Fort de cinq épisodes depuis le début de la « saga » en 2017, Outbreak, le titre de Dead Drop Studios, revient pour un sixième opus cette année… L’occasion de corriger les erreurs du passé ?
Cauchemar sans fin
Derrière le studio Dead Drop Studios se cache une seule personne, Evan Wolbach. C’est lui qui réalise tout seul, du début à la fin, l’épisode quasi annuel de Outbreak !
Tout a commencé en 2017 avec un jeu en vue de dessus (Outbreak), puis tout a changé pour adopter une vue « à la Resident Evil » en 2018 avec Outbreak : The New Nightmare. Hommage à peine dissimulé à la série de Capcom, Outbreak a donc continué son petit bonhomme de chemin, non sans traîner certaines lacunes… Mais en même temps, nous rappellerons que le développeur travaille seul !
Bref, ce nouveau Outbreak, intitulé Endless Nightmares, vous place dans la peau de Lydia, qui se retrouve devant une bâtisse ressemblant à une école dont la cour est cerclée par un mur et un grand portail fermé, ne laissant voir à l’extérieur que du brouillard. Vous commencez donc votre exploration en croisant rapidement ce qui ressemble à des spectres (tous jumeaux), vêtus d’une cape noire ne laissant pas voir leurs visages. Ces derniers s’expriment, en anglais uniquement, de façon énigmatique, et certains vous demandent de trouver des « conductor’s coin »…
Vous entrez alors dans la bâtisse et trouvez plusieurs portes closes, certaines gardées par les mêmes spectres vous demandant également un certain nombre de « conductor’s coin » pour y pénétrer. Vous comprenez alors que les conductor’s coin sont le nerf de la guerre dans ces limbes, ou plutôt, ce Nexus où vous avez atterri… Las, vous poursuivez votre exploration et finissez par trouver des armes, un petit 9 mm et même un couteau rouillé.
En progressant encore, vous trouverez un énorme coffre, qui n’est pas sans rappeler la saga à succès de Capcom, sauf que… Surprise ! En l’ouvrant (et selon le niveau de difficulté choisi), celui-ci s’avère bien rempli. Mitraillettes, katana, potions de soin et munitions sont immédiatement à votre disposition ! Vous remplissez alors au mieux votre inventaire limité, et continuez l’exploration.
En arrivant à l’étage, vous tombez sur un piano… Une interaction avec lui, et voilà que l’écran vire au noir et que des dialogues apparaissent à l’écran… Un semblant d’histoire… Des souvenirs de Lydia, et vous voilà transportés dans une Anomalie…
Voilà pour l’histoire ! Euh… Comment ça il ne se passe rien ? Vous n’avez pas compris ? Ben c’est un peu le problème ; il n’y a pas grand-chose à comprendre, et encore moins si vous n’êtes pas bilingues, car le jeu est entièrement en anglais ! Faut-il avancer plus loin dans l’anomalie quand même ?
Oui, nous avons été assez fous pour aller plus loin !
Resident Roguelike
À défaut d’une histoire bien scénarisée, il se dégage tout de même une ambiance à la frontière de Resident Evil et très légèrement de Silent Hill. Au niveau maniabilité, c’est du Resident Evil des origines, et un petit temps d’adaptation sera nécessaire pour ceux qui n’y sont pas familiers.
Les contrôles sont franchement un peu lourds pour les novices, mais à force nous nous y faisons. Côté actions à mener, les amateurs de survival horror seront en terrain connu. Au programme : dégommage de zombies et de monstres avec une armada digne des GI Joes ! Ça va faire mal… Enfin, surtout quand vous serez à sec. En effet, en fonction du niveau de difficulté choisi, vous aurez plus ou moins de munitions… Les armes que vous utiliserez seront également plus facilement détériorées, et si vous n’y prêtez pas attention, vous vous retrouverez sans rien et dans ce cas là… C’est la mort assurée ! Avec perte des conductor’s coin que vous avez gagnés jusqu’alors.
Au niveau de l’interface de jeu, c’est du Resident Evil pur jus, avec inventaire limité et barre de vie symbolisée par un encéphalogramme qui passera du vert foncé au rouge, en passant par le violet en cas empoisonnement… On va dire qu’il s’agit d’un hommage. L’avantage, c’est que les habitués comprendront vite les subtilités de la gestion de l’inventaire et des combinaisons d’herbes (même s’il n’est curieusement pas possible de faire des mélanges pourtant possibles dans Resident Evil).
