Petit point sur des consoles qui n’ont pas du tout marché (mais alors dans le genre « pas du tout », c’est « pas du tout, du tout ») et qui ont tout de même un certain charme et quelques atouts, encore aujourd’hui, pour attendrir n’importe quel collectionneur curieux en quête d’exotisme.
Alors ce n’est pas un hasard si on retrouve quasi-exclusivement des consoles du milieu des années 90. La concurrence était redoutable en ces temps-là, et ces consoles, toutes de plastique vêtues, étaient rutilantes et porteuses de rêves impossibles : elles faisaient la jonction entre les 16-bit et les 32-bit et avec elle, se lovait le délicat passage de la 2D à la 3D.
N’hésitez pas à faire part dans les commentaires des consoles oubliées que nous avons omis de mentionner, ou vos propres coups de cœur !
5- LA LYNX
Pourquoi elle n’a pas marché ?
Pour le compte d’Atari, Epyx a concocté en 1989 une console portable en avance sur son temps : de la couleur et des effets spéciaux jamais vus sur console comme ces énormes zooms qui éclaboussent l’écran de pixels, alors que la Game Boy proposait dans le même temps des graphismes en noir et blanc, dans le plus simple appareil.
Malheureusement, la Lynx est une très grande mangeuse de pile : comptez 6 piles pour à peine 2h de jeu ! Elle était aussi très chère à l’époque, et massive pour une portable : impossible par exemple de la mettre dans la poche. Sans le soutien des éditeurs japonais, elle n’a tout simplement fait le poids côté ludothèque face à celle de la Game Boy.
Pourquoi c’est pas si mal :
La ludothèque, produite par Epyx et Atari, est atypique, loin des standards de ce que l’on trouve sur les machines Sega et Nintendo et mérite un peu plus que le coup d’œil.
Même si elle n’a pas de véritables killer aps, la Lynx dispose de solides atouts : Blue Lightning, un concurrent sérieux à After Burner, Chips Challenge, avec ses puzzles qui vont vous faire chauffer les neurones, Todd’s Adventure in Slime World, de l’exploration passionnante dans de sombres cavernes ou bien S.T.U.N. Runner, un jeu de course futuriste impressionnant. A noter 2 belles conversions de jeux signés Psygnosis : Lemmings et Shadow Of the Beast. Et les jeux sont en général très beaux pour l’époque, comme Dracula the Undead, avec son ambiance gothique dans des tons sépias.
La perle méconnue :
Un coup de cœur pour ma part, un jeu méconnu même auprès des fans de la Lynx, il s’agit de Turbo Sub, un shoot à la Space Harrier, bénéficiant d’une réalisation fantastique et se déroulant autant dans les airs que dans les profondeurs des océans.
4- LE 32X
Pourquoi il n’a pas marché ?
Alors que du côté du Japon en 1994, la Saturn est dans les starting blocks pour être la nouvelle console de référence de chez maître Sega, Sega Of America a la très mauvaise idée de court-circuiter tout ça et de lancer son propre add-on à la Megadrive, également 32-bit : le 32X. Deux projets concurrents, une seule marque, la communication est brouillée, difficile de comprendre pour les joueurs ce qu’il faut faire : attendre la Saturn ou acheter le 32X ? Finalement, les joueurs vont choisir la troisième option : se ruer sur la Playstation.
L’Add-on a un intérêt discutable à l’époque et sera rapidement délaissé, car il est bien moins puissant qu’une Saturn en matière de 3D, affichant au mieux une 3D face pleine dépassée ou une 3D mappée avec des textures limitées et un framerate poussif. Et surtout, il transforme votre Megadrive, déjà affublée du Mega CD, en vaisseau spatial hautement improbable.
Pourquoi c’est pas si mal :
Sega, en matière de jeux, c’est déjà un grand gage de qualité. Virtua Racing Deluxe est certainement la meilleure conversion du hit d’arcade de chez Sega, dépassant même dès la ligne de départ celle parue plus tard sur Saturn. Au jeu des conversions, le classique Virtua Fighter s’en sort pas si mal et plaira à tous les archéologues des jeux de baston qui se respectent. Les conversions pixel perfect d’After Burner et de Space Harrier ravira également les Sega-fans de la première heure.
Du côté des exclus, les curieux pourront s’éclater avec Knuckles Chaotix, un Sonic sans Sonic et au gameplay atypique, Kolibri, un shmup champêtre particulièrement beau ou Tempo, un platformer funky et coloré.
