Mesdames et messieurs, bonsoir. Nous allons aujourd’hui nous intéresser à ce documentaire fascinant sur la vie d’un extraterrestre dans les années 50. Loin des non-dits des gouvernements en place depuis cette époque, il est temps d’appréhender une bonne fois pour toute la vérité sur ce qui est et restera sans doute le plus gros fail de l’humanité, ce raté qui ne nous aura pas permis de prendre la route des étoiles. Heureusement pour nous, Destroy All Humans ! arrive pour nous faire comprendre à quel point il ne nous a pas manqué grand-chose, à nous descendants des primates, pour atteindre la gloire, un peu comme le remake de Black Forest Games d’ailleurs.
Le jour où la terre s’arrêta
Sorti en 2005 sur une PlayStation 2 qui commençait à voir ses remplaçantes de la génération suivante poindre le bout de leur nez, le tout premier Destroy All Humans ! , dont nous avons le remake entre les mains, avait su s’attirer la sympathie des joueurs en leur proposant, certes, un gameplay correct, mais surtout une ambiance complètement décalée avec les codes de l’époque. Alors la magie fonctionne-t-elle toujours après ces 16 années passées à vieillir sur nos étagères et son lifting ? Eh bien la réponse, comme la vérité, est ailleurs.
Mais Destroy All Humans ! qu’est-ce que c’est, me diront les plus jeunes n’ayant pas connu cette époque formidable pendant laquelle les plus heureux d’entre nous se sont fait les mains sur Donkey Kong Jungle Beat. Eh bien c’est un shooter 3D plutôt classique mâtiné d’éléments d’infiltration et doté d’une ambiance inversant complètement les codes des films de SF des années 50, tout simplement.
Tout commence le plus sereinement dans la meilleure des bases militaires du monde : par un essai de lancement d’une fusée. Pas de chance, c’est le moment qu’a choisi Crypto-136, un alien de la race des Furons pour venir faire un séjour de découverte sur notre belle planète. Ce qui devait arriver arriva et la fusée décolla droit sur l’Objet Volant Non Identifié de Crypto et lui explosa la navette en plein vol, provoquant un incident diplomatique majeur. Le chef suprême des Furons décida alors d’envoyer sur terre le frère de tube de notre malheureux extraterrestre : Crypto-137. Bien plus porté sur le maniement des armes et l’éradication à grande échelle, celui-ci voudra tout mettre en œuvre pour découvrir ce qui est arrivé à son compatriote d’une autre galaxie et pour contrecarrer les plans de Majestic, une organisation terrienne qui compte bien profiter de la technologie ainsi récoltée.
La présence des Furons aux abords de notre astre n’a rien d’anodin. En effet, ce sont eux qui ont ensemencé la vie sur notre planète il y a de ça de nombreux millénaires. Mais leur propre race est mourante et ils sont à la recherche des échantillons nécessaires à la remise à niveau de leur ADN. Coup de bol, ces échantillons sont présents dans le code génétique humain, comment les extraire ? Facile, une sonde anale ou un tronc cérébral, comprenez une colonne vertébrale surmontée d’un cerveau, feront très bien l’affaire. Que la récupération de tels échantillons soit mortelle pour le sujet n’est qu’un sacrifice que Crypto-137 est, bien sûr, enclin à faire de bon cœur.
Tous les poncifs des films de genre des années 50 passeront tour à tour sur nos écrans. De la manipulation mentale à l’enlèvement de nos chers concitoyens en passant par la présence, bien dissimulée dans nos gouvernements, d’une agence secrète. Les écrans de début et de fin de mission sont d’ailleurs un magnifique clin d’œil à ces films. En détournant des affiches de classiques du cinéma, nous sommes toujours mis dans une ambiance décalée qui colle parfaitement à nos aventures. Malheureusement en voulant toucher à tous ces codes, Destroy All Humans ! perd beaucoup en cohérence, nos aventures ressemblent davantage à une succession de petits chapitres dont la globalité ressemble trop souvent à un fourre-tout passant trop souvent du coq à l’âne.
