Pour qui aime gérer ses plantations de navets et de carottes, il devient assez simple de trouver un jeu de gestion de potager afin de mettre en application ses pulsions rurales. Viennent souvent s’ajouter quelques poules pondeuses et autres bétails plus ou moins productifs que le joueur adore dorloter quotidiennement. Citadines et citadins peuvent dès lors vivre au grand air sans sortir de leur coquet appartement. Il est moins courant, en revanche, de trouver le style campagnard jumelé aux joyeux pixels en folie, reprenant les codes célèbres de Minecraft, où le Cube est à la base de tout (et de rien). Staxel relève l’audacieux défi de mêler ces genres aguicheurs, pour notre plus grand plaisir.
Développé par Plukit, Staxel s’ouvre par la conception de son personnage. Un concept pourtant usé jusqu’à l’os, mais nous y prenons toujours un grand plaisir. Jouer avec un personnage à son image (ou tout du moins, celle que nous avons choisie), est un bon point. Allons même jusqu’à dire, un bon début.
Tambouille de Minecraft à la ferme
À peine arrivé dans notre bâtisse que notre bonne impression originelle se poursuit avec délice : la prise en main est automatique, avec une agréable aisance dans la mobilité du personnage. Les graphismes surprennent, bien entendu. Nous sommes dans un univers cubique à souhait, comme prévu. Les couleurs n’en restent pas moins chatoyantes et notre immersion est agréable. Poursuivons.
L’extérieur nous appelle. Nous y découvrons Fan, un PNJ avec une épaisse chevelure rigolote, qui s’empresse de nous faire un brin de causette afin de nous souhaiter la bienvenue et nous énoncer les balbutiements des tâches à venir.
Rapidement, nous allons prendre nos marques en ville, découvrir ses habitants et leurs pétillantes échoppes. Max, le maire, nous salue ; Leif, l’épicier, nous fait l’honneur de quelques graines et outils afin de pouvoir rentrer dans le vif du sujet : la gestion de notre petit lopin de terre.
De retour chez nous, nous nous empressons de nous atteler à la tâche : labourer, planter, arroser. Le triptyque traditionnel qui marche à tous les coups. Nous sommes surpris par la gestion du carré d’action face à nous tandis que nous dégainons notre binette. En effet, nous avons quelque peu tendance à taper le carré d’à côté. Il nous faudra un ou deux coups manqués pour finalement obtenir un joli petit potager. Il ne compte pour le moment qu’une seule variété, mais c’est un début. Un bon début.
La multiplication des récoltes n’est qu’une question de temps. Et avec elle viendra le temps de l’élevage, avec son panel de vaches, de poulets et de moutons. Les animaux domestiques célèbres ne seront pas en reste…
En parallèle, nous nous amusons à récolter tout ce qui passe sous nos doigts, prêts à la collecte. Fleurs et multiples écorces de terres et de cailloux viennent se loger dans notre inventaire. Nous espérons retrouver rapidement les préquelles de Minecraft et son plaisir indéniable de crafter à tout va, afin de construire tout ce que notre imagination nous inspire (bien distincte en fonction de chacun d’entre nous, admettons-le !). Nous y reviendrons…
Tu le fais à combien, ton navet ?
Après quelques journées de labeur dans les champs (et des repos bien mérités dans un lit confortable), les premières récoltes sont prêtes ! Facilement identifiables, elles se prélèvent sans difficulté et migrent aussitôt dans notre inventaire. Il ne nous reste alors plus qu’à vendre le fruit de notre labeur. Ainsi va la vie… et le besoin de gagner de l’argent !
Les multiples villageois (avec qui vous tisserez une amitié plus ou moins solide) seront friands de vos services… et ne manqueront pas de vous mandater pour la réalisation de telle ou telle tâche. Ainsi, le soft regorge de petites quêtes vous permettant de batifoler sur la carte (d’une simplicité déconcertante à ouvrir, vous pouvez même vous déplacer directement dessus !), de gagner quelques pièces, mais aussi quelques cadeaux. Chaque villageois dispose d’une personnalité propre et nous avons pris plaisir à découvrir leur identité, se dévoilant au fil des discussions.
