Annoncé depuis Août 2018, Windjammers 2 arrive aujourd’hui sur nos consoles de salon pour le plus grand plaisir des barbus ayant connu l’épisode 1 sortit dès 1994 sur une NeoGeo déjà mythique pour l’ensemble de ses jeux de Vs fighting. Windjammers reprenait d’ailleurs beaucoup d’éléments de ces jeux comme le sens du timing et la nervosité en les adaptant à son univers si particulier de jeu de frisbee. Après un remaster proposé dès 2017, DotEmu s’attaque donc à la lourde tâche d’offrir une suite, l’occasion pour nous de voir à quel point cet exercice est si difficile.
Lettre aux néophytes
Lorsqu’on démarre une partie de Windjammers, deux cas de figure se présentent à nous. Ceux-ci répondent tout simplement à cette simple question, avons-nous déjà posé les mains sur le premier titre de la série ? Si ta réponse, cher lecteur, est non, alors cette première partie t’est dédiée et il est fortement conseillé de la lire avant de considérer un passage à la caisse.
La découverte de Windjammers premier du nom s’est faite sur deux supports, pour les chanceux ayant une NeoGeo, cela s’est fait à la maison, et pour les chanceux habitant une magnifique cité hébergeant une salle d’arcade, cela s’est fait dans l’un de ces fameux lieux de perdition, malheureusement en voie de disparition. Quoi qu’il en soit, que ce soit sous la forme d’un livret ou sous la forme d’explication sur le bord de la borne, il était possible d’apprendre les principes de bases calmement en regardant les autres jouer.
Ayant connu Windjammers chez un ami à la fin des années 90 et ayant, par la suite, continué l’aventure sur borne d’arcade, nous avons voulu voir comment réagirait un joueur débutant adorant les jeux compétitifs. Si sa première réaction a été enthousiaste devant les principes et la vitesse de jeu, très vite, après avoir subi une multitude de défaites sans rien comprendre à comment jouer, il a posé la manette pour ne plus y revenir. Windjammers 2 s’adresse d’abord et avant tout aux à sa communauté et, pour le testeur en tout cas, c’est un gros défaut.
Ici, c’est à la dure qu’il nous faudra appréhender ces mécaniques de bases. Bien sûr, dans le menu, un onglet, sobrement nommé tutoriel, tentera de nous faire comprendre les arcanes du titre de DotEmu. Mais ce tutoriel est à peu près autant intéressant et didactique qu’un professeur de philosophie gâteux et atteint de bégaiement. Ce n’est qu’en lançant la première partie que nous comprenons à quel point ce Windjammers 2 demande un timing aussi précis qu’un jeu de Versus Fighting. Et c’est bien là le plus grand reproche que nous allons faire : Windjammers 2 ne fait rien pour faire tomber une nouvelle génération de joueur dans ses filets.
Beaucoup de jeux de combat ont tenté de mettre en place des systèmes pour permettre aux nouveaux joueurs de découvrir les joies du quart de cercle, du contre et du combo, certes avec des réussites diverses, mais la volonté de s’ouvrir à un nouveau public était bien présente. Ici c’est tout le contraire, rien n’est expliqué, nous voyons une succession d’affiches non animées nous parlant de lob, de frappe, de charge, mais jamais une explication sur ce que sont en réalité ces coups et sur leur importance.
C’est dans les vieilles marmites
Si ces quelques premières lignes ne t’ont pas refroidi cher lecteur, il est temps de passer à la phase suivante de ce test, à savoir répondre à la question : mais au fait Windjammers 2 c’est quoi ? Et bien Windjammers 2, c’est un jeu de frisbee. Mais pas le frisbee des familles que l’ont joue à la plage avant de le perdre dans les vagues, ni le jeu d’ultimate que les profs d’EPS ont vaguement tenté de nous enseigner lorsqu’il pleuvait trop pour faire 110 m haies au collège. Non, Windjammers 2 c’est du frisbee à la sauce NeoGeo.
Un frisbee qui demande un timing de précision, une science du placement diabolique et une connaissance accrue des personnages que nous rencontrons. Bref, un jeu de frisbee fighting. Nous sommes face à un adversaire qui tentera d’envoyer son plat à tarte dans notre embut. Celui-ci est découpé en trois parties valant respectivement 3 ou 5 points. Si le frisbee rentre dans les cages, le joueur marque les points susmentionnés et si le frisbee tombe à terre dans le camp adverse, il marque 2 points. Facile non ?
Sauf que le rythme effréné du jeu nous empêche d’avoir un seul instant pour réfléchir. Et si la version de 1994 se jouait avec deux boutons, c’est maintenant avec quatre qu’il faudra composer. Nous devons donc déplacer notre personnage, le faire dasher pour atteindre les zones les plus éloignées rapidement, et c’est là que tout se complique. Si nous arrivons à attraper le frisbee, nous pouvons le relancer en choisissant l’angle de tir, mais il est bien plus intéressant de le frapper juste avant pour l’envoyer en l’air et ainsi pouvoir charger notre personnage et lancer une attaque plus puissante. Autant dire que le timing est primordial.