La perle cachée :
Asteroid-like exploitant toutes les capacités de son support avec sa rutilante 3D mappée, DarXide est l’un des derniers jeux du 32X et sa côte de rareté en fait une très belle pièce de collection.
3- LA JAGUAR
Pourquoi elle n’a pas marché ?
Atari veut tout détruire sur son passage et annonce sortir en 1993, alors que les consoles 32-bit n’étaient encore qu’un doux rêve, une console 64-bit ! Les joueurs attendent la bave aux lèvres. La console sort et tous sont déçus. Le décalage entre l’effet d’annonce et la réalité est saisissant. La Jaguar est rapidement raillée par toute la communauté JV, notamment par rapport à sa volumineuse manette affublée d’un pavé numérique. Encore aujourd’hui, elle est le vilain petit canard des consoles retro.
Fausse 64-bit ou vraie arnaque ? La question mérite d’être posée. Atari n’a surtout pas eu les moyens de ses ambitions, sans le sou, avec des méthodes commerciales bloquées dans les années 70. C’était aussi le système D en permanence pour les développeurs, tant la Jaguar était un mix de processeurs difficiles à apprivoiser. Les joueurs, qui ont résisté à l’appel de la Play et de la Saturn, ont eu droit une majorité de jeux 16-bit et quelques daubes (l’emblématique Kasumi Ninja ou la catastrophe industrielle Club Drive).
Pourquoi c’est pas si mal :
Alien vs Predator (un superbe FPS angoissant et hyper réaliste pour l’époque de sa sortie) et Rayman (platformer génial intronisant pour des décennies la mascotte d’Ubi Soft) prouvent que la console en avait sous le capot. Jeu de moto à la Hang-On à la vitesse et à la fluidité sidérante, Super Burnout prouve aussi qu’il n’y a pas besoin de 3D pour impressionner, et le psychédélique Tempest 2000 invente la mode du Néo-Rétro avec 10 ans d’avance. N’oublions pas deux FPS de légende dans des versions peaufinées par ID Software : Doom et Wolfenstein 3D.
Si la liste des jeux est peu fournie (50 jeux auxquels on ajoute 13 jeux CD avec le Jaguar CD), contrairement aux idées reçues, elle est d’assez bonne qualité : les fameux « jeux 16-bit » ne sont pas de mauvais jeux (Flashback, Raiden, Power Drive Rally, Val d’Isere…), bien au contraire, ils ont de la belle 2D à revendre, avec des couleurs chatoyantes, un des points forts de la console. Et si vous pensez avoir fait le tour de la Jaguar, il y a les jeux homebrews qui paraissent en nombre depuis bientôt une vingtaine d’années.
La perle cachée :
Le français Orion a développé bien des jeux en homebrew sur Jaguar, et Elansar, paru en version cartouche en 2013, est le plus emblématique sa production : un très beau myst-like, une aventure certes courte mais diablement immersive.
2- LA 3DO
Pourquoi elle n’a pas marché ?
Ancien président fondateur d’Electronic Arts, Trip Hawkins s’est mis en tête de lancer sa propre console sous la forme d’un standard dont il vendra la licence aux fabricants. Ainsi, ce fut aux fabricants de prendre le relais et de proposer leur propre modèle de console avec la technologie 3DO : les victimes seront donc Panasonic, Goldstar ou encore Sanyo.
La 3DO introduit dès 1993 les premiers jeux 3D avec des textures mappées. Une révolution à l’époque ! Le coût de la révolution : 700$ à la sortie, une fortune ! Les ventes ne suivent pas en toute logique. Pire, après deux années, la réputation de la console est faite aux yeux des joueurs : une pelletée de jeux ridicules ou sans intérêt comme des jeux érotiques ou de très mauvais clones de Mortal Kombat : Shadow War of Succession ou Way Of the Warrior (par Naughty Dog les créateurs de Crash Bandicoot et Uncharted !!).
Pourquoi c’est pas si mal :
Proche de la Play en termes de performances, la 3DO méritait mieux. L’éditeur Crystal Dynamics (qui produira les épisodes de Tomb Raider dans les années 2000) a largement soutenu la 3DO avec des jeux incontournables pour tous ceux qui s’intéressent au support : Crash’n Burn et Total Eclipse, les premiers qui ont donné le LA de la rutilante 3D mappée. Il y a aussi l’excellent platformer Gex dont le perso principal, un gecko bien bavard, est devenu la mascotte officieuse de la console avant de s’expatrier un an plus tard sur Play et Saturn (ce qui sera le lot des jeux ayant marché sur 3DO).
