Original ? Pour sûr, Bone Marrow l’est. Il mélange le concept du célèbre jeu indépendant 2048 avec une suite de combats à un contre un sur un damier, et des éléments typiquement RPG. Le tout baigne dans une exquise ambiance d’heroic fantasy à l’ancienne, du bon gros pixel, une musique dans le ton et une imagerie digne des pochettes d’albums de heavy metal dans les années 80.
Pour les règles, ne vous attendez pas à un tuto ou même à deux lignes de texte, il va falloir tâtonner un minimum du stick pour comprendre les mécanismes du jeu. Pour la principale règle, et celle-là, nous l’avons compris rapidement, il faut abattre les « streumons » de la zone un par un. Pour nous aguerrir, nous avons droit à trois types d’objets se trouvant sur le terrain de jeu : de la nourriture pour la vie, des épées pour l’attaque et des boucliers pour la défense. Les objets apparaissent à l’écran avec la valeur minimale de 2. À chaque mouvement de notre part, qui fait du même coup bouger ces lignes d’items (ennemis compris), deux objets de même type et de même valeur peuvent se cumuler, formant un objet à la valeur doublée. Nous pouvons donc avec astuce accroître la valeur des épées, boucliers et de la nourriture, avant de les récupérer et taper sur le garde zombie, rat ou autre chevalier fantôme nous faisant risette.
Un système « jour/nuit » rythme la partie : la nuit, vous ne pouvez rien avaler, seulement provoquer l’apparition d’objets mais le jour, c’est haro sur les items avec grosse baston à la clé… La map à parcourir n’est pas bien grande et se résume à 4 endroits distincts, 4 stages aux décors ultra-minimalistes (et tristounets) à la surface de jeu de plus en plus petite pour corser la difficulté. Pour finir un stage, le but est de monter son XP afin d’atteindre le niveau 6. Alors apparaîtra le Roi du niveau, à taper de plus belle.
Joli programme que voilà, tout ça ! Le problème, c’est qu’il y a une faille de San Andreas dans le gameplay. Nos ennemis n’engagent jamais le combat, en plus d’être dotés de stats qui ne peuvent pas augmenter au-delà d’un certain seuil. Pour les squelettes ou zombies les plus forts par exemple, les points de vie, d’attaque ou de défense n’excèdent pas 64 – oui, certains dans le dernier niveau affichent 150 ou plus, mais seulement durant quelques tours. Alors que nous, joueurs privilégiés, n’avons aucune limite de stats ! En veillant à nous maintenir à distance de l’ennemi, nous pouvons emmagasiner des points non-stop. Pire, nous pouvons muscler notre perso, façon gonflette sans fin, et ce sans même regarder l’écran, en pressant par exemple « haut-bas » ou « gauche-droite » en continu… De quoi devenir surpuissant tandis que l‘ennemi végète tout seul dans son coin, sans possibilité d’agir ou réagir. À la vue de sa tête de décharné, il a le moral dans les chaussettes.
Même en faisant mine de jouer intelligemment, le titre n’offre aucun enjeu particulier au cours de ses 2 heures, voire l’heure de jeu pour les plus rapides. Éviter un combat mortel restera une formalité tout au long. Votre seul véritable ennemi en jouant à Bone Marrow sera l’ennui le plus plombant, celui qui peut d’un coup de massue vous assommer à tout jamais. Sans « divulgâcher » quoi que ce soit (de toute façon, pour ce qu’il y a à « divulgâcher »), la fin s’affiche avec un écran fixe bien chiche et une pauvre ligne de texte : « Vous avez fini le jeu ». Super ! Un troisième combattant, un skin de guerrière sans autre plus-value, s’affiche désormais sur l’écran de sélection des persos.
Le jeu à deux est forcément plus engageant que le jeu tout seul, puisque l’ennemi (se trouvant à vos côtés), a plus de répondant. C’est mieux, nettement plus intéressant, mais ce n’est pas non plus la folie, la partie traînant souvent en longueur. Le système « jour/nuit » devient même pénible, car mal calibré avec la nuit qui paraît interminable, puisque nous ne pouvons agir autrement qu’en bougeant, quand le jour se termine trop rapidement et devient frustrant, les rixes ne durant que quelques coups… Un étrange paradoxe temporel, car les deux font pourtant la même durée ! L’autre défaut de ce mode 2 joueurs réside dans le retour au menu à chaque fois que le combat se termine. Le menu étant exclusif à un joueur solo, la Switch demande à chaque fois de reconfigurer la manette pour un joueur seul. Puis si vous voulez votre revanche, rebelote, il faut valider les deux manettes. De quoi donner envie d’écourter la partie une fois pour toutes !
Conclusion
À petit prix, Bone Marrow s'annonçait comme un sympathique puzzle game de poche, combinant des éléments RPG old school au jeu indépendant pour matheux, 2048. Mais ce concept original ne fonctionne tout simplement pas, à notre humble avis. S’il s’esquisse à deux joueurs, il s'agit juste d'un début de piste, une forme de "démo" à améliorer avant de passer aux choses sérieuses. En l'état, Bone Marrow n'est vraiment pas une grande réussite.
LES PLUS
- Un concept original
- À deux, c'est mieux !
- L'ambiance heroic fantasy
LES MOINS
- Pas de tuto
- Gameplay raté
- Aussi divertissant qu'un jour de pluie
- Aucun enjeu en mode solo
- Le dernier niveau, interminable !
- Quatre pauvres décors tristounets
- L'écran de fin ridicule
- Les retours au menu solo en mode deux joueurs