Sur cette bonne vieille île d’Halloween, une centrale nucléaire high-tech a explosé comme par enchantement, libérant du même coup toutes les flammes de l’Enfer. En toute logique, des démons biscornus ont pris possession des pauvres hères. A nous, Cardinal Godspeed, de distribuer des exorcismes comme on distribue des gnons, et de libérer un à un ces pauvres villageois (qui après libération, auront tous l’air sains de corps et d’esprit… ou presque) …
God save the bullet
La carte, nous laissant pérégriner à notre guise, fait illusion, Infernal Radiation se fout de l’exploration, malgré un ou deux sacs de pièces à chiner et se présente avant tout comme un boss rush linéaire, enfilant les streumons cornus et bavards (au nombre de 20) comme on enfilerait des perles. Le tout avec les habituels éléments RPG : un inventaire et des stats à augmenter, de bonnes choses que nous retrouvons désormais dans la quasi-totalité des jeux d’action, c’est même à se demander s’il est encore nécessaire de les signaler.
La particularité du jeu signé par Asmodev (dont l’emblème est un diable) est de proposer de drôles de combats à distance, chacun de nos ennemis nous envoyant, par voie postale ou à la vitesse de la lumière, de bonnes grosses boulettes qu’il faudra contrer avec un bon timing. Entre chaque boulette, nous pourrons à notre tour attaquer, si bien entendu nous jugeons possible de le faire ; car c’est là tout le sel des combats : l’ennemi ne nous laissera que très peu de répit, voire aucun, entre chaque assaut.
Le jeu prend très rapidement des atours de jeu de rythme, étrangement arythmique puisque tout est fait pour nous surprendre du côté des boulettes. Il est impossible de bloquer et d’attaquer dans le même temps et une action (attaque ou contre) nous immobilise un laps de temps avant que nous puissions agir à nouveau. La moindre erreur se paye comptant, notre barre unique se réduisant vite à peau de chagrin, et si par mésaventure nous enchaînons deux-trois ratés, l’ennemi, lui, est increvable comme dans un Dark Souls (encore lui !). Il a plusieurs vies et il a le luxe de s’énerver sur la fin ! Nos stats, se bonifiant au fil des combats, peuvent bien entendu nous aider à survivre, mais ne comptez pas trop sur cette progression pour en découdre (notre expérience monte pourtant, même en cas de défaite), car elle se fait à pas d’escargot.
Vade retro Satanas
Même si chaque ennemi a sa botte secrète et que le gameplay vaut le coup d’œil en étant original, les combats ont le grand malheur de se ressembler tous, encore plus si vous affrontez le même ennemi après une quinzaine de défaites. Et ce ne sont pas les quelques pouvoirs et potions d’eau bénite qui vont améliorer la donne : c’est toujours la même soupe, à base de sempiternelles attaque/défense. Il est possible de laisser tomber sa Switch de dépit, déprimé par tant de répétitivité décérébrée. Nous ne sommes pas, hélas, gâtés par le reste : une bande son souvent insipide, incapable d’assurer une ambiance autre que bizarre ou à côté de la plaque et des voix (en russe ?) insupportables de répétition durant les combats.
Que dire du pourquoi nous nous retrouvons sur cette île : les dialogues ou les textes dans les vignettes jaunes sont rigoureusement mal écrits (ou mal traduits) et l’histoire ressemble tout du long à une improvisation prétexte à des blagues nulles sur la religion chrétienne, des démons ridicules (dont un, sans bras, à qui nous demandons de ramer) ou le KKK (il y avait pourtant matière à faire rire avec les capuches blanches).
Comme un morceau des cramps
Et pourtant, il arrive aussi que le charme radioactif du jeu agisse, par un processus atomique inespéré et contre-nature. D’abord parce qu’Infernal Radiation cultive sa différence et ne ressemble à aucun autre jeu connu sur cette Terre. Ses propres défauts nourrissent sa singularité. Sa 3D infâme, c’est voulu. Son côté bancal, son humour raté, son aspect douteux en font un produit mal élevé, hirsute, loin des considérations des testeurs, arrogants et prétentieux forcément, à la recherche du beau.
Nous avons avant tout affaire à un jeu punk, qui se détermine que comme une chose puérile et improbable, souvent bête, énervante et fière de l’être. Cet aspect poil-à-gratter n’est pas pour nous déplaire, surtout dans un monde vidéoludique de plus en plus lissé.
Conclusion
Sorte de Pong pour psychotiques et autres amateurs de "Soulerie", Infernal Radiation nous irradie avec son concept sorti de nulle part. C'est original, et amusant... à petites doses. Si vous cherchez une expérience curieuse, sorte de mélange de rock'a billy déjanté à la Cramps et de "je m'en foutisme" aigu, n'hésitez pas à tenter cette balade pour le moins inquiétante. Mais si par hasard, vous êtes en quête d'un bon jeu, d'un jeu qui jamais ne vous décevra, prenez garde ! Si vous vous aventurez sur cette île en proie aux flammes et aux démons (à la con), vous risquez de vous y perdre, vous et votre âme.
LES PLUS
- 20 boss bien méchants
- Un jeu pour le moins atypique
- Un système de combat original
- L'univers barré
- Du challenge, pour sûr
LES MOINS
- Répétitif
- 3D un peu infâme
- Possibilité de rester bloqué dans le décor
- Dialogues et textes superbement mal écrits (ou mal traduits)
- Difficile au point d'en devenir stupide
- Musique à côté de ses pompes
- Voix et bruitages affreux lors des combats