Fonçant à travers l’espace et les lignes ennemies, visitant les confins d’un lointain système solaire avec un dépaysement garanti (« oh, ces belles cavernes hostiles ! »), à bord un des vaisseaux les plus puissants de la Galaxie, nous incarnons la fière Lucie Cabrock. Déterminée, elle est à la recherche de son père, qui a été capturé en plein champ de bataille, dans une sombre guerre interminable… Pour le retrouver coûte que coûte, haro sur cette horde de vaisseaux hostiles et d’aliens flottants, des milliers, qu’il va falloir dessouder à la chaîne !
La nostalgie a un prix
Au début des années 90, Masaya, les papas de Gynoug, un shmup dantesque et perturbant (ses énormes Boss semblent tous droits sortis des pires replis des Enfers) ont proposé un autre shoot sur cette bonne vieille Megadrive, avec un background SF des plus classiques, et des plus efficaces et un gameplay unique. J’ai nommé GleyLancer…
Hélas, pour nous autres européens, le jeu est sorti exclusivement sur la Megadrive japonaise. Pire, le jeu se fait désirer depuis, au point d’en devenir quasi-inaccessible. La cartouche d’origine est en effet une véritable pièce de collection, trouvable sur les sites de vente aux alentours des 600 €.
Ré-apparu discrètement sur l’E-shop de la Wii en 2008, il était temps, enfin, que GleyLancer s’affiche sur nos écrans modernes.
L’éditeur Ratalaïka a eu le bon goût aujourd’hui de démocratiser cette production, devenue culte, en le présentant au plus grand nombre (comprenez par là qu’il se trouve sur tous les supports possibles) et ce, à un prix modique : 5,99 €. Pour tous fans de la mythique Megadrive, des shmups à l’ancienne, des scrollings différentiels de folie, du retro-gaming en général, c’est une véritable aubaine !
C’est aussi l’occasion pour les curieux de découvrir un jeu qui en a sous le capot. Sous ses allures très classiques, voire austères de shoot 16-bit lambda et derrière des graphismes un brin ternes (les couleurs sont celles de la palette limitée de la Megadrive), GleyLancer propose un gameplay particulièrement stimulant, avec un arsenal des plus complets.
Modules, les deux font la paire
Bien entendu, nous avons les classiques power-ups que libèrent les ennemis, modifiant notre tir (chaque tir a son importance à un moment ou à un autre du jeu) ou cette possibilité de jouer avec la vitesse de notre vaisseau. Mais c’est bien le système de module, novateur pour l’époque, qui va vous inciter à jouer et à rejouer à ce titre des dizaines de fois, voire des centaines de fois (pour les plus furieux d’entre nous).
Bien au chaud à bord de notre vaisseau (lequel semble s’être échappé de Thunder Force III), nous sommes accompagnés pour la bataille de deux modules à mobilité variable. Tout comme notre vaisseau, ils tirent. Pour peu que vous dirigiez le vaisseau dans un sens, ils vont tirer dans l’autre sens. À moins que vous n’ayez préféré l’option afin qu’ils restent alignés avec votre vaisseau ou qu’ils tournent sans fin, tout autour de vous. Ou mieux, le nec plus ultra, qu’ils ciblent, en toute décontraction, directement les ennemis ; ce qui a l’air d’être de la triche dit comme ça, mais ce n’est pas forcément l’idéal dans certaines situations, notamment quand l’ennemi le plus dangereux n’est pas forcément celui qui est visé par nos modules.
Dans le jeu d’origine (le mode Vintage sur Switch), le choix du comportement de ces modules se fait en tout début de partie et chacune de ces options va réellement changer la manière d’aborder les ennemis et va donc modifier tout simplement notre manière de jouer, nous donnant le sentiment que GleyLancer se déclinent en plusieurs jeux différents. Dans la nouvelle version, il est possible de changer en cours de partie ce comportement, ou mieux, de prendre directement le contrôle des modules à l’aide du stick droit.
Be kind rewind
Comme dans tout bon portage de shmup, avec ce brin de modernité pour ce qui est des options, nous avons droit au « rembobinage » en cours de partie. Une des gâchettes nous permet de revenir en arrière, ce qui idéal pour tricher avec la mort, et voir la cinématique finale sans trop de difficulté. Nous avons aussi droit à des slots de sauvegarde, un confort appréciable pour la grande majorité des joueurs, d’autant qu’à partir du niveau 4, GleyLancer va avoir des accès de fièvre côté difficulté, nous proposant même quelques passages de labyrinthes hyper ardus (en plus d’être originaux) en plus de boss particulièrement retors. Les puristes n’auront que faire de ces options, et libre à eux de se frotter joyeusement à ce shmup sans aucune de ces aides. Ou disons plutôt « bon courage à eux », notamment face à ce boss final, increvable, d’une difficulté hallucinatoire.
Dommage toutefois que le portage se contente d’une résolution qui semble être celle d’origine, et qui est peu adaptée aux écrans d’aujourd’hui. Si en mode nomade, ça passe, sur grand écran, les gros pixels de nos ennemis se mélangent parfois avec ceux des décors (qui le plus souvent sont en mouvement dans de superbes effets de parallaxes), ce qui rend l’action parfois confuse. Néanmoins, l’œil finit par s’habituer et ce défaut n’en est plus un, une fois que nous connaissons bien le jeu…
Et puis, les pixels, ça a quand même un sacré charme ! Un sacré charme tout comme cette cinématique d’intro à base de vignettes, particulièrement longue et riches en infos. Un charme infini, tout comme cette musique, 16-bit à fond, épique en toute circonstance, à la fois variée et prenante sur l’ensemble des onze niveaux du jeu (en passant, onze, c’est un nombre de niveaux appréciable pour un shoot). Allez, nous aurions pu obtenir pour l’occasion de nouvelles voix enregistrées ou disons, de meilleure qualité, car celles qui ponctuent la joute grésillent énormément (comme sur Megadrive d’ailleurs).
Conclusion
Classique en apparence, cette vieille gloire de la Megadrive se livre à nous avec grande élégance. Avec quelques options bienvenues nous facilitant la tâche (comme le rewind, la sauvegarde ou le fait de diriger nous même nos modules), GleyLancer se révèle sur Switch comme un shmup particulièrement efficace, doté d'un gameplay très réussi. Le jeu incite sans cesse le joueur à tester toutes ses nombreuses possibilités. Pour les amateurs de shmup 16-bit, il apparaît comme incontournable. Pour les curieux, son petit prix peut être la clé (sur le contact de notre tableau de bord) pour se lancer dans cette « space odyssey ».
LES PLUS
- Un shmup d'antan aussi rare, les Retro gamers seront ravis
- Le système de modules modulables
- Difficulté progressive
- Onze niveaux, c'est copieux
- Les zones de labyrinthe
- Des scrollings différentiels
- Rewind et saves
LES MOINS
- Des couleurs ternes
- Une résolution peu adaptée aux écrans de grande taille
- Les digits sonores grésillants
Que de souvenirs! Très bon test. A défaut de dépenser 600€, je le laisserais bien tenter par cette version Switch!