Nous allons graffer aujourd’hui ! Peinturlurer de fantômes verts aux yeux globuleux (c’est notre imparable signature de graffeur) les murs de la ville morose de Glug. Pour la petite histoire, Glug, c’est le nom de la multinationale qui a pris les commandes de ce chaos urbain, sans queue ni tête, en proie aux grèves et à la pollution chronique. La ville est grande et l’enjeu est de trouver des spots incroyables, tout en haut d’une tour, pourquoi pas, ou au pied d’un immense bâtiment baignant dans une marée noire.
Sludge Life détonne : c’est un peu Jet Set Radio, mais sans les rollers, avec des flics à un œil en mode statique et des graffs en cel-shading délavé, divinement Low Poly. Il se présente comme un jeu d’exploration libre, sans autre but à priori que de graffer dans les recoins. Mais le jeu est un poil plus que ce à quoi nous pouvons nous attendre d’une promenade. L’humour potache à la South Park, qui nous semble venir d’un autre temps (celui de l’adolescence acnéique et du rire idiot cassé par une mue naissante), fait sourire. Le jeu est feelgood par essence et nous met dans sa poche dès les premiers instants.
Quand ce ne sont pas les animaux qui se donnent en spectacle (se lécher le derrière entre autres), ce sont les PNJ qui animent les coins de rue. Ils sont pour la plupart au top de la crétinerie revendiquée, à base de « Ouais, Gars, chui complètement défoncé », ou en balançant quelques blagues scato, mâtinées d’absurde à prendre au cinquantième degré… D’autres laissent entrevoir un brin de lumière (d’espoir même) et de background (la grève, l’usine Chemico ect…). Sludge Life cache aussi en son cœur quelques possibilités (des bribes d’histoire) pour obtenir les crédits du jeu et des objectifs secondaires (à voir dans la liste des trucs à faire). Comme collectibles à retrouver par exemple, il y a des clopes (la transgression ultime !), des limaces dorées (que l’on croquera avec délice) et des champis pour des séquences hallucinées.
Avec son mini monde ouvert, nous avons droit à 10 endroits distincts à visiter et autant de téléporteurs à débloquer. À la clé, un véritable labyrinthe de passages secrets improbables, avec de la verticalité nous obligeant à millimétrer chacun nos sauts et pléthore d’endroits à graffer à priori inaccessibles. Le jeu se termine rapidement (comptez trois heures pour obtenir au moins une des fins), mais ce n’est pas une ligne droite, il demande un brin de jugeote et de méthode. Et en dehors de la fin, obtenir les 100% des objectifs, permet de tripler facilement le temps de jeu.
Pour parler des (micro-)défauts du jeu, la vue à la première personne n’est pas ce qu’il y a de plus adapté pour sauter en toute quiétude sur les microcorniches. Même si le jeu est plutôt sympa (large et peu punitif) pour compenser ce manque de précision, c’est peut-être le point le plus perfectible de Sludge Life. Rater nos sauts sera chose courante. Heureusement, rien, pas même la mort nous ramenant pour seule punition à l’hosto du coin, ne nous empêchera pas de recommencer.
Comme dans bon nombre de jeux d’exploration pépère, nous pouvons regretter quelques zones un peu vides alors que l’on guette le moindre PNJ ou le moindre gag visuel. Oui, c’est voulu et c’est pour appuyer l’ambiance plombante de la ville (car Glug n’est pas glop !) mais il faut bien chipoter, histoire de chipoter, comme les mioches braillards et capricieux que nous sommes.
Dès que l’on met pause, le jeu nous propose une interface Atari ST avec de grosses icônes monochromes, un fond d’écran reprenant la typographie dégueue du titre de jeu dans, des tons gris et verdâtres. Trouver des applis sous la forme de CD dans le jeu, nous permet de polluer notre bureau de logiciels plus ou moins utiles et de mini-jeux débiles, infiniment sympathiques. N’hésitez pas à fouiner partout, Crypt Keeper va à coup sûr égayer vos parties entre deux balades en ville. Chose amusante (si le joueur est de bonne humeur), des pop-ups publicitaires vont inonder votre écran. Le jeu se fout de nous joyeusement et défie notre patience : il faudra fermer une à une les fenêtres, le tout sur de la Chillwave rêveuse en complet décalage.
Conclusion
Pastiche sous acide (et champis qui font rire) de Shenmue et de Jet Set Radio, Sludge Life nous offre une promenade joyeuse à base de graffs verdâtres dans une ville pourrie de chez pourrie. Le jeu est une expérience feelgood (et oui, même ses blagues répétées sur le caca vont vous faire sourire), bien pensée d'un bout à l'autre. L'absence de prétention n'est pas une mince qualité ici : le jeu se joue en total dilettante pour un plaisir immédiat !
LES PLUS
- Un jeu Feelgood
- Des PNJ hilarants
- Des gags visuels
- L'absence de prétention
- Une ville labyrinthique comme un bon nonos à ronger
- Les mini-jeux
LES MOINS
- Quelques zones un peu vides
- Quelques sauts un peu relous