Il y a déjà 20 ans, nous faisions nos premières armes au sein d’un jeu de simulation intergalactique totalement atypique et plein d’humour, répondant au joli nom de Startopia. En dépit des efforts consentis pour remettre en état bon nombre de stations spatiales, nous conservons encore aujourd’hui un souvenir ému à l’évocation de cette époque désormais révolue. A l’annonce du retour de la fameuse licence sur l’hybride de Nintendo, nous n’avons donc surtout pas voulu manquer ces retrouvailles imprévues, soucieux de reprendre du service. Le retour en orbite sera-t-il une promenade de santé ?
Développé par Kalypso Media et édité par Realm Forge, en lieu et place de Mucky Foot et Eidos Interactive à l’œuvre en 2001, ce nouvel envol par-delà la planète bleue nous régale d’emblée d’une vidéo d’introduction toute mignonnette contribuant à l’immersion, immédiate et agréable. Voilà qui promet, alors qu’une ribambelle de robots plus ou moins besogneux nous accompagnera bientôt…
Bienvenue en orbite
Conflits et querelles à tout-va pullulent aux quatre coins de l’univers. Tout part d’une maladresse dans le cas qui nous intéresse, l’envoi par nos amis les Telgors, débordant de bonté, d’un assortiment floral au représentant des Dryades. Fâcheuse idée, puisque ce peuple proche de la nature, s’offusquant de ces fleurs sauvagement arrachées de la terre nourricière, leur déclare aussitôt la guerre, premier conflit galactique d’ampleur qui perdurera près de 400 longues années… Un pétale cher payé !
Par chance, la bisbille vire à la succession de menaces et d’injures diplomatiques, les civilisations n’étant guère – guerre, non ? D’accord… – coutumières des armes de destruction massive. Parallèlement, l’essor des sciences et technologies facilite la conception d’un système de traduction, ô combien précieux pour communiquer et apaiser durablement les relations entre les différents peuples aliens, dont les émissaires commencent alors à débattre de la paix dans l’univers.
Ainsi naquit le projet Startopia, dont le principe fondateur repose sur l’accueil sans distinction de race, des habitants de l’espace à bord d’un réseau commun de bases spatiales à bâtir et rénover, afin de préserver cette belle cohésion synonyme d’échanges cordiaux et fructueux. De nobles intentions, presque poétiques sur le papier ! Les bases sont posées, parsemées de dessins colorés et petites touches humoristiques.
A la vitesse de la lumièèèèèèèèèèère
Nous y voilà. Enfin, presque. Avant de pleinement assumer vos responsabilités, il va falloir apprendre a minima les bases du métier. Indispensable à la bonne compréhension des rouages du titre, un tutoriel intégré à même son scénario de campagne vous invite à réussir une série de missions, dans le cadre de l’examen sanctionnant votre formation.
Le menu principal du soft se découpe en plusieurs sous-menus : le mode campagne, avec son entraînement « live », quelques bases écrites à valeur de rappel du tutoriel, ainsi que l’accès à une partie « libre ». Du contenu téléchargeable devrait aussi y trouver sa place…
Le mode campagne s’articule autour de trois niveaux de difficulté, permettant à chaque joueur d’avancer à son rythme : cadet, normal ou amiral. Du plus simple au plus complexe, vous l’aurez compris.
Dans ma cabane au fond de la galaxie
L’arrivée dans la station pourrait en revanche vous déstabiliser quelque peu… La supervision de Val, robot loquace et volontiers sarcastique – parfois un peu trop -, n’empêche de poindre un sentiment d’égarement dans le petit espace qui vous est alloué, paradoxalement.
L’appréhension des commandes, rapide en ce qui concerne la caméra globalement fluide, se montre plus tortueuse sous d’autres aspects, notamment par le choix passablement complexe de conditionner l’accès aux principaux menus du jeu, à la pression simultanée d’une combinaison de touches rappelée en haut de l’écran. Bientôt nous la connaîtrons par cœur, en attendant nous galérons… D’autres désagréments se manifestent rapidement, notamment d’importants ralentissements et ce à maintes reprises, particulièrement prégnants lors de l’édification des bâtiments, plus encore à l’embauche d’aliens.
Il faudra de fait s’armer d’un peu de patience pour maîtriser parfaitement le fonctionnement de la station spatiale. Cette dernière repose sur la mise en place de différents ponts à vocations différenciées, spécifiées durant les premières campagnes de jeu. Au pont principal, lieu de vie et support de moult échanges, succède un second niveau dédié à l’exploitation des diverses ressources, particulièrement l’approvisionnement en nourriture. Quant au troisième, entièrement consacré aux loisirs, il se distingue par ses nombreuses sollicitations ludiques et distrayantes, depuis la pétillante discothèque jusqu’aux bornes d’arcades. Chacun des ponts dispose ainsi de ses propres bâtiments, atouts et contraintes.
Si les structures de moindre importance sont d’office livrées dans leur intégralité, d’autres, plus conséquentes, dépendent d’une construction personnalisée : à vous d’en déterminer la superficie et les aménagements possibles ! L’idée, certes commune, n’en reste pas moins appréciable, poussant toujours plus loin le curseur de personnalisation de ses stations.