À défaut d’avoir une histoire scénarisée, le jeu propose un univers qui semble pourtant intéressant… La vraie nouveauté de cet opus est le côté roguelike. Quand vous pénétrez au sein d’une anomalie, vous aurez un nombre de pièces défini à parcourir. Mais à chaque passage, celles-ci ne seront pas dans le même ordre, et il y aura toujours une chose à faire (résoudre une énigme à base de statues à pousser sur un bouton, ou alors simplement presser un bouton) pour accéder à la pièce suivante. Nous notons également que les énigmes, et surtout les pièges, ne se retrouveront pas au même endroit. Il en est de même pour les ennemis. Par exemple, lors de votre premier passage dans l’anomalie, une pièce comportera deux zombies, et lors d’un second passage dans l’anomalie, la même pièce pourra en contenir cinq, avec des pièges différents.
Dans l’idée c’est franchement pas mal, mais dans la pratique ça devient sacrément redondant (eh oui, malgré le côté roguelike). En effet, nous avons finalement l’impression d’errer un peu sans but, à avancer de pièces en pièces pour défourailler du zombie (en faisant attention à notre inventaire quand même). Qui plus est, les pièges se ressemblent beaucoup… Certains sont des zones avec des piques qui sortent brutalement pour vous blesser, demandant un certain timing pour les passer… Le problème, c’est que l’enchaînement de certaines n’est pas bien pensé et rend certains passages plus compliqués… Un peu comme ces lasers qu’il ne faut pas toucher, ou ces pendules avec des lames (que ne renieraient pas Jigsaw), qui se retrouvent suspendues à des endroits saugrenus au gré de vos retours dans les anomalies.
Au final, ce qui devait apporter un certain renouveau dans les parties finit par créer un sentiment de lassitude, et le côté fun des premières parties fini par s’estomper à mesure que nous pénétrons au plus profond des anomalies…
Silent Environnement
Comme nous l’avons dit plus haut, nous ne doutons pas un seul instant que l’auteur soit un vrai fan des survival horror. Il y a pléthore d’options à paramétrer, sans doute même un peu trop, donnant parfois l’impression d’avoir un jeu en mode debug… Le jeu étant tout en anglais, nous pouvons finir par nous y perdre.
Niveau réalisation, ce n’est visuellement pas toujours au top, mais ce n’est pas la cata non plus. Les environnements un peu sombres jouent en la faveur du titre, mais ne parviennent pas toujours à masquer l’aliasing, et surtout les ralentissements par moment, quand l’action devient trop importante.
Autre point positif et négatif à la fois… Vous avez le choix entre trois types de vue : FPS comme dans Resident Evil 7 et 8, Caméra à l’épaule comme dans le 4, 5, 6, ou alors Caméra Fixe comme dans 0, 1, 2, 3… Dit comme ça c’est super, mais dans la réalité, c’est très décevant… En effet, les caméras fixes ne sont pas toujours bien positionnées et nuisent même parfois à l’action. La vue FPS est trop restrictive et s’avère compliquée quand il s’agit de tirer (nous restons en maniabilité Resident Evil)… Reste donc la vue caméra à l’épaule… Mais elle n’est pas pratique quand il s’agit de pousser des objets pour résoudre des « énigmes »…
Au final, il faudra continuellement switcher entre les différentes vues pour espérer s’en sortir correctement, mais la gymnastique pourra s’avérer pénible, surtout quand une tripotée de zombies vous attendra au coin d’une pièce…
D’un point de vue sonore, à part pour le « Outbreak » prononcé quand nous lançons le jeu (et qui semble tiré du titre éponyme Resident Evil Outbreak), les personnages sont désespérément muets… Ça change par contre au niveau du bruitage des armes et des râles des zombies, qui rappellent les jeux dont le titre s’inspire…
Au niveau des musiques, ça oscille entre le bon et le « pourquoi y a-t-il cette musique maintenant ? ». Rien d’inoubliable en somme, et c’est dommage… Mais comme nous le disions en introduction, le développeur s’est occupé de tout en solo, et il paraît compliqué « d’être au four et au moulin » dans un jeu avec une telle ambition…
Conclusion
Ce nouvel opus de la saga Outbreak transpire de bonnes idées ! Le côté roguelike pour les pièges, l’emplacement des monstres, etc… Malheureusement, l’aventure est gâchée par l’absence d’une intrigue bien scénarisée et les quelques lacunes graphiques évoquées plus haut, incluant notamment les gros soucis de caméra. Nous sommes persuadés que Dead Drop Studios adore les survival horror ; ils maîtrisent les bases de leur sujet, mais il manque peut-être quelques touches extérieures pour transformer ce qui s’apparente plus à une démo technique qu'à un véritable jeu avec une histoire solide… Les bases sont là, et nous espérons vraiment que pour l’épisode suivant, le studio se fera aider pour mettre en ordre toutes ces bonnes idées… !
LES PLUS
- L’idée du roguelike pour les pièges et les ennemis.
- L’ambiance du jeu.
- L’univers du jeu.
LES MOINS
- L’absence d’un mode histoire scénarisé.
- La redondance des actions à mener.
- Les graphismes et les ralentissements.
- Les angles de caméra fix mal choisis.
- L’absence de version française.