Depuis plusieurs mois, le développeur Mommy’s Best Games (Aka Nathan Fouts) s’est mis en tête de remettre au goût du jour ses premières productions, parues sur Steam et Xbox 360 (sur le Live Arcade), il y a de ça une dizaine d’années. Après Shoot 1Up et Explosionade, c’est donc au tour du lointain cousin de Contra, ado et boutonneux, j’ai nommé Weapon Of Choice, d’avoir droit à sa mention DX. Pour les présentations, il s’agit d’un run’and gun à l’ancienne, en 2D, dans un univers complètement barré, avec une pincée de plates-formes et beaucoup de mitrailles. Pour l’histoire, rien de nouveau à l’ouest, les E.T envahissent le monde et les américains envoient leurs meilleurs hommes pour les atomiser !
« Bon appétit, les amis ! » semble nous dire Mommy’s Best Games dont le logo est une bonne tourte aux pommes (ou à la citrouille). Les créatures extra-terrestres, souvent énormes, arborent des looks d’insectes difformes, avec des couleurs flashys et des corps bulbeux qui n’attendent que nous pour exploser en gerbes verdâtres. Artistiquement, Weapon Of Choice ne fait franchement pas dans la dentelle, mais tape directement dans le baril du mauvais goût assumé, hilare et fier de l’être, au son qui plus est, d’une guitare hurlante. Du plutonium concentré pour pêle-mêle des couleurs salement assorties, des animations rigides en papier découpé façon South Park, ou encore ce look impayable de nos soldats, sortis tout droit d’un comics book de 36ème zone. Cela peut piquer les yeux et les sensibilités des plus esthètes d’entre nous, pour sûr.
Mais dans le fond, Weapon Of Choice est bien plus qu’un nanar cynique ou un jeu maladroitement assemblé. Il y a quelque chose de l’ordre de la candeur, c’est comme si des dessins de G.I Joe face à des armées de « mutants/aliens/zombiesdélicieusementdégueux » prenaient vie. Vous savez, ceux qui remplissaient les coins de pages d’un cahier de maths d’un collégien. Nous pouvons tout à fait se dire en jouant à Weapon Of Choice que c’est l’œuvre d’un ado âgé de 13 et demi, qui croit dur comme fer en ses créations. Du métal dans les écouteurs de son walkman. Et devant l’immensité, la majesté même, l’excentricité allumée de certaines bestioles, nous devinons derrière tout ça une forme de croyance singulière dans le pouvoir de l’imagination. Tout est imaginable, même l’inimaginable, et cela dépasse le simple cadre de la bonne blague potache.
Alors réflexion philosophique, s’il y a, bien entendu, elle est éphémère, comme la durée de vie de ces petits oiseaux, gentils, qui volètent insouciants, entre deux ennemis, et qui donnent droit un trophée si on les décanille d’une trainée de bastos. Toujours dans le registre du encore plus, toujours plus, le programmeur s’est fait plaisir avec ces armes improbables et totalement délires, chacune étant spécifique au héros (trois au départ) que l’on choisit. Pour seul exemple, le beau gosse du Kentucky, Xerxes, a une tuyère de fusée, qui lui permet de faire fondre par le feu n’importe quel bulbeux, mais aussi de se projeter haut dans les airs, la flamme vers le sol tout en double sautant… Et il a également un fusil mitrailleur qui se déploie avec l’aide d’une corde défiant toute forme de gravité !…
En sauvant nos soldats perdus dans les méandres des niveaux, les premiers runs seront l’occasion de renforcer notre glorieuse team (jusqu’à 7 persos), et donc d’obtenir de nouvelles armes, l’occasion idéale de découvrir la fantastique tronçonneuse plasmique géante ou la géniale lance allume-gaz. Nous aurons droit également à de nouvelles capacités pour s’élever dans les airs (le double saut change suivant le perso). De quoi donner envie de rejouer abusivement pour les tester tous.
Ajoutez à ce panel d’actions, des bras mécaniques dans le dos façon Dr. Octopus, et ce quel que soit le perso. Ils permettent de se mouvoir à la verticale ou de s’accrocher au plafond ou à des lianes. Et au final, vous avez droit à un jeu super jouissif à jouer. Quand bien même, les commandes ne sont pas d’une précision folle à certains moments, les plus confus notamment (surtout en difficulté Mega Whicked, la plus élevée du jeu).
L’excellente idée du jeu est qu’il n’y a pas de barre de vie, ou de vie a proprement parlé. A la place, il y a un système de ralenti lorsque la mort est imminente, ce qui nous permet de nous sauver en une fraction de seconde de la tombe. Si notre perso trépasse, point de vie donc, mais nous avons le choix parmi les survivants. Et nous pouvons même sauver celui qui vient de se faire dessouder en le prenant sur les épaules, façon Chuck Norris dans Portés Disparus.
L’autre bonne idée est qu’il y a plusieurs chemins et qu’ils amènent à des boss et à une fin différente. Le problème c’est que chaque run (comptant donc trois niveaux) dure à tout casser une quinzaine de minutes et qu’au final si on fait les comptes, il n’y a que 7 niveaux, 4 chemins et 4 fins possibles. 2/3 heures de jeu suffisent à boucler plusieurs fois le jeu sur plusieurs modes de difficulté et avoir la sensation d’en avoir fait un peu le tour. Même au prix de 5,99€, il y a une part de frustration. Oui, le programmeur a pris soin de différencier chacun des niveaux, avec une petite mise en scène, une histoire, un bestiaire hallucinant et hallucinatoire et des contraintes propres à chacun. Et certains niveaux sont d’une taille plus que respectable. Quelque part, le petit monde de Weapon Of Choice est parfaitement cohérent et équilibré… Mais en termes de contenu, il lui manque cette densité qui l’aurait fait dépasser le stade du jeu super cool et pas cher, à celui de killer dans genre du Run and Gun.
C’est d’autant plus regrettable que cette version DX n’apporte que des améliorations cosmétiques (une meilleure résolution) et d’équilibrage (concernant les modes de difficulté), par rapport à la version d’origine. Nous aurions pu obtenir des niveaux inédits comme nous en avons eu droit dans Explosionade DX ou Shoot 1up DX ou un nouveau personnage, ce qui aurait été délire vu l’équipe de barjots que l’on se traîne. Mais Weapon Of Choice ne s’aventure pas dans la nouveauté. C’est un choix. Le plus important, tout compte fait, c’est que le jeu soit découvert par de nouveaux joueurs et que le temps d’une partie fiévreuse, le plaisir, en plus d’être hirsute et immédiat, s’avère plutôt élevé.
Conclusion
Run and Gun atomique, Weapon Of Choice manie l'art du bourrinage avec l'improbable. Des bestioles gigantesques sorties d'un cerveau ayant abusé du bâton de colle aux armes toutes plus folles les unes que les autres (la lance allume-gaz à tête chercheuse, il est difficile de nous en remettre), d'une action totalement jouissive, mais hélas, éphémère, cette version DX aurait peut-être mérité davantage de niveaux (ou de nouveaux persos) pour taper un grand et ultime coup sur la tête de chacun s'y essayant.
LES PLUS
- Fou, complètement fou
- Fun, absolument fun
- Des armes délires
- Des bestioles hallucinantes
- 7 persos bien différents
- Le ralenti pour se sauver d'une mort certaine
- Les différents embranchements
LES MOINS
- Un style graphique qui peut déplaire
- Court, même en le refaisant plusieurs fois
- Pas toujours d'une précision folle
- Pas de réelle nouveauté par rapport à l'original