L’ère des jeux 16 bits, quelle époque bénie des dieux. Pixels à outrance, difficulté à nous faire transpirer sur nos manettes, gameplay simple et addictif. Nous l’avions crue révolue, elle revient pourtant hanter nos écrans depuis l’avènement du pixel art, cette mode qui consiste à habiller son jeu d’un style rétro, évidemment par l’usage de gros pixels apparents. Okinawa Rush ne fait pas exception à la règle, s’offrant à nos mirettes avec ses graphismes d’antan, son hémoglobine et ses ninjas prêts à trancher tout ce qui se dresse sur leur route.
Trois destins, un même chemin
Dans Okinawa Rush, nous incarnons au choix l’un des 3 personnages jouables, chacun disposant de ses propres introduction et dénouement. MeiLin, en quête de réponses sur l’état de son père, Shin, à la recherche de l’antidote à un poison mortel et son frère Hiro, lancé sur les traces du clan qui a tué sa femme et enlevé ses enfants, poursuivent les mêmes ennemis malgré des motivations différentes. Le périple, plaisant à suivre avec son lot de bons petits twists, nous amène à parcourir cinq grands niveaux truffés de passages secrets, de villageois à libérer et de hordes d’ennemis à repousser, façon Metal Slug. A ceci près qu’Okinawa Rush met en scène des maîtres d’arts martiaux au temps des samouraïs, un programme alléchant qui, disons-le tout de suite, tient toutes ses promesses : le jeu est très bon.
Outre le fait qu’il propose 3 histoires distinctes, le titre nous gratifie d’un gameplay nerveux et violent. Les ennemis virevoltent sous l’impact de nos coups, disparaissent dans des gerbes de sang, à condition d’avoir bien activé l’option hémoglobine. Car oui, le jeu recèle une réelle violence sous ses jolis pixels, idéale pour savourer d’autant plus l’effet de nos taquets. Petit bémol cependant, quel que soit le personnage sélectionné, celui-ci dispose peu ou prou d’attaques similaires, ces dernières subissant d’infimes variations à l’exception des coups spéciaux.
Les adversaires surgissant par grappes entières, nous affrontons parfois plus d’une dizaine de ninjas simultanément. On enchaîne coups de poings et coups de pied. On attrape l’ennemi et le balance contre un mur pour l’exploser dans une giclée sanguinolente, que n’aurait pas reniée Ken le Survivant. Mais attendez, n’évoquant là que des mobs lambdas, imaginez un peu les boss qui, particulièrement réussis, n’hésitent d’ailleurs pas à nous éviscérer d’une seule torgnole… Ah, cette violence, perpétuelle ! Au cours de joutes nerveuses et sanglantes, nous orientons au moyen du joystick la direction de nos frappes, spammant les boutons « Y » et « B » afin d’effectuer de super combos. Le gameplay, très simple, se montre relativement complexe, en cela fidèle au fameux aphorisme de Nolan Bushnell : « Easy to learn, hard to master ».
Le vrai sensei s’entraîne
Le gameplay requiert donc un minimum de pratique, a fortiori dans les niveaux de difficulté les plus extrêmes, le jeu n’en comptant pas moins de 14. De quoi tremper ses JoyCon, du mode « Très facile » au superbe « Cauchemar » ! Heureusement, nous ne manquons pas de ressources : il nous suffit de pulvériser caisses, tonneaux ou autres éléments du décor pour récolter menue monnaie et autres objets dont le commerce nous rapportera de quoi décorer notre dojo, où nous nous entraînons dans l’optique d’augmenter les caractéristiques de notre avatar. Stats que l’on peut même renforcer sans trop suer grâce aux deniers récoltés au fil des stages, une coquette somme récompensant en fin de parcours ceux qui l’auront traversé d’une traite, sans périr. Un passage obligé, vous vous en doutez, pour peu que l’avidité vous pousse lors d’un checkpoint, à troquer votre stock de vies durement acquis contre toujours plus d’argent : vous n’avez alors plus droit à l’erreur.
Le jeu, certes punitif, ne génère en revanche aucune frustration. L’on perd parce que l’on se surestime, point. Survivre ne tient qu’à la maîtrise effective du système de parade qui, d’apparence accessible mais nécessitant de s’exercer, consiste à déplacer son joystick dans le sens de l’attaque à contrer ; des combats musclés, donc, et très tactiques puisqu’il vous faudra parer au moment adéquat pour espérer tenir le plus longtemps possible.
