Summitsphere est un studio animé par des développeurs qui aiment le bon goût. La preuve ? Ils ont cherché à mettre à neuf les classiques du jeu vidéo que sont Arkanoïd et Mario Bros. ; pas le « super » attention, ce serait trop facile. Leur mission déclarée, faire revivre, au plus grand nombre de joueurs possible les joies qu’ils ont connues étant enfants. Après une Game Jam réussie, ils ont donc décidé de peaufiner leur titre, AntonBall, et nous livrent aujourd’hui, sur nos Switch chéries, une version Deluxe regroupant trois déclinaisons de leur univers barré et coloré. Reste à voir si les codes du rétro ont été respectés et suffisamment retravaillés pour nous offrir un titre de qualité.
Le maboul a les boules
En arrivant sur le menu de démarrage d’AntonBall Deluxe, nous avons le choix entre trois modes de jeu. AntonBall, Punch Ball ou VS. Sans trop savoir à quoi nous attendre et avec un attrait certains pour l’aventure, nous décidons, sans vraiment réfléchir aux conséquences de nos actes, de lancer le premier de la liste, à savoir, AntonBall. Nous assistons alors à une petite cinématique nous narrant l’histoire d’Anton, le meilleur exterminateur de Boiler City qui, après une longue nuit arrosée dans le casino de Brulo, peine à retrouver son logement. Tombant dans les égouts, il se met alors à détruire, à l’aide de ses boules, pas de commentaires, les murs qui le séparent de son habitat. Alors, après mûre réflexion, pour la première remarque sur le bon goût des développeurs, nous la mettons entre guillemets…
Commence alors notre périple. À travers 30 niveaux, nous aurons à venir à bout des murs qui nous séparent de notre couche. Nous sommes confrontés à un Breakout à l’horizontale. Pour les plus jeunes qui ne connaîtraient pas ce qu’est Breakout (1975), il est le père fondateur du genre des casse-briques. Des jeux dans lesquels il nous fallait venir à bout de briques à l’aide d’une balle rebondissante sur un palet plus ou moins large et dont le représentant le plus connu fut sans doute Arkanoïd (1986).
Point de barre pour renvoyer les balles sur les briques ici, nous allons devoir déplacer Anton dans un tableau fixe, fait de plateformes, pour qu’il aille se mettre entre la balle et le trou, situé à gauche de l’écran, synonyme de vie perdue lorsque la balle le franchira. Bien plus technique à manier qu’un Arkanoïd, il nous faudra nous déplacer, bien évidemment, mais aussi sauter et dasher pour éviter les pertes de balles. Mais ce n’est pas tout, égouts obligent, nous aurons aussi à nous débarrasser de la faune locale tout en évitant les pièges se déclenchant avec l’élimination de certaines briques.
L’ajout d’une composante plateforme à un titre tel qu’Arkanoïd entraîne un surcroît de difficulté. Si dans les casse-briques originels nos pouvions gérer notre angle de tir avec la distance entre la balle et le centre de notre palet au moment du contact, cet angle se détermine maintenant avec l’inclinaison du même stick que celui servant à se déplacer. Mais comme il est possible, et de se baisser, ce qui entraîne notre immobilité, et de se déplacer durant nos sauts, autant dire que la balle vit sa vie sans que nous n’ayons jamais l’impression de contrôler quoi que ce soit concernant sa trajectoire. Nous sommes déjà bien trop heureux de réussir à appréhender sa trajectoire et à empêcher sa sortie.
C’est le principal défaut de ce premier titre, l’impression de ne rien contrôler et ne chercher qu’à empêcher la balle de sortir devient gênante lorsqu’il ne reste plus que quelques briques à l’écran et qu’il faut être capable de viser précisément. L’emploi du second stick pour la visée aurait pu éviter ce désagrément de manière évidente. Pour le reste, AntonBall réalise une belle prestation : le challenge est relevé et nous n’avons jamais le temps de souffler. Il nous faut gérer à la fois la (ou les) balle(s), les monstres et éviter les pièges qui se déclenchent dans des tableaux qui se renouvellent constamment. Nous ne nous ennuyons pas une minute dans ce jeu qui rend hommage aux titres arcades de la fin des années 80.
Mais c’est quoi le Punchball ?
Après une suite de morts toutes plus honteuses les unes que les autres, nous décidons de mettre de côté les aventures d’Anton pour découvrir celles d’Annie, sa colocataire. Celle-ci est une fan absolue de Punchball, qui après des recherches fructueuses sur le ternet s’avère être une variante du baseball se jouant avec une petite balle et avec les mains. Bref, Annie est une gagnante. Alors lorsqu’elle apprend qu’au casino de Brulo, toujours lui, va se mettre en place un concours de Punchball, son sang ne fait qu’un tour et elle file ramener la coupe à la maison. Mais pour y parvenir, il faudra d’abord qu’elle vienne à bout de toutes les créatures qui se mettent sur son chemin.
Annie va devoir parcourir les niveaux de Boiler City armée de sa balle, qui a davantage les dimensions et les attributs d’un medecine ball d’ailleurs, pour éliminer, en deux temps, ses ennemis. Ceux-ci apparaissent depuis des tuyaux placés tout autour du tableau et parcourent les plateformes avant de rentrer dans un nouveau tuyau pour réapparaître à leur point de départ. Tout comme dans Mario Bros. sur NES, le niveau forme une boucle et sortir par la droite nous fait revenir à gauche de celui-ci. Il en va de même pour nos adversaires et il faudra nous montrer attentifs pour ne pas se faire piéger.
