Ta ! Tatata ! The Eyes of the Tiiiiigeeeeer. Indémodable et irrattrapable en termes de motivateur, le titre de Survivor est toujours associé à la saga Rocky, devenue depuis quelques années la saga Creed. Le Studio Survios l’a bien compris et après un épisode VR, Creed : Rise to Glory, très convaincant, il remet le couvert pour proposer, sur toutes les consoles, son jeu de boxe. Prenant la forme d’un Vs fighting en 3D, nous allons pouvoir retrouver toutes les gloires de ce monument de la pop culture dans un seul et unique titre. Sera-ce suffisant pour nous entraîner dans des parties endiablées, alimentées de déclaration cinglante tel « Adrienne » ? c’est ce que nous allons découvrir tout de suite.
T’as appris ta leçon ?
Comment faire un bon jeu de combat. La recette commence à émerger. Étudier des franchises telles celles des King of Fighters ou Street Fighters, pour ne citer quelles, nous permet de comprendre ce qui a fait leur succès. Nous pourrions résumer leurs points forts en deux mots : technique et personnalité. Pour attirer le joueur et le garder dans son giron, il faut proposer un gameplay où la technique est le fil conducteur. Des frappes différentes avec des points forts et des points faibles, des contres efficaces, des annulations d’attaques adverses et des combos dévastateurs. Voilà ce qui a fait la force des titres précédemment évoqués.
L’autre point cité concerne la personnalité du titre et de ses protagonistes. Il faut que chaque combattant soit unique. Que l’on parle de sa palette de coup ou de sa patte graphique, un combattant se doit d’avoir un style bien différent des autres. C’est cette multiplicité de variantes qui va permettre au joueur de trouver son avatar préféré. Celui avec lequel il se sent prêt à défier la gentry du jeu de combat, que ce soit en local ou en ligne. Voyons où se situe Big Rumbe Boxing : Creed Champions dans ces deux catégories.
La technique de l’entre-deux
Tout commence dans le meilleur du Vs Fighting dans ce Big Rumble. Un petit tour dans les commandes nous apprend que nous avons la possibilité d’utiliser deux sortes de coups : simple ou lourd. Nous pouvons aussi enchaîner des frappes pour effectuer des combos ayant différents effets tels que maximiser les dégâts ou briser la garde de notre adversaire. Nous aurons à effectuer des contres, nous mettre en position de défense, esquiver en tournant autour de notre adversaire et envoyer un super coup via une jauge de charge. Tout semble en place pour fournir une expérience de jeu se rapprochant des standards du jeu de combat.
C’est parti pour le premier round. La mise en place de tous ces mouvements se fait facilement. Rien de très compliqué à effectuer. Pas de quart de tour ou autre manœuvre risquant de nous abîmer les ligaments de la main. Et c’est justement le problème, la simplicité est bien trop présente et le manque de folie dans les coups que nous sortons en est le juste témoin. La sagesse de ces coups rapproche le titre de Survios des simulations. Toutefois, l’absence de barre d’endurance arrête rapidement cette comparaison. Nous pouvons faire pleuvoir les coups sur notre adversaire sans avoir besoin de nous arrêter.
Bien sûr, cet opposant pourra se mettre en garde ou lancer un contre pour nous obliger à réfléchir à la meilleure façon d’envoyer nos directs à la mâchoire et nous devrons faire de même pour briser ses séquences d’attaques. Là encore, nous nous trouvons à mi-chemin entre la simulation et le pur jeu d’arcade. Se mettre en garde semble une option intéressante, l’impossibilité de bouger nuit complètement à notre attaque, pire la garde et la contre-attaque utilisent la même touche. Il faut donc subir une attaque pour contrer notre adversaire. C’est le choix le plus étrange dans les contrôles proposés.
Toujours dans les choix à mi-chemin entre l’arcade et la simulation, il est temps d’évoquer les déplacements. Nos combattants évoluent sur des rings dans un espace en trois dimensions. Il est tout à fait possible de tourner autour de notre adversaire, de s’en éloigner ou de s’en rapprocher. Toutefois, notre déplacement se fait toujours avec notre opposant comme centre de gravité. Nos mouvements sont loin de rendre hommage au noble art. Les poids lourds que nous dirigeons n’ont aucune souplesse dans leur déplacement, il faut oublier la maxime de Mohamed Ali « vole comme le papillon, pique comme l’abeille ». Nos mouvements sont lourds et nous n’avons aucune possibilité d’accélération. Nos esquives s’en ressentent et sont trop souvent inefficaces.
Le dernier point à mentionner concernant le gameplay aborde la gestion des KO. Une fois mis à terre, nous avons bien sûr 10 secondes pour nous relever. Il faudra toujours mettre l’adversaire quatre fois à terre pour gagner le combat. Une mise au tapis redonne toute la vie à l’infortuné ayant perdu son protège-dents. Le choix est clairement orienté arcade. Les combats changent du tout au tout. Après avoir réussi à faire mordre la poussière à notre adversaire en le bourrant de coups, il va falloir gérer pour faire baisser sa barre de garde ainsi que sa barre de vie avant de le remettre à terre, le tout sans que la nôtre chute trop brutalement. Enchaîner deux mises au tapis de suite ne sont jamais évidentes.