Dans le même ordre d’idées, la partie libre autorise d’exprimer pleinement ses affinités grâce aux multiples paramètres à sélectionner initialement, offrant même de se mesurer à une base concurrente. Aussi faudra-t-il pour humilier son voisin, faire preuve de rapidité dans la complétion des tâches et missions – atteindre la supériorité militaire par exemple, ou le niveau 3 en recherche et développement -, enrichissant le gameplay d’une strate de complexité supplémentaire.
Aliens, extraterrestres et autres bizarreries
Que serait un titre comme celui-ci sans sa dose de bestioles extraterrestres improbables ? Spacebase Startopia ne déroge pas à la règle, nous gratifiant d’un coquet panel d’entités remarquables : Floutés, Telgors, mais également Insectoriens et Dryades… Si les ponts disposent de leur propre spécialité, il en va de même des créatures qu’il sera inutile de recruter à tour de bras, indistinctement. Il conviendra de surcroît d’en prendre grand soin, sous peine d’essuyer une flopée de démissions ! Au rang des besoins à contenter, la faim bien entendu, l’hydratation, le divertissement et la salubrité de l’environnement : autant de facteurs à garder à l’esprit dans l’agencement et l’aménagement de votre station.
La bonne santé générale de vos petits extraterrestres s’avère en effet primordiale à l’équilibre de la station, ingérable sans leur contribution… Gare aux maladies, tumultes multiples et conflits susceptibles de perturber la quiétude ambiante, qui vous accapareront fréquemment ! Essentiels à la pleine réalisation de votre mission, vos protégés manifesteront d’autant plus d’ardeur à la tâche que vous saurez vous montrer aimant et protecteur, par le biais des nombreuses options à votre disposition incluant la gestion des déchets, capitale en matière d’hygiène et dans l’acquisition de ressources issues du recyclage, ainsi qu’un florilège de menus travaux inhérents à votre station – les médecins, quelqu’un a pensé aux médecins ?
Allô Startopia ?
Tout au long de son parcours, le joueur s’accommode des aléas, plus ou moins sévères, survenant sur la base. Face à d’importants dilemmes à résoudre en temps limité, il fait défiler les propositions à l’aide du joystick « R » ; une fonctionnalité d’orientation stratégique que nous avons appréciée, qui jamais ne se départit de l’humour caractéristique de la franchise. Quitte à choisir, acculés, entre la peste et le choléra…
Val non plus ne vous lâche pas, de sa voix robotique plus ou moins convaincante : un choix assumé des développeurs, qui s’amusent explicitement du décalage à travers certains gags. Omniprésent, l’assistant ne manque jamais une occasion de vous rappeler à quel point vous êtes nuls, si, si. Il vous arrive pourtant de réussir la mission… ce qui constitue toujours une surprise en soi !
La vie à la base
Avec son panel d’une dizaine de missions, Spacebase Startopia devrait contenter les amateurs du genre. Le niveau de difficulté, du plus aisé au plus corsé, saura réhausser le défi pour qui de base, n’éprouverait aucun mal à prendre les rênes d’une station spatiale.
Au sujet des graphismes, assez encombrés, l’impression de fouillis non négligeable pourrait vous jouer des tours… Pas évident de sélectionner l’alien visé lorsque la station commence à prendre de l’envergure ! La musique, fluctuante selon les ponts mais cohérente, correspond à ce qu’il s’y trame. Nous avons tout particulièrement goûté à la sérénité du pont des récoltes, par opposition à l’agitation permanente régnant à quelques encablures de là, côté loisirs. Les bruitages, nombreux, aident à anticiper l’imminence d’un événement. Il y a enfin Val, qui est là… là, délibérément là !
Le seul gros défaut de Startopia ? Son manque de réactivité, qui rend parfois laborieuse la navigation dans les menus… La sélection d’un paramètre spécifique confine à l’authentique prouesse, ce qui risque d’envenimer lourdement le plaisir de jouer. Nous déplorons aussi l’absence de prise en charge du tactile, bien que l’étroitesse de l’interface l’ait probablement desservi.
Spacebase Startopia est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch à 50 euros environ.
Le saviez-vous ?
Startopia (mouture 2001) a été développé par le studio Mucky Foot, fondé en 1997 et dirigé par trois anciens membres de… Bullfrog Productions (Populous, Theme Park, Theme Hospital…).
Conclusion
Nous voilà fort mitigés à la suite de cette virée inopinée sur la base spatiale de Startopia. Intacte, la joie de renouer avec les petits aliens déjantés et l'atmosphère décadente à bord, le dispute à l'impression d'une certaine redondance, typique du genre de la simulation, malgré le plaisir ressenti à combler de bonheur et de petits riens, le quotidien de nos résidents. D'importantes latences dans le déploiement des menus, achèvent de casser le rythme du jeu.
LES PLUS
- Gestion du bien-être de tous les petits aliens, par l'intermédiaire notamment du pont consacré aux loisirs
- Humour omniprésent
- Différents niveaux de difficulté s'accordant aux compétences de chacun
LES MOINS
- De (trop) nombreux temps de latence cassant considérablement le rythme du jeu
- Des graphismes un peu fouillis, entravant l'accès à l'alien ou aux déchets de notre choix
- Une prise en main peu évidente, qui pourrait déplaire aux moins persévérants
- Une jouabilité discutable, entre autres dans l'accessibilité des différents menus
- Un tarif trop élevé