Depuis un certain Towerfall Ascension, cette construction de niveau est revenue à la mode pour notre plus grand plaisir. Mais si ce dernier ne demande qu’une attaque pour venir à bout des monstres, dans le titre de Summitsphere, il faudra d’abord les étourdir avec notre balle, puis les expulser du niveau à grand coup de pompe. Là encore, il faudra être attentif, car la durée de leur étourdissement n’est pas extensible. Le résultat est un jeu néo-rétro très agréable à parcourir qui ne possède pas de défaut. Notre balle ne rebondit que peu, elle est loin d’être une arme fatale et devoir la récupérer après chaque tir nous oblige à nous montrer prudents et à réfléchir à notre tactique tout en esquivant les monstres ainsi que les pièges. C’est efficace, prenant et bien plus abordable, en termes de maniabilité, qu’AntonBall.
À deux c’est toujours mieux, mais à trois et à quatre ?
Avant de passer au troisième mode disponible dans AntonBall Deluxe, revenons sur les deux précédents. Mais cette fois-ci en bonne compagnie, en tout cas c’est ce que nous déclarons en leur présence par peur des représailles et de la solitude. Il est en effet possible de jouer à chacune de ces parties jusqu’à 4 joueurs, simplifiant ainsi nettement les débats et ajoutant une touche de fun à une expérience solo qui avait tendance à se montrer, tout en étant très agréable, assez redondante.
Le troisième mode disponible reprend juste les bases d’AntonBall en mettant face à face deux équipes et deux murs qui feront alors tout ce qui est en leur pouvoir pour venir à bout de la construction adverse à l’aide de leurs boules. C’est un joyeux bordel dans lequel tout le monde fait ce qu’il peut pour intercepter les nombreuses balles avant qu’elles n’atteignent ses briques et pour mettre la main en premier sur le bonus pistolet qui fera alors des ravages dans les rangs adverses. Le titre de Summitsphere a clairement été pensé pour être joué à plusieurs. La possibilité de varier les plaisirs, en enchaînant les phases de coopération avec AntonBall et Punchball avant de se défouler les uns contre les autres avec le mode VS, est le point fort de ce titre qui permet d’agrémenter les apéros entre amis, amateur ou non, de rétro-sensations.
Concernant la technique générale du titre, Summisphere souffle un peu le chaud et le froid. La prise en main, que nous avons déjà évoquée, pourrait être plus ergonomique pour AntonBall et son pendant VS mais elle ne pose plus de soucis sur Punchball. Pour la partie graphique, c’est aussi un constat mitigé. De base, nous avons le droit à un filtre un peu particulier qui entoure chaque pixel d’un trait noir pour accentuer le côté rétro du titre, si nous retrouvons cette feature sur de nombreux émulateurs pour retrouver les sensations passées, il faut reconnaître que pour AntonBall Deluxe, le trait semble vraiment forcé et il est bien plus agréable de revenir à un mode normal, qui fait disparaître ces traits et offre un rendu, toujours rétro, mais bien plus acceptable pour l’œil. Oublions le dernier filtre disponible, répondant au nom de uts et vraiment moche.
Le contenu est quant à lui à la hauteur. Si nous groupons tous les modes, c’est en tout 69 niveaux qui nous attendent. Progresser dans ces mondes nous permet de récupérer de la monnaie in-game que nous pourrons alors dépenser dans un jeu de hasard pour espérer débloquer de nouveaux personnages jouables. C’est à la fin 21 avatars que nous pourrons incarner pour déambuler dans Boiler City. Le seul manquement de taille, surtout que cette option existe sur les versions pc, concerne le jeu en ligne. Il est tout simplement impossible de jouer à AntonBall Deluxe en ligne sur Switch et il faut obligatoirement un écran partagé pour jouer en groupe.
Conclusion
Du haut de ses 12,50 €, AntonBall Deluxe offre un gameplay rétro qui cherche à offrir des sensations arcades à ses joueurs. Le pari est globalement réussi, car si nous regrettons la prise en main du mode AntonBall, tout le reste est un pur plaisir. L’intensité du mélange Arkanoïd/platformer est une réussite, tout comme la simplicité retrouvée d’un Mario Bros. avec le mode PunchBall. Comme si ce n’était pas assez, le titre de Summitsphere se veut résolument tourné vers le multijoueur en rendant jouable chacun de ses modes jusqu’à 4 joueurs et en ajoutant un mode VS en équipe. Complet et addictif, il ne lui manque qu’une option en ligne pour attirer encore davantage de monde.
LES PLUS
- Les graphismes rétro sont rigolos…
- La bande-son rétro est bien dans les tons du style arcade
- Le mélange Arkanoïd/platformer est original, jouable et intense
- Le mode Punchball nous fait retrouver les joies de Mario Bros.
- Entièrement jouable jusqu’à 4 joueurs pour plus de plaisirs
- Le mode VS est un grand nawak défouloir
- Le prix est raisonnable
LES MOINS
- … une fois le filtre de base enlevé
- Le choix de mettre la direction de la balle sur le même stick que le déplacement n’est pas fameux
- Les filtres graphiques proposés sont inutiles