Après un 1er opus publié en 2018 sur Nintendo Switch, qui sans être exempt de défauts, avait su sortir du lot, voici qu’à son tour surgit sur l’eShop, Hollow, deuxième du nom. Renouera-t-il avec l’esthétique clivante, mais unique, de son aîné dont l’univers lorgnait allègrement du côté du survival horror ? Enfilez votre combinaison spatiale car nous décollons dès à présent pour une virée interstellaire à 19€99… à condition qu’elle les vaille.
Dead Space version Wish
Ne tournons pas trop longtemps autour du pot : il a beau s’agir de la suite de Hollow, il n’est pas pour autant nécessaire de s’y être essayé, à plus forte raison en l’absence de traduction française – effort auquel avait pourtant consenti le premier volet. C’est donc dans la langue de Shakespeare que nous interpelle sans ménagement, le jeu à peine lancé, une étrange voix métallique pas franchement accueillante. Nous incarnons Mark, passager de la station spatiale Shakhter-One, pour l’heure méchamment pris à partie par ce que nous devinons être une intelligence artificielle, aux accents de plus en plus menaçants.
Filant sans demander notre reste avant que n’arrivent des bricoles, nous nous égarons dans les sinistres coursives de l’infâme bâtiment orbital. Les bricoles nous rattrapent cependant, de braves petites bestioles humanoïdes ne tardant pas à venir nous taquiner. Comprenez par là qu’elles feront tout pour nous exterminer à moins que nous n’y parvenions les premiers, munis d’un blaster spatial décochant de belles petites rafales.
Ainsi, un peu à la manière d’un Dead Space, nous affrontons en vue subjective des créatures bizarrement jaunâtres, parfois bleutées, qui n’hésiteront pas à apparaître aux moments les moins opportuns. Malheureusement, Hollow malgré son ambiance lugubre digne d’un titre horrifique, échoue provoquer chez le joueur le moindre frisson, ne serait-ce que l’amorce d’un sursaut.
Un walking simulator qui s’ignore ?
Le hic ? Il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, hormis un bestiaire très peu fourni : humanoïdes, araignées, des espèces de bébés explosifs – si, si -, des chiens aussi, et puis c’est à peu près tout. Nous déambulons le long de couloirs et de salles toujours très similaires, sans qu’aucun document à lire, collectible ou élément connexe ne daigne nous éclairer quant à un quelconque lore. Demeurent des gunfights pas déplaisants, au cours desquels des hordes d’ennemis déchaînés nous assaillent joyeusement, mais trop peu haletants puisqu’il suffira la plupart du temps, de tirer dans le tas pour s’en sortir.
Trop nombreux et s’enchaînant un brin trop vite, les boss non plus – d’authentiques sacs à PV, n’ayons pas peur des mots – ne relèvent pas le niveau, pas plus que leurs stratégies d’approche respectives : bulbes géants, tonneaux explosifs à viser, et puis c’est encore à peu près tout. Pour l’adrénaline, on repassera, bien qu’on puisse en acquérir afin de ralentir le temps, par le biais des distributeurs accessibles lors des checkpoints, entre autres réjouissances : munitions pour nos armes secondaires (la principale disposant d’un barillet illimité), recharges pour bouclier, boosts de vitesse pour nos rafales de tirs…
Ces améliorations temporaires, à échanger contre les flammèches que nous récupérons sur les corps encore fumants de nos ennemis, cordialement défouraillés, constituent un élément de gameplay intéressant, qui nécessitera que l’on renouvelle fréquemment notre stock. Pas d’inquiétude toutefois, la monnaie du jeu s’obtenant assez facilement, vous ne devriez manquer de rien.
Beaucoup trop de défauts
Nous n’irons pas par quatre chemins au sujet des graphismes, passablement enlaidis par un flou envahissant. « Patte artistique » avanceront certains, cache-misère sûrement, Hollow en tout cas n’entrera pas dans les annales du jeu vidéo, contrairement à Silent Hill, pour son brouillard perpétuel avec pixels apparents qui, s’il contribue à le doter d’un indéniable cachet, rend particulièrement disgracieux quelques-uns des ennemis et autres éléments de décor. Un tel filtre graphique, parfois bénéfique à l’ambiance d’un survival horror, ici loupe le coche : c’est moche, simplement moche, en sus de fréquents bugs. Une petite escapade à l’extérieur vous tente, pour mieux admirer la station spatiale depuis le vide sidéral ? Réjouissez-vous, vous en aurez bientôt l’occasion en traversant accidentellement le décor, au moins durant les quelques minutes précédant le blocage du jeu et son redémarrage.
Il arrive aussi que notre avatar lors de certaines phases, saute de façon incontrôlée ou pire encore, mais heureusement très rarement, que l’apesanteur produise sur lui un drôle d’effet qui l’entraîne droit en avant, dans l’impossibilité de changer de direction… L’assurance de mourir bêtement, quand il ne pique pas, soudain, une brusque accélération sans qu’on ne sache justement, quelle mouche a bien pu le piquer. Vous rêviez d’une simulation de conduite de camion benne ? MegaPixel Studio régale.
Vous n’aurez heureusement pas à subir cette expérience très linéaire, dans un environnement cloisonné et parfaitement éculé, plus de 3 petites heures (maximum), un bonheur certes très relatif au vu des 19€99 dépensés. Seule la bande-son dont les envolées lyriques metalleuses, sur le modèle d’un Doom Eternal, rythment les combats, tire son épingle du jeu, déployant en outre l’habituelle partition de bruits de pas ou pleurs de nourrisson, entre autres bruitages angoissants.
Conclusion
Hollow 2 porte bien son nom, reprenant à l'identique les caractéristiques du premier épisode : le héros, le lieu mais surtout ses graphismes, nimbés d'un même flou perpétuel et parsemés çà et là d'envahissants petits grains, à tel point qu'on frise à maintes reprises la bouillie de pixels. Si l'on peut apprécier, l'on ne peut nier sauf à faire preuve d'absolue mauvaise foi, que pareils choix visuels entachent quelque peu l'expérience de jeu. D’autant plus que divers bugs se font ressentir, à l'instar de l'absence cruelle de traduction. Subsistent des gunfights sympathiques, en dépit d'un bestiaire trop peu varié et de boss se succédant à un rythme un peu trop frénétique. Pourquoi ne pas s'y aventurer au final, mais seulement en promo car en l'état actuel des choses, ces 3 petites heures d'errance intergalactique ne valent pas qu'on y investisse 19€99. CQFD.
LES PLUS
- L'ambiance survival horror…
- Quelques boss…
- Les gunfights
- Dead Space version Wish…
- Du metal dans les oreilles
- Le système d’améliorations
LES MOINS
- … mais trop peu exploitée
- … qui s'enchaînent un poil trop vite
- Les graphismes, gâchés par ce perpétuel effet de flou
- … Dead Space version Wish
- Intégralement en anglais
- Plusieurs bugs
- Prix trop élevé de 19€99
- Faible durée de vie n'excédant pas trois heures