Six mois après une sortie remarquée et remarquable sur notre console hybride et moustachue, Doom Eternal accueille ses premiers DLC. Disponibles aussi bien en version stand alone qu’en supplément du jeu original et intégrés au season pass, il y a décidément beaucoup de façons de tomber entre les griffes affûtées du Demon Slayer. Mais alors que nous avons déjà exterminé à tours de tronçonneuse une bonne partie des créatures des Enfers, des cieux et de la Terre, le titre mérite-t-il que nous revenions finir le travail ? Il vous faudra attendre la fin de ce test pour connaître la réponse, malheureusement effacée par une traînée de sang.
Avant le commencement, il n’y avait pas rien
Après avoir sué sang et eau pour venir à bout du dernier boss de la campagne principale de Doom Eternal, il va falloir remettre les mains dans la tripe pour découvrir la suite de la vie trépidante du Demon Slayer. Première remarque, la difficulté se hisse d’emblée au niveau de la fin du jeu de base. Toutes les armes et leurs mods sont d’ailleurs disponibles. Pour qui ne s’est jamais essayé à la licence, il est inutile de commencer par The Ancient Gods en version stand alone, d’abord destinée aux joueurs d’autres plateformes souhaitant profiter des DLC en nomade sans racheter le jeu originel, lequel nous vous conseillons de boucler au préalable, sous peine de vite lâcher cet add-on.
[Attention spoiler alert, la suite de ce paragraphe dévoile des informations sur Doom Eternal.] En effet, six mois déjà après avoir vaincu l’icône du péché, se replonger dans Doom Eternal: The Ancient Gods, constitue en soi un vrai challenge, même en mode normal. À ce titre, la première heure de jeu – de la première des deux parties – s’en trouve vite réduite à une succession de morts honteuses, qui ont au moins le mérite de rappeler à notre bon souvenir l’ensemble des mécaniques introduites au fil du jeu de base. Étonnamment la seconde partie, plus équilibrée, nous laisse reprendre nos esprits avant d’envoyer du lourd. Nous ne saurions donc que trop vous conseiller, au préalable, une petite balade de santé sur Doom Eternal, afin de vous réapproprier les contrôles et patterns des différents ennemis.
C’est pourquoi d’un point de vue financier, cette version stand alone pose question. Au vu de la quasi-nécessité d’avoir survécu au jeu de base avant d’espérer en profiter, il vous en coûtera 90 euros pour l’achat cumulé du stand alone et de son illustre aîné au prix fort. Un tarif prohibitif, bien que chacune des parties fusse indépendamment proposée à 20 euros pièce, ainsi que le DLC dans son intégralité à 30 euros – l’option que privilégieront les mordus du mode portable ayant conclu l’aventure de base sur une autre plateforme, comme nous l’évoquions précédemment. Un large éventail d’offres, donc, prélude sans doute à la publication d’une version gold d’ici quelques mois.
Pour bien débuter, il faut se lancer
Après un téléchargement tout à fait dérisoire de plus de 20 Go, vient le temps de se lancer. Notre périple débute là où nous l’avions arrêté, après la défaite de la Khan Maykr. Nous apprenons que des démons restés sur Urdak, l’équivalent du paradis doomien, tentent de corrompre les lieux. « Que nenni !« , s’insurge alors le Doom Slayer en une prose joliment inspirée d’un quatrain romantique du 16ème siècle. Comprenez par là qu’il fait les gros yeux derrière son casque et s’en va défoncer du monstre… N’empêche qu’un peu de poésie ne lui ferait pas de mal !
Nos déambulations sanguinolentes dans le sillage du Doomguy nous mèneront en six lieux distincts, à raison de trois niveaux dans chacun des deux volets du DLC : une base navale sur une plateforme marine en pleine tempête, les marais de sang et Urdak dans le premier, suivis des steppes, d’une terre ravagée puis d’Immora capitale des enfers, dans le second. Le scénario dont nous déroulons petit à petit le fil blanc, n’offrira que de rares surprises tant elles se repèrent des kilomètres en amont. Saluons néanmoins l’effort d’enrichir l’univers général de la licence, à la narration d’ordinaire largement dispensable, et l’épique mise en scène de certaines séquences, à l’image de la bataille finale : de quoi achever son voyage surmotivé !
Dans la continuité des épisodes précédents, nos parties alterneront entre phases de combats acharnés et moments de respiration, consacrés à l’exploration et la découverte de secrets. Il faudra rester constamment en mouvement afin d’éviter que notre avatar ne devienne une cible facile, au sein de niveaux composés de plateformes et d’arènes. Les sauts, double-sauts, dash et autres agilités que nous procurent les mods d’armes s’enchaînent à un rythme endiablé, qui n’ira qu’en s’intensifiant tout au long d’une boucherie d’une petite douzaine d’heures, inégalement réparties entre le premier chapitre (8h) et le second (4h). Une durée de vie à diviser par deux, voire plus, pour ceux dont le skill de base ne flirte pas avec le néant, parce qu’ils auront su conserver les réflexes durement acquis six mois plus tôt. Ce à quoi la sagesse populaire rétorquera de faire « avec ce qu’on a, ma bonne dame » !
