« Le meilleur soutien dans les heures difficiles est la main d’un ami. »
Citation de Louis-Philippe de Ségur ; L’école de l’adversité (1816)
Tisser des liens avec quelqu’un, vouloir en prendre soin et s’en soucier, voilà ce que l’amitié devrait être. Il est bien d’avoir un ami sur lequel compter, auquel livrer ses craintes et ses peines, tout en sachant que l’on ne sera pas jugé et que le temps qui passe a peu de conséquences sur les liens qui nous unissent. Les amis peuvent être la béquille qui nous empêche de nous écrouler. Si la maladie frappe, certes, la famille est là, derrière nous, mais les amis sont également d’un énorme soutien moral.
Développé par Magenta Factory et publié par Ratalaika Games, Bai Qu: Hundreds of Melodies est un jeu vidéo d’aventure de type visual novel chinois, qui explore le concept de l’amour et de l’amitié par son intrigue. Publié en juillet 2021 sur toutes les plateformes (Ps4, Ps5, Xbox, PC et Switch) et disponible dans les langues les plus usitées (anglais, espagnol, français, japonais, russe et chinois), le jeu vous coûtera 9,99 euros.
Une histoire touchante
Dans le cadre bucolique d’une fin de printemps à Nanjing, jadis capitale de l’empire du Milieu, nous incarnons, dans un premier temps, le jeune Xiao Su, en seconde année de lycée, qui reçoit un colis destiné à l’un de ses voisins. Alors qu’il sonne à sa porte, personne ne lui répond. Une de ses voisines lui apprend sur le seuil de l’appartement, que sa femme et lui ont déménagé il y a de cela deux mois. Leur fille, la jeune Jiayun, est en effet décédée. Xiao la connaissait bien, leurs deux familles étant très proches. Il avait cependant commencé à l’oublier peu à peu au moment de son départ en internat. Jiayun était une fille discrète mais adorable, à la santé fragile.
Un homme se présente soudain à lui, demandant s’il a reçu un colis. Il connaît également Jiayun, et sa famille qu’il a aidée à organiser les funérailles et le déménagement. Xiao lui montre le colis contenant le journal intime de la jeune fille. L’homme, Wei Qiuwu, étudiant en 3e année d’université, a accompagné la jeune Jiayun durant les six derniers mois de sa vie. Il lui raconte alors l’histoire des derniers jours de vie de la fillette.
Aussi incarnons-nous dans un second temps, Wei Qiuwu, quelques mois auparavant. Alors qu’il rend visite à son père malade, il rencontre par hasard la jeune Jiayun, qui joue du concertina (accordéon irlandais), ainsi que He Jia, une adolescente gourmande et débordante d’énergie. Au fur et à mesure, un lien très fort unit nos trois personnages. Accompagné de l’infirmière Yang Qin (cousine de Li Jiayun) et de Jia, le jeune homme va tout faire pour que Jiayun passe de bons moments. Ils vont découvrir des lieux et des personnes divers et variés, jusqu’à ce que la santé de Li Jiayun se détériore. La frêle jeune fille va alors prendre une décision inattendue, prenant tout le monde de court, lecteur compris…
Un roman plus qu’un jeu
Vous l’aurez saisi, l’histoire, longue, touchante et bien écrite, suscite rapidement notre attachement aux personnages. Nous passons par une large palette d’émotions, du rire aux larmes, pour les plus réceptifs. Il y a beaucoup de mystère concernant certains personnages et même une pointe de « fantastique » à un moment donné, mêlant la magie et les esprits.
Malheureusement, nous n’aurons à manifester nos choix d’orientation qu’à 5 reprises au cours des 8 à 12 heures que dure l’aventure, ce qui est très peu pour ce genre de jeu. Il n’y a pas de « bon ou mauvais » choix, chaque fin revêtant une signification particulière, mais avec la même issue tragique qu’on nous laisse entrevoir dès le début. Une fois l’histoire terminée, si on recommence une partie, on la découvre sous le point de vue d’une autre personne que Xiao Su.
Les extras, c’est-à-dire les images des moments forts du jeu à débloquer, tiennent lieu de succès, ce qui nous force à recommencer le jeu pour en appréhender toutes les fins. Il est possible d’ignorer le texte avec le mode « rapide », une option bienvenue, afin d’expédier au plus vite les conversations inutiles. Soulignons toutefois des passages mal traduits, des fautes de grammaire ainsi que quelques plantages intempestifs qui nous forcent à quitter le logiciel. Pensez donc à sauvegarder régulièrement votre progression, sous peine de devoir recommencer depuis la dernière sauvegarde.
Une réalisation graphique réussie
Les graphismes réalistes sont très jolis, foisonnant de détails et qui coïncident parfaitement avec l’intrigue. Nous retrouvons bien là les caractéristiques typiques des animes à la sauce manga, à travers ces personnages féminins qui montrent leurs meilleurs atouts. Attention toutefois à certaines images qui pourraient gêner certains lecteurs. Néanmoins, rien de vulgaire, la décence l’emporte ! L’animation repose, quant à elle, sur les changements d’expressions faciales et les images s’estompant hors de la prise de vue.
L’audio, de très bonne facture, restitue parfaitement les bruits du quotidien, la pluie ou encore les voix d’un poste de télévision, nous plongeant direct dans l’ambiance.
Conclusion
Bai Qu: Hundreds of Melodies s'apparente à un roman à lire confortablement au fond de son lit pour passer le temps, plutôt qu'à un jeu à proprement parler. Nous soulignons l’excellent travail d'écriture, des graphismes soignés et des musiques d'ambiance. Néanmoins, il laisse à désirer au niveau du gameplay où nous avons peu de choix à faire, des dialogues entachés d'erreurs de traduction et de nombreux plantages qui nous interrompent en pleine lecture.
LES PLUS
- De beaux graphismes type manga
- Une histoire touchante et assez longue avec différentes fins
- Une bande-son qui nous plonge directement dans l'ambiance, joyeuse ou tragique.
- Sous-titrage en français
LES MOINS
- Peu de choix à faire
- Bugs
- Traduction parfois approximative