Le patron des Enfers est en vacances et comme d’habitude, quand il n’est pas là, c’est le grand bazar ! Les âmes en peine, un peu benoîtes, se sont éparpillées dans les quatre coins des limbes. À nous, sous-fifre diablotin, avec notre bonne tête de vainqueur, de faire le grand nettoyage de printemps…
Développé par HugePixel, déjà auteur du (sinistre) Bone Marrow, More Dark se présente comme un platformer/puzzles dans le plus pur style de l’éditeur Ratalaika : du pixel-art 8-bit et une action sympathique. Pour notre bon plaisir, le jeu rameute avec lui tout le b.a.-ba du genre, celui, vous le connaissez forcément, où nous poussons sans relâche des caisses en bois.
Les commandes sont simples au début : nous sautons et nous sprintons. Les levels sont minimalistes avec trois quatre plates-formes sur lesquelles sauter, quelques pics pour seuls pièges et un ou deux ennemis à aplatir. Cela a l’air très simple à jouer, voire très enfantin, mais les apparences sont souvent trompeuses… Vous l’apprendrez à vos dépens : tout est agencé de manière à ce que vous trépassiez maintes et maintes fois (et de préférence dans d’atroces souffrances, avec les gerbes de sang qui vont bien).
La mort vous va si bien
Notre perso bouge nerveusement avec des sauts bien secs et de (très) faible amplitude. Comme le perso s’emballe facilement et que le jeu exige une grande précision, se rater sera chose courante, même sur des actions banales comme par exemple sauter sur un ennemi immobile. Quelque part, c’est voulu et c’est le poil à gratter du jeu. Le HUD arbore un beau compteur de morts, histoire de gentiment se moquer du joueur à mesure que le nombre à trois chiffres s’affole. Si par malheur, vous bloquez sur un niveau, vous risquez même de voir ce compteur exploser. À noter que le bouton X permet de se suicider joyeusement afin de reprendre tout le niveau à 0.
Heureusement, des objets, à glaner au cours de nos pérégrinations, vont augmenter nos possibilités d’action et renouveler du même coup les puzzles, et ce de manière très agréable : la bombe pour dégager le passage (comme dans Bomber Man), le slime pour sauter plus haut et l’aimant, le plus délire, nous permettant de marcher à l’envi sur les plafonds, en ayant la tête en bas. Il y a un soin évident de la part du développeur pour nous proposer des niveaux variés. Le jeu est plaisant, et parfois un poil dur (avec des murs, ou disons plutôt des murets de difficulté)…
L’oubli, c’est la vie
More Dark ne peut pas se faire aussi gros qu’il n’est et restera tout du long un petit jeu sans prétention, et malheureusement, sans lendemain. La musique, en sourdine, se veut ténébreuse, mais à l’instar d’un bruit blanc, elle s’oublie à l’instant même qu’elle s’écoute. Le pixel-art fait dans le minimum syndical : pas un décor, pas un ennemi (et encore moins les boss d’un ridicule absolu, en mode polly pocket) ne vous marquera à vie. Les phases de bonus (du casse-briques où l’on se sert de pauvres hères comme de billes ou du tir au canon sur cibles vivantes) pourraient être fun, elles sont, hélas, trop longues et sans grand intérêt.
La durée de vie n’est pas déshonorante pour un jeu à petit prix : comptez 2 heures pour en faire le tour, mais la fin marque le coup et manque terriblement de « panache » (c’est-à-dire de bière et de limonade).
En effet, la map présente trois châteaux, et en faisant un rapide calcul, le jeu semble nous promettre 90 niveaux (un château en comptant 30) et donc 3 boss. Mais non, le deuxième boss s’avèrera être l’ultime boss du jeu. Et difficile de s’imaginer qu’il s’agit là de l’ultime boss du jeu : nous sommes censés être en Enfer et nous affrontons un minuscule cow-boy (même pas mort, le cow-boy) juché sur un jolly jumper ?? What ?
Vérification faite sur le site de l’éditeur et sur Nintendo.fr (sait-on jamais ?), il n’y a pas 90 niveaux, mais bien 60 niveaux et pas un de plus. 60, ce n’est pas mal, mais le fait est que la fin arrive de manière abrupte, sans qu’elle ne soit jamais annoncée. Le final tient en 2 lignes de texte et après le retour au menu, nous sommes obligés de constater que la rejouabilité est nulle. Une fois les énigmes défaites, rien ne nous encourage à les refaire. Gardons en mémoire, si elle ne nous fait pas défaut, que More Dark est sympathique malgré tout.
Conclusion
Enfer et damnation ! Ce que propose More Dark, en termes de puzzles, est sympathique. Les pics de difficulté s'avèrent bien sentis, il y a un joli sens de la variété (avec un concept aussi minimaliste, c'est pas mal du tout) et quelques nœuds au cerveau à la clé. Dommage que le jeu, avec son pixel-art lambda, son absence d'originalité et une replay value nulle, ne dépasse jamais le cadre de la joute : une fois le jeu terminé et la Switch éteinte, l'oubli fera froidement et rapidement son œuvre...
LES PLUS
- Oldschool, comme les vieux de la vieille aiment
- Une suite de puzzles réussie
- Le gameplay se renouvelle
- Une difficulté, parfois revêche, bienvenue
- Récréatif
LES MOINS
- Peu d'originalité
- Du pixel-art qui manque de peps
- Musique oubliable
- Des boss ridicules
- Le final abrupt
- Replay value nulle