Bien sûr, la WiiU est la meilleure console du monde pour jouer à Xenoblade Chronicle X, comment ça la seule, mais elle a aussi su accueillir de petits jeux indépendants tels Nova 111 du studio Funtronic Labs, basé à Pasadena en Californie. Celui-ci, finaliste de l’IndieCade 2014, avait su plaire aux joueurs ayant eu la chance de faire sa connaissance en 2015, en plus de la chance d’avoir une WiiU évidemment. Et c’est pour ne pas laisser cette rare frange de la société dans son état de solitude que Nova 111 arrive sur nos Nintendo Switch. L’occasion de rattraper notre retard.
À la recherche des 111 savants perdus
Alors en quoi consiste le titre de Funtronic Labs, demanderont les plus empressés des lecteurs ayant l’habitude de sauter à la conclusion ? Et bien nous n’en avons strictement aucune idée en lançant le jeu. Nous arrivons directement aux commandes d’un vaisseau sur le point d’exploser et nous déambulons au hasard avant de retrouver un scientifique sobrement nommé Docteur Science. Celui-ci a la bonne idée, et les capacités surtout, de réparer notre appareil. Nous pouvons désormais partir plus sereinement à la recherche d’une sortie.
Parallèlement à notre conquête de liberté, nous pouvons sauver les scientifiques éparpillés çà et là, pourquoi ? Et bien, à défaut d’une autre raison, nous dirons : par charité humaine. En allant du savant chauve à l’accent allemand jusqu’au chat de Schrödinger en passant par la vache Milky, là, j’avoue, je n’ai pas vu le lien avec un savant, notre mission de sauvetage prend de plus en plus la forme d’une arche de Noé intergalactique.
Nous déambulerons ainsi dans quinze niveaux répartis en trois mondes et découpés chacun en trois parties. Chaque monde à son identité graphique propre et les révélations du Dr Science nous en apprendront davantage sur les événements qui ont conduit à la dissémination d’autant de savants aux quatre coins de ce système solaire. Car ce sont bien 111 chercheurs sur lesquels nous devons mettre la main pour réussir le 100 %.
Chaque niveau débute de but en blanc. Sans aucune information sur la quantité de scientifiques à sauver. Il nous faudra faire preuve d’un très bon sens de l’observation pour repérer les éléments du décor cachant une zone secrète dans laquelle les savants ont tendance à se terrer. En prenant la forme d’un jeu d’exploration, Nova 111 se montre attrayant dès la prise en main.
Le tour par tour du temps réel
Nous déplaçons notre vaisseau case par case. Nous n’avons jamais accès à la totalité de la carte affichée à l’écran. Notre vaisseau a une portée de vision assez limitée, il nous est impossible de savoir ce qui se trouve devant nous plus de cinq cases à l’avance, cela empire dans le cas où un obstacle se trouve sur notre route. Celle-ci est de plus chargée d’embûches prenant la forme de pièges et de monstres.
Le tour de force de Nova 111 est alors de mettre en place un système mêlant tour par tour et temps réel. Certains éléments contondants parmi ceux que nous rencontrerons agiront au tour par tour. C’est le cas, par exemple, des premiers ennemis rencontrés. Ils se déplacent lorsque nous nous déplaçons et ont un schéma d’attaque assez simple qui ne se déclenche qu’après l’une de nos actions. Il est alors assez facile de s’en dépatouiller.
Mais d’autres éléments, comme les stalactites ou d’autres monstres, agissent, quant à eux, en temps réel. Il nous faut alors réagir très vite pour éviter de perdre un nombre trop important de points de vie. Si les premiers niveaux sont une promenade de santé, il faudra être à la fois plus attentif et plus réfléchis dans la suite de l’aventure pour nous sortir de toutes les situations mises sur notre route par les développeurs de Funtronic Labs.
Pour nous débarrasser des monstres, il nous faut leur rentrer dedans un nombre déterminé de fois. Le fait de devoir se rapprocher de nos ennemis pour mettre fin à leurs agissements ajoute beaucoup de tension pour un jeu de vaisseau. Ceux-ci nous ayant habitué à des tirs laser bien plus éloignés. Heureusement pour nous, nous aurons, tout au long de notre aventure, des ajouts de matériel qui viendront étendre notre palette de possibilités.
L’explorateur de capacités
Nous débloquerons tout d’abord un rayon laser, sa portée de deux cases est très courte et son temps de recharge nous empêche d’en faire notre arme de prédilection. Mais cela n’est pas le but. Il permet juste d’ajouter de la complexité aux situations que nous allons rencontrer. Il en va de même avec la téléportation de deux cases ou avec l’utilisation des bombes incapacitantes. Tous ces systèmes s’ajoutent, mais ne changent jamais le cœur du gameplay qui est de rentrer dans le lard de nos ennemis.
