Vu que Spirit l’indomptable, du studio Dreamworks, va bientôt sortir sur nos écrans, un quelconque stagiaire en manque d’écoute a dû se dire qu’il serait sympa de sortir, sur la console qui écrase tout en ce moment, un bon petit jeu qui reprendrait l’univers et les personnages de la licence. Et comme les idées du stagiaire, elles sont souvent déformées et sorties de leur contexte, il a été décidé de confier au studio madrilène Aheartfulofgames d’en faire un jeu. Toute la différence tient ici dans l’absence du mot « bon », alors prêt pour la curée ? C’est parti !
Condition de test
À l’heure où ces lignes sont écrites, Spirit est déjà sorti depuis un mois sur nos Nintendo Switch. Pourquoi parler des conditions de test dans ce cas de figure ? Eh bien, nous parlerons plutôt des conditions de rédaction du test. Pour être capable d’écrire sur Spirit, il faut d’abord avoir reposé sa console depuis au moins 48h, s’être rincé les yeux avec du white spirit (nous plaisantons bien sûr, ne faites pas ça c’est dangereux) pour enlever les dernières tâches résiduelles qui s’étaient incrustées sur nos rétines abîmées, avoir dévalisé trois pharmacies pour récupérer tout leur stock d’aspirines et enfin avoir pris 42 rendez-vous avec 34 psychomotriciens différents pour tenter de calmer nos spasmes nerveux. Rien que ça.
Alors bien sûr, Spirit est destiné à un jeune public, mais est-ce une raison de lui infliger un tel châtiment ? Car, à moins d’avoir ramené un bulletin rempli d’anecdotes croustillantes sur la passion de son enfant pour la perturbation de cours à base de bombes lacrymogènes, honnêtement aucun enfant de mérite une telle sanction. Même… araarggghh… bave aux lèvres… œil vitreux…tremblements incontrôlables… [Veuillez excuser l’interruption momentanée de ce test, notre préposé à la découverte de Spirit connaît actuellement une rechute due au traumatisme que représente le fait de jouer à ce titre, mis sous sédation pour une période de 72h, il reviendra dès que possible]
Esprit es-tu là ?
C’est un fait connu depuis l’apparition du jeu vidéo comme média de masse, l’adaptation vidéoludique d’un film est toujours difficile. Entre le respect de la licence, la présence du fan service et des temps de développement proche du néant, le studio en charge d’une telle commande est vraiment à plaindre. Eh bien, l’adaptation de Spirit en est le parfait exemple. L’histoire nous raconte un moment de la vie de Lucky, petite fille qui a perdu sa mère et qui vit avec son père, sa tante et son cheval sauvage-qu’on-dirait-quand-même-qu’il-est-vachement-apprivoisé-vu-qu’il-passe-son-temps-à-la-suivre.
Notre héroïne mettra rapidement la main sur une carte au trésor laissée au fond d’un coffre par sa maman. S’en suivra une suite d’évènements… Ah ben non en fait. Lucky devra juste trouver un marteau, des clous, des baies et cela résume assez bien le scénario mis en place. C’est le niveau zéro de la narration. L’histoire n’a ni queue ni tête. Un bout de quête commence, il est de suite coupée par une recherche complètement idiote d’un ingrédient situé à l’autre bout de la carte qui nous entraîne alors dans une loooooongue chevauchée sur notre fier destrier.
Même pas, même la chevauchée, ils ont trouvé moyen de la foirer. Notre beau Spirit (c’est subjectif après la sédation reçue) ne peut pas courir plus de vingt secondes sans devoir en prendre quarante pour récupérer. Ses contrôles sont approximatifs, nous n’osons pas imaginer les dégâts d’une telle savonnette dans les mains d’un enfant. Les séquelles psychomotrices vont au-delà des capacités de rééducation du docteur Strange lui-même. Notre cheval part dans tous les sens dès que nous utilisons le stick, il vaut mieux se contenter de la croix directionnelle pour aller tout droit. La caméra passe son temps à se promener de droite à gauche, entraînant ainsi une impression faussée de notre direction, nous obligeant à corriger notre trajectoire sans aucune raison et envoyant ce pauvre Spirit valdinguer dans les murs et autres rochers se présentant sur son chemin.
