La chaleur vous stresse ? Vous avez envie d’un peu de détente ? Vous laisseriez-vous tenter par un petit défouloir virtuel histoire de libérer vos pulsions solaires ? Le studio Hero Concept a la solution ! Il vous propose ce beat’em up aux allures de bande dessinée en guise d’exutoire estival. Avec ses airs de déjà vu, Mayem Brawler saura-t-il se différencier ?
Ma référence à moi !
Lorsque nous lançons pour la première fois le jeu, nous constatons immédiatement certaines influences. En premier lieu, Mayhem est à l’origine un personnage de fiction appartenant à la série des comics publiée par Marvel. L’identité des protagonistes du jeu, leur profession et leurs capacités spéciales font référence à son héroïne, Brigid O’Reilly. Soyez-en sûr, les adeptes de BD américaines ne passeront pas à côté de cette indéniable ressemblance.
La patte artistique, elle, n’est pas en reste. Dans la lignée du dernier Streets of Rage, à mi-chemin entre dessin et cel shading, la similarité est frappante à s’y méprendre. Cependant, les graphismes, bien que soignés manquent de détails par rapport au titre de DotEmu. L’animation est également moins fluide. Certainement une volonté des développeurs de redonner ce petit côté saccadé des années 90.
Du côté de la bande son, ça déchire ! Les musiques sont inspirées de celles que l’on peut écouter dans les séries policières américaines comme S.W.A.T, Esprits Criminels ou encore Miami Vice. Vous castagnerez en rythme. D’autant plus que les bruitages sont tout à fait corrects. L’équilibre entre bande son et effets audio est parfaitement respecté. Ici, rien à envier au saint patron du genre, même si ce dernier est bercé par des grands noms de la composition.
Le scénario, bien que plus étoffé, reste un point sur lequel ce genre de jeu ne brille pas. Les méchants ont envahi la ville et menacent sa sécurité. Vous aurez pour mission en tant que super flic de l’agence Stronghold l’éradication des cartels de vampires, de loups-garous et autres monstres qui sèment la panique avec leurs trafics en tout genre… L’histoire vous tente ? Non ? C’est normal, comme à l’accoutumé, le décor est planté uniquement pour justifier la castagne qui vous attend. De l’action, non d’un chien !
Une fois cette passionnante intrigue posée, vous aurez le choix entre trois cybers policiers avec, pour chacun d’entre eux des spécificités physiques détaillées comme les dégâts de mêlée, la puissance, la résistance, la vitesse de déplacement ou encore la rapidité de régénération de vigueur. Ainsi, Trouble, Dolphin et Star incarneront successivement, comme la tradition le souhaite le personnage équilibré, la brute et la jeune femme plus rapide, mais moins endurante aux coups.
Le bon, la brute…
Le gameplay est simple. Par défaut, B sera la touche de saut, Y, l’attaque, X pour la capacité spéciale. Le bouton A vous permettra de prendre un objet ou un ennemi, de le soulever et de le jeter. Vous aurez également la possibilité de bloquer les coups adverses avec R. Vous apprendrez que cette option, au départ délaissée deviendra vite votre alliée. En effet, en plus de vous permettre de parer les coups et de ne perdre qu’une infime partie de votre précieuse jauge de vie, elle vous donnera surtout, elle aussi, la capacité de faire monter votre barre de super et ainsi pouvoir vous extirper de situations difficiles. Lorsque vous subirez une attaque au corps-à-corps ou une chope, votre coup spécial permettra de casser cette prise. Une alternative intéressante, surtout lorsque vous serez confronté à l’assaut d’une quinzaine d‘ennemis simultanément, selon le niveau de difficulté. Le titre vous laissera le choix parmi les 4 suivants : « bleu », « agent », « super héros » et « légende ». La difficulté sera bien présente à partir du second niveau. De plus, avec la possibilité de jouer jusqu’à 3 joueurs en coopération locale et d’obtenir les 3 fins différentes, la rejouabilité ne fait pas défaut à Mayhem Brawler surtout pour un titre du genre.
Le gameplay vous permettra également de déclencher une attaque surpuissante en appuyant deux fois vers l’avant suivi de la touche d’attaque. Celle-ci sera différente en fonction du personnage choisi. De même, en effectuant cette manipulation, mais en intercalant la touche saut, avant celle de l’attaque, un coup aérien sera déclenché.
A l’instar de Streets of Rage 4, un système de combos vous donnera la possibilité de cumuler vos attaques sous forme de « hits » et ainsi vous faire gagner plus de points. Tout comme sa référence, la frappe ennemie viendra casser la chaîne. Vous verrez alors le nombre de hits notés en haut à gauche de l’écran être remplacé par un impitoyable « Interruption ! », annihilant la multiplication de vos points acquis. Cependant, même en réglant les options sur « grand », les indications, tout comme les textes à l’écran sont relativement petits, surtout en mode portable. Pour un titre mettant en avant l’univers fantastique de super-héros, nous aurions apprécié que ce genre d’informations saute aux yeux à grands coups de flash colorés.