Des discussions et des requêtes qui donneront lieu à des marques d’amitié de plus en plus fortes. À tel point que vous pourrez tisser un lien assez fort avec eux, un lien souligné par la présence d’un degré d’amitié visible à côté des personnages. Par ailleurs, certaines quêtes ne pourront se déverrouiller qu’avec un certain niveau d’amitié. Il va donc falloir prendre le temps de discuter avec tout le monde afin de découvrir tout le potentiel du jeu.
Un potentiel qui ne demande qu’à croître grâce à la partie conception…
Un cube à tout faire
Qui dit Minecraft like, dit CRAAAAFT.
Reprenant sensiblement les mêmes codes que le maître du domaine, nous étions impatients de confectionner toutes sortes de choses plus ou moins nécessaires (le plaisir de créer, ne l’oublions pas !). Les postes de confection sont une base solide pour passer d’un plan à moult objets. Il convient dans un premier temps de réunir toutes les ressources nécessaires avant de les disposer sur le plan de travail. Arrivé à ce stade, les premières déconvenues arrivent, avec une jouabilité manquant de légèreté : il va falloir faire preuve de minutie pour placer tous les ingrédients du plan sur la table… la confection de l’objet en lui-même est, pour sa part, rapide et efficace. Nous sommes rapidement repartis avec nos breloques sous le bras ! Direction la maison.
Afin de nous aider dans la tâche, les développeurs ont eu la bonne idée d’instaurer dans leur soft la possibilité de se téléporter chez soi. Néanmoins, cela n’est guère gratuit… mais les plus impatients seront ravis.
De nombreux plans sont disponibles au gré de l’aventure : certains se débloquent grâce à une quête, d’autres seront simplement donnés par quelques généreux villageois.
Les plus courageux seront heureux d’apprendre que Staxel dispose d’un mode créatif permettant à quiconque de concevoir son univers sans limite, sans se soucier des aspects pécuniaires.
Mais revenons à notre domaine.
Avec un peu de matériel désormais à disposition, nous avons hâte de bâtir de nombreux bâtiments, bâtisses modernes et rétros, souvent plutôt rustiques… et bien entendu, répondre aux multiples plans de confection pour le bien-être de nos animaux.
Et là… c’est le drame.
Jusqu’ici, le soft nous a clairement enchanté avec son univers coloré et pétillant. Nous avons aussitôt déchanté une fois la truelle en main.
Les difficultés moindres pour faire un petit potager délicat deviennent des montagnes à déplacer lorsqu’il s’agit de faire un bâtiment. Si dans un premier temps, le mécanisme de construction nous a semblé franchement nébuleux, avec des panneaux manquant de détails pour nous aiguiller, la mise en œuvre de nos talents de bâtisseurs a été mise à rude épreuve… Le curseur faisant office de point de repère pour la construction est une petite galère à lui tout seul, et ne manquera pas de vous faire pester haut et fort (voire carrément de partir en rage quit !!). Les blocs se placent une fois sur deux à côté, ce qui, lors de la construction d’un bâtiment, est fort fâcheux !
Ainsi, afin d’avancer dans l’aventure malgré tout, nous voilà à accumuler les matériaux dans le cadre dédié à cet effet, dans un bazar notoire, dans l’unique objectif de valider la quête. Eh bien, elle est belle la bâtisse avec des trous dans le mur et un toit au sol !
Partir de rien… et arriver à rien.
Le mode créatif, c’est son petit nom, permet au joueur de se concentrer exclusivement sur la création sans se soucier ni des récoltes, ni de gagner quelconque argent. Bien entendu, le panel des constructions disponibles est d’office très large, et les matériaux sont disponibles sans la moindre limitation de ressources.
Nous imaginions dès lors partir de rien. Mais vraiment de rien ! Surprise, nous atterrissons déjà dans une bâtisse. Sommaire il est vrai, mais nous avons un toit au-dessus de notre tête.
Avec les multiples difficultés rencontrées lors de notre partie complète, nous appréhendions quelque peu cette phase consacrée exclusivement à la création. À nouveau, Fan nous attend à l’extérieur, comme un bis repetita de la première aventure. Après quelques blablas de rigueur, nous repartons illico au village pour nous remplir à bloc, bloc, bloc !, de tous les matériaux possibles et imaginables, dans l’espoir de réussir à construire quelque chose de nos petits doigts gantés.
