L’océan a toujours été source de mille et une fascinations. Siège de ressources essentielles à notre survie notamment grâce à son impact considérable dans la production d’oxygène, les océans nous émerveillent autant qu’ils nous effraient par leurs créatures tantôt imposantes et majestueuses, tantôt effrayantes et lancinantes, minuscules ou gigantesques. Désormais au cœur même de l’actualité afin de comprendre l’impact de notre pèche plus ou moins responsable, l’océan n’en finit pas de faire parler de lui… et se retrouve aujourd’hui le protagoniste principal du jeu que nous allons vous présenter.
Développé et édité par E-Line Media, Beyond Blue propose aux joueurs de vivre un rêve… virtuel. Qui n’a jamais rêvé d’approcher au plus près certaines espèces emblématiques telles que les célèbres dauphins, orques, mais aussi les incroyables baleines et la multitude de poissons tous plus colorés les uns que les autres peuplant avec merveille nos océans, mais sans jamais porter préjudice à leur environnement ? Le rêve est aujourd’hui possible, tout en restant confortable installé dans son canapé, et sans même mouiller le petit orteil (ni même savoir nager !). Beyond Blue offre l’opportunité exceptionnelle de participer à de multiples expéditions au cœur de l’océan afin d’observer, comprendre, et venir en aide à ses nombreux résidents.
Le cœur de l’océan
Tandis que la présentation reste quelque peu sommaire, l’ouverture du soft permet de mettre en lumière la passion indéniable de Mirai, océanographe amoureuse de son métier et forcément adepte de plongée. Son job consiste à étudier la faune marine avec précision, tout en gardant un lien étroit avec son équipe restée sur la terre ferme et réalisant moult directs sur le Web. Un parallèle malin et astucieux qui donne un sens réel à l’aventure, et source de nombreux bavardages (sous l’eau, votre partie aurait été très silencieuse sinon !). Une humanité que nous retrouverons par ailleurs directement à bord de votre sous-marin… nous y reviendrons. L’intérêt principal du soft n’est assurément pas ici !
En effet, tandis que l’aventure se déploie sous la forme d’un journal avec quelques annotations avant chaque plongée, votre immersion sous l’eau occupera la majorité de votre temps. La prise en main de Mirai est assez intuitive, ses mouvements ne sont guère compliqués et se résument à une nage plus ou moins rapide. Néanmoins, soulignons qu’une certaine lenteur et une gestion des mouvements parfois un peu hasardeuse peut se montrer quelques peu gênantes dans certaines séquences… fort heureusement, les développeurs ont pris soin de focaliser les objectifs à une distance raisonnable les uns des autres.
L’écran de jeu principal met ainsi en scène Mirai, dans sa tenue de femme grenouille et disposant d’une ressource en oxygène illimitée, avec une boussole longiligne au sommet de l’écran. Cette dernière affiche votre profondeur (pouvant être assez importante !), mais aussi votre direction selon les quatre points cardinaux, et les objectifs. Le joueur n’est ainsi jamais perdu et peut sans mal retrouver son chemin dans le grand bleu. Un grand bleu qui se veut volontairement richement habité…
Un très grand nombre d’espèces viendra se frotter à vous, parfois avec une confiance abracadabrante, tandis que d’autres fileront à vive allure au dessus de votre tête. Pour chacune d’entre elle, Mirai est invitée à ouvrir son radar, scanner tous les individus qu’elle croise et ainsi les répertorier. Ses multiples découvertes donneront lieu à une source importante et respectueuse de connaissances, les amateurs de plongée apprécieront… par ailleurs, le comportement des espèces est mis en lumière avec beaucoup de pudeur, laissant les dauphins jouer par ici, les orques chasser par là… la volonté de rester un minimum cohérent dans les multiples représentations est sensible, avec un respect omniprésent pour toute vie marine.
Vos pérégrinations permettront ainsi de débloquer toutes les informations de votre journal scientifique, véritable recueil de données sur les espèces que vous aurez croisées et identifiées. Certaines informations n’emballeront probablement pas les foules (notamment l’embranchement des animaux, une donnée importante en master de biologie, un peu plus nébuleuse pour le néophyte de taxonomie), tandis que d’autres attiseront la curiosité (le chant des baleine occupe une place de choix dans l’aventure et reste, sans surprise, fascinant !).
Le jeu se veut particulièrement ludique puisqu’il dispose en son sein de nombreuses vidéos références permettant de mieux comprendre le fonctionnement et l’articulation des différents habitants des océans. Ces vidéos sont assez courtes, mais de qualité. En outre, tout comme l’intégralité du soft, elles sont parfaitement sous titrées en français.
Si les apprentissages susciteront intérêt et peut être la naissances de certaines vocations, le jeu en lui même, risque néanmoins de se montrer quelque peu répétitif pour celles et ceux qui n’ont pas cette petite étoile dans les yeux en découvrant sur l’écran de leur switch le déplacement voluptueux d’un poulpe…
La vie à bord
Les plongées représentent les phases de jeu les plus longues (et les plus intéressantes), mais Mirai doit aussi retourner à bord de son sous marin afin, notamment, de garder un lien avec les membres de sa famille.
Reconnaissons avoir été quelque peu surpris de ce choix des développeurs… appeler notre sœur tandis que nous cherchons à comprendre l’impact d’un prélèvement de minerais pour en faire des panneaux solaires, l’intérêt nous semblait quelque peu sommaire… et pourtant. Au fil des multiples appels réalisés à bord de notre petit vaisseau, nous nous sommes attachés aux quelques personnages gravitant autour de Mirai, touchée par l’histoire un peu difficile de cette scientifique émérite. Ces discussions donneront lieu à quelques révélations, tandis que le joueur est invité à choisir parmi quelques propositions de dialogues.