C’était pas ma guerre
Parlons-en du chemin d’ailleurs. Notre route est balisée de point lumineux qui sont censés nous emmener vers les lieux de notre quête. Mais même ça, c’est un raté. Si un enfant passera peut-être à côté, un adulte se rendra tout de suite compte que le chemin à prendre n’est pas du tout optimisé. Nous nous retrouvons à faire des tours et des détours alors qu’une ligne droite est tout à fait possible. Prends-la ta ligne droite ! Me diront les plus optimistes, sauf que le but final de la quête à atteindre n’est jamais indiqué sur la carte. Nous n’avons jamais d’autre choix que de suivre ce chemin indiqué. Résultat des courses, tout le jeu se limite à monter sur notre cheval et suivre ces indicateurs. Il n’y a absolument rien d’autre à faire.
Mais je suis méchant, ma fille a passé un temps fou sur Zelda Breath of the Wild à chevaucher et à se promener à travers Hyrule sans aucun autre but que la découverte. Mais là où le dernier Zelda, sorti il y a quatre ans déjà, proposait un monde ouvert vaste et magnifique, Spirit ne propose qu’une zone faite de chemins à suivre, sans aucune possibilité de découverte ou d’émerveillement. Les textures sont catastrophiques, les animations sont d’un autre âge et surtout, surtout, Spirit freeze au minimum une demi-seconde une fois toutes les dix secondes. Et cela peut monter jusqu’à cinq fois en dix secondes (oui je me suis amusé à compter…on a la vie qu’on mérite). C’est injouable du début à la fin et sans aucune raison valable. Ces pauvres textures et objets apparaissent au dernier moment, nous ne parlons plus de clipping d’une fougère ici, mais d’une montagne entière qui se dresse devant nous sans prévenir. Les volcanologues du monde entier sont sur le coup !
Ce ne sont pourtant pas les bonnes intentions qui manquent, nous avons ainsi le droit à un cycle jour/nuit. Bon, il ne sert à rien vu que les personnages restent toujours à la même place, peu importe le moment de la journée, mais c’est une bonne intention. De même, nous avons le droit à quelques éclats de voix de Lucky, malheureusement celle-ci ne semble avoir que cinq phrases à son répertoire dont « allez Spirit », « bonjour Papa » et autres banalités. Le reste des saynètes se passe de voix, en même temps, fallait-il des acteurs pour demander à notre fille d’aller chercher notre marteau et nos clous laissés respectivement sur la place de la ville et sur le quai de la gare ? La question est posée.
Conclusion
Une honte, voilà ce que représente la sortie de Dreamworks Spirit la grande aventure de Lucky. Rendu injouable par des freezes constants et une caméra digne d’un jeu 3D sur Ps1, même un enfant ne pourra prendre plaisir à contrôler son cheval de dessin animé préféré tant la réalisation est catastrophique. Les graphismes et les textures sont d’un autre âge tout comme la narration. Et le plus honteux dans tout ça n’est autre que le prix. Vendu 40€ pour une durée de vie de 2h40, montre en main, Spirit rappelle les plus tristes heures de notre média et des compagnies qui pensent que le joueur n’est qu’une vache à lait. Alors si vous aimez votre enfant, ne lui achetez pas ce jeu !
LES PLUS
- Le test me prévient de la catastrophe
- La bande-son reste écoutable
LES MOINS
- Les graphismes nuisent grandement à l’intégrité oculaire du joueur
- Le gameplay se résume à suivre des points lumineux
- Les chevauchées sont d’un ennui
- La narration n’a aucun sens, même pour un jeune public
- Les freezes toutes les dix secondes, personne ne s’en était aperçu avant de sortir le jeu ?
- La durée de vie est famélique vu le prix affiché
Excellent test
Ça me donnerait presque envie de l’essayer par compassion !
Je confirme! Ma fille de 10 ans en a eu assez après 1 semaine!
Elle préfère jouer à d’autres jeux équestres gratuits sur l’ordinateur.
J’autai du lire votre avis avant de l’acheter à ma fille de 8 ans qui a essayé d’y jouer 1 heure puis l’à rangé pour toujours !
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ma fille l’a acheté il y a 2 jours … elle vient de le finir en 4h … elle a 8 ans . Et comme vous le dîtes dans le test , le jeu saccade en permanence. Honteux de vendre de tels produits à ce prix-là. Une grosse arnaque