Nous donnant la possibilité de vivre une mission extraterrestre du point de vue des envahisseurs, Destroy All Humans ! renverse toutes nos habitudes de héros. Les exactions que nous infligeons à nos ancêtres sont toujours très drôles. Les dialogues et autres cinématiques qui émaillent notre progression sont dans la même veine et nous mettent toujours le sourire aux lèvres tant ils sont délicieusement décalés. Les personnages que nous croiserons sont des modèles de stéréotype. Du redneck américain, bien bouseux à souhait, à l’agent secret conspirationniste en passant par le savant fou allemand, rien ne nous ait épargné, et cela pour notre plus grand plaisir.
Les survivants de l’infini
L’ambiance est donc un modèle du genre, très bien, mais le gameplay : « Quel est-il ? » me répondront, après cette brillante introduction, les mêmes joueurs ne connaissant pas la licence. Eh bien, mes petits, nous commencerons par dire qu’il possède plusieurs couches qui se superposent agréablement pour nous offrir un jeu possédant de multiples solutions aux missions qu’il propose et ça c’est bien !
Il y a bien évidemment la possibilité de prendre les armes et de défourailler sur tout ce qui compose la faune, cela incluant la population humaine, de notre monde. Nous récupérons très vite les quatre armes dont nous disposons. De l’éclair qui se répand, à la sonde anale en passant par la bombe, il y en a pour tous les goûts. Un bouclier nous protégera un nombre limité de coups, ce bouclier se rechargera avec le temps ou grâce à l’absorption de cerveau humain. Se contenter de tout faire sauter posera cependant très vite un problème. Au fur et à mesure de nos exactions, une jauge d’intérêt du gouvernement se remplira, plus celle-ci sera élevée et plus les forces qui se jetteront dans la bataille seront grandes et bien équipées.
Réussir à s’en sortir demandera alors de parfaitement jongler entre la récupération de cerveaux et l’élimination de nos ennemis. Nos armes disposent de mécaniques différentes, si le rayon électrique ne nécessite que la réinitialisation d’un timer pour être réutilisable, le désintégrateur aura lui un nombre limité de munitions, il faudra transmuter certains éléments du décor pour refaire le plein, nous obligeant ainsi à limiter l’utilisation de cette arme si dévastatrice à des cas bien précis. De même, la sonde anale, remontant notre bouclier en parallèle des dégâts engendrés, n’a une utilisation que limitée tant son timer est punitif.
Il vaudra bien mieux, pour nous en sortir, faire preuve d’un peu de discrétion. Et c’est ici qu’apparaît l’holobob. Celui-ci nous permet de voler l’apparence d’un humain puis de déambuler librement parmi ces descendants du singe. Mais l’holobob n’est pas infini, il faudra le recharger en lisant régulièrement dans les esprits, prétexte à des phrases toujours très drôles, et surtout, il ne faudra rien faire qui puissent mettre en péril ce camouflage. Sortir notre arme ou faire léviter un objet ne semble pas une bonne idée durant ces moments. De même, les agents de Majestic possèdent des équipements capables de supprimer notre déguisement, à nous de parfaitement jouer avec la carte présente dans un coin de l’écran pour réussir une infiltration digne d’un Sam Fisher venu de la planète Mars.
Et ce n’est pas tout. Régulièrement, nous avons la possibilité de prendre en main notre soucoupe volante pour détruire allégrement tout ce qui se trouve autour de notre personne. Possédant globalement les mêmes mécaniques que notre avatar, il nous sera possible de switcher entre trois armes, celles-ci se distinguent aussi par leur type de munition et la destruction qu’elles engendrent. Le bouclier, à recharger, est toujours présent tout comme la possibilité de se servir des éléments du décor pour provoquer une masse de destruction.