Le sous-marin, même s’il peut sembler un peu inutile, renforce cet idée d’isolement de Mirai qui, malgré la multitude d’outils technologiques, se retrouve bien seule avec ses baleines…
Mirai moi la vue…
Beyond Blue est un jeu qui se veut contemplatif. Les plongées doivent donner lieu à quelques observations remarquables, aussi bien par l’environnement ambiant que par le déploiement du comportement des animaux. Malheureusement, la qualité de ces deux critères est parfaitement inégale… en effet, nous avons été (désagréablement) surpris par l’aspect très scintillant des fonds marins, avec une redondance des milieux assez regrettable. Les coraux et la végétation marine manquent cruellement de détail et deviennent parfois une bouillie de pixels brillants dans lequel notre déplacement n’est pas franchement esthétique…
A contrario, les représentations animales sont réussies, avec une bonne réalisation des textures animales, des corps plus ou moins massifs, les regards ont été soignés et les comportements généraux de qualité. Les bancs de poissons floutent notre regard et donne l’impression d’être ce prédateur qui ne sait ou donner de la tête pour tenter d’en observer un, et un seul.
Le déplacement de Mirai, quant à lui, est plutôt bien réalisé, mais peu parfois sembler un peu lent, voir rigide, comme énoncé au début de ce test. Par ailleurs, libre à chacun de juger l’esthétisme de la jeune femme une fois sa tenue de plongée ôtée (quel air aimable !)… le sous marin, lui, est plutôt de qualité, avec une véritable sensation de petitesse et d’étroitesse dans ce cadre totalement insolite.
… et restez à l’écoute !
Le soft peut s’enorgueillir d’être parvenu à offrir une certaine qualité sonore à son titre. Si certains bruitages peuvent surprendre, d’autres portent le joueur dans l’univers marin avec beaucoup d’émotions. Une petite charge émotionnelle qui pourrait donner lieu à une vision plus respectueuse de l’environnement marin ? Probablement le véritable challenge des développeurs…
Les mélodies plus légères, et franchement humaines cette fois ci, sont aussi de la partie dans le sous-marin. Ce dernier est le siège de quelques escapades musicales, laissées libres au joueur qui peut sélectionner le titre de son choix tandis qu’il déambule dans l’habitacle. Joli détail, coupant cette solitude… tout en la soulignant à nouveau !
Les multiples discussions, intégralement sous titrées en français, sont cohérentes, avec une intonation juste. L’interprétation des différents personnages est réussie.
Prêt pour le grand plongeon ?
Finalement, il est presque difficile d’être incisif face à un soft qui se veut doucement moralisateur, tandis que les océans subissent véritablement d’importants traumatismes frappés par la main de l’Homme. Nous aurions adoré une qualité graphique supérieure, permettant une immersion plus réussie encore dans cet environnement qu’il est urgent de protéger, au-delà de ses occupants animaux. Par ailleurs, s’il est possible de retourner dans les zones déjà visitées, les missions restent simples et très accessibles (l’objectif n’est assurément pas de bloquer le joueur !), le manque de challenge est là et l’aventure principale peut vite se boucler en quelques heures pour celles et ceux qui s’orientent au plus vite vers les objectifs principaux.
Beyond Blue est disponible sur l’eshop de la Nintendo Switch au prix de 17 euros environ.
Le saviez vous ?
Il existe deux types de plancton : le plancton animal et le plancton végétal. Ce dernier est capital à la survie de l’humanité puisqu’il agit comme une plante verte par le biais de la photosynthèse : il capte le dioxyde de carbone et produit de l’oxygène. Son impact est considérable puisque les scientifiques estiment que 50% de l’air que nous respirons provient des océans…
Conclusion
Sans prôner l'amusement puisqu'il n'en est aucunement l'objectif, il ne pourrait être que positif que chaque joueur puisse un jour se plonger dans l'univers fascinant et si respectueux de Mirai. Déambulant dans de multiples zones de l'océan, les belles rencontres sont nombreuses et mettent en lumière des animaux fantastiques, avec des comportements bien retranscrits, et un accès à une foule de connaissances pour le joueur qui le souhaite. Malgré des graphismes peu cléments de l'environnement, l'immersion auprès des communautés animales marines, elle, reste réussie et source de quelques émotions touchantes... certains pourront critiquer une redondance des tâches, d'autres seront particulièrement enthousiastes par le repos et la douceur émanant du soft. Une certaine bienveillance pour le monde marin qui pourrait être le point de démarrage d'une vision plus respectueuse de cet univers aujourd'hui menacé.
LES PLUS
- De très belles rencontres avec la faune marine qu'il est possible d'approcher et d'observer au plus près sans leur porter préjudice !
- Bonne retranscription des comportements des habitants des océans.
- Accessible, ludique et plein de bon sens, avec une bonne vulgarisation générale des connaissances tout en s'appuyant sur de multiples supports (sons, schémas, textes, vidéos...)
- Présence d'une petite vie sous marine en dehors de la plongée. Impact de la vie familiale de Mirai.
- Totalement sous-titré en français.
- Prix très correct
LES MOINS
- Certains environnements ressemblent plus à une bouillie de pixels brillante... tandis que les animaux sont réussis !
- Déplacement de Mirai parfois un peu lourd
- Tâches globalement répétitives