Votre boulot vous stresse, bébé pleure parce qu’il fait ses dents, vous avez fait tomber vos clés de voiture dans la bouche d’égout, pendant que bébé pleure ? Restez zen, soufflez un bon coup et jouez plutôt à Townscaper. Production vidéo-ludique atypique, et à contre-courant de toutes les modes (en vrac, des die and retry et autres trucs où vous allez mourir dans d’atroces souffrances, pour tout recommencer depuis le début, en hurlant à la mort), Townscaper va vous permettre de construire vos villes et de revenir aux temps insouciants des Legos, lorsque vous placiez vos petites briques une à une avec vos petits doigts menus, l’air sérieux comme un pape.
Le jeu démarre… Il est temps de cliquer sur cette étendue d’eau salée qui vous permettra de construire un pan de terre meuble, cliquer à nouveau et de petits hameaux se dresseront fièrement pour briser la ligne d’horizon. C’est simple comme « Bonjour, Monsieur, vous avez un lacet défait. »
Tout est intuitif dès les premières minutes de jeu. Certes, les possibilités sont limitées. Il n’est, par exemple, pas possible de choisir un bâtiment parmi une liste préétablie, comme dans la majorité des city-builder. Chaque « clic » sur ce que l’on vient de construire changera l’aspect de la bâtisse, tout en augmentant sa taille. Nos bâtisses peuvent donc prendre l’aspect de petites maisonnettes au ras du sol, puis en cliquant plus ou moins frénétiquement, ces dernières se transformeront en immenses immeubles aux façades colorées, comme on en voit dans les pittoresques villages italiens de bord de mer.
Avec une pincée d’élégance (en cliquant au bon endroit, avec discernement), il est possible de parsemer notre chaos urbain avec de grandes et majestueuses tours. Et de s’apercevoir à base d’innombrables essais que chaque clique changera l’environnement de manière amusante. Un petit passage dans les options, nous permet, croit-on, de faire le tour du jeu : nous pouvons changer la couleur des bâtiments, l’angle de vue, changer l’heure de la journée (pour avoir notre village éclairé par un beau soleil couchant), apposer une grille sur la surface de l’eau afin de mieux visualiser notre espace de jeu et… Et c’est à peu près tout.
Il y a peu de possibilités… Et pourtant, nous pouvons faire des ponts inimaginables, des trous dans les immeubles, faire des petits patios pour que chacun des habitants, que l’on ne voit jamais, mais que l’on devine, en profite et des mini-parcs bien entretenus. Et passé des heures à construire et à raboter notre bourgade, il nous est arrivé de découvrir quelques surprises (de petites animations mignonnettes jamais vues, des détails graphiques tordants sans parler des volatiles qui s’envolent dès que vous leur détruisez leur nid d’amour) et de nouvelles créations possibles (le phare par exemple), ce qui suscite un réel étonnement…
Townscaper fleure bon le minimalisme, typique des productions indés. Ici, nous revenons à l’essence même du bac à sable (et que fait-on dans un bac à sable ?), une invitation sans contrainte aux plaisirs simples et joyeux de la création. Il n’y a pas de challenge, pas d’objectif à remplir, il n’y a pas non plus d’armée à détruire avant qu’elle ne saccage toute votre œuvre. Et de limite de temps, encore moins.
Tout est paisible dans Townscaper. Vous jouez à votre rythme et selon vos envies. Le jeu ne vous oblige en rien et vous ne vous engagez à rien, sinon à faire la plus belle île à vos yeux, ou la plus délire. Townscape se définit donc avant tout comme un passe-temps relaxant. Et pour ceux qui pourraient se lasser de cette absence totale de challenge, rien ne vous empêche de le mettre de côté et d’y revenir plus tard après une partie (de Dark Souls ou autres jeux avec lesquels vous aimez souffrir) qui mobilisera plus vos nerfs. Pour une ultime métaphore « biberon et couches », Townscaper serait comme ce jouet tout rond et tout mignon que bébé délaisse plein de bave pour le truc électronique qui fait plein du bruit là-bas, avant que bébé n’y revienne en le redécouvrant totalement, l’air ébahi.
Conclusion
Qu'il est difficile de noter Townscaper, car le jeu défie de manière assumée notre soif de gloire et de récompense en ne proposant aucun défi ou challenge. Le seul objectif est de laisser libre cours à notre imagination, et de faire la plus belle ville possible ou la plus extravagante à nos yeux. Graphiquement plaisant, jouable de manière intuitive aussi bien à la manette qu'en mode tactile, c'est vous, finalement, qui définirez le mieux Townscaper : un petit jeu comme on en fait plus, un bac à sable sans lendemain, car manquant de possibilité, un passe-temps délassant devenant peu à peu incontournable ou bien un bijou ludique d'une exquise finesse.
LES PLUS
- Absence de directive pour liberté totale
- Intuitif
- Relaxant
- Mignon graphiquement
- Des petits détails attendrissants
- Poétique
LES MOINS
- Peut lasser, faute de challenge
- Des possibilités restreintes