Les attaques spéciales sont dévastatrices, nous pouvons ainsi envoyer le plat dans des trajectoires folles pour dérouter notre adversaire ou l’envoyer au fond des cages avec le frisbee. Mais ce n’est pas tout, car nous disposons aussi d’une attaque lobée qui, chargée, roulera au sol tel un Sonic en furie. Les néophytes se disent, ouah mais c’est génial tout ça, et c’est vrai, pourtant, les barbus, se caressant le menton dans la main droite commencent gentiment à se dire que toutes ces mécaniques étaient déjà présentes il y a plus de 20 ans et cherchent désespérément de la nouveauté. Celle-ci se présente sous la forme d’un saut. Voilà, c’est tout et c’est bien peu. Nous pouvons maintenant sauter pour attraper les Frisbees lancés en l’air et ensuite les claquer au sol et marquer deux points.
Ce n’est pas grand-chose, mais cela ajoute une palette supplémentaire à nos coups diront les plus enthousiastes. Toutefois, cette attaque est trop téléphonée, elle n’est que rarement décisive et le fait de frapper en avance le plat pour le faire retomber au ras du filet est bien plus efficace. Nous nous retrouvons donc avec une feature en plus qui n’apporte pas grand-chose en termes de gameplay.
Et pour les poilus ?
Les autres nouveautés se comptent malheureusement sur les doigts de la main. Si le remaster de 2017 de Windjammers avait conservé ses graphismes pixelisés en offrant la possibilité d’y adjoindre des filtres, ce Windjammers 2 opte pour des sprites et des décors entièrement dessinés à la main. Le résultat est vraiment très attrayant et c’est l’aspect le plus réussi du titre de DotEmu. Nos avatars sont tous différents, leur animation est irréprochable et les décors n’ont jamais connu autant de vie et de détails amusants.
Passant de six protagonistes à dix, les coups spéciaux sont eux aussi renouvelés et il faudra apprendre les trajectoires des nouveaux coups pour réussir à les bloquer. Les personnages sont toujours répartis en trois catégories privilégiant ainsi la vitesse, la force ou un équilibre précaire entre les deux. Il est toujours aussi agréable de se choisir un avatar et d’apprendre à le manier.
De même, nous avons maintenant droit à dix stages comportant de nouvelles particularités, qui une fois encore, apporteront leur lot de pièges à comprendre et à utiliser à notre compte pour déstabiliser nos adversaires. Malheureusement, ces nouveautés s’arrêtent là. Si cette nouvelle itération nous permet toujours de jouer seuls face à un adversaire contrôlé, soit par notre Switch soit par un autre être humain, qu’il soit assis à côté de nous ou à distance via le mode en ligne. Et c’est tout ce qu’il y a à se mettre sous la dent en ce qui concerne les modes de jeu.
Toujours aucun mode histoire à l’horizon, aucun mode quatre joueurs ni aucune autre petite spécificité purement décorative comme des artworks à débloquer. Le mode arcade nous donne toujours autant l’impression de tourner en rond après quelques parties et il faut connaître du monde ayant un niveau proche du nôtre pour pouvoir apprécier un tant soit peu ce titre si exigeant. Le mode en ligne devrait permettre de soigner ce problème, mais à l’heure où sont écrites ces lignes, les serveurs sont bien vides et nous n’avons pas pu lancer une seule partie, la latence n’a donc pas pu être mise à l’épreuve alors que, vu la précision du timing demandé, c’est un point très important.
Conclusion
Si Street Fighter est devenu un phénomène de la pop culture, ce n’est pas le cas de Windjammers qui reste cantonné sur son pré carré de barbus. Malheureusement ce n’est pas ce nouvel épisode qui va venir changer la mise. Le titre de DotEmu s’accroche aux mécaniques sans rien apporter de nouveau. Ce qui faisait la qualité du titre de base est toujours présent et jamais un match de frisbee n’aura été aussi beau et nerveux, ni n’aura nécessité un tel sens du timing, mais c’est cette exigence même et l’absence d’un vrai tutoriel ou d’un mode histoire, qui empêcheront les débutants de débarquer pour faire grandir une communauté qui n’attend que ça, à savoir du sang frais avec lequel se repaître. La partie solo lasse toujours aussi vite tandis que le multi demande un joueur de son niveau pour s’amuser alors que les serveurs sont peu fréquentés au moment où ces lignes sont écrites. Nous aurions souhaité bien plus pour ce jeu de la part d’un DotEmu capable de faire des merveilles tels Streets of Rage 4 ou Wonder Boy, nous restons malheureusement sur notre faim.
LES PLUS
- Les graphismes et les décors sont détaillés et fluides
- Le passage du pixel au dessiné à la main s’est fait sans renier l’esprit de base du titre de 1994
- La bande-son est toujours aussi nerveuse
- Le gameplay est toujours aussi exigeant
- Le mode multi en local est toujours un vrai plaisir
- Les commandes répondent parfaitement
- Choisir sa difficulté laisse une marge de manœuvre pour les débutants
- Le mode en ligne, s’il se remplit, permettra à la communauté de vivre
LES MOINS
- Quasiment aucune nouveauté apportée au gameplay
- Aucun mode histoire pour s’attacher à ces personnages ou pour apprendre les bases
- Le tutoriel ne s’adresse pas aux débutants
- Les serveurs sont bien vides pour l’instant
- Le nombre de modes de jeu disponible n’a pas évolué et reste trop faible
au vu des videos sur le net, c est vrai qu un mode histoire manque cruellement – les matchs s enchainent, et c est tout
Très bon test, très réaliste.