Source inépuisable d’œuvres en tout genre, les jeux vidéo nous invitent sans cesse à découvrir des univers toujours plus merveilleux les uns que les autres. Chaque trouvaille est un trésor. Qui ne s’est jamais extasié devant un panorama que seule une évasion vidéoludique peut nous offrir ? Ces mondes virtuels que l’on nous sert, concourent à enrichir notre imaginaire, déjà trop grand. S’embellissant d’année en année, l’industrie du jeu vidéo nous gratifie d’expériences hors des sentiers battus, la grosse machinerie des Triple-A s’effaçant parfois devant des titres plus intimistes. Ces jeux où se côtoient poésie et quotidien, nous entraînent dans de lointaines contrées, empreintes de mélancolie. Charge à nous de poursuivre le voyage, qui ne cessera de bouleverser nos sentiments : bienvenue dans The Plane Effect.
La fin du monde
L’aventure démarre humblement. Solo, employé de bureau, est assis seul face à son ordinateur dans une immense salle de travail. Il commence à se faire tard. Le silence devenant pesant, nous nous décidons à nous lever pour quitter l’endroit. Quelques notes de piano nous accompagnent, tandis que nous traversons la salle monochrome jusqu’à la porte, promesse de liberté. Pourtant celle-ci ne s’ouvre pas, à l’évidence il y a encore à faire. Récupérer une carte magnétique à l’aide d’un avion de papier. Enfin, la liberté. Non, pas encore, le froid nous l’interdit. Nous attrapons alors notre écharpe et notre manteau. A proximité, une fenêtre, nous décidons de regarder par-delà le verre. S’y révèle une vue dégagée sur la ville, le ciel dans lequel nous distinguons un orbe rougeoyant et menaçant qui semble calmement signifier que la fin de notre monde est arrivée. Notre seule pensée, désormais : rejoindre notre foyer, notre famille.
Cette petite introduction, plutôt simple à la base, ne constitue en réalité que le prélude d’une véritable plongée, étrange et dépaysante, dans un monde dystopique. Le titre nous évoque immédiatement une autre œuvre du genre, Inside. Comme son homologue, le jeu propose une succession de niveaux à l’inventivité constamment renouvelée. Les environnements défient apparemment tout raisonnement, pourtant tout cela a un sens. Mais lequel ? Le mystère reste entier. Ne se dévoilant que très peu, l’intrigue suscite une foule de questionnements à ce jour encore irrésolus.
N’espérez pas trouver ici l’ombre d’une cinématique ultra-léchée en images de synthèse. Rien de cela, quelques petites scènes seulement viennent étayer cet univers intimiste et mystérieux, au moyen de visuels épurés et quasiment désaturés. Le style visuel fonctionne néanmoins, conférant au titre une atmosphère absolument unique. Beaucoup plus minimaliste qu’un Red Dead Redemption, la patte graphique parvient tout de même à nous éblouir par certains des paysages qui ponctuent notre passage. L’éclairage, parfait, et les rares couleurs à égayer ces tableaux nébuleux, tout à fait adéquates, suffisent à nourrir cet univers qui s’offre à nos yeux avides et s’écoute avec autant de bonheur. Car l’environnement sonore s’y intègre sans fausse note, ses mélodies aux accents mélancoliques nous procurant plusieurs fois des frissons. Un jeu dans lequel s’immerger avec un bon casque audio, afin de profiter pleinement de l’ambiance qu’il instille.
Ligne directrice
Si la direction artistique participe grandement à fonder l’attrait du titre, le gameplay très minimaliste, à l’image du reste, mise pour sa part sur la réflexion. Catapultés dans des environnements à appréhender par notre seule ingéniosité, il nous faut à la manière d’un puzzle, combiner les divers objets et mécanismes présents pour ouvrir l’accès au prochain niveau. Aucune indication ne nous sera accordée quant à l’engrenage auquel recourir en premier. Solo ne pouvant s’emparer d’un objet ou activer un interrupteur tant qu’une succession d’actions n’a pas été réalisée dans un ordre précis, il s’avère souvent frustrant de ne pouvoir récupérer la clé susceptible de déverrouiller une porte fermée avant d’avoir allumé la télévision. Un exemple bête, qui illustre cependant parfaitement la rigidité problématique du jeu, dont certaines énigmes particulièrement complexes nous forcent occasionnellement à revenir sur nos pas dans l’intention de ramasser un outil plus tôt délaissé, faute d’avoir pu s’en saisir.
Heureusement face à ce souci, deux options visent à nous faciliter la tâche. La première nous autorise à mettre en évidence mécanismes et objets spécifiques avec lesquels interagir, la seconde allant jusqu’à nous guider vers notre prochain objectif, à l’aide d’un petit rayon blanc. Des fonctionnalités de gameplay qui mâchent certes le travail, mais rendent notre périple bien plus digeste dans ses casse-têtes et permettent d’apprécier pleinement l’ambiance et les environnements. Attention néanmoins, la partie ainsi simplifiée n’en devient pas plus facile : certaines phases nécessitent malgré les indices visuels, précision et concentration, parfois à s’en arracher les cheveux.
Peu importe en revanche les choix opérés, votre parcours s’achève sur un dénouement similaire et suit un même déroulement ; seul votre temps de jeu s’en trouvera affecté. Comptez d’ailleurs au minimum sept heures pour admirer les crédits du titre, facilement le double en désactivant les aides paramétrées à leur plus haut niveau dans le premier cas de figure, et cela au prix de 14€99 sur l’eShop.
Conclusion
The Plane Effect est un titre particulier. Son gameplay simple de prime abord, se montre volontiers retors dans ses énigmes, à la difficulté heureusement ajustable pour le joueur. La durée de vie, très raisonnable, n’en pâtit pas pour autant, à raison de 7 heures de jeu avec l’option d’aide au maximum, le double sans. Sur fond de fin du monde, le scénario très minimaliste n’en demeure pas moins mélancolique, mystérieux, voire spectaculaire. The Plane Effect n’esquisse en fin de compte, que de vagues réponses dont chaque joueur se fera sa propre opinion, suivant son ressenti. Ici, tout est sujet à interprétation. Certains niveaux, magnifiques en portable comme en docké, font honneur aux graphismes pourtant dépouillés et très peu colorés, dans la lignée d’Inside. L’environnement sonore imprégné de cette même mélancolie, participe quant à lui pleinement à l’ambiance du jeu. The Plane Effect constitue en bref une excellente surprise, empreinte d’une poésie que seuls les jeux vidéo savent nous procurer.
LES PLUS
- L’aspect visuel du titre, sombre et coloré à la fois
- L’ambiance sonore nous transporte dans ce monde mystérieux
- Les niveaux, plus surprenants les uns que les autres
- Une bonne durée de vie
- Différentes options pour aider le joueur
- Une histoire ouverte à différentes interprétations…
LES MOINS
- Les énigmes nous contraignent parfois à de laborieux allers-retours
- Certaines phases de plateforme, ardues à s’en arracher les cheveux !