… et le truand !
Nous le savons, nous ne jouons pas à un beat’em up pour autre chose que le plaisir de castagner de la brute et faire monter notre score. Hero Concept a voulu rendre le scénario un peu plus original, sous forme de bande dessinée. Entre chaque niveau, vous trouverez une histoire contée par une voix off en anglais, mais avec un sous-titrage en français. Au gré des bulles dessinées dont la qualité d’écriture est proche de celle d’un enfant poète essayiste, longue et parfois dénudée de sens littéraire, autant vous dire que le bouton destiné à passer les dialogues nous a été utile. C’est bien dommage quand l’idée de départ aurait pu être bonne si la mise en œuvre avait été un peu plus travaillée. De même, investir le joueur par ses prises de décisions dans le déroulé du jeu était une innovation intéressante, mais pas assez exploitée. Ces multiples écarts font que ce titre passe à côté de ce qui aurait pu créer son identité.
Une chose est sûre, il y a tout de même du bon dans Mahem Brawler. Tout d’abord, on ne dispose certes que d’un scrolling horizontal, mais la diversité des ennemis et de leur pattern fait que l’on doit adapter son gameplay à chaque vague. Vous devrez vous confronter à une trentaine de gros méchants et 12 boss. Tout cela dans une variété de décors honorable.
Hero Concept ose même nous apporter de nouvelles propositions. Au-dessus de votre personnage et de chaque ennemi, se trouve parfois un pictogramme. Un petit canard signifiera que l’avatar mettra du temps à se relever en cas de chute. Une goutte de sang signalera une infection et une perte de vie progressive jusqu’à la disparition de cette icône. Deux états variables parmi d’autres. Le titre innove même sur les fondations du gameplay. Des armes utilisables seront présentes. Ajouté à cela les traditionnels bonus qui joncheront le sol. La différence se fera dans le fait que ces items ne disparaîtront pas avec le temps.
Vous pourrez ainsi adopter une toute autre stratégie de jeu afin de ne pas vous laisser dominer par l’ennemi. Un vilain costaud portant un canard au-dessus de sa tête aura tout intérêt à être vite mis à terre afin de traiter les autres, plus rapides mais moins forts. Prendre une mitraillette vous permettra d’immobiliser un ennemi à distance portant une arme à feu. Cela vous évitera de vous prendre une balle perdue lors d’un corps-à-corps.
Mais alors, victorieux de vos efforts, vous espérez sans doute avoir droit à des bonus, des choses à débloquer comme nous aimons les appeler nous, joueurs avides de suppléments. Eh bien, que nenni, rien, nicht, nada…ou presque ! Vous débloquerez le mode « Arcade » vous permettant de refaire le jeu avec un seul crédit. Wouhou ! Il faudra se contenter de rejouer avec le même contenu qu’au début. Cela nuit fortement à la durée de vie du titre. C’est un peu maigre en 2021 et au prix proposé.
Conclusion
Mayhem Brawler n’est pas un mauvais titre. C’est un jeu plaisant dont la direction artistique n’a pas de quoi rougir face à la concurrence qui a disposé de moyens financiers sans doute supérieur. Le pari était risqué, surtout face au mastodonte de DotEmu. Le défi est donc tout à l’honneur du studio Hero Concept. Nous ne pouvons que constater ses bonnes intentions. Il a souhaité construire son titre sur les bases solides du genre en y apportant son lot de nouveautés. Malheureusement, le manque de finitions pour aboutir à un projet digne de rivaliser avec ses pairs fait que ce titre nous laisse un sentiment amer. Difficile alors de se démarquer en créant sa propre identité dans le genre. Joueurs exigeants que nous sommes devenus, il nous en aurait fallu plus et mieux. Mayhem Brawler nous a truandés. Il nous laisse comme un enfant salivant devant le bel enrobage de ce bonbon qui, une fois mis en bouche s’avère un peu amer. Il restera néanmoins un choix judicieux si vous aimez le beat’em up et que vous avez fait le tour de l’indétrônable Streets of Rage 4.
LES PLUS
- Une bonne direction artistique.
- Le goût de la nouveauté…
- Sa rejouabilité.
- Le mode coop à 3 en local.
- Le bestiaire varié en nombre et patterns.
LES MOINS
- Répétitif.
- ...On l’aurait aimé plus approfondie.
- Rien à débloquer ou presque.
- Une durée de vie un poil faible.
- Un scénario...oui, mais pourquoi ?
- Manque de lisibilité des textes, surtout en mode nomade.
- La difficulté peut rebuter les amateurs.