Electronic Arts a également signé deux des meilleurs jeux de course du support : l’explosif Road Rash et le géniteur d’une longue série, The Need For Speed. D’autres éditeurs, citons deux belles conversions de jeux de baston que sont Super Street Fighter 2 Turbo et Samurai Showdown ; Killing Time, un doom-like horrifique, Return Fire, un jeu de guerre super fun ou bien les jeux signés par la boîte française Cryo tels le sublime jeu d’aventure, Lost Eden ou le jeu de course futuriste, Megarace
La perle méconnue :
Auteur du célèbre jeu d’aventure horrifique D, le regretté Kenji Iino et son studio Warp ont également sorti Trip’D, un puzzle game à la Puyo Puyo passé totalement inaperçu à l’époque et pourtant particulièrement délire. Alors qu’il paraît très classique lors du premier contact, le jeu distille une géniale bizarrerie et devient rapidement très addictif.
1- LE VIRTUAL BOY
Pourquoi il n’a pas marché ?
La Réalité Virtuelle, vous en rêviez, Nintendo l’a fait en 1995 sous l’impulsion du légendaire créateur de la Game Boy himself. Compte tenu du succès intergalactique de la Game Boy en noir et blanc, Mr Gunpei Yokoi est reste fidèle à son idée de bichromie et a pris le risque de mixer la technologie VR à un affichage limité : du noir et du rouge. Là, débutait les problèmes…
Pour y jouer, impossible d’harnacher le casque autour de notre tête, il doit tenir sur des pieds posés sur une table, ce qui laisse le joueur dans une position plus ou moins confortable. Ajoutez à ça les possibles maux de têtes et la nausée liée à la cinétose et vous comprendrez pourquoi le Virtual Boy ne se soit pas très bien vendu.
Pourquoi c’est pas si mal :
Cette console propose, bien avant l’heure de la Wii, une « nouvelle façon de jouer ». Clairement hors du temps, on a du mal à croire que Nintendo ait vraiment cru en son projet, mais une fois la console en main, on voit ce qu’ils ont essayé de faire : de la 3D accessible à tous et un gameplay immédiat.
De nombreux jeux VC ne sont encore aujourd’hui pas jouable sur une autre console, Nintendo poussant le gameplay 3D dès les premiers (et seuls) jeux. La Virtual Boy, quoi qu’il arrive, est unique en son genre.
Les perles du Virtual Boy :
Forcément, le Graal d’un possesseur de Virtual Console, c’est Virtual Boy Wario Land. Le meilleur jeu de la console, et surtout, le seul à n’avoir eu droit à aucun portage sur une console populaire. En vacances dans la forêt tropicale d’Awazon, Wario se repose. Soudain, il remarque d’étranges créatures masquées entrant dans une caverne secrète. Décidant de les suivre, Wario tombe alors dans une salle où est amassé un trésor fabuleux. Il essaye de le voler, mais juste avant qu’il sorte de la salle, le plancher s’effondre. Franchement, si vous avez cette console, il vous faut ce jeu (pourtant hors de prix).
Quant à la petite pépite que personne ne connaît, nous vous conseillons vivement Jack Bros.
Très sympa ce dossier. Bravo!
sympa l article…..bien que ces consoles sont des bouses absolues…..a part peut etre la 32x…..mais vu que le support a ete vite abbandone ….
Magnifique prose une nouvelle fois Wizzy! Un très bon résumé de ces consoles mal aimées. Une N-Gage aurait presque pu se faire une place dans cette liste (mais c’est aussi un téléphone il est vrai… :-))
Merci ! Tu vas me faire rougir. La N-Gage aurait pu en effet faire partie de ce top, il y a un excellent ou du moins un bon épisode de Sonic dessus non ?
je kifferai trouver un virtua boy
La Pokémon Mini est aussi très peu connue mais vraiment bonne et a une commu petite mais active
ah, je ne connaissais pas merci pour la découverte
Elle n’avait rien de réalité virtuelle.
Quand on voit les incompréhension chez Sega, on ne peut s’étonner de sa disparition du marché console.