Ce mélange arcade/simulation fonctionne plutôt bien. Très vite, nous comprenons l’intérêt de mettre en place les combos pour faire chuter la barre de garde et charger notre jauge de spécial. L’esquive et les déplacements, malgré leur lourdeur, fonctionnent plutôt bien et seul le système de garde et de contre est mal ficelé. Les combats demandent de la concentration, mais ils sont trop répétitifs et manquent de punch, et cela essentiellement du fait de la personnalité des personnages proposés.
Le trouble dissociatif d’identité
Les combattants se doivent d’avoir des personnalités bien distinctes et des styles de combats différents. Malheureusement ici, tous les protagonistes possèdent la même palette de mouvements. Au nombre de 20, dont dix à débloquer en avançant dans le mode histoire, ils ne diffèrent que par l’animation de leur super attaque. Ils possèdent tous la même vitesse et les mêmes attaques. C’est le gros point noir de Big Rumble. Aucun équilibrage ne sera jamais nécessaire pour ce titre dont tous les challengers combattent avec les mêmes armes.
Et c’est vraiment dommage, car, au niveau du fan service, le contrat est rempli. Entre Rocky, Adonis Creed, Cluber Lang ou encore Ivan Drago, nos choix sont vraiment variés, d’autant plus que chaque personnage possède une trame narrative qui lui est propre. Que nous choisissions de jouer avec le gardien de la sécurité, un des héros des films ou le sparring-partner vu 2 minutes dans le second opus de la série, l’effort de mise en place d’une histoire est intéressant. Bien sûr, faire entrer touts ces personnages dans un tout respectant les œuvres originales ne se fait pas sans anicroche, mais les saynètes entre les combats sont vraiment sympathiques.
Toujours dans cet entre-deux entre arcade et simulation, dans le mode arcade, qui se trouve être le mode histoire, très régulièrement, nous pouvons effectuer des mini-jeux d’entraînement. Plutôt longs, ils ne servent malheureusement à rien. Obtenir une, deux ou trois étoiles n’améliore jamais nos coups et si taper dans un sac de frappes en incarnant Rocky avant ses combats est entraînant la première fois, le manque de renouvellement et d’intérêt de ces mini-jeux est vite frustrant.
Le verre à moitié vide
En termes de contenu, si le mode arcade est irréprochable avec sa narration originale pour chacun des 20 personnages, le reste est bien plus douteux. Nous avons bien sûr un mode versus, qui permet de se mettre des bourre-pifs virtuels entre amis en mode local sur un même écran. C’est très bien, mais ce n’est que le minimum syndical de ce qu’un jeu de combat doit offrir. Aucun mode online n’est disponible, que ce soit en termes de combat ou en termes de partage de high score.
Le mode entraînement est lui aussi bien trop famélique. Nous faisons face à un sac de frappes humain qui subit nos assauts sans réagir, mais aucune directive ou demande d’enchaînement à réaliser avec une note jugeant notre prestation ne vient nous guider pour nous permettre de maîtriser les contres et les combos.
Les graphismes subissent la même malédiction. Si nous avons le choix de combattre dans de nombreux lieux iconiques de la série, ceux-ci n’ont aucune personnalité. Aucune animation de foule en délire ne viendra animer nos combats. Seuls les thèmes musicaux devenus légendaires seront présents et viendront relever le niveau général d’une ambiance trop terne.
Conclusion
Le dernier titre de Survios, Big Rumbe Boxing : Creed Champions est un jeu de combat qui ne semble pas savoir où se situer. Il tente de se montrer respectueux de la licence Rocky en mettant en place des combats réalistes sans extravagances. Mais cette volonté est mise à mal par un gameplay qui se rapproche plus des mécaniques des jeux de versus fighting. Il manque bien trop de variété dans ses techniques de combat pour tenir sur la longueur. Toutefois, avec son fan service pleinement assuré et son mode campagne convaincant, il plaira au fan de la licence qui voudra revivre les affrontements sans être trop exigeant en termes de mécaniques de jeu.
LES PLUS
- Le mode arcade est très complet avec ses 20 récits différents
- La bande-son de la série est présente
- Le gameplay tente de se montrer complet…
- La jauge de garde à faire baisser fonctionne bien
- Les intermèdes entraînements sont un clin d’œil sympathique…
- Incarner au choix Rocky, Creed ou Clubber
- Lang, ça n’a pas de prix
LES MOINS
- … mais il manque cruellement de variété
- Tous les combattants ont la même palette de coup
- Le mode entraînement est quasi-inutile
- Les arrière-plans sont trop fades et manquent d'animation
- Les combattants sont trop raides et lents
- … mais ils ne servent à rien