulu, mais ce n’est pas très agréable à subir.
Conclusion
Disgaea 6 nous laisse plutôt perplexes. Un nouveau moteur visuel qui ne convainc pas. Une histoire qui est pas mal, mais pas excellente. Un mode auto qui plombe totalement l’envie de jouer. Une casualisation du gameplay à outrance. Un monde des objets un peu fade. Un contenu en régression. Cependant ce n’est pas un mauvais jeu, le souci c’est que c’est une saga qui a eu des jeux avant et ce Disgaea 6 est peut-être le moins intéressant de tous. Il n’en reste pas moins un très bon tactical RPG, qui a un bon contenu et surtout la vibe Disgaea que l’on adore.
LES PLUS
- C’est un Disgaea
- Un système de jeu toujours aussi solide …
- Une durée de vie convenable …
- Une histoire attachante et sympathique
LES MOINS
- Le mode auto
- … Mais qui se casualise beaucoup trop
- … Mais plus courte que les précédents
- Un monde des objets qui devient moins intéressant
- Un contenu trop faible par rapport à ce qu’on a connu
J’avoue que je ne comprends pas trop.
Pour l’auto-battle, si y en a qui se sentent de mettre 60 balles pour pas jouer au jeu, je vois pas comment on pourrait le reprocher aux développeurs.
Disgaea a toujours était un jeux basé sur le grind à outrance. Je parle du end game. Et c’est bien dans cette optique là qu’il est proposé aux joueurs. Quand on a pas 300h devant soi pour vaincre le dernier boss, grinder avec un peu d’auto battle, je trouve que ça peut rendre le jeu accessible à des joueurs qui se serait privé du titre sinon. Reprocher cette mécanique aux développeurs, c’est ne pas comprendre ce qu’est un disgaea. Pourquoi ne pas reprocher aux développeurs le magasin de la triche alors ?
En revanche, je pense qu’un signe distinctif à l’écran, signifiant que le joueur ne s’est jamais servi de cette mécanique, comblerait les hardcord gamers à l’ancienne, qui tire leur fierté, à raison, de finir le jeu à la main.
Si le jeu était une nouvelle licence, je n’aurais sûrement rien dis, mais ici on est comme son nom l’indique dans une suite d’une saga, et le jeu étant totalement axé autours de ce mode auto ça change absolument tout le jeu. On se rend compte que si on ne l’utilise pas alors on s’ennuie fermement car le jeu consiste à seulement se déplacer et attaquer de base. C’était déjà le cas avant mais nous avions au moins le besoin de résoudre les « enigmes ».
Le magasin de triche est là depuis le début et ne joue pas à ta place, il te permet de balancer le jeu totalement à ta guise (maximiser le gain d’XP au détriment du gain de mana etc).
Ne pas se servir du mode auto dans Disgaea 6 c’est passé à côté du jeu, mais s’en servir c’est s’ennuyer fortement. Ce n’était donc pas une bonne idée et nous sommes plutôt obligé d’en parler et de le reprocher si seulement c’était la feature. Par exemple pouvoir perdre en mode auto, mais le jeu étant tellement simple qu’il est impossible de perdre en mode auto.