L’annonce de Pecaminosa avait éveillé notre curiosité, notamment pour le côté « pixel noir game » qui était en sous-titre… Évidemment, on pense immédiatement aux gangsters et à une ambiance poisseuse, mais est-ce que Pecaminosa coche toutes les cases… ? Enfilez votre imper et prenez votre bouteille de vieux Nick, la route de Pecaminosa n’est pas un fleuve tranquille…
Une histoire néo-futuriste sous couvert de romain noir
Pecaminosa est un jeu développé par le studio indépendant portugais Cereal Games, dont il s’agit d’ailleurs de la première réalisation à destination des joueurs console (et PC) !
L’histoire se déroule donc dans la ville imaginaire de Pecaminosa, dont l’ambiance rappelle fortement Chicago au temps de la prohibition. Tout commence avec le héros du jeu, un certain John Souza, ancien flic un peu trop porté sur la boisson, ce qui lui a coûté son badge. Le bonhomme vit donc dans un studio et commence l’aventure en caleçon allongé sur son lit quand on frappe à sa porte… C’est alors qu’il a la surprise de trouver sur le pas de sa porte Charlie et ses Anges (petite référence à Charlie’s Angels, plus connu sous le nom de Charlie et ses drôles de dames par chez nous). Le problème, c’est que Charlie est censé bouffer les pissenlits par la racine et pourtant il est bien présent devant vous, accompagné de ses deux hommes de main arborant un visage maquillé comme las muertes. Le bougre lui annonce que son ancien partenaire, Sully, a disparu depuis deux semaines, mais qu’il est enclin à l’aider à le retrouver, si John accepte de s’occuper de certaines personnes présentes sur une liste… Le deal est simple, John s’occupe des types de la liste, Charlie peut se rendre au paradis et en bonus il lui permettra de retrouver son pote Sullivan !
Bon gré, mal gré, mais surtout pour son ancien partenaire envers lequel il a une dette, John accepte le marché proposé par son ancien ennemi et c’est ainsi que début sa quête…
Humour noir
Dès le début, la première chose qui fait mouche, ce sont les dialogues. Savoureux et jouant sur les mots, ils prêtent à sourire… à condition d’avoir un bon niveau d’anglais. Disons-le tout de go, si vous n’êtes pas à l’aise avec la langue de Shakespeare, passez votre chemin ! Les phases de dialogue comptent dans plus de la moitié du jeu et ne pas les comprendre vous empêchera de profiter pleinement de l’ambiance du titre. Voilà, c’est dit, on peut continuer !
Pecaminosa est donc un A-Rpg (Action RPG) en 2D avec une vue « à la Zelda », mais avec pas mal de dialogues ! Vous devrez donc enchaîner les rendez-vous avec divers personnages, tous hauts en couleur… Des filles de joie de la maison close « La Joie de Vivre » (en français dans le texte par contre), en passant par les Irlandais rouquins en quête d’indépendance, sans oublier un passage dans le désert qui ne sera pas sans vous rappeler la frontière mexicaine et le trafic qui va avec, où vous affronterez également des zombies et des araignées géantes mutantes (euh oui vraiment). Pour se défendre, notre héros pourra d’abord compter sur ses poings, même si très vite il mettra la main sur un flingue, une sulfateuse ou encore un fusil à pompe (attention toutefois, l’inventaire est limité et il faudra parfois faire des choix) ! Nous avons indiqué que le jeu est un RPG, de fait, notre personnage pourra faire évoluer des points de compétence via un système appelé L.I.F.E. pour respectivement Luck (Chance, augmente les possibilités de ramasser des objets), Intelligence (utile lors de certaines phases de dialogue), Force (pour augmenter votre force, mais surtout votre barre de vie) et enfin Endurance (pour sprinter et esquiver rapidement). À vous donc de dispatcher les points durement gagnés lors d’affrontements contre des rats, des chiens… et bien entendu des hommes de main ! Sans oublier… les Boss ! Ces derniers s’avèreront aussi savoureux dans leurs dialogues que délicats dans les affrontements ! En effet, ils ne sont pas faciles à vaincre et il sera préférable de bien préparer les affrontements… En fait, la difficulté vient surtout du côté quasi « Soulsien » des affrontements. Ainsi, chaque Boss a ses propres patterns, qu’il faudra comprendre et appréhender au mieux, surtout sans se précipiter, pour espérer les vaincre. C’est durant ces moments-là que vous pourrez rager contre des contrôles façon twin stick shooters, pas toujours très précis… et surtout la lenteur de notre personnage ! Nous avons eu la désagréable sensation d’être moins rapides que les boss ainsi que certains ennemis de base… Résultat, nous avons souvent perdu la vie, car nous n’arrivions pas à esquiver rapidement. Certes, nous avons une barre d’endurance qui nous permet de faire des petits « dash », mais cela ne suffit pas (la barre d’endurance ayant tendance à se vider rapidement). Ce sentiment de lenteur s’est également fait sentir lors de nos déplacements dans la ville (et dans les autres zones du jeu). Il est possible de prendre le taxi (moyennant finance) pour se déplacer plus rapidement, mais généralement nous avons préféré économiser nos deniers.