Le plaisir de dévaliser les magasins est bien présent ; clairement, nous avons raflé tout ce qui nous semblait séduisant. Autant dire beaucoup de choses…
De retour dans un coin plus calme, nous repartons, confiants, dans la construction avec de jolies briques rouges. Une brique, deux briques… et voilà que la même sensation désagréable nous envahit ! Les briques ne se positionnent pas convenablement, tantôt devant, tantôt derrière. Le curseur manque cruellement de précision dans le positionnement de chacun des blocs, et donne dès lors lieu à une multitude de briques disposées n’importe comment.
Si notre patience est plus clémente dans une phase où les ressources sont illimitées, le plaisir de construction n’y est pas… en effet, la mise en place d’un bâtiment devient fastidieuse et désagréable, avec des échecs multiples et des blocs à casser encore et encore pour tenter de refaire convenablement (et joliment) les choses.
La déception est grande, face à un jeu dont le potentiel semblait immense…
Un cube qui ne tourne pas rond ?
Avec l’abstraction de la construction, nous avons malgré tout été agréablement surpris par l’univers général de Staxel. Ses couleurs et sa fraîcheur donnent envie d’y séjourner un peu plus encore, de parfaire ses cultures et d’aider au mieux ces villageois dans le besoin. Tout va bien tant qu’il ne faut rien construire… Malheureusement, avec l’arrivée des animaux il faut rapidement passer en mode maçon !
La fluidité du soft n’est malheureusement pas formidable, avec certaines latences notamment dans les constructions, déjà si chaotiques.
Nous avons aussi rencontré quelques problèmes dans la traduction du jeu. En effet, les textes de Staxel sont en français, mais certaines phrases manquent de cohérences, voire parfois franchement de sens. L’ensemble du jeu est relativement facile et déjà vu, ainsi le joueur ne devrait pas être perdu, mais les puristes de la langue française seront perturbés par certains dialogues !
Le soft est jouable en multi, en coopération locale ou en ligne, sous la tutelle d’un salon. Malheureusement, à l’écriture de ce test, nous n’avons pas pu tester cette partie du jeu, le titre n’étant pas encore disponible sur Switch.
Staxel est disponible sur l’eshop de la Nintendo Switch au prix de 20 euros environ.
Le saviez-vous ?
Amateur de voxel, comment passer à côté de l’artiste Sir Carma, petit prodige en la matière, qui a su profiter de son temps libre pour mettre au point de magnifiques créations originales ? Reprenant avec nostalgie des thèmes aussi incroyables que celui de The Legend of Zelda ou encore Dragon Ball Z, nous ne saurons que vous conseiller d’aller contempler son travail remarquable !
Conclusion
Les amateurs de Minecraft vont avoir la chance de côtoyer les fins fermiers des temps modernes (la culture avec une manette). La rencontre risque de tourner au règlement de compte tant les ingrédients y sont fort mal répartis : les premiers devront faire preuve d’une patience infinie pour construire quelque chose qui tient debout, en agglomérant une multitude de blocs avec un curseur qui refuse de regarder droit devant lui, tandis que les autres feront les fanfarons face à un potager luxuriant (mais bancal, puisque bâti lui aussi avec un curseur capricieux !). Les festivités auront lieu dans un univers pixellisé à souhait, où le cube est roi, et la carotte sa reine. Libre à chacun de rejoindre le banquet… Nous laissons notre place, déçus par la construction laborieuse, alors que l’univers de Staxel nous séduisait tant.
LES PLUS
- Une belle idée à la base : mélanger le style de Minecraft et celui de la gestion potagère.
- La gestion de ferme est agréable et bien pensée, avec une véritable mise en avant des villageois et des relations bâties avec eux.
- Un contenu correct avec de nombreux ingrédients : plans, décorations, mais aussi des événements au rythme des saisons…
- Un univers cohérent et réussi.
LES MOINS
- Un outil de création avec une prise en main difficile et un terrible curseur qui manque cruellement de précision.
- Quelques ralentissements à signaler.
- Une traduction française parfois maladroite.