Les Dieux barbotent, tout au fond de l’océan et n’attendent que nous pour décider du sort du monde. Monde qui se concentre en quelques lieux, tous aquatiques : douce lagune à l’eau couleur turquoise, temple millénaire immergé, forêt de varech, caverne insondable, noirs abysses… Nous y allons de bon cœur d’autant que les rencontres chaleureuses sont nombreuses, entre une loutre virevoltante et joyeuse, Lutra la chenille gloutonne marine ou un poisson globe fan de métal (!). Vous ne le savez pas encore, mais tout ce que vous pourrez dire sera retenu contre vous à la fin du jeu…
Pas de combat, pas de stress, pas de game over, Mythic Ocean est une aventure constituée quasi-exclusivement de dialogues, et relaxante, pour sûr, surtout si c’est entre deux parties de God Of War. Il faut papoter avec des Dieux donc, à tour de rôle, faire l’intermédiaire et accomplir de petites missions qui l’air de rien nous avancent à grand pas vers la fin du jeu (comptez deux à trois heures pour un premier run). Vu que ces Dieux ont une fâcheuse tendance à s’angoisser pour un rien, notre but est de leur redonner un maximum de confiance en eux.
Nous jouons donc tantôt les coachs de vie bien directifs, tantôt les fins et éminents psychologues ou les confidents tout plein d’empathie. C’est là que Mythic Ocean va nous faire faire des nœuds au cerveau. L’indécision est constante devant des choix de réponse tout en nuances. Tout se joue sur un mot, sur une ponctuation, une intention. Une réponse vous paraîtra peut-être plus offensive dans l’intonation qu’une autre, une autre sera davantage dans le compromis, mais laissera planer le doute. Qui sait à l’avance ?
Le problème est que le jeu est en anglais et que l’absence de traduction n’aide pas à saisir toutes les subtilités des dialogues (les variations de ton notamment), surtout si on a juste eu la moyenne au bac. Il est possible de valider une réponse en pensant bien faire, mais faute à une incompréhension minime, elle n’aura pas l’effet escompté sur notre interlocuteur. Vexer les Dieux ou refroidir leur enthousiasme sont en effet chose courante dans Mythic Ocean, multiplier ou diviser par deux vos chances de fails en fonction de votre niveau en anglais.
Les nombreuses fins du jeu, parfois apocalyptiques (alors que le jeu paraît tout mimi à la base), incitent à relancer la partie, mais le fait est qu’il nous faut rejouer toutes les scènes de dialogues en mode statique, pour des variations parfois infimes (heureusement, nous pouvons accélérer la vitesse des dialogues). L’autre pendant du jeu, en dehors des dialogues, est l’exploration des lieux et la découverte des pages perdues. Il s’agit d’une formalité que nous pouvons accomplir dès le premier run pour peu qu’on abuse du mode sonar et qu’on fouille avec un poil de méthode les différentes zones. Des zones peu nombreuses et plus exiguës qu’elles n’y paraissent au premier coup d’œil, l’univers de Mythic Ocean n’étant pas bien vaste.
Graphiquement, c’est poétique et joli, sans toutefois égaler l’océanique Abzu et sa faune marine foisonnante. Les textures sont simples, parfois trop, nous rappelant la 3D des débuts avec des rochers et du sable répétés jusqu’à plus soif. Il y a des jeux de lumière tels que nous pouvions en trouver dans Ecco the Dolphin Defender of the future, paru en l’an 2000 sur Dreamcast (une éternité, aujourd’hui !). C’est désuet et c’est mignon. Le tout est surtout rehaussé par des musiques particulièrement réussies, dans une veine new age : elles sont porteuses de rêves et de mystères et parviennent au jeu de sortir la tête hors de l’eau côté ambiance. Car sans elles, et sans l’ombre d’un doute, le jeu paraîtrait bien vide.
Conclusion
Aventure textuelle avec beaucoup de dialogues et une pichenette d'exploration, Mythic Ocean nous plonge dans une histoire de Dieux en proie au doute, avec lesquels il faudra ménager le chou (marin) et l'hippocampe, pour envisager l'avenir du monde en toute quiétude. À défaut d'être palpitant, c'est relaxant et charmant. Dommage, mille fois dommage que le jeu n'ait pas bénéficié d'une traduction...
LES PLUS
- Les musiques
- Un univers marin charmant
- Des rencontres en nombre et amusantes
- Des dialogues subtils
LES MOINS
- Pas de traduction