Tandis que les jeux vidéo entamaient leur folle ascension dans les années 80/90, les films interactifs se sont peu à peu développés sur PC. Plus connus sous le nom de FMV (Full Motion Video, en d’autres termes des séquences vidéo préenregistrées diffusées dans un jeu vidéo), ils permettaient aux joueurs de participer directement à l’histoire qui se déroulait devant eux : comme s’ils pouvaient tenir les acteurs du bout des doigts, telles de dociles marionnettes, ils étaient dès lors libres de faire évoluer l’histoire comme bon leur semblait. Un concept désormais rétrogradé dans la catégorie des jeux de niche. C’est pourtant aujourd’hui au gré de petits films inédits que le joueur est convié, afin de les découvrir bien entendu, mais aussi d’y participer à sa manière… un peu comme avant ! Si cela l’amuse encore…
L’ouverture du soft se veut agréable. Le générique y est joliment confectionné, et même s’il pourrait laisser présager quelques tournures érotiques à venir (oups c’est vraiment l’impression que nous avons eu..!), il n’en est rien. Le ballet des couleurs chatouille avec douceur la rétine et le joueur est rapidement capté. Le tout va être de le retenir désormais…
On se fait une toile ?
Six scénarios sont disponibles. Indépendants les uns des autres, ils suivent néanmoins un fil conducteur commun, tel un fil rouge entre les deux acteurs principaux, Poe (Klemens Koehring, qui nous a franchement fait peur par moment…) et Munro (Leah Cunard), un drôle de tandem dont la liaison ne se focalise guère à la vie professionnelle, comme vous le découvrirez. Aux manettes d’une station de radio d’un petit patelin « August » (Août), nos deux comparses déblatèrent sur divers sujets et notamment sur des histoires tragiques, des histoires qui font peur, des rêves tortueux et autres cauchemars.
Le jeu d’acteur reste plutôt bon, bien que certaines scènes sont franchement caricaturales. Si les mimiques et les interprétations ne sont pas foncièrement à remettre en question, force est de constater qu’il est difficile aujourd’hui de donner beaucoup de crédits à ce type de jeu. Parviendrez-vous vraiment à vous plonger dans cet univers surjoué (et assez tiré par les cheveux tout de même…) ? Pas si sûr…
Participer à la toile
Bien entendu, si le joueur devra se contenter d’observer et d’écouter le film la plupart du temps, il sera aussi invité à faire quelques choix afin d’orienter l’histoire selon ses préférences. Ainsi, des pastilles (ou de mystérieux pictogrammes) s’affichent de temps à autre sur l’écran, il va falloir être rapide et perspicace afin de prendre les meilleures décisions. Aucune indication n’est disponible, le joueur est incité à rester vigilant en permanence. Il faudra parfois effectuer un simple choix, parfois marteler le bouton A… sans plus de précision. Par ailleurs, le temps est limité et ce dernier est parfois très court… finalement, tout cela passe fort rapidement, et nous restons globalement sur notre faim, tels de simples spectateurs face à quelques scénarios sans grande profondeur (mais avec beaucoup d’idées farfelues !).
Plusieurs fins sont disponibles, incitant ainsi le joueur à recommencer plusieurs fois un même scénario avec de nouvelles options choisies. En aura-t-il l’envie…?
La séance est à quelle heure ?
Totalement sous-titré en français, le jeu s’avère abordable et accessible pour les avertis, comme pour les novices du genre. Il suffit assurément de se laisser guider…
La qualité visuelle est bonne, le cheminement ressemble à s’y méprendre à une série traditionnelle (avec un tout petit budget tout de même…). L’ambiance générale est accentuée par quelques bruitages et mélodies permettant notamment d’accentuer l’action en cours.
Quelques coquilles sans gravité sont à signaler. Relativement rares, elles ne perturbent en rien la bonne compréhension du titre. Nous avons par ailleurs rencontré quelques retours intempestifs au sujet menu principal, plus particulièrement lors de la lecture des deux derniers scénarios.
Malgré une certaine rejouabilité notable, grâce aux multiples fins disponibles, le joueur restera probablement sur sa faim. Les personnages, ou plutôt les acteurs, ne nous ont guère embarqués dans leurs aventures et nous sommes restés assez impassibles face à leurs déboires. Le vieillissement de ce type de jeu y est sans doute pour quelque chose… le manque d’investissement du joueur reste néanmoins un défaut notable. Assurément, vous risquez de rester de marbre face à ces péripéties qui n’enthousiasmeront que les grands amateurs de FMV…
Dark nights with Poe and Munro est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 12 euros environ.
Le saviez vous ?
C’est en 1983, sur bornes d’arcades, que les premiers jeux en FMV font leur apparition. L’idée est bien entendu d’accrocher le joueur avec des graphismes particulièrement réalistes. Malheureusement, le gameplay de ce type de jeu est souvent répétitif et passablement long. Les jeux en full motion video déclinent alors peu à peu et leur développement devient rare.
Conclusion
Véritable jeu de niche, Dark Nights with Poe and Munro propose aux joueurs de participer à quelques prises de décisions dans 6 épisodes d’une série réunissant les deux protagonistes autour de leur chaîne de radio locale. Sans véritable grand défaut si ce n’est la notable passivité du joueur, l’aventure risque néanmoins d’être rapidement délaissée au profit de softs un peu plus addictifs. La rejouabilité assurée par les fins multiples est assurément un atout, mais le joueur pourrait bien ne pas avoir grande envie à recommencer les scénarios encore et encore. Si le jeu des acteurs reste correct, nous n’avons malheureusement guère ressenti la moindre anicroches pour leurs déboires… et les avons vite laisser faire leurs propres choix !
LES PLUS
- Bonne jouabilité générale…
- Un jeu d’acteurs correct…
- Plusieurs fins disponibles pour un même scénario…
LES MOINS
- … mais il ne faudra pas trop réfléchir et réagir vite !
- … mais qui ne sont pas parvenus a nous transporter dans leurs univers
- … mais en aurez-vous vraiment envie ?