Le changement dans la continuité
Dans la première partie du DLC, des petites nouveautés de gameplay se manifestent dès le second niveau. Tout d’abord, à travers les combats en mode « purée de pois » au cœur des marais de sang, où la visibilité ne dépasse pas trois mètres dans certaines zones d’intense brouillard : la difficulté s’en fait ressentir et franchit un cran supplémentaire quand débarque le premier nouvel adversaire qui, boostant les sbires, n’arrange rien à nos affaires déjà compliquées par la présence de pièges. Au sortir de ces deux zones très sombres, brutale transition que l’arrivée sur Urdak dans le Holt, direction le Luminarium, dont les environnements aux tons chauds et vibrants semblent nous tendre les bras : ne vous y fiez pas, c’est là que surgit le second nouvel ennemi, en sus des hordes de démons toujours à nos basques. Bien plus technique, il demande de l’observation et de la technique pour être vaincu, au seul moyen d’un tir en pleine tête à un moment très précis. Les boss de fin des niveaux 2 et 3 se montreront tout aussi coriaces, à la fois longs et difficiles, le digne condensé de ce qu’exige Doom Eternal en matière de maîtrise des techniques et de connaissance des monstres.
La seconde partie du DLC, étrangement plus accessible que sa grande sœur, ne manque pas non plus de nouveautés. Le niveau d’introduction fait la part belle à la plateforme. Dans des décors bien plus aériens et végétalisés que ceux déjà visités, nous aurons l’occasion de déployer toute les capacités du Slayer pour se frayer un chemin parmi des ruines moyenâgeuses, cabriolant entre deux affrontements homériques. Le retour en des terres partiellement libérées des forces démoniaques, nous amènera à côtoyer une palanquée de monstruosités inédites, variations d’ennemis mineurs déjà croisés tels ces soldats d’élite dont le bouclier n’explose plus au contact du plasma, qu’il faudra contourner. Vous pourrez également vous essayer au marteau, qui permet d’étourdir les ennemis alentour tout en ayant un effet sur les autres armes en votre possession. Les confrontations en deviennent encore plus dynamiques – si, si, c’est possible ! – et les changements d’armes frénétiques en fonction de la nature des monstres. Une simple mise en bouche, cependant, avant l’ultime troisième monde, tout bonnement démentiel !
Panic Button je t’aime
Par les bons soins de Panic Bouton, toujours aux commandes de la version Switch, le portage s’avère en tout point identique à l’opus fondateur : fluide en 30 fps, étonnamment très fin graphiquement (même en docké) et définitivement impressionnant, en dépit d’une résolution plus faible que la mouture Pc, de la présence d’aliasing et de modèles 3D moins détaillés. L’expérience visuelle extrêmement propre, aussi bien en mode docké qu’en nomade, constitue un véritable tour de force.
Les contrôles sont toujours aussi exigeants, mais parfaitement calibrés. Chaque bouton prouve rapidement son utilité. Tirer, sauter, dasher, s’accrocher aux parois, tronçonner, enflammer et finir par un glory kill : sans accroc, la maniabilité répond immédiatement à nos moindres sollicitations. Les joy-cons eux-mêmes n’ont pas à rougir de la comparaison avec la manette pro, plus adaptée à la visée. Le gyroscope propose, quant à lui, une alternative toujours bienvenue.
Pour ne rien gâcher, la bande-son d’Andrew Hulshult et David Levy, un modèle de composition lourde et enivrante, nous entraîne toujours plus loin sur le chemin de l’éviscération. Les deux compères, qui prennent le relai de Mike Gordon à la manœuvre sur le titre précédent, saturent nos oreilles de guitares hurlantes et de basses profondes. Les morceaux, nerveux et angoissants à souhait, conformément au cahier des charges de la série, sauront à coup sûr vous pousser à vous transcender !
Conclusion
Toujours aussi rythmé, technique et absolument magnifique sur notre Switch, en docké comme en nomade, cet add-on à Doom Eternal prolonge l’expérience de la plus belle des manières. Dopés par le challenge présent dès les premières secondes sans échouer à se renouveler, notamment grâce à l'intervention d'adversaires aux capacités inédites, les joueurs en manque d’étripage de démons savoureront les joies simples d'une bonne cuvée de sang ennemi se déversant par litres entiers sur notre écran. Réjouissons-nous que quelques-uns des nombreux adjectifs convenant à décrire Doom Eternal, frénétique, intense et jouissif, siéent tout autant son DLC, The Ancient Gods !
LES PLUS
- La partie graphique, toujours aussi étonnante pour une Switch
- La bande-son metal, parfaitement adaptée à l’univers et à l’action
- Le gameplay, toujours aussi technique et jouissif
- L’ajout de nouvelles capacités pour les monstres, qui complète le gameplay déjà bien fourni sans redondance
- Les contrôles, toujours aussi précis
- La durée de vie de 12h pour les deux parties, plutôt bonne…
- L'ensemble des mécaniques à mettre en place, directement disponible dans le codex
- La manette pro et le gyroscope, parfaitement adaptés au jeu
- Le scénario, sommaire mais concluant parfaitement l’histoire
- L’ajout du marteau, dans la seconde partie, qui simplifie les combats juste comme il faut
- Un final tellement épique que les poils s'en dressent !
- Le multijoueur accessible dans les versions stand alone
- Les deux parties disponibles en stand alone
LES MOINS
- Mieux vaut avoir joué à Doom Eternal pour profiter pleinement de ce DLC, notamment de sa première partie
- … bien que les joueurs expérimentés risquent de le finir beaucoup plus vite
- L’achat à l’unité (20€) plutôt élevé, surtout concernant la seconde partie
Super test je suis sur la 2eme partie et c’est toujours aussi bluffant visuellement. Hâte de découvrir le combat de fin et la conclusion des aventures du Doom Slayer