De manière générale, le jeu est assez linéaire (parfois même trop) et oblige de faire telle ou telle action pour débloquer la suite de l’histoire (ce qui nous a valu un détour inutile et pénible dans le désert). Mais dans tout ça, qu’en est-il du côté « noir » ?
Noir c’est noir
Souvent, le côté noir est un prétexte pour attirer un certain public, somme toute dans Pecaminosa, nous pouvons dire que ce n’est pas le cas. Dès le début de l’aventure, le côté film noir est très présent, que ce soit dans la galerie de portraits que l’on croise ou dans la ville dans laquelle on évolue (toujours en pleine nuit noire). Rajoutons à cela l’effort fait sur l’histoire, qui transpire les mauvais coups et le whisky (d’ailleurs, on vous a dit qu’il fallait boire du whisky pour récupérer des points de vie ? Notre brave John n’est pas prêt de lâcher la bouteille !). Vous pourrez également miser vos deniers dans des tripots clandestins lors de parties de cartes que l’on soupçonne d’être truquées… On a évidemment parlé des dialogues et surtout de l’humour noir de certains échanges, mais qu’en est-il visuellement ? Eh bien, les pixels qui composent le jeu font parfaitement ressortir l’ambiance sombre et période Capone revendiquée par le jeu. On se croirait dans une dystopie où Chicago serait restée bloquée dans les années 30. Par contre, les zones à explorer ne sont pas forcément immenses (bien que la carte de la ville donne une sensation d’immensité), on dénombre 6 zones à l’esthétique différente pour une durée de vie aux environs des 6 heures de jeu.
Mais un film noir, ce n’est pas que des images, c’est aussi une ambiance sonore et une attention particulière semble avoir été portée sur ce point. La musique s’avère très jazzy lorsque l’on déambule dans la ville et les tripots et bascule dans un rythme un peu plus entraînant lorsqu’on évolue dans le désert, avec toujours cette trompette lancinante et hurlante. Certaines zones, plus dans le brouillard, joueront sur des notes de pianos, alors que d’autres feront gratter les cordes d’une contrebasse. Les gars ont bien bossé et on sentirait presque l’odeur du tabac froid et du whisky…
Conclusion
Nous arrivons au bout de cette sombre expédition, mais soyez assurés que le sous-titre du jeu ne ment pas… à Pecaminosa tout est noir (et bien plus sombre que vous ne pouvez l’imaginer) et même si certains passages vous mettront dans une colère noire, vous apprécierez cette virée à l’ambiance ensorcelante… sous réserve bien sûr de pouvoir profiter de l’histoire… ! Sinon, le jeu ne sera qu’un action-rpg à l’esprit un peu « Souls like » et aux affrontements trop compliqués, la faute à une maniabilité pas toujours au top. L’histoire a son importance et contribue à plus de la moitié du plaisir de jeu, il est vraiment dommage de ne pas avoir proposé de traduction française !
LES PLUS
- L’ambiance film noir.
- Certains persos très caricaturaux.
- Certains dialogues assez drôles.
- Certains combats de boss.
LES MOINS
- Entièrement en anglais !
- La maniabilité pendant les phases de tir.
- La lenteur de déplacement du perso.
- Un monde un peu vide.
- Des objectifs pas toujours très clairs.
dommage pas de trad..ca donnait envie