L’arcade, c’est encore mieux
Qui dit survie ravive la nostalgie de l’arcade, un mode qu’embarque avec lui Okinawa Rush. Nous y incarnons toujours le personnage de notre choix mais cette fois-ci muni d’une seule et maigre vie, la défaite nous valant un bon gros Game over ! Le but ? Réussir un maximum de niveaux d’affilée en cumulant le plus grand nombre de points possible, sous la constante pression d’un mignon p’tit compte à rebours, juste pour le plaisir. Déjà présents dans l’aventure classique où l’on peut tenter de battre son précédent chrono ou son record de points, les aspects speedrunner et scoring s’en trouvent encore grandis. Le classement des meilleurs joueurs ne manquera d’ailleurs pas de réjouir les plus compétiteurs d’entre vous, bien que le titre se laisse également appréhender en coopérant. Chacun des compères use alors d’un seul JoyCon, ce qui n’entrave en aucun cas le confort de jeu.
Le pixel art, c’est magique
Okinawa Rush nous régale d’un pixel art de toute beauté, en sus d’une bande-son en parfaite harmonie avec le Japon féodal par sa mélancolie, mais aussi avec la nervosité des phases de baston, dans ces moments-là volontiers survoltée. Certains panoramas, exquis, s’assortissent d’animations subtiles qui forcément, nous font voyager, tels ces pétales de fleurs de cerisiers qu’emporte le vent dans son sillage. Les environnements se renouvellent constamment. De magnifiques cinématiques de pixels introduisent quant à elles les trames scénaristiques spécifiques aux trois personnages, dont les destinées respectives s’avèrent d’autant plus plaisantes à suivre que le soft est intégralement traduit en français.
Cette diversité de protagonistes, associée à un total de neuf fins déverrouillables, concourt à enrichir la durée de vie initiale, d’environ 7 heures pour conclure l’arc narratif de son premier personnage, bien plus conséquente si l’on y ajoute les 14 niveaux de difficulté précédemment mentionnés, les bonus et secrets à dénicher ainsi que les succès à débloquer. Un résultat final plus qu’honorable, pour un jeu proposé à 19€99 !
Conclusion
Okinawa Rush, excellente surprise, nous emmène au cœur d’un Japon féodal magnifié par le recours au pixel art et des thèmes musicaux de circonstance, à l’image du gameplay nerveux et jubilatoire. La difficulté, au rendez-vous, se fait ressentir à travers des nuées d’ennemis ne nous laissant aucun répit et des boss, vraiment retors, qui jamais ne répugnent à nous découper en morceaux. Effectivement le jeu, violent, ne rate pas une occasion de nous le rappeler, ni même de nous gâter avec sa profusion de contenus : trois personnages, neuf fins différentes, quatorze niveaux de difficulté, un système de scoring avec objets, secrets et villageois à trouver et libérer, succès… La durée de vie, plus que raisonnable, s’en ressent, sans oublier les modes Arcade et Coopération. Alors foncez, amoureux de violence graphique et de l’onirisme du Japon d’antan, mâtinés de combats trépidants, car ce beat them all / platformer vous est assurément destiné !
LES PLUS
- 3 personnages différents à incarner...
- Des fins alternatives à débloquer
- De nombreux niveaux de difficulté
- Un mode arcade
- Un côté RPG avec caractéristiques à améliorer…
- Sublime pixel art
- Une OST nerveuse et fantastique
- Le Japon féodal
- Un jeu nerveux et jubilatoire
- Une excellente durée de vie
- Violence graphique de bon aloi
LES MOINS
- Mais avec quasiment les mêmes attaques
- Seulement 5 niveaux
- Amélioration des caractéristiques pas assez approfondie (c’est vraiment pour chipoter…)
Et une version démo est disponible sur l’eshop pour se faire une idée.
Il faut s' »habituer » à la physique du personnage sur les phases de plateformes mais il est vraiment sympa.
Dommage pour la durée de vie un peu faiblarde, enfin le nombre de stages limités mais bon je ne l’ai essayé qu’en niveau ceinture jaune 🙂