Qui ne connaît pas Buffalo Bill le célèbre chasseur de bisons, ou Calamity Jane à l’avant-garde de l’émancipation féminine, deux figures emblématiques de la conquête de l’Ouest américain ? C’est donc vers l’or que nous nous ruerons dans ce test, au fin fond de l’Amérique, dans l’univers d’un vieux western avec ses saloons, ses duels au colt et ses cow-boys.
Lucky Luke n’a qu’à bien se tenir car voici venir Lone McLonegan, dans un jeu d’aventure Point‘n Click développé par Verónica Rodríguez et Antonio Carlón, que publie Flynns Arcade. Traduit en français, anglais et espagnol, Lone McLonegan : A Western Adventure est disponible depuis le 4 Novembre 2021 sur PC et Nintendo Switch, au prix de 9,99 euros sur l’eShop.
Tagada, tagada, voilà McLonegan…
L’aventure débute à Loneville, dans une maison isolée en plein cœur du désert où Lone McLonegan, jadis « hors-la-loi le plus recherché du Far West », écoute pour l’heure la radio sur son canapé. Pleutre invétéré qui ne cesse de fuir en réalité l’âpreté des combats, son étoile pâlit sous ses faux airs de dur… tant et si bien que son ennemi juré, Bragg Badass, finit par lui ravir son titre.
Il n’en fallait pas plus pour tirer le couard de sa léthargie, qui pétri d’une furieuse envie de revanche, se décide à dévaliser la banque d’Oldewell (« Bank of Oldewell » dans le texte) où demeure au cœur d’un coffre-fort, le butin de son rival. S’extirpant de son canapé, il attrape au vol la première diligence venue, direction la city. Mais coup de théâtre, une attaque de bandits l’oblige à mi-chemin à revoir ses plans…
C’est ici que nous prenons le contrôle de notre antihéros qui, fort contrit, se résout à marcher jusqu’à Oldewell. Dans la plus pure tradition du Point’n Click, nous disposons, accessible depuis le haut de l’écran, d’un sac à dos en guise d’inventaire, au sein duquel stocker les items que nous collectons au fil de nos pérégrinations. Ces objets observables sous toutes les coutures, servent à la résolution d’énigmes ou requêtes de PNJ, afin de débusquer les étoiles de shérif dissimulées dans le décor – 32 au total. Notre avatar peut aussi décocher des coups de pied en pressant le bouton Y.
Des lourdeurs dans l’interface
La maniabilité n’est cependant pas exempte de défauts, le joystick s’avérant peu adapté à la sélection d’objets parfois trop petits. On préférera donc le mode tactile, idéalement la souris sur Pc.
Laborieux également, les allers-retours incessants dans l’inventaire pour consulter la carte que nous recevons au début du jeu, par le biais de laquelle nous nous déplaçons d’un endroit à l’autre : s’il n’y en a d’abord qu’une poignée, les points d’intérêt s’accumulent dans la deuxième moitié du périple. Il devient du coup franchement barbant de faire constamment défiler la barre d’objets avant d’accéder – enfin ! – au plan des lieux, manipulation inutile qu’un raccourci manette aurait permis d’éviter.
Au rang des détails perfectibles, notons en outre qu’il faut à chaque démarrage du titre, de nouveau paramétrer le français en tant que langue par défaut, dans une traduction par ailleurs approximative à certains moments. Le jeu ne dispose en effet d’aucun doublage mais de sous-titres qui défilent automatiquement.
Les PNJ coupent néanmoins souvent court à la conversation, ce qui nous contraint à relancer le dialogue pour parcourir les multiples choix disponibles. Certes une broutille, mais une de plus, qui décourage à la longue !
Une pincée d’humour….
Heureusement, l’intrigue, bien menée, se distingue par son humour omniprésent du début à la fin, saupoudrée d’anachronismes et références à notre culture contemporaine (smileys, etc.), ce qui n’est pas pour nous déplaire et rend ce Point’n Click unique.
Lone nous prend directement à partie, discute de nos décisions. Certaines associations d’objets, vraiment farfelues, nous décrochent facilement un sourire. Âmes sensibles s’abstenir, nous serons par exemple amenés à catapulter un malheureux chat dans la cheminée d’une grand-mère, en combinant une paire de bretelles à un cactus. De l’humour noir en bonne et due forme, les développeurs s’empressant toutefois de préciser à travers Lore, jamais avare de commentaires décapants, qu’aucun félin n’a été blessé au cours de la scène.
Ajoutons qu’il s’agit d’un jeu destiné aux plus de 12 ans, non par sa violence toute relative – vous l’aurez compris – mais plutôt sa difficulté, assez corsée. Complexes, voire tordues, les énigmes nous font tourner en bourrique des heures durant : vous voilà prévenus !
Il était une fois dans l’Ouest
Qui dit jeu d’aventure inspiré des vieux westerns, dit musique d’ambiance digne de ce nom. Lone McLonegan : A Western Adventure remplit parfaitement le contrat, la bande-son nous immergeant directement dans le décor dessiné à la main, tout comme les protagonistes.
Les paysages, aux couleurs chaleureuses et conformes au cadre du lieu, regorgent de détails jamais superflus. Quant à notre avatar, rectiligne et un peu brouillon, celui-ci suscite toutefois un attachement immédiat. Du très bon en matière de direction artistique, donc !
Conclusion
Lone McLonegan : A Western Adventure constitue un excellent jeu d'aventure de type Point'n Click, pourvu d'énigmes épineuses mais intéressantes, malgré ses coquilles de traduction, récurrentes, et sa jouabilité qui laisse à désirer. Il n'empêche qu'il parvient, graphiquement et musicalement, à nous plonger dans son univers western complètement barré au prix mini de 9,99 euros : pour qui apprécie le genre, le titre vaut ainsi largement le coût !
LES PLUS
- Graphismes joliment dessinés à la main...
- Le gameplay efficace
- L'humour omniprésent
- La bande-son, tout droit sortie d'un Sergio Leone
LES MOINS
- … mais perfectibles au niveau des personnages
- Énigmes un peu trop complexes et tordues
- La prise en main, délicate au joystick
- Le jeu qu'il faut remettre en français à chacun de ses lancements
- Traduction des dialogues approximative