Om Nom: Run, dernier-né de ZeptoLab sorti début 2020 sur nos smartphones, arrive aujourd’hui sur notre console hybride. L’occasion de se poser une nouvelle fois cette question fondamentale : qu’est-ce qu’une console de jeu ? Pour y répondre, nous développerons notre point de vue en abordant la mutation des téléphones et tablettes en tant que plateformes de jeu, tout en gardant à l’esprit que notre Switch ne relève pas du smartphone, mais bel et bien de l’objet exclusivement dédié à la pratique de notre média préféré, ce qui change tout ! Bref, nous avons quatre heures… ou pas.
Les voyages immobiles
Commençons par préciser d’où provient Om Nom: Run. Il s’agit de l’héritier direct des Cut the Rope premier et deuxième du nom, et autres Om Nom Merge, publiés dès 2010 sur le modèle de l’appli « gratuite » très répandu sur mobile, qui entrave cependant la progression du joueur à moins qu’il ne mette la main au porte-monnaie. Meilleure alliée des usagers des transports en commun ayant du temps à tuer, cette série, pionnière, compte parmi les premières à s’être taillé une place de choix sur nos écrans itinérants.
Mais il faut bien l’admettre, la durée de présence de ce type de productions sur nos appareils demeure la plupart du temps proportionnelle au temps de jeu que nous daignons leur consacrer : très limitée, donc. Un titre en chassant rapidement un autre, rares sont ceux à offrir un gameplay réellement digne d’intérêt, les développeurs préférant souvent multiplier les productions. Aussi avons-nous assisté à une déferlante de runners.
Le dernier titre de ZeptoLab s’inscrit justement dans cette catégorie. Un énième runner 3D gratuit à l’origine, devenu payant sur l’eShop : seulement 5€, certes, avouons néanmoins que ça ne sent quand même pas très bon, d’autant que ZeptoLab n’en est pas à son coup d’essai pour qui se souvient des Cut the Rope sur 3DS. Ceux-ci avaient toutefois le mérite d’adapter astucieusement leurs casse-tête au double écran, notamment le tactile, là où Om Nom: Run ne dépasse pas le stade du portage bête et méchant.
Mais enfin, qu’est-ce qu’un runner 3D, s’interrogeront les rares irréductibles à leur résister encore et toujours ? Un runner 3D consiste à contrôler un personnage lancé dans une course folle, laissant au joueur le choix de son chemin parmi trois, afin d’éviter des obstacles malveillants cherchant à le faire trébucher, par-dessus ou dessous lesquels sauter ou glisser.
Duel au soleil
Les runners sont légion sans jamais varier d’un iota. Fans de foot ? Rassurez-vous, votre club préféré se prête sans doute au jeu, avec membres à débloquer moyennant quelques euros. Amateurs du hérisson bleu en mode hypervitesse, réjouissez-vous, Sonic a déjà exaucé votre souhait. D’autres encore se sont pliés à l’exercice, tels Rayman, Mario ou Lara Croft, pour un résultat qui ne dépasse jamais le temps d’un trajet entre deux arrêts de métro.
Et c’est bien là le problème. La Switch rappelons-le, est une console de jeu, consacrée et vouée corps et âme au jeu, car je n’en démordrai pas, ma Switch a forcément une âme vu l’amour que je lui porte. Alors quand débarque un titre au système de jeu aussi pauvre, j’ai mal à ma console. Au bout de 7 secondes et 35 centièmes, nous en avons fait le tour, le reste s’assimilant à une vulgaire redite dans le sombre dessein d’aller toujours plus loin. Passées 10 minutes, nous nous ennuyons ferme.
Cela n’empêche pas d’y revenir le lendemain pour y jouer dix autres minutes, sans déplaisir d’ailleurs, mais notre Switch est-elle dédiée à ce genre d’expérience ? C’est la question à laquelle il nous faut répondre lorsqu’un tel jeu parvient à nous faire de l’œil. Car Om Nom: Run sait aguicher le chaland, doté de graphismes particulièrement mignons, tout en couleurs vives. Et puis la visite du monde des Om Nom plaira sans doute aux aficionados de la licence. Nous pouvons en outre débloquer des costumes sans plus passer à la caisse, à condition de récolter suffisamment de pièces en route.
Notons aussi la possibilité de s’y adonner à plusieurs, jusqu’à 8 sur le même écran. Là aussi, une bonne idée mal exploitée. Quel intérêt que de parcourir ces routes, sans interaction entre les joueurs, dans le seul but – déjà évoqué – d’aller le plus loin possible ? Aucun, c’est encore plus ennuyant que le mode solo.
Conclusion
La Switch est-elle réellement adaptée à l'expérience fragmentée et le micro-usage d'Om Nom: Run, qui s'appréhende comme le veut le genre du runner, par de courtes sessions d’une dizaine de minutes ? Aux joueurs de trancher. S'ils y répondent toutefois par l'affirmative, autant lui préférer des titres plus amusants et originaux, à l'image de Summer Catchers. Dommage que ZeptoLab n’ai pas plutôt cherché à porter sa saga de jeux de réflexion Cut the Rope, dont l'intérêt sur le long terme paraît plus aisément compatible avec une utilisation console. Difficile donc de conseiller ce titre tant il n’apporte rien de plus que sa version smartphone, gratuite qui plus est.
LES PLUS
- Les graphismes, colorés et mignons
- Un jeu adapté à de courtes sessions
LES MOINS
- L’ennui pointe très vite le bout de son nez
- Le gameplay, très vite redondant
- Le mode multijoueur, inintéressant au possible