La guerre des mondes
Une ambiance au top, un gameplay attrayant, tout serait-il rose dans le monde des petits hommes verts ? Pas tout à fait. Si les débuts de Crypto-137 sont plus que réussis, le manque de cohérence des missions déjà évoqué se couple à un manque de renouvellement du gameplay. Très vite, nous avons le sentiment de faire toujours la même chose : trouver un humain à copier, s’infiltrer, accomplir des objectifs sans queue ni tête, tuer tout le monde et s’enfuir. De plus, les missions se déroulent dans un nombre trop limité de lieux. Les 23 missions du jeu sont accueillies par à peine 5 cartes. Certes celles-ci sont de tailles conséquentes, mais le manque de renouvellement des décors nuit cruellement à notre intérêt.
Il est possible, une fois les missions du scénario accomplies, de refaire un tour dans ces niveaux. Mais nous les avons déjà tellement parcourus que l’envie d’y repasser juste pour réussir à glaner les morceaux d’ADN nous permettant d’améliorer toutes nos armes et compétences n’est pas vraiment un moteur suffisant. Les missions sont toutes les mêmes et se ressemblent bien trop à la longue. Trop vite, la sensation d’avoir à faire avec du remplissage fait sa désagréable apparition.
D’un point de vue technique, Destroy All Humans ! n’est pas non plus exempt de défauts. Certes, sa partie graphique n’a plus rien à voir avec sa version de 2005. Plus beau et plus détaillé, le plaisir de retrouver nos Furons est indéniable, mais les textures qui popent à tout moment, même durant les cinématiques ou durant les saynètes de démarrage de missions, font vraiment taches. La modélisation des personnages fait aussi très plastique, c’est peut-être voulu par l’équipe de développement donc, il est difficile de critiquer ce point, toutefois une fois en jeu, c’est suffisamment étrange pour être mentionné. Une fois en jeu, l’animation est irréprochable, que ce soit celle de notre anti-héros ou celle de ses ennemis. Si l’on fait abstraction des errements d’affichage, les parties se déroulent vraiment bien.
Pour le reste, c’est un sans-faute, les petits bonus qui se débloquent en fonction de notre avancée et de nos réussites sont toujours sympathiques et apportent un éclairage toujours bienvenu sur le travail des développeurs. La musique est toujours aussi soignée et colle parfaitement à l’ambiance mise en place tout au long de nos tribulations et pour finir la prise en main, que ce soit en docké, Joy-Con en main, ou en nomade, les commandes répondent parfaitement à nos injonctions, nous permettant de progresser sans accrocs et de prendre plaisir à annihiler la race humaine.
Conclusion
Avec son scénario qui tord le cou aux films de SF des années 50, Destroy All Humans ! nous offre une aventure délicieusement décalée à l’humour noir prononcé. Ce remake, sur Nintendo Switch, malgré des textures qui apparaissent de manière assez prononcées en début de niveau, est parfaitement jouable et son gameplay, basé sur le shoot et l’infiltration, fonctionne toujours aussi bien. Si notre histoire débute sur les chapeaux de roues, elle aura tendance à provoquer un peu de lassitude sur le long terme et les missions supplémentaires n’apportent que trop peu de nouveautés. Si les nouveaux joueurs pourront découvrir avec bonheur le titre de Black Forest Games, les fans de la licence retrouveront les forces et les faiblesses d’un titre qui n’aura connu qu’un lifting graphique sans rien modifier à son ADN.
LES PLUS
- Des graphismes qui ont bien évolué depuis sa sortie initiale
- Les musiques sont toujours aussi agréables et collent parfaitement à l’ambiance
- L’humour noir de la narration est délicieux
- Le gameplay permet différentes approches pour chacune des missions
- La gestion des armes et des déguisements est intelligente et équilibrée
- Les contrôles répondent parfaitement
- Tout détruire à l’aide de la soucoupe est jouissif
- Les cartes sont plutôt grandes…
LES MOINS
- Un remake purement graphique qui ne gomme en rien les faiblesses du titre de 2005
- Les textures qui popent font vraiment mal à la rétine
- Le manque de renouvellement des missions fait apparaître trop vite une certaine lassitude
- … mais elles sont trop peu nombreuses