La difficulté suit donc une courbe croissante assez agréable. Nous aurons aussi à résoudre de petites énigmes pour réussir à progresser vers la sortie ou pour découvrir les secrets cachés à travers les niveaux. Celles-ci nous demandent d’utiliser judicieusement les capacités de notre vaisseau pour débloquer la route. Parfaitement intégrer dans nos pérégrinations, tous ces éléments se juxtaposent parfaitement et offrent une aventure jamais redondante.
Celle-ci se termine toutefois assez rapidement. Des petits cristaux cachés nous permettent d’augmenter la longueur de notre barre de vie, mais comme tout ce qui est caché apparaît sur la carte que nous mettons en avant avec la touche —, les éléments se découvrent assez facilement. Ainsi le joueur qui prend son temps, en parcourant les niveaux de fond en comble tout en utilisant régulièrement la carte, se simplifie énormément la tâche en se facilitant les combats qui suivent.
Chaque monde se termine par un combat de boss, ceux-ci ne diffèrent en rien de ce que nous avons rencontré jusque-là, ils sont juste plus longs, plus durs et plus intenses, mais garde la même mécanique de base à savoir foncer dans le gros méchant sans se faire à notre tour rentrer dedans. Les ennemis sont toutefois peu variés et se répètent très vite, cela n’est pas gênant, car c’est avant tout leur disposition et leur nombre qui fait le sel des combats. Il y a le mâcheur de base qui après une esquive se finit en un coup, le mâcheur à carapace qui demande un tir laser avant toute action, le clignoteur qui répand des bombes et se téléporte. D’autres parcourent ces mondes avec des patterns qu’il nous faut découvrir pour les affronter sereinement.
Et la technique là-dedans ?
Sans atteindre des sommets de beauté, les graphismes proposés sont agréables à parcourir dans un style très coloré et un peu cartoon. Les mondes dans lesquels nous déambulons ont un côté lisse plutôt joli. Il est juste regrettable qu’ils peinent tant à se renouveler. Les animations ne souffrent d’aucun défaut et la lisibilité de l’action ne pose jamais aucun souci. Des petits ajouts, tels les glitchs qui apparaissent lorsque notre vaisseau est en mauvaise posture, sont un plus sympathique qui ajoute du stress. Finalement, notre seul regret concerne l’image de présentation de l’eshop et son style rappelant les maîtres de la BD que sont Moëbius et Jodorowski. Ce style n’apparaît jamais une fois en jeu, nous laissant ainsi sur notre faim.
Chaque fin de niveau nous sanctionne d’une note prenant en compte notre capacité à découvrir les secrets, récupérer les trésors et sauver les scientifiques, le tout en utilisant le moins de déplacements possibles. Les amateurs de complétion s’amuseront alors à sauver l’ensemble des savants, au nombre de 111, d’où le titre. Cela ajoute un peu à la durée, qui sinon serait un brin faible. Le jeu se termine en un peu plus de cinq heures, il faut ajouter à cela le même temps pour découvrir l’ensemble de ce qui se cache dans ce monde en utilisant alors l’ensemble des capacités débloquées du vaisseau.
Sans jamais être ennuyant, Nova 111 est le parfait jeu pour se détendre le soir avant d’aller se coucher. Parcourir les niveaux pour en découvrir l’ensemble des secrets tout en faisant attention à ne pas faire n’importe quoi lors des affrontements, tout en lisant les commentaires, en français et assez drôles, du Dr Sciences, apporte beaucoup de plaisir. La bande-son calme accompagne ainsi parfaitement adaptée à nos aventures.
Conclusion
Sans être le jeu de l’année, Nova 111 est un jeu qui se pratique avec beaucoup de plaisir. Son système, mélangeant temps réel et tour par tour, est parfaitement équilibré et nous demande d’être capable par moment de prendre notre temps pour établir une stratégie, tandis qu’à d’autres, il faudra réagir très vite. Nos déambulations dans ces environnements à la recherche des secrets enfouis dans ces cavernes se font naturellement. Il est un jeu parfait pour accompagner des soirées tranquilles au chaud sous la couverture. Nous regrettons juste sa durée de vie un peu faible, mais son prix est en adéquation avec notre temps de jeu.
LES PLUS
- Les graphismes sont très détaillés et propres.
- La bande-son ne vient jamais gâcher notre expérience.
- Le mélange temps réel / tour par tour fonctionne parfaitement.
- L’exploration des environnements que nous parcourons est agréable et naturelle.
- La durée de vie est en adéquation avec le prix de 10 €.
- Tous les dialogues sont en français.
- Les mécaniques qui s’ajoutent le font intelligemment et ne nous rendent jamais invincibles.
- La courbe de difficulté est parfaitement équilibrée.
LES MOINS
- Il manque d’un fil conducteur et d’une histoire.
- Nous aurions souhaité un